[08] Le Marais aux Scorpions
#28
Celui-là, je n'y avais jamais joué auparavant, et j'ai trouvé qu'il commençait bien. La prémisse d'un aventurier absolument lambda et sans motivation particulière, mais à qui l'acquisition d'un bête objet magique donne soudain une ambition démesurée au point de se confier soi-même sa quête ("et si j'allais chercher fortune dans ce Marais aux Scorpions dont personne n'est jamais revenu vivant ?"), semblait me promettre une certaine finesse dans le récit standard de Défis Fantastiques.

Las, cet effort de suggestion que quelque chose de plus original se passerait sous le tout-venant de la série (dont c'est le huitième numéro) s'arrête à la sortie du prologue. Dès la section 1, on retrouve les descriptions lapidaires, le lieu obéissant à une logique de donjon habité par tout et n'importe quoi, un certain abus des jets de dés, mais surtout, dans l'ensemble, un manque cruel d'incarnation dans le récit du périple du héros à travers une enfilade de "clairières" qui ne ressemble jamais vraiment au marais qu'elle prétend être. De ce lieu, la seule chose qui retient l'attention est le fait qu'on puisse y revenir constamment sur ses pas, revisitant une section-"clairière" déjà traversée mais où la nouvelle visite ne sera pas forcément identique à la première. On peut y voir une logique de jeu de plateau, mais aussi celle de ces jeux vidéo textuels à la Zork où, en tapant par exemple "nord" puis "sud", on peut pareillement revenir sur ses pas et peut-être découvrir une description différente à l'écran. Ce principe de navigation, novateur à l'époque pour le format du livre-jeu, reste cependant rudimentaire, et les visites au-delà de la première pour une clairière donnée auront des effets très limités, ce qui pourra occasionner un certain ennui, notamment quand il faudra traverser le marais en sens inverse pour revenir à votre point de départ et faire le bilan de votre quête. Je n'ai, pour ma part, noté qu'une exception significative :
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Une autre petite tare de Défis Fantastiques avec laquelle renoue ce Marais aux Scorpions, c'est une tendance à la moralisation qui a, ici, le défaut de gâcher une autre bonne idée du livre. Avant d'affronter le marais, le héros doit se choisir un "sponsor" parmi trois magiciens locaux, chacun ayant sa tâche à lui confier et sa moralité : un gentil, un méchant et un dont on ne sait pas grand-chose. Soit la promesse de trois façons de conclure le jeu avec succès. Pour le défi, j'ai exclusivement fait mes parties en me vendant au méchant (précisons que j'ai joué avec le texte en anglais, et que "Grimslade" sonnera toujours mieux que "Stratagus" !). Si on échoue et qu'on survit à cet échec (car l'individu est, en effet, une belle pourriture), on a droit à un PFA en demi-teinte soulignant notre chance d'être encore en vie après avoir œuvré pour pareil salopard, et qu'on devrait peut-être faire plus attention dans nos futures recherches d'emploi. Le hic, c'est que si on réussit la tâche et qu'on s'en tire sans heurts, le texte de fin d'aventure se révèle à peu près sur le même ton ("êtes-vous sûr d'avoir fait le bon choix ?") - un petit coup de remontrance qui gâte sévèrement la sensation de liberté promise par l'ouvrage, tant dans la structure singulière que dans le choix inaugural.

Serais-je plus indulgent si j'avais joué à ce livre dans mes années de collège ? Je ne le saurai jamais.
Souris ! Tu ne peux pas tous les tuer...
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Messages dans ce sujet
[08] Le Marais aux Scorpions - par Fitz - 12/12/2008, 21:45
RE: [08] Le Marais aux Scorpions - par Loi-Kymar - 11/07/2020, 23:00
RE: [08] Le Marais aux Scorpions - par Outremer - 12/07/2020, 14:08
RE: [08] Le Marais aux Scorpions - par Albatur - 14/07/2020, 09:08



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