La Voleuse de Visages

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Aronaar
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La Voleuse de Visages

Message par Aronaar »

Salutations, mortels de tous les horizons !
Je dois d'abord vous dire que je triche un peu : cet écrit sera certainement plus conséquent qu'une nouvelle. Vous me direz avec raison que le nombre de pages n'est pas forcément le plus pertinent, mais le style, je pense, devrait se situer entre la nouvelle et un roman court, en la décomposant en unités narratives relativement brèves, mais avec plus de développement (personnages, environnement, monde...) que ne le permet habituellement le format de la nouvelle.
Bref, c'est assez expérimental, et si vous trouvez que cela n'a pas sa place ici, n'hésitez pas à me le signaler.

En attendant, voici la première partie du texte. Vous pouvez aussi le consulter icien format simili-word, avec même la possibilité d'ajouter directement de sagaces commentaires si le coeur vous en dit.
Bonne lecture ! 

 

1.[font=Times New Roman]   [/font]Le Moine Brisé

 

De loin, les vêtements de la silhouette suggéraient qu’il s’agissait d’un pèlerin.

De près, le coup de pied peu amène qu’elle assena à la personne prostrée laissait entendre que si c’était bien le cas, la compassion n’était pas la plus apparente de ses vertus.

Eussiez-vous, ami Lecteur, formulé ce jugement à portée d’oreille de la silhouette encapuchonnée, vous n’auriez reçu qu’un rire indulgent en retour…

Katrya n’était pas née du dernier changement de gouverneur de l’Aventurie : feindre la faiblesse sur la route était une tactique banale, mais suffisamment efficace pour profiter de la bienveillance naturelle (quelle idée !) de certains voyageurs.

Il fallait pourtant dire que le site ne s’y prêtait guère : la victime supposée avait décidé d’échouer sa masse inerte au pied d’un arbre solitaire, lui-même perché au sommet d’une petite colline dominant une étendue de plaines verdoyantes.

A moins d’utiliser des moyens d’une ampleur qui serait surprenante pour les bandits du coin, il n’y avait aucun moyen de se cacher, et les feuillages de l’arbre n’étaient guère assez épais pour cacher plus d’une personne- à condition que la personne en question soit amatrice de cures d’amincissements extrêmes.

Mais Katrya n’avait pas survécu jusqu’ici, et dans un état plutôt satisfaisant, sans prendre des précautions nécessaires.

Bien entendu, il aurait pu être tout aussi simple d’ignorer purement et simplement l’homme – pour autant qu’elle pouvait en juger – et poursuivre sa route.

Toutefois, son voyage avait été exceptionnellement dépourvu d’évènements intéressants jusque-là, et un brin de curiosité contrôlée ne pouvait lui nuire. Et puis, autre chose avait attiré son attention : un couteau fiché en plein milieu du tronc, le bras de l’humanoïde donnait l’impression d’être tendu vers lui.

Même pas un beau couteau, notez bien. Le manche était en os jauni par le temps (et peut-être bien certains liquides), gravés avec ce qui semblait être des runes à moitié effacées.

Qu’importe, cela pouvait posséder quelque valeur.

« Kunasaï, si vous êtes conscient et avec de mauvaises intentions, et si vous ne vous relevez pas maintenant, je vais devoir utiliser une méthode encore plus douloureuse pour vérifier votre état. »

Aucune réaction.

Evidemment, Katrya n’avait formulé l’avertissement que par pure courtoisie, et sortit un couteau de lancer d’une de ses bottes, qu’elle utilisa pour piquer franchement la peau du cou, jusqu’à ce qu’une minuscule perle de sang s’échappe de la peau.

Pas le moindre frémissement.

Le pèlerin se détendit légèrement, puis prit l’autre par l’épaule pour le mettre sur le dos, révélant les traits d’un Aëlf encore jeune. Ses vêtements, s’ils étaient salis par le voyage, ne laissaient apparaître aucune trace de combat ; le poing fermé entouré de la Soleil – le symbole des moine-guerriers Stelkh – brodé au milieu, absolument intact.

Voilà qui est bien étonnant !songea-t-elle avec une pincée de dérision mentale.

Katrya avait raison, possédant un jugement plutôt sûr.

L’ordre militant des Stelkh croyait fermement que la vertu s’enseignait d’autant mieux que l’on avait la possibilité de contraindre physiquement ceux qui n’en faisaient pas preuve, et les moines étaient fort doués pour ce genre de leçons pratiques.

Avec ou sans armes, leur maîtrise martiale était réputée sur tout le Monde Scindé, s’adjoignait à cela une

magie protectrice accordée par leur divinité tutélaire. Voir un de leur représentant affalé et mort comme s’il avait subi une bête crise cardiaque était donc tout à fait surprenant.

La région était un patchwork autant au niveau de sa géographie que de ses habitants et de ses pratiques, aussi elle pouvait imaginer un de ces moines se retrouver ici, encore qu’avec peu de chances d’y trouver beaucoup de sympathie.

Les Aventuriens s’accordaient généralement à ne pas apprécier une organisation si pieusement dévouée à éradiquer le « Mal »- un concept étriqué que les moines Stelkh appliquaient de manière large.

Peut-être devenaient-ils arrogants ? Avec le grand rôle qu’ils avaient joué en tant qu’un des bras armés de l’Inquisition Œcuménique, pendant les guerres de la Résurgence, leur ordre avait pris plus d’importance, après tout.

Katrya haussa les épaules. Peu importe le motif de la présence de ce moine-ci : le teint cireux indiquait clairement qu’il avait composté son billet pour rejoindre les Limbes. Elle pensa un moment à le dépouiller de ses effets, puis se ravisa.

Depuis la Résurgence, l’emprise des Dieux sur Aznhurolys s’était allégée, provoquant bonheur et malheur parmi les habitants de la planète. Autant ne pas risquer un quelconque courroux cosmique !

Du moins, pas avec autant d’incertitude…

Le havresac du moine paraissait aussi plat que les plaines alentour. Le couteau, par contre, serait tôt ou tard fauché par quelqu’un, ou finirait oublié dans l’herbe sous  l’arbre.

Autant que cela soit elle qui en profite ! Sans oublier une dernière précaution. Elle rangea son arme de lancer et sortit une paire de lunettes d’une des poches de sa ceinture, puis les chaussa afin d’examiner l’objet fiché dans l’écorce. Elles permettaient simplement de détecter des traces d’Energie, mais c’était bien suffisant pour savoir si l’ustensile était ensorcelé, par exemple. On voyait des choses bien plus bizarres en Aventurie- et sur le reste de l’Hémipangée.

Néanmoins, le couteau ne dégageait pas de couleur différente à travers les verres, il semblait même plus… Terne ? Oui, c’était bien cela. Affadi.

Satisfaite, Katrya mima le symbole de la Sphère en passant à côté de la dépouille abandonnée, et tira sur le manche en os d’un coup sec. Le couteau vint sans résistance dans sa main, et elle l’examina plus avant : la lame s’élargissait rapidement après le manche, se terminant par un bout beaucoup, beaucoup plus pointu que ne le voudrait la raison, puisqu’elle était quasiment certaine de tenir là un couteau à beurre.

Etait-ce une fantaisie d’une région où l’on consommait le beurre sous forme de bloc gelé ?

Elle s’apprêtait à le jeter de dépit, lorsqu’elle remarqua une pierre incrustée sur le côté du manche qu’elle n’avait pas vu.

Bizarre, on dirait qu’elle a été rajoutée ensuite. Enfin, cela pourrait valoir quelques triangles d’argent en ville…

Elle en était là de ses réflexions lorsqu’elle sentit une poigne fébrile se refermer autour de sa cheville droite. Instinctivement, elle fit volte-face, une dague apparaissant dans sa main gauche aussi soudainement qu’un éclair.

« Il faut leur dire… éructa l’Aëlf d’une voix sourde où ne perçait que la plus infime étincelle vitale.

- Leur dire quoi, cadavre qui ne l’est pas assez ? » demanda poliment Katrya en retirant son pied.

Le regard du moine partit dans deux directions différentes, ce qui était plutôt dérangeant.

« Le commandant… Une braise au milieu d’une mer d’herbe sèche… La sphère d’entre les étoiles…

- Génial. Non seulement tu ne dois plus avoir beaucoup de temps, mais en plus tu le gâches métaphores brumeuses. Ecoute, je veux bien prévenir quelqu’un que tu as mordu la poussière, mais il me faut un nom ! »

Une cascade d’émotions parvint à animer le visage du moribond- frustration, inquiétude, colère et une sorte de désespoir las.

« Les mots d’ombre… Stelkhânos… Protège. »

Son menton s’affaissa aussi rapidement que si on avait coupé une ficelle invisible le retenant, et les yeux prirent aussitôt un aspect laiteux.

Avec d’infinies précautions, Katrya prit son pouls- aussi inexistant que lorsqu’elle l’avait examiné il y a quelques minutes. L’Aêlf ne présentait pas de coloration différente à travers le verre des lunettes- du moins, pas de coloration différente pour quelqu’un dont les cellules ne pouvaient plus abriter d’Energie, si ce n’est la noire, et elle n’en décelait aucune trace.

Elle examina machinalement les environs, puis, n’ayant repéré personne, rangea dague et lunettes dans les endroits appropriés.

« Ce n’est pas pour être irrespectueuse, sauf qu’on dirait que ton Dieu ne t’a pas assez protégé, bel inconnu, déclara-t-elle rêveusement. Je ne sais pas où peut se trouver ton commandant, et très franchement, je n’ai pas envie de me retrouver embarquée dans une quelconque histoire mystérieuse.

Les baldgruns se feront les dents sur toi, à moins quelqu’un d’autre avec plus de temps que moi ne te fasse un petit enterrement privé. Salut ! »

Elle allait partir aussi sec, avant de se rendre compte qu’elle serrait toujours le couteau à beurre dans sa main.

L’intermède aurait pu être plus distrayant, mais peut-être l’objet s’était-il déchargé de sa magie et avait causé, elle ne savait comment, le trépas du moine-guerrier. Avec un accès de prévenance, elle creusa rapidement un trou et y inhuma l’ustensile, puis reprit sa route en chantonnant un cantique (très personnalisé) de l’Eglise Universelle.

 

La Soleil commençait sa descente dans le ciel, irisant ce dernier d’une teinte orangée que la marcheuse aurait certainement trouvé sublime si elle avait eu l’âme à s’attarder sur ce genre de choses (ce qui n’est pas le cas, comme vous l’aurez déjà deviné).

Katrya sortit sa montre à gousset et constata avec satisfaction que son pas était toujours aussi vigoureux : elle était arrivée en avance sur ses prévisions à la cabane-sanctuaire. On trouvait celles-ci un peu partout sur les routes de l’Hémipangée, tradition pluriséculaire supposée rapprocher les croyants de différentes obédiences.

Quel que soit votre Dieu, aux alentours de la majorité, vous deviez en effet accomplir votre pèlerinage civique : sous la direction de votre diocèse de rattachement, partir avec d’autres jeunes pour un voyage d’intérêt général.

Entretenir les routes… Construire et réparer les cabanes, vérifier leur approvisionnement en matériel de première nécessité… Escorter d’autres voyageurs, répandre la bonne parole itinérante… Déboiser, planter et soigner les arbres à pèlerins… Accomplir des missions de charité diverses lorsqu’on s’arrêtait dans les hameaux, villes et villages…

Les taches étaient variées, avec l’intention de développer un esprit de solidarité, tolérance et de vie en groupe chez les jeunes pèlerins. En plus de découvrir d’autres coins du monde.

C’était également un moyen pour les autorités locales de pratiquer un recensement, aussi bien que de détecter des vocations ou de possibles éléments à problèmes dans les nouvelles générations.

Ça, bien sûr, c’était la théorie toute pétrie de bonne volonté. Dans les faits, il était impossible de s’assurer que tout le monde effectuait le périple, que ce soit par manque de moyen ou absence de volonté ; quant aux familles aisées, il arrivait régulièrement qu’une faveur opportune ou une généreuse donation les dispense du pèlerinage, ou le rende bien moins astreignant !

Quant aux cabanes et aux routes, leur état différait grandement d’une région à une autre.

Katrya, pour sa part, n’avait pas participé à ces tribulations (ce qu’elle ne regrettait pas) mais ne pouvait que reconnaître l’utilité du système, et la tradition était tellement bien ancrée que globalement, les logis étaient en bon état- même en Aventurie.

Elle s’approcha du bosquet d’arbres à pèlerins, heureuse de constater qu’il était en pleine forme.

C’était la contribution des Aëlfs : des végétaux robustes capables de fournir des fruits en toute saison, même pendant les froids les plus atroces et les sécheresses les plus arides.

Elle cueillit un des fruits oblongs et le croqua goulûment. La chair n’était pas des plus savoureuses, enfin, son estomac s’en accommoderait fort bien. Elle continua à le dévorer plus lentement en scrutant les environs, la méfiance lui collant comme une seconde peau.

Les cabanes-sanctuaires étaient généralement sûres, mais elle avait appris que les généralités avaient de quoi vous emmener vers des ennuis très spécifiques. Elle repensa au moine décédé, songeant qu’il aurait bien été le genre à admonester les personnes ne respectant pas ces refuges.

C’était tout aussi bien qu’il soit mort, il n’aurait probablement pas apprécié de connaître sa véritable profession, et traîner un blessé aux abords de la ville de Walgormoth était une invitation à traîner à ses côtés d’une manière ou d’une autre.

Katrya finit le fruit et de désaltéra lentement à la fontaine jouxtant la construction de bois, appréciant son eau pure.

Voilà qui est un peu trop propre…estima-t-elle en entrant dans la cabane. Le plan de travail était en recouvert en partie d’ustensiles parfaitement en ordre, l’étagère comportait quelques ouvrages génériques alignés au garde-à-vous, le sol était exempt de tout débris ou saleté incommodante.

Même le lit était préparé comme s’il provenait d’une hostellerie. Curieuse, elle regarda en-dessous du meuble à sommeil, et sourit en découvrant tout le fatras qui y avait été accumulé. Il était bien étonnant que ce genre de choses n’arrive pas…

Rassérénée, elle plaça un dispositif basique d’alarme sur la porte et la fenêtre dont les rideaux restèrent tirés pour préserver son intimité. Elle posa ses affaires sans hâte, se déshabilla puis se plaça avec bonheur sous les draps rustres.

Demain, cette vieille branche aura sa commande spéciale. Et après… Après…

Mais « après » était un mot possédant souvent une consistance nuageuse dans l’esprit de la fausse pèlerine, et comme pour conforter cette idée, le sommeil faucha le fil de ses pensées.

Ce sommeil fut remplacé par un autre, ses yeux ne s’ouvrant que pendant quelques battements de cœur après qu’un chiffon ait été plaqué contre sa bouche…
Dernière modification par Aronaar le 27 janv. 2018, 08:16, modifié 1 fois.
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Caïthness
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RE: La Voleuse de Visages

Message par Caïthness »

Pourquoi pas écrire en encore plus petit ? lol
Et puis justifier le texte, c'est bien
Aérer aussi, c'est bien, parce que là, bonjour le pavé (><)

Let's go ! :mrgreen:




Aventurie ? C'est le monde de l'OEIL NOIR ? ::mefiant::

le coup de pied peu amène qu’elle assena à la personne prostrée : déjà y'a 2 fois le mot pélerin (pire, l'expression "il s’agissait d’un pèlerin") ET "personne prostrée" désigne aussi celui-ci. Peut-être faire un peu de ménage, non ? Par exemple : elle lui assena.... L'information "prostrée" serait mieux dans la première phrase...

feindre la faiblesse sur la route : double espace (fait une passe sur ton texte avec un rechercher-remplacer en boucle, dès fois qu'il y ait des triples ou +)

Ah, on casse le 4° mur d'entrée de jeu... Pourquoi pas... :|

A moins : ce serait bien de mettre les accents sur les majuscules (à reboucler sur tout le texte aussi)
il n’y avait aucun moyen : pluriel, plutôt non ?

d’une personne- : espace (à reboucler sur tout le texte aussi)

(dans un état plutôt satisfaisant) : bizarre cette parenthèse. Pourquoi pas des virgules ou des tirets ? Je rajouterais un "et" en début, ça serait plus coulant. La double négation dans cette phrase n'est pas élégante.

des précautions supplémentaires : pas super adapté à la description/état. "nécessaire" serait plus juste.

Le pèlerin (?) : c'est quoi ce (?) ? :s

Le pèlerin (?) se détendit légèrement, puis prit l’autre par l’épaule pour le mettre sur le dos, révélant les traits d’un Aëlf encore jeune. Hein ? Quoi ? Ils sont 3 maintenant :oO: ? c'est qui cet "autre" ?? :Gne:

la Soleil : c'est voulu ? (la majuscule peut faire penser à un mot inventé) (vu la confusion possible, p'têt changer une lettre, 'fin je sais pas trop :s )

Avec ou sans armes, leur maîtrise des armes (répétition)

à cela une
magie protectrice (retour chariot à la con) (vérifie qu'il y en a pas d'autres)

L’autre titre concernait : je trouve le raccolage un peu maladroit. Limite, pourquoi ne pas citer les 2 "titres"/raisons d'entrée de jeu puis les développer après ? De plus la raison n'est pas vraiment convaincante ("la région était un patchwork autant au niveau de sa géographie que de ses habitants ") (ça se contredit, limite lol ; tu ne donne aucune vrai raison pour expliquer la bizarrerie de sa présence en ce lieu). Et pour achever le travail, ta phrase n'est même pas finie ! (mais malgré les intérêts très divers... QUOI ?). Ton incise "on s'accordait...pour les Aventuriens" finit la phrase abruptement.

les lymbes : c'est un "i", pas un "y". Si c'est un mot inventé, une majuscule suffira (en fait, c'est le contraire du "la soleil" vu plus haut :lool: )

Le havresac du moine paraissait aussi plat que les plaines alentour : j'adore :Aime: (par contre le "de toute façon" gâche tout ; vire-moi ça !

d’une des poches de sa ceinture : y'a des poches dans les ceintures chez toi :Gne: (c'est des obis ou quoi lol)

Ces lunettes-là n’étaient pas d’une grande rareté, car elles permettaient simplement de détecter des traces d’Energie : je comprends pas le lien entre les 2 propositions. En fait, je comprends même pas l'utilité de préciser qu'elle ne sont pas d’une grande rareté :s
mais c’était bien suffisant en l’occurrence pour savoir : qu'est-ce que c'est moche :(

l’hémipangée : Majuscule

Néanmoins, le couteau ne dégageait pas de couleur différente à travers les verres, il semblait même plus… Terne ? Oui, c’était bien cela. Affadi. : joli !

dépouille abandonnée !? J'ai du mal avec tes descriptions. J'ai l'impression depuis le début (je viens de relire depuis le début) qu'il n'y a que 2 personnages (l'héroïne Katrya et un pelerin mort et/ou vivant - quantique lol). A moins qu'il y en ait 3 (l'héroïne, le pelerin Stelkh , un cadavre Aëlf ? Honnêtement, j'ai vraiment du mal à comprendre (j'dois pas être réveillé) (ou bien tes explications ne sont pas claire) (mais j'ai du mal à suivre le récit avec cette zone d'ombre) S'il y a plus d'un personnage près de l'arbre quand Katrya arrive, ce n'est vraiment pas clairement explicité, ça j'en suis convaincu, car il n'y a toujours que 2 protagonistes dans tes phrases (sauf celle où il y a écrit "Le pèlerin (?) se détendit légèrement, puis prit l’autre par l’épaule pour le mettre sur le dos, révélant les traits d’un Aëlf encore jeune"). Faudrait m'expliquer qui est quoi dans ce fourbi :s

Elle s’apprêtait à le jeter de dépit, lorsqu’elle remarqua une pierre incrustée sur le côté du manche qu’elle n’avait pas vu.
Bizarre, on dirait qu’elle a été rajoutée ensuite. Enfin, cela pourrait valoir quelques triangles d’argent en ville…
Elle en était là de ses réflexions lorsqu’elle sentit une poigne fébrile se refermer autour de sa cheville droite.
Instinctivement, elle fit volte-face, une dague apparaissant dans sa main gauche aussi soudainement qu’un éclair.

je comprends pas l'intérêt de faire un retour chariot à chaque phrase, qui de surcroît possedent le même sujet, très monotone tout ça, faut retravailler en changeant de point de vue pour être plus littéraire, ça fait vraiment fanfic de débutant :mrgreen: (alors que tes articles sont ma foi d'une plus belle envolée lyrique)

L’Aêlf : l'orthographe change selon qu'ils soient vivant ou mort ? ::mefiant::

L’Aêlf ne présentait pas de coloration différente à travers le verre des lunettes : ça fait répétition avec la scène un peu plus haut. à reformuler.

baldgruns : Majuscule

le fruit de siècles d’une tradition : gné ? :Gne:

cool, une théocracie :o

...ou absence de volonté, quant aux familles aisées... : je préférerais un point-virgule avant le "quant"

une généreuse donation dispense : "les dispense", non ?

des végétaux robustes capables de fournir des fruits en toute saison, même pendant les froids les plus atroces et les sécheresses les plus arides. (moi, j'appelle ça un distributeur automatique :lool: ) (désolé :blush: )

dévorer plus lentement ; on peut vraiment faire ça ? :s C'est un peu antinomique, non ?

mais elle avait appris que les généralités avaient de quoi vous emmener vers des ennuis très spécifiques ; j'adôôôre :lool: (là encore, tu merdes à la fin : "lorsque ce n’était pas une tombe précoce". sérieux ? "mener à une tombe précoce" ? naan...)

et traîner un blessé aux abords de Walgormoth était une invitation à traîner à ses côtés d’une manière ou d’une autre : répétition (et c'est quoi Walgormoth ?)

Katrya finit le fruit et de désaltéra lentement à la fontaine jouxtant la construction de bois, cadeau, elle, des Sqwaryms, le peuple amphibie de l’hémipangée : putin la vache, c'est saccadé à mort. Faut reformuler, c'est illisible.

le sol était libre de tout débris ou saleté incommodante : libre ? "exempt" me semble beaucoup plusse mieux.

en-dessous : pas de tiret (oui je sais, il est chiant celui-là)
", et " inutile ('fin, y'en a moins que chez Krakounet, c'est déjà ça :mrgreen: ) "puis" irait mieux.

Lorsqu’il n’y avait pas de contrôle sur le fait, il était bien étonnant que ce genre de choses n’arrive pas… : je comprends par la situation, mais la phrase est moche ; le "sur le fait" n'a pas de sens dans ce cas. La négation est maladroite "ce genre de choses n’arrive pas" et renforce l'incompréhension ; "étonnant" pareil, rien à foutre là. Tu supprimes la phrase et tu relis, ça fait mieux. La scène avec le sourire suffit largement à sous-entendre ce que tu as très maladroitement écrit.

Rassérénée, elle plaça une rune d’alarme (j'espère qu'elle a bien rechargé les piles :lool: ) (désolé :blush: )

privauté ? :oO: ça existe ça :Gne: ? Ah ben oui... :| (cool, j'apprends des trucs :o ) Par contre, j'ai un doute sur l'utilisation à ce moment là au vu de la définition... Tu voulais pas plutôt dire "son intimité" ou "sa tranquillité" ? :mrgreen:

puis elle se défit de ses affaires et de ses vêtements : pfff c'est môôôche :NoGreen:

le sommeil faucha cette ligne de réflexion : "le fil de ses pensées" a ma préférence ;)

Ce sommeil fut remplacé par un autre : répétition

Et un cliff' !




Conclusion : ce genre de texte me fait penser à Kalon d'Asp Explorer (je te conseille, c'est à hurler de rire :lool: ) : on ne se prend pas au sérieux, on s'adresse au lecteur. C'est une démarche clairement ludique. Difficile de faire une histoire sérieuse avec un tel support. Perso, ça m'a passé, donc un peu déçu de ce côté-là.
Pour l'écriture, soit tu nous as ressorti un texte écrit lors de ton adolescente boutonneuse (pléonasme) ou bien tu nous soumets un écrit de ton petit frère (je médis, je médis :mrgreen: ). Mais y'a clairement un forte dégradation stylistique quand je compare avec les textes de tes analyses sur nos AVH.

Faudrait donc déjà nous dire l'objectif de ce texte, car les conseils d'améliorations seront totalement différent selon qu'on reste dans le genre fanfic/historiette pour déconner ou bien si on s'attaque à une véritable nouvelle avec les codes inhérents à la littérature (et là, va y avoir beaucoup de travail, crois-moi ; limite une réécriture complète, vu que casser le 4° mur est un exercice très difficile si on veut rester dans un aspect littéraire classique).

Pour le BG, il manque plein d'explications (notamment un petit quelque chose sur les noms inventés, comme les races, les lieux, ça permet de se repérer plus facilement). Il y a une belle tirade sur la théocratie qui est plutôt sympa, j'aime bien. Bon ça reste medfan des familles, à voir si dans les développements suivants on verra une originalité poindre le bout de son nez. La rencontre fortuite avec le "rhhâââ les ténèbres vont AAAArrgh" est extrêmement convenue ; regarde aussi les descriptions concernant les personnages car malgré 3 lectures, j'en suis rendu à 2,5 protagonistes (or c'est 2 ou 3, cadavres inclus).
сыграем !
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Aronaar
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RE: La Voleuse de Visages

Message par Aronaar »

Merci pour ce retour aussi acéré et détaillé que tu en as apparemment l'habitude, Caïthness.


Ah, on casse le 4° mur d'entrée de jeu... Pourquoi pas... Image


C'est une inspiration du moment, mais elle n'est pas essentielle (dans le sens où elle ne va pas forcément être grandement répétée).


Le pèlerin (?) : c'est quoi ce (?) ? Image


Pour marquer le doute sur cette appellation. Mais ce n'est peut-être pas utile.


Le pèlerin (?) se détendit légèrement, puis prit l’autre par l’épaule pour le mettre sur le dos, révélant les traits d’un Aëlf encore jeune. Hein ? Quoi ? Ils sont 3 maintenant Image ? c'est qui cet "autre" ?? Image

L'autre, c'est la personne prostrée (cela ne prêtait pas à confusion dans mon esprit, comme quoi...).
La Soleil, c'est voulu.

De plus la raison n'est pas vraiment convaincante



Tu as tout à fait raison, j'avais hésité à ce passage-là. Je modifie.


les lymbes : c'est un "i", pas un "y". Si c'est un mot inventé, une majuscule suffira (en fait, c'est le contraire du "la soleil" vu plus haut Image )


Tss, je n'ai vraiment pas assez relu. Le "y" voulait accentuer la différence, mais au final, c'est de la fausse appropriation peu intéressante. Ça me rappelle un mot pareillement modifié dans les Chroniques des Ravens (sorcier avec un y, si mes souvenirs sont bons).


d’une des poches de sa ceinture :


Des poches de cuir attachées à une ceinture. Le concept me paraissait raisonnable, mais peut-être pas.


je comprends pas l'intérêt de faire un retour chariot à chaque phrase, qui de surcroît possedent le même sujet, très monotone tout ça


Sauf si je me plante complètement sur le concept du retour chariot, là, c'est dû à la mise en page changeant entre la page word et le forum.


baldgruns : Majuscule


Les baldgruns sont des bestioles, donc pas de majuscule.

Rassérénée, elle plaça une rune d’alarme (j'espère qu'elle a bien rechargé les piles Image ) (désolé Image )


Cela pourrait faire surcharge de bidules commodes. Je modifie.


privauté ? Image ça existe ça Image ? Ah ben oui... Image (cool, j'apprends des trucs Image ) Par contre, j'ai un doute sur l'utilisation à ce moment là au vu de la définition... Tu voulais pas plutôt dire "son intimité" ou "sa tranquillité" ? Image


J'utilise parfois de beaux mots en étant certain de leur sens, et parfois je me plante comme ici.


Pour ce qui est de ta conclusion...

Le ton se veut globalement léger, mais pas que (ce qui n'apparaît pas avec une seule partie). Le texte, en tout cas, n'est pas ressorti, mais fraîchement écrit mercredi, il n'y a pour le moment rien d'autre.
Comme je l'ai indiqué, ce n'est pas véritablement une nouvelle, et je ne conçois pas cela dans la longueur d'un roman non plus.
En fait, en ce moment, j'ai du mal à m'investir dans quelque chose que je ne puisse pas bien délimiter temporellement. Dans ce cadre-là, analyser des LDVELH/AVH est le genre d'exercice qui me convient bien : même si cela s'inscrit dans du long-terme, je peux procéder par "unité" distincte.

Là, j'essaye d'aller un peu plus loin : une sorte de roman court (100 pages ou moins) divisé en unités narratives pas trop étendues. C'est pour cela qu'afin de garder un certain rythme, je limite le développement.
Peut-être que c'est une très mauvaise idée, mais cela me paraissait intéressant de tenter l'expérience.
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Caïthness
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RE: La Voleuse de Visages

Message par Caïthness »

Aronaar a écrit :Merci pour ce retour aussi acéré et détaillé que tu en as apparemment l'habitude, Caïthness.

toutafé ;)


Aronaar a écrit :
d’une des poches de sa ceinture :

Des poches de cuir attachées à une ceinture. Le concept me paraissait raisonnable, mais peut-être pas.

La ceinture, ce n'est pas la taille. Dans ce cas-là "d’une des poches (attachées) à la ceinture" est bien plus correct (sémantiquement)


Aronaar a écrit :
je comprends pas l'intérêt de faire un retour chariot à chaque phrase, qui de surcroît possedent le même sujet, très monotone tout ça

Sauf si je me plante complètement sur le concept du retour chariot, là, c'est dû à la mise en page changeant entre la page word et le forum.

ce problème apparait si tu copies un texte d'une page html et que tu la colles dans Word ; mais là, ça le fera à chaque ligne. Comme j'en ai vu qu'un, je pense que la ligne dans ton fichier et le retour chariot coïncide avec la marge de droite (il devient donc invisible). Fait un retour chariot au milieu de la phrase dans ton fichier, s'il y a un retour chariot "caché" en bout de ligne, ça te fera 2 lignes incomplètes en plus au lieu d'une (tu peux aussi modifier la taille de la police ou des marges gauche-droite pour voir si le décalage apparaît.)


Aronaar a écrit :Le ton se veut globalement léger, mais pas que (ce qui n'apparaît pas avec une seule partie). Le texte, en tout cas, n'est pas ressorti, mais fraîchement écrit mercredi, il n'y a pour le moment rien d'autre.

alors je ne m'explique pas trop la chute de qualité stylistique.


Aronaar a écrit :Là, j'essaye d'aller un peu plus loin : une sorte de roman court (100 pages ou moins) divisé en unités narratives pas trop étendues. C'est pour cela qu'afin de garder un certain rythme, je limite le développement.
Peut-être que c'est une très mauvaise idée, mais cela me paraissait intéressant de tenter l'expérience.

Si tu veux "pexer" en écriture "roman court", je pense que tu devrais déjà t'exercer sur du texte court 2-3k mots. Ca te donnera des bases pour la construction, le style, la cohérence, toussa...
Le roman, c'est une autre catégorie, ça se construit (normalement) différemment de la nouvelle. Après, libre à toi d'attaquer par le roman court direct. Il faut juste être sûr de ta cible. Et vu l'ambition, je pense que casser le 4° mur à l'inspiration comme ça et à tout bout de champ pendant le récit, ce n'est pas le top. Sauf pour faire un truc délirant et c'est très bien. La question est de savoir si tu veux exploiter le 4° mur ou s'il va parasiter la suspension d'incrédulité ; le vrai problème est là, pas ailleurs.

Mais tu peux toujours continuer cette histoire avec la même ambiance pour t'exercer ; mais j'ai peur que ça te donne plus de mauvaises habitudes que de réelles compétences exploitables pour une oeuvre plus aboutie. ;)
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RE: La Voleuse de Visages

Message par Aronaar »

Au risque de te rendre encore plus perplexe, j'ai l'habitude des oeuvres plus abouties, ayant écrit quatre romans, une grosse fanfiction et plusieurs histoires courtes, généralement appréciées (l'univers pour celle-ci possède donc des bases par ailleurs).
Après, il n'y a certainement pas le même niveau d'analyse et d'exigence et cela ne crée pas chez moi des illusions de grandeur littéraire.
Peut-être aussi faut-il prendre en compte le fait que je ne me suis pas adonné à ce genre d'exercices depuis un moment.
Ces dernières années, j'ai surtout écrit des tests de jeux vidéos, des critiques de films et de livres, les livranalyses, des Let's Play narratifs avec captures d'écrans, des articles pour webzines, plus de la relecture bénévole (Les Enfants de la Licorne en ce moment, une immense joie pour la liche que je suis).
Bref, la question n'est pas forcément simple, je vais récolter d'autres avis avant de statuer sur la question.
Si jamais tu as du temps et une pointe d'intérêt, sans besoin d'une analyse mais juste pour avoir tes impressions, je peux t'envoyer l'embryon d'un Quête du Graal 9 que j'avais à un moment, pour comparatif (je ne compte pas le reprendre pour le moment).
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RE: La Voleuse de Visages

Message par Caïthness »

T'as écrit 4 romans, c'est bien, mais sont-ils édités ou est-ce juste des histoires que tu as écrit et stocké sur un coin de disque dur ? Parce que je connais des gens qui font le nano tous les ans, et ça s'arrête là (par de relecture, rien, juste la joie d'avoir empiler 50k mot en 1 mois ; perso, je trouve que c'est du gâchis de ne pas au moins améliorer son travail, voire essayer de le publier).

Pour avoir d'autres avis sur ton texte, le mieux serait d'aller sur un vrai forum d'écriture, je pense. Ici, on galère déjà grave assez pour avoir des com' d'AVH lol. Mais j'espère que d'autres donneront leurs avis (histoire de voir si je débloque ou pas :mrgreen: )
Le plus important, c'est avoir un max de retour et de plusieurs sources possibles. Ensuite tu décides les modifs en fonction de ce que tu veux.

Pour Quête du Graal 9, je n'aime pas trop cette série (jamais lu). En fait, je kiff juste leurs couvertures.

Si tu postes la suite de "La Voleuse de Visages" ici , je pourrais toujours commenter si tu es intéressé ;)
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RE: La Voleuse de Visages

Message par Aronaar »

Ils auraient pu être édités, mais par de petites maisons ne voulant pas prendre de risque (il fallait que j'avance des sommes conséquentes). Je me suis donc tourné vers Lulu pour l'autopublication et je fais partie d'une société des auteurs locales (à laquelle je n'ai guère participé, cela dit).
Et pour ma part je ne prends pas plaisir à empiler des mots. Chacun de mes romans a subi plusieurs relectures, de moi et d'autres personnes, j'écris pour partager et pas pour la simple satisfaction d'avoir assemblé un texte.
C'est pour ça que je préfère procéder avec une relecture extérieure graduelle, plutôt que de tout machiner dans mon coin et ensuite le soumettre au regard d'autrui.


Ici, on galère déjà grave assez pour avoir des com' d'AVH lol.


Oui, c'est un peu triste. J'essaye d'apporter ma pierre pour leur donner plus de visibilité, enfin, ici ou sur FB, ça reste dans des cercles restreints (j'essaye de convertir d'innocentes victimes aux LDVELH, mais ce n'est pas toujours facile).
Découvrir des AVH me semble plus intéressant que s'ébaubir devant l'acquisition de tel ou tel volume "ancien", mais après, je dois avouer être assez hermétique au côté collection.
Après, j'ai cru comprendre qu'il n'y avait pas une grosse communication autour du forum ?
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RE: La Voleuse de Visages

Message par Caïthness »

Aronaar a écrit :Ils auraient pu être édités, mais par de petites maisons ne voulant pas prendre de risque (il fallait que j'avance des sommes conséquentes).

L'édition à compte d'auteur, c'est de l'arnaque. Ne jamais y aller.


Aronaar a écrit :Après, j'ai cru comprendre qu'il n'y avait pas une grosse communication autour du forum ?

je dirais plutôt qu'il n'y a PAS de communication autour du forum. De toute façon, une communication sert un dessein, un projet. Et pour faire cela bien, il faut un CM et des pages bien visible et vivante sur les réseaux sociaux. La visibilité supplémentaire que tu nous donnes, c'est toujours ça de gagné, merci m(_ _)m (d'où la nécessité de mettre des liens dans tes articles :mrgreen: )
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RE: La Voleuse de Visages

Message par Jehan »

Je viens de lire ce début de nouvelle/roman, et j’ai bien aimé.

Ça se lit agréablement. Le style est plutôt bon, même si j’ai le sentiment qu’il lui manque quelque chose pour être qualifié d’excellent. Je ne saurais pas vraiment dire quoi. Peut-être un peu plus de sobriété.

L’univers paraît assez classique (c’est l’Aventurie de l’Œil noir, ou rien à voir ?), mais le classicisme ne m’a jamais gêné tant que le style est bon et que l’histoire est captivante. Là, c’est un peu court pour en juger, mais c’est prometteur : les éléments disséminés dans ces premiers paragraphes donnent envie d’en découvrir davantage, c’est plutôt une réussite.

Si j’avais un bémol à émettre, ce serait que le personnage principal me fait craindre le syndrome de Mary Sue, mais il est évidemment beaucoup trop tôt pour en juger, tout dépendra de son évolution.

Merci pour le partage, c’est toujours agréable de lire des histoires bien écrites.
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RE: La Voleuse de Visages

Message par Aronaar »

Rien à voir avec l'Oeil Noir, non, c'est une série dont je ne possède qu'un seul tome, et qui, à l'âge où je l'avais découverte, m'avait laissé passablement confus par rapport aux autres LDVELH que je connaissais, du coup, même après bien des années, je ne me suis jamais trop plongé dedans (ce qui est peut-être une véritable lacune dans le domaine).
Par sobriété, entends-tu la chose sous l'angle de phrases allant plus à l'essentiel ?

En ce qui concerne le syndrome Mary Sue, sur le moment je reconnais un trait que je partage avec la protagoniste : une difficulté à se projeter dans l'avenir. Par la suite, j'espère qu'elle ne donnera pas l'impression de rentrer dans ce syndrome.
Merci pour ton avis !
J'ai une question pour toi, et pour Caïthness également : j'ai l'habitude de mettre des notes de bas de page, à visée informative sur un ton léger (un peu comme celles de Pratchet). Pensez-vous que ce serait une valeur ajoutée ici ?
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RE: La Voleuse de Visages

Message par Jehan »

(Je ne connais pas non plus l’Œil noir plus que ça, mais je crois savoir que ça se passe dans le monde de l’Aventurie, d’où ma question.)

Je ne saurais pas être plus précis. C’est une impression, c’est difficile de mettre des mots dessus. Mais c’est peut-être le mélange des genres. Ainsi, j’ai senti que tu voulais insuffler à l’histoire un côté épique, or les passages où tu t’adresses directement au lecteur, entre parenthèses, détonnent par rapport à cette volonté. Il n’y a pas forcément à faire un choix entre les deux. L’alchimie peut être intéressante, il faut la trouver. Mais je n’ai pas de recette pour cela.

Du coup, ça répond en partie à ta question : ça dépend du ton de l’histoire. Si c’est de l’humour à la Pratchett, ça passe sans problème, sinon, il faut trouver le bon dosage entre sérieux et humour. Pas évident.
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RE: La Voleuse de Visages

Message par Caïthness »

Aronaar a écrit :J'ai une question pour toi, et pour Caïthness également : j'ai l'habitude de mettre des notes de bas de page, à visée informative sur un ton léger (un peu comme celles de Pratchet). Pensez-vous que ce serait une valeur ajoutée ici ?

si tu gardes le côté humoristique et le 4° mur, ça ne changera pas grand-chose, ça reste dans le délire.
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RE: La Voleuse de Visages

Message par Aronaar »

Nous verrons donc comment se développe cette alchimie (peut-être suis-je biaisé, mais je n'avais pas l'impression d'aller si "loin" dans le côté délire).

*

*    *

 
[size=125][font=Times New Roman]Imaginez que vous êtes à la croisée de milliers d’entités, toutes reliées à votre être- comme une étoile qui aurait conscience de tous les corps célestes entrant dans son champ gravitationnel.[/font][/size]
Imaginez ensuite que vous vous transformez en supernova, et qu’il ne reste de vous qu’un minuscule fragment isolé, une boule incandescente n’en finissant pas de tomber dans un vide infini, s’effilochant un peu plus à chaque seconde.
Je me sentais ainsi comme une bobine de fil se dévidant à une vitesse folle, éjectant morceaux de corps, souvenirs et pouvoirs dans une sarabande chaotique où même la couleur ne semblait plus avoir droit de cité.
Dans un recoin de mon esprit encore stable, une vrille psychique laissa entendre que cette déliquescence était parfaitement choisie- remarque qui était d’un réconfort douteux lorsque la chute cosmique prit fin aussi brusquement qu’elle avait commencée.
Si le processus devait me réduire à néant, il avait quasiment réussi : je ne percevais de moi-même que les contours flous d’une silhouette humanoïde avec à peine plus de substance qu’un mirage dans le désert. Le « lieu » où je me trouvais n’était pas exactement plus réjouissant : une surface transparente laissant deviner une étendue de brumes rougeâtres, peuplées de sphères de différentes couleurs.
La surface était entourée de tous côtés par une muraille de verre fracturé, derrière laquelle dansaient des dizaines de silhouettes formant un théâtre d’ombres oppressant, changeant si vite que j’avais à peine le temps de deviner les scènes qui se déroulaient derrière.
Le plafond n’offrait pas plus d’échappatoires, avec son apparence de mer remplie d’étoiles luisant faiblement.
Etait-ce vraiment de là d’où j’étais venu ? Dans quel but, déjà ?
« Après bien des détours d’un chemin sinueux, il te ramène en ces lieux. » déclara une voix ne faisant aucun effort pour dissimuler sa lassitude.
Une pause.
« Encore. »
Je me retournai vivement pour constater la présence d’une sphère plus imposante que les autres,  flottant paresseusement au-dessus du sol (et plutôt agaçante à changer en permanence de couleur).
« Encore ? fis-je en écho sans m’étonner outre-mesure, dans ce décor, de la présence d’une telle apparition.
« Oui, encore, minauda la créature en contrefaisant ma voix avec un certain talent. Pour ne rien te cacher, j’avais franchement espéré que cette petite virée marque le point final de tes simagrées mégalomaniaques.
Mais tu t’accroches à la vie – enfin, à l’existence, puisque dans l’état on ne peut pas dire que tu sois réellement vivant – avec une ténacité aussi répugnante qu’impressionnante. Est-ce vraiment étonnant que tu aies gardé un autre atout pour une situation aussi extrême que celle-ci ? »
Une série d’indices subtils me laissait entendre que je n’étais pas présence de l’un de mes plus grands fans.
« Je me souviens pas de…
- … quoi que ce soit de crucial sur le moment, compléta l’autre, le timbre devenant traînant. Puisque tu es probablement parti pour me poser les mêmes sempiternelles questions, je vais prendre en partie les devants. Tu te trouves dans ton ultime refuge, dont je suis l’infortuné gardien.  
- Dont l’amabilité est clairement en option.
- Tu deviendrais aussi acrimonieux que moi à rester coincé là-dedans, rétorqua mon interlocuteur, sa surface se hérissant fugacement d’appendices pointus. Ma reconnaissance envers toi pour m’avoir conçu est soldée depuis un moment. Je jouerai mon rôle en assurant ta protection, mais ne t’attends à ce que je te fasse de cadeaux.
- Me protéger de quoi, exactement ? » demandai-je, de plus en plus agacé par son attitude.
Si c’était bien moi qui avait créé cette chose, je m’étais montré sacrément négligeant !
Une myriade de sourires édentés s’ouvrit à la surface de la sphère- une vision passablement horrifique.
« De tellement de choses, avec tellement de noms ! La Traque Eternelle. Le Pacte des Déchus. Les Sentinelles
du Temps. Des ennemis réels ou imaginaires, paranoïaque que tu peux être. Mais bien entendu, ton plus grand adversaire, c’est toi-même, et tes Reflêtres. Plusieurs fois tu as cherché à te détruire, ou à effacer l’ardoise. »
Le gardien émit un petit rire mélodieux.
« Tu sais, j’ai réfléchi à cette rencontre. J’ai caressé l’idée de te laisser autant dans le brouillard qu’il m’était possible : tu ne mérites pas mieux. D’une part je crois qu’il serait encore plus amusant que tu agisses en pleine connaissance de cause. D’autre part, t’enfermer trop dans l’ignorance pourrait être désastreux. Tu vois la joyeuse gigue qui nous entoure ? »
J’hochai silencieusement la tête, pour autant que j’en possède encore une. Il avait clairement scénarisé plusieurs fois le cheminement de cette conversation, je ne me sentais pas l’énergie de trop juguler le flux qu’il souhaitait m’imposer- sur l’instant.
« Ce sont les affleurement de tes souvenirs, reprit-il lentement, et il y en a un grand paquet, crois-moi. Puissants. Presque animés d’une volonté propre. Ils sont scellés, sous mon égide… Et selon ta décision, je dois le préciser.
- Comment puis-je être certain que c’est la vérité ? me récriai-je en fouettant l’air d’un mouvement de bras vaporeux. Si on suit cette logique, je suis dépossédé de ce qui permettrait de le savoir !
- Tu n’as qu’à t’en prendre à toi-même, se gaussa la sphère avec un frémissement de son enveloppe, ce qui pouvait correspondre à un haussement d’épaules. Je ne suis qu’un produit de tes manigances : tu as toujours raffolé des solutions tortueuses.
Or, tes instructions étaient claires : au cas où tu survivrais à ton dernier plan supposé faire table rase, je devrai filtrer ta mémoire pour que tu ne répètes pas les mêmes erreurs, que ton sacrifice soit réel et que des rivaux tenaces ne viennent pas achever le travail.  Pour le moment, je préconise un blocage massif. »
Les implications se bousculaient dans mon esprit. Lui faire confiance revenait-il réellement à me faire confiance ? Qu’avais-je donc accompli pour justifier des mesures aussi radicales ?
« Mon nom, exigeais-je. Donne-moi au moins cela.
- Surtout pas ! s’exclama le gardien mémoriel, sa « peau » devenant brusquement d’un noir d’encre. Beaucoup de choses se rattachent à ton nom, terribles ou grandioses, nobles ou infâmes. Avec un nom, on peut t’identifier, te pister, t’anéantir.
Je te redonnerai tes souvenirs selon les besoins, pas plus qu’il n’en faut. Inutile de m’envoyer des ondes mentales aussi déplaisantes, je n’en ai pas terminé avec toi… Ainsi que je vois les choses, quatre grandes options s’offrent à toi. »
La sphère se mit à tourbillonner sans hâte autour de moi, comme pour mieux me capturer dans le raisonnement qu’elle allait tenir. Je notais en mon for intérieur que, peu importe la suite des évènements, je trouverai un moyen de lui faire ressentir le fond de ma pensée quant à son numéro…
« Première option, reprit l’entité sur un ton docte. Tu restes dans ce sanctuaire où nous pourrons philosopher quelques décennies tout en ressassant tes nombreuses errances, puis, lorsque nous serons lassés, je te placerai dans une stase définitive, ce qui évitera au Multivers de devoir subir tes âneries.
- J’ai quelques réserves à émettre sur ta façon de vouloir me protéger…
- Cette solution ne remporte pas non plus mon approbation, concéda-t-elle. Principalement parce qu’aussi horripilant que tu puisses être, je finirai par être définitivement seul au milieu de tes souvenirs en t’enfermant ainsi. La seconde option est plus plaisante : te laisser t’incarner pour mener une vie simple, loin de toutes tes frasques du passé. Je te vois bien passer quelques existences en tant que paysan, à cultiver la terre pour les autres. Une vie paisible et productive, pour changer. »
Une onde de sérénité envahit mon être. J’avais la conviction, souvenirs ou pas, que j’avais déjà souhaité une telle chose.
L’autre conviction qui s’ensuivit immédiatement comme un couperet narquois était que, d’une façon ou d’une autre, ça
n’avait jamais duré.
« Troisième option, poursuivit mon hôte sans attendre de réaction de ma part, son enveloppe redevenant multicolore.
Tu t’incarnes, et je te laisse reproduire un schéma qui t’amènera probablement à une vie pleine d’éclats- et, en dernier lieu, de regrets.
- Tu te régales, n’est-ce pas ? lançais-je avec une sorte de moue mentale désabusée.
- Moins que je ne l’espérais, mais plus que tu ne le crois ! Cesse donc de m’interrompre si cela t’ennuie tellement. Bref, quatrième option… Je laisse suppurer suffisamment de reviviscences amères pour que tu reprennes le chemin d’une rédemption plus ou moins illusoire, au terme de laquelle tu trouveras peut-être le repos auquel tu as si souvent aspiré. Personnellement, je… Hé ! »
Mes pas fantômes s’éloignèrent de lui avec une cadence résolue. Je ne doutais pas qu’il verrouillait réellement ma vie passée, mais sa digression évoquait définitivement des échos en moi.
Avec ce revirement, je voulais gâcher quelque peu son plaisir et en avoir le cœur net en sondant cette muraille fantasmagorique- qu’il en ait le pouvoir ou non, il ne fit rien pour m’en empêcher, même si je sentais sa présence me suivre. Un torrent d’émotions se déchaînait en moi, et savoir que les réponses étaient si proches ne m’apaisait en rien ! Déterminé, je pressais une main spectrale contre la paroi translucide, ce qui eut pour effet d’attirer les ombres comme un aimant irrésistible ; elles s’accumulèrent jusqu’à former une masse monstrueuse, amorphe, puis, pendant de longues secondes…
Rien.
Tellement rien que j’allais retirer mon appendice, jusqu’à ce que je me retrouve englouti par une cascade de souvenirs irrépressibles.
Flash !
Je me retrouve dans une immense pièce déserte, à part une silhouette encapuchonnée reliée à un trône métallique semblant la garder en vie. Je me moque d’elle, me délecte de sa souffrance, sans savoir qu’un jour je subirai un sort identique- ou pire encore.
Flash !
Un vent implacable cingle les étendues enneigées, mais je ne ressens ni le froid, ni sa morsure : tout mon esprit est concentré sur le discours que je tiens aux hordes rassemblées devant moi. Le sommeil de leur dieu prendra bientôt fin, et je suis la voix qui le ramènera en ce monde.
Flash !
Je sors d’un immense dôme fracturé sur une île entourée par un maelstrom perpétuel, sans produire pourtant le moindre son. Par lambeaux irréguliers, la terre s’est figée le temps d’une seconde sans fin.
Mes ennemis pensaient me tenir dans la prison idéale.
Ils comprendront leur erreur.
Flash !
Un rire marquant à la fois une joie pure et sauvage- que j’adore et déteste tout à la fois. La silhouette nue d’une femme aux yeux entièrement verts, sans iris ni pupille, s’approche de moi à la manière d’une ancienne amante, ses mains enserrant mon visage.
« C’est vraiment délicieux de voir qu’après tout ce temps, tout ce que tu as fait, tu puisses encore être d’une telle naïveté !  Plus tu tentes de rattraper les choses, plus t’empêtres, tu sais bien que ça ne finira jamais.
Je serai toujours là pour te rappeler tes échecs… Et voir jusqu’où tu pourras aller.»
Je grimace. J’avais déjà causé sa mort, et ça ne l’avait en effet pas empêchée de revenir…
Flash !
Les autres souvenirs tourbillonnent rapidement, un kaléidoscope psychédélique qui s’interrompt brutalement lorsque ma main se désolidarise finalement de la barrière.
« Tu as eu ton content ? interroge la sphère, maintenant nimbée d’un rouge terne.
- Bien sûr que non ! vitupérai-je une fois que j’avais un peu près correctement rassemblé mes esprits. Ecoute,
clairement, tu ne mérites pas ton sort. Redonne-moi ma mémoire, cessons ce jeu idiot et recherchons une solution constructive à cette situation.
- Oh, quelle magnanimité, vraiment ! siffle l’autre, chaque mot enrobé d’assez d’amertume pour empoisonner quelqu’un. J’aurai dû être encore plus clair, je suppose… Dans un rare moment de lucidité, tu as décidé, à la fois pour ta survie et celle de nombreux autres, qu’il faudrait un système pour te restreindre au cas où tu reprendrais des sentiers hélas trop familiers.
Je fais partie de ce système. Inutile donc de chercher à m’impressionner, m’acheter ou me contraindre, je…
- Un instant ! le coupai-je. Toi, es-tu capable de me contraindre ?
- Dans les limites de ma fonction, oui, répondit le gardien en se revêtant d’un bleu neutre. C’est pourquoi tu peux remballer les dizaines de questions qui doivent se bousculer dans ton absence de caboche, seules quelques-unes sont autorisées pour le moment.
- Comme savoir ce qu’est un Reflêtre ? » dis-je, saisissant la balle au bond.
Le protecteur émit un bourdonnement sourd.
« Ce sera peut-être pertinent sur ce monde-ci. »
L’irritation monta d’un cran en moi. Evidemment, malgré ce qu’il avait raconté au début, il resterait aussi vague que possible à chaque fois qu’il en aurait l’occasion. Il avait raison : j’étais dévoré par une curiosité bien naturelle, mais tout ici semblait échapper à mon contrôle, même si apparemment je n’en étais pas à mon coup d’essai.
A moins que ?
 « Gardien, lançais-je solennellement. Je t’ordonne de me fournir toutes les informations utiles à ma sécurité dans la situation présente, sans omissions, altérations par égard hypocrite à ma sensibilité, usage de métaphores, périphrases ou toute figure de style propre à camoufler les faits de façon factice ; sans atermoiements, paroles injurieuses et inutiles à mon égard, dans un idiome qui m’est compréhensible, sans volonté ultérieure de me nuire même sans que cela attente à mon existence ; en un mot comme en beaucoup d’autres, arrête donc tes divagations. »
L’apparition se tint coite un moment, paraissant mûrir mes instructions pour voir s’il y existait une faille qu’il pouvait exploiter.  Enfin, quelques secondes plus tard, des mots se mirent à flotter dans les airs, défilant bien trop vite pour que j’aie le temps de les comprendre, tandis qu’un sourire baigné de milliers de petits crocs s’ouvrait au milieu de la sphère.  
« Ton visage est flou, mais j’aime à y voir une face singulièrement consternée, déclare mon hôte avec un plaisir manifeste. Plus tôt tu comprendras que je mène la danse, plus tôt nous pourrons… »
Il s’interrompit aussi subitement que si l’on avait appuyé sur un bouton, et j’en compris aussitôt la raison. Au milieu de ce sanctuaire commençait à se constituer une arche intangible, au centre de laquelle un vortex d’énergies inconnues s’agitait de plus en plus.
« Et ça, ça fait partie de la danse ? ironisai-je en pointant la structure du doigt.
- Pas vraiment. Pas du tout, même. C’est le portail par lequel je t’aurai envoyé pour que tu ailles t’incarner, pour le meilleur (et plus probablement) le pire. Personne n’est censé l’utiliser dans l’autre sens ! »
Comme pour infirmer cette assertion, une main était en train d’émerger du vortex bouillonnant, fouaillant l’air comme pour y chercher une prise à laquelle se raccrocher. 
Un œil se forma à la surface de la sphère, dont le regard me dévisagea avec un éclat rieur.
« C’est la première fois que les problèmes commencent aussi tôt ! Formidable, non ? »
Je ne prenais même pas la peine de lui répondre, anticipant l’arrivée de l’intrus avec une résignation consommée.

*
*    *
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Jehan
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RE: La Voleuse de Visages

Message par Jehan »

Prometteur !
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