« Gorgée » dans le sens où ce recueil se lit vite, se met vite en bouche, s'avale vite : un recueil rapide.Poésie libre, mais pas en vers blancs : de la prose poétique, de quelques lignes à une petite page, c'est selon. Avec toujours les illustrations de Purple Terebenthine en contrepoint.
Quel mouvement au recueil ? J'ai eu l'impression qu'une première partie était de l'ordre de l'agitation et de l'émerveillement, une seconde plus méditative et torturée, une dernière semblait avoir trouvé une voix ou une sagesse.
La première partie donne la riche part au comédien, car l'auteur l'est. Il se dit « bouffon » et distribue un « rire indolore », annonce la chute du « dernier comédien ». Par-ci par-là, l'émerveillement face à la femme, des inquiétudes devant l'humanité : « Ce ne sont que des humains », « dans nos sombres cinémas, cercueils avant l'heure ».
Puis l'obsession des visions d'avenir (trois poèmes en forme de fins du monde, un
Nostradamus 2010 aussi), des labyrinthes (quatre textes) et enfin la mort : « Le cancer le tuera ».
D'un coup, des illustrations plus colorées, des explosions pastel. Le poète propose trois « Issues de secours » et un « Chemin », pour s'échapper des labyrinthes précédents ? L'âme (qu'on recherche, que des gourous connaissent, au fond de cavernes, loin) et le cosmos (planètes, étoiles, Dieu en « robot gardien » ou en satellite qui veille : « Il est seul dans l'espace »). Cette partie est plus apaisée et étoilée.Fin : « Apothéose » et « Rideau », logique pour un comédien.
Pour conclure ce très (trop) rapide rapport, quelques citations :
« Et les cimetières qui dansent lentement dans le silence de nos pudeurs ? »
« Quel homme serais-je, si j'étais né aveugle, et avec une trompe d'éléphant comme unique membre ? »
« Le loup noir - A la Préhistoire, les hommes, de quelque continent que ce soit, gravaient sur les parois de leur cavernes un étrange loup noir, effrayant. Toujours le même, dément et isolé ... il a bondi d'une étoile et s'est enfoncé dans une autre... » Ce loup fait retour sur la fin du recueil, entraîne le poète vers « Sangri-La » sur son dos.