Les Monades Urbaines
#1
J'ai commencé à m'intéresser à Robert Silverberg après avoir commencé un recueil de nouvelles (son anthologie chez J'ai lu, qui est divisé en trois ou quatre tomes différents. Mais ce ne sont pas des tomes minces histoire de faire de la vente : ils sont vraiment tout simplement énormes).

De cet auteur prolifique, je n'avais pas trop envie de me lancer dans des romans. La qualité de ses nouvelles me ravissait, à la manière d'un Bradbury, mais je sentais que le roman m'épuiserait. Fort heureusement, c'est par un artifice détourné qu'il a créé les Monades Urbaines. Il s'agit en fait d'un recueil de sept nouvelles, dont les personnages principaux se connaissent tous, ou font alors momentanément connaissances. Outre le croisement entre les individus (qui est plus que plausible, voire naturel dans le livre), c'est donc sept histoires différentes autour d'un même thème : un monde vertical, des tours dans lesquelles s'entassent une population qui a trouvé des solutions pour l'agriculture et la pollution. C'est dans un univers dénué de guerre, que les habitants vaquent à leurs occupations : travailler et se reproduire.

La première nouvelle donne le ton puisqu'il introduit l'univers : un visiteur de Vénus visite la Terre et s'indigne de leur culture : les Terriens passent leur temps à forniquer, à se reproduire. Faire des enfants est sacré, avoir des enfants assure la promotion sociale (comme l'indique la troisième nouvelle), refuser de se donner dans la nuit, ou d'offrir sa femme ou son épouse, est considérée comme une offense.

Chaque nouvelle joue alors que ce système social, mis plusieurs fois en réflexion par les divers protagonistes ; malheureusement ils restent minoritaires devant les habitudes des monades, qui continuent à s'étendre. C'est donc une réflexion sur le fait de continuer à se multiplier, si jamais les possibilités de la Terre (pollution anéantie, ressources maîtrisées, paix mondiale) sont parfaitement maîtrisées.

Personnellement, je trouve que certaines histoires (notamment la deuxième) sont bien menées ; mais le livre qui pourtait s'amorçait bien (après donc un prologue sympathique et une seconde histoire haletante) perd vite en rythme. On commence alors à lire au travers des lignes, se demandant quelle population décadente s'autorise à l'adultère avec le plus grand des sourires. L'idée globale du bouquin est sympathique, mais Silverberg, connu pour sa prose volubile (quasiment un roman par an, sans compter les bouquins de vulgarisation et les nouvelles) s'est embourbé dans de très nombreux passages inutiles.

Au final, un bouquin à la trame originale, malheureusement trop mal menée à partir du tiers...
Il ne faut pas attendre d'être heureux pour sourire... il faut sourire pour être heureux.
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#2
Je partage ton analyse sur ce livre, et sur la tendance à s'éparpiller de Silververberg. Sur les Monades, on reste un peu sur sa faim.

Si tu veux tenter des romans pour changer des nouvelles:
en Fantasy, le cycle du Chateau de Lord Valentin (alias le cycle de Majipoor) est un classique qui se lit bien (4 volumes). Toujours fantasy, "les ailes de la nuit" est pas mal. En SF pure, beaucoup se valent à mon goût...
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#3
Salut ! Robert Silverberg est un auteur qui s'est beaucoup cherché et a également beaucoup cherché son public, ce qui explique l'impression de dispersion que suscite son oeuvre qui est dans l'ensemble trop vaste et trop écrite sous influence "à la manière de...". Néanmoins, il y a une part de son oeuvre qui est sans équivalent dans la littérature de SF, à part peut-être chez K Dick : la collection SF du Livre de Poche (vieille série, à couverture noire) avait publié "Le temps des changements", "Les profondeurs de la Terre" et "Le fils de l'homme" : ils sont excellents et je te les conseille sous réserve que tu aimes la SF psychologique à la limite de l'écriture expérimentale (surtout pour "Le fils de l'homme" qui est le récit un peu psychédélique d'un esprit du XXème entrant en communion, comme en transe, avec une Terre très lointaine ; ce n'est pas de la SF à la Stapeldon car il n'y a plus d'humanité : il n'y a donc pas de récit événementiel mais la simple évocation d'un Ailleurs radical...)
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#4
Je rejoins aussi AlvEric. Je n'ai pas lu ces Silverberg depuis 20 ans, mais je sais que je relierai un jour Les Profondeurs de la Terre, qui sortait des sentiers battus. Je relierai peut-être un autre de ses livres connus, Le Livre des Crânes.
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