Au nord du désert, il n'y a rien (Outremer)
#33
Je n'ai pas aimé cette AVH. Non.
Je l'ai énormément aimé !

Dès les premières lignes, le style d'Outremer m'a envoûté : c'est immersif, sensoriel, avec un vocabulaire et des expressions qui rendent l'ensemble encore plus prenant. Et, cerise d'ivoire sur le masque de bois, l'introduction est longue, on peut donc en profiter plus longtemps. Mais il n'y a pas que l'écriture, il y a également la structure de cette introduction, le contraste finalement poilant entre chaque phase du récit destiné aux enfants et, tout de suite après, la relation de ce qui s'est vraiment passé, réalité souvent bien moins reluisante, voire bien plus prosaïque.
Le personnage incarné m'a plu aussi, sorte de voyageur infatigable, avide de découvrir le monde. Ajoutons à cela un petit côté Steampunk (mais oui) avec cet étrange chariot, ces fétiches, ces guerriers d'ivoire presque robotiques quelque part, ces fameuses hirondelles… Je parlais il y a peu d'Afrofuturisme dans un autre sujet, Outremer ne m'a pas attendu pour nous en proposer un exemple.

L'aventure en elle-même développe une structure assez particulière qui nous entraîne un instant loin de la brousse africaine pour les steppes enneigées russes car, en effet, on a une AVH "poupées russes" : une décision entraîne une suite d'évènements qui, trois ans plus tard, débouche sur un nouvelle décision qui entraînera une nouvelle suite d'évènements. Le défaut pourrait être une répétition certaine mais on est dans une mini-AVH, pas le temps donc d'en subir ce désagrément. 
Par contre, la relecture en souffre, inévitablement. On a l'impression que les chemins ou possibilités offerts sont peu nombreux, la sensation de "déjà vu" vient très vite. Autre défaut, le rôle passif que l'on tient : on reste majoritairement spectateur, on envoie les autres à l'aventure et c'est dommage, surtout pour un homme d'une trentaine d'années. A ce compte là, j'aurais proposé d'incarner un vieux sorcier, incapable de mener, physiquement, de tels exploits et utilisant donc les autres. Et cela aurait renforcé l'aspect roublard du personnage qu'on a dans l'introduction je pense.

Mais j'ai énormément aimé. Original, immersif, sensoriel, avec un background prenant (qu'on regrette de ne pas pouvoir mieux découvrir). Le style me plaît vraiment beaucoup, riche sans être lourdingue, fluide et immersif, avec des images vraiment bien trouvées (la brève allusion à nos nuits "convulsives, brûlantes et moites" avec une belle du village m'a fait penser à Madame rêve, la chanson d'Alain Bashung…). Et la structure est originale, atypique, sans être déconcertante ou trop complexe à appréhender. Le tout en format minimum (mais qui fait le maximum).
Une réussite.

PS : deux légers détails qui m'ont fait un peu tiquer...
- Les lances aux pointes d'acier qui donnent à leur détenteur une avance technologique. Le terme "technologique" m'a un peu gêné, j'aurais simplement écrit "un avantage certain" ou "une avance certaine" par exemple.
- Le vouvoiement entre certains personnages, à certains moments, qui m'a un peu surpris.
Anywhere out of the world
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RE: Au nord du désert, il n'y a rien (Outremer) - par Voyageur Solitaire - 01/03/2020, 11:43



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