eeeh oui, il fut un temps où les Etats-Unis soutenaient l'effort de guerre de l'Union Soviétique en lui envoyant des armes, rendez-vous compte
fort heureusement, les deux US sont, depuis, vite redevenus raisonnables en partageant une inimitié glacée et en se livrant une guerre, selon l'endroit dans le monde et l'époque, ouverte ou plus subtile
alors, après avoir joué
Manu et le
Temps Merdu, j'ai attaqué ce convoi de l'Arctique qui m'a opposé une certaine résistance ces derniers soirs (je devrais peut-être songer à m'acheter de nouveaux dés, ou un nouveau karma), ce qui explique mon retour retardé
qu'il soit mentionné tout de suite mon maigre apport pour l'élaboration de cette mini- : grattepapier m'a consulté à propos de la vie sur un bateau dans le froid polaire
il apparaît qu'il a bien cerné ce que j'ai pu lui raconter de ma saison de pêche de quelques deux mois en Mer de Barents en mars-avril de la fin des années 90 (je ne suis pas pêcheur de profession mais j'ai eu la chance de pouvoir vivre par deux fois le quotidien très dur de ces mercenaires épris de grands horizons dangereux, croyez-moi j'ai préféré cette autre saison de presque trois mois en Méditerranée, surtout parce qu'elle était en été...)
mais c'est bien tout ce que j'ai pu apporter à ce
Cargo pour Mourmansk car je n'avais aucune idée, par exemple, de ce que pouvait être l'équipage d'un tel bâtiment mû au charbon et en temps de guerre, aussi je peux, sans crainte de soupçon de collusion, prendre d'assaut cette aventure se déroulant sur fond de " guerre froide "
car oui, on y parle de guerre et de froid, voilà l'idée générale, et cet OTP (si si) vous force à chercher, tâtonner, retenter autrement pour atteindre enfin la vraie bonne fin, grâce à de bons jets de dés (la plupart du temps, une chance sur deux de ne pas voir sa flottabilité dispersée aux quatre vents, encore faut-il que vos dés veuillent bien vous aider dans votre entreprise)
c'est peut-être cela qui me chagrine, justement : une chance conséquente ou même insolente peut vous faire passer à côté de certaines choses et suivre l'histoire sans être inquiété par un quelconque accroc qui vous ralentisse, alors qu'une déveine chronique vous fait arpenter les sections, car c'est le hasard qui décide au final de votre succès, un peu comme un Défi Fantastique historique
mais pour aller plus loin, c'est assez raccord avec ce qu'ont pu vivre ces convois désespérés, aussi, à la réflexion, je vais cesser de m'arrêter sur ce qui m'a semblé comme un handicap et considérer cela comme une contrainte imagée de la période sombre dont il est question
la facture de cette mini- est usuelle et éprouvée, son style et son rythme sont énergiques, voire martiaux, alors même que l'on incarne un civil, ce qui peut étonner de prime abord
mais comme l'histoire se déroule en temps de guerre, ça ne dénote pas plus que cela et on a tôt fait de se laisser embarquer par l'histoire qui, en plus d'être pédagogique (dans les grandes lignes), nous laisse entrevoir le quotidien de ces équipages improbables qui tiennent par la force des choses le pont de ces bateaux qui restent à flot grâce à la rouille
le personnage principal, alcoolique patenté, tient le coup justement grâce à l'alcool et, il le dit lui-même, c'est même sa réserve (qu'il a su calculer au plus juste, signe d'une longue expérience) qui le rend lucide et opérationnel, ça n'a donc pas de réelle influence sur l'aventure mais ça épaissit bien la caractérisation de ce pur capitaine Haddock, ses faiblesses et ses forces, et c'est là aussi raccord
bref, cette mini- est une leçon de beaucoup de choses, historiques en premier lieu, et on a un réel plaisir à la jouer
comme c'est une mini- réaliste, je me permets ces quelques précisions, grattepapier, qui peuvent tout aussi bien rester ignorées, parce que totalement accessoires :
[spoiler]
- quand on désigne un bateau, on l'appelle " le (...) ", donc l'El Trovador (ce n'est qu'un détail)
- quand on est dans un air ambiant à quelque chose comme -20°, en mars et en pleine mer arctique, tomber dans l'eau qui est sensément à 2° ou 3° la fait ressentir comme chaude et non glaciale, du moins durant les premières secondes car ensuite tous les vêtements en laine (les textiles techniques n'existent pas encore) s'en trouvant imbibés, j'imagine qu'on se réchauffe de toute façon, même en portant un mae-west, en luttant pour ne pas être très vite entraîné par le fond et pour remonter en forçant vers la surface (je m'arrête à bien peu, c'est vrai)
- je ne suis pas sûr que, à cette période, tant de glaciers que ça s'effondrent en si peu de temps comme au §33, l'hiver n'était pas encore doux en 1942 (encore du tatillonage)
- toujours au §33 mais aussi plus tard, cette brume se levant soudainement n'est pas logique, toujours parce que c'est l'hiver, qu'il n'y a donc que très peu d'échanges thermiques entre l'eau et la glace des icebergs et que n'existe encore pas la brume arctique de pollution actuelle (mais je comprends tout à fait qu'en avançant plus tôt, à la fin de l'hiver, un convoi qui eut lieu réellement en juin-juillet, tu aies choisi de conserver cette brume qui a dû sûrement gêné le vrai PQ17, pour développer un évènement afin de briser la monotonie de ces convois, je coupe juste les cheveux à l'extrème) (une autre idée, cette illusion optique appelée brume des fées, similaire à l'air ondulant au-dessus du bitume surchauffé par le soleil, mais qui à la réflexion n'est pas meilleure car il faut, là aussi, de l'air chaud, du moins plus chaud qu'en mars)
- désolé, mais le §35 est totalement improbable : un marin à moitié frigorifié secouru par chance ne retournera pas, même par intégrité, dans sa chaloupe pour risquer de nouveau la mort, il restera bien sur le bâtiment qui l'a secouru tout en refusant, plus sûrement, de s'occuper des pièces d'artillerie (et en bouffant au passage les réserves de nourriture aux frais de la Reine)
- §8 : Caleb a installé un alambic dans la soute, pour en gros deux fois deux semaines de traversée, avec le stock de patates en conséquence, et espère les distiller entre deux quarts ?! l'idée me fait bien rire, comme celle de l'organiste qui a installé des ruches dans le corps de ses grandes orgues, mais je ne pense pas que ce soit l'effet escompté
Henry, j'insiste bien, tous ces points ne sont pensés que comme améliorations du réalisme, en soi ta mini- est déjà très bien telle quelle, mais ce beau terreau m'amène à penser qu'un développement ultérieur, avec plus de sections, ferait au final une AVH encore plus prenante et originale et, si tu te décides à le faire, j'espère retrouver décuplé le plaisir que j'ai eu à la jouer et pour lequel je te remercie vivement
bravo, tu as vraiment géré
[/spoiler]
EDIT :
je reviens pour soulever un détail qui m'a fait lever un sourcil et que j'allais omettre de signaler, d'où ma question à nos chers assesseurs : dans certaines sections, au milieu du texte, il est mentionné
" Si votre flottabilité etc., rendez-vous au 14. Sinon, poursuivez votre lecture : "
loin de moi l'envie de jeter un pavé dans cette très bonne mini-, plutôt l'envie d'éclaircir car je n'en suis plus si sûr, mais je crois avoir souvenir que, lors de l'édition précédente des mini-yaz, ou bien celle d'avant, ce procédé avait été qualifié de section supplémentaire camouflée (je ne parviens pas à me souvenir quelle mini- était concernée)