Au nord du désert, il n'y a rien (Outremer)
#13
Woah !

Dernière de mes premières (ça va, vous suivez ?) lectures de ce mini-Yaz’, et je suis bien content de l’avoir gardée pour la fin, tant cette première tentative m’a laissé une excellente impression. Cette A.V.H.-là également, je ne vais pas manquer d’y rejouer.

Dès la première phrase de l’introduction, j’ai été soufflé par le style. Certes, je savais à quoi m’attendre, néanmoins, une telle maîtrise de la langue est toujours aussi impressionnante. Il y a trop de bonnes choses à ressortir (quasiment tout le texte, en fait) sans qu’une phrase ou une tournure ne se démarque des autres, aussi je me contenterai de dire que le style est superbe. Comme d’hab’. En plus, j’ai appris un mot (réluctance).

J’aime aussi beaucoup les petites touches d’humour, çà et là, comme le « mais votre réaction initiale avait été une puissante envie d’aller vous jeter la tête la première dans les eaux infestées de crocodiles qui coulaient à proximité », et j’ai souri à la fin de l’introduction : « Noble chef, ceci est ton héritage. » Hé hé.

Les paragraphes (surtout l’intro) sont longs, mais soutenus par un tel style, ils se lisent d’une traite, et ils permettent de mettre en place un univers impressionnant de profondeur, toujours par petites touches, sans lourdeurs. J’aime comme des petites phrases comme « Tout le monde sait qu’il n’existe rien au-delà du grand désert » donnent au lecteur ces petits détails sur le monde, ses habitants, leurs superstitions…

L’idée du bond de trois ans entre l’intro et le premier paragraphe est excellente. On a vraiment l’impression de commencer l’aventure avec un certain vécu derrière nous. C’est agréable de jouer un tel personnage, d’autant qu’il n’a rien d’un parangon de vertu : sans avoir un mauvais fond, il se soucie avant tout de son propre bien-être et n’hésite pas à manipuler son monde pour arriver à ses fins. Et quand il est pris à son propre jeu, le lecteur sent la tension monter — comment vais-je m’en sortir et continuer à bluffer tous ces crédules ?

L’univers, déjà bien mis en place dans l’intro, prend une saveur particulière au fur et à mesure qu’on découvre son histoire, et le fait qu’on est plus que probablement dans un monde post-apocalyptique, dans lequel les reliquats de technologie sont devenus des objets magiques. Quelques zones d’ombre subsistent néanmoins, qui nous font cogiter : sommes-nous dans un univers purement rationnel, ou bien la magie, qui aurait en quelque sorte pris une revanche sur la technologie, y joue réellement un rôle ? Je n’ai ainsi pas pu déterminer si les esprits étaient véritablement des esprits « magiques », ou un avatar supplémentaire d’une civilisation passée plus avancée, comme des intelligences artificielles.

Enfin, sans battre l’originalité du monde de Consomption, c’est quand même agréable de jouer une histoire dans un cadre inspiré de l’Afrique, tant ce continent et ses cultures sont riches de possibilités encore sous-exploitées (et que, justement, Outremer exploite à merveille à mon sens).

Au cours de cette première tentative (spoiler alert), j’ai fini par m’enfuir après la tentative manquée de Bassila de tuer son cousin. Je l’avais auparavant faite passer par le cockpit la tanière d’un lion, puis lui avais confié un artéfact destiné à désactiver les gardes du chef du village, sans penser qu’elle s’en servirait de cette façon. Il faudra que je garde à l’esprit qu’elle n’est pas spécialement douée pour la chasse ou le combat, à l’avenir… Ceci dit, est-ce que le sorcier est obligé de s’enfuir suite à cette issue ? Ne peut-il pas prétendre que le « sceptre » lui a simplement été volé, pour éviter le courroux de Malal ?

Pour finir, une petite faute détectée : « (…) mais l’âge a clairement diminué ses forces et doit lui être pénible de chasser. » Quelques petites fautes de typographie, aussi (d’habitude, je ne les signale pas, mais cette A.V.H. m’a trop plu pour que je n’essaye pas de contribuer modestement à son peaufinage) : un espace double repéré à un endroit, des apostrophes qui sont droites par moments, courbes à d’autres, des traits d’union en lieu et place de tirets (qui rendent, je trouve, la lecture plus agréable) — au niveau des dialogues et des incises —, et j’ai une préférence pour les guillemets « français » plutôt que droits.
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RE: Au nord du désert, il n'y a rien - par Jehan - 26/07/2016, 13:31



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