Le Guérisseur Aveugle

[ashimbabbar]

Dans cette aventure parue dans le Casus Belli n°40 (3° trimestre 1987) et qui est, je crois, le dernier solo qu’il ait jamais écrit, Denis Gerfaud reprend plusieurs des points qui distinguaient Le Fleuve de l’Oubli: 59§, pas de dés et une seule caractéristique à gérer, ambiance étrange…

Ambiance étrange, certes. Le pitch: nouvellement arrivé dans la fabuleuse cité sainte de Lælith ( le chef-d’œuvre de Casus Belli, un must si vous vous intéressez aux villes d’heroic fantasy ), vous avez été frappé d’une terrible maladie. Vous avez dépensé presque tout votre or en remèdes sans résultat appréciable, votre seul espoir est le légendaire Guérisseur Aveugle.
Petit problème: ce brave homme réside dans la Terrasse du Châtiment. Rappelons que c’est un peu une « Cité des Voleurs » installée dans Lælith, où la misère, le crime et le vice prospèrent ( à ce sujet, le §1 est clair et net: nous choisissons pour guide un enfant parmi trois qui jouent aux osselets avec nous ne voulons pas savoir quoi: le plus vieux est édenté et son crâne est couvert de croûtes, le plus jeune n’a que trois doigts à ses mains difformes, quant à celle entre les deux “elle a à peine dix ans et pourtant son visage maigre est fardé de rouge et de bleu comme celui d’une vieille courtisane”… ) à côté d’endroits apparemment tout à fait normaux… mais que ceux-là ne sont pas les moins dangereux. C’est un lieu subtilement tordu, qui obéit à des lois spéciales – “ (…) ce quartier obéit à des <<règles>> très personnelles. Entre autres, vous a-t-on dit, il ne faut jamais y être débiteur. Tout service, quel qu’il soit, doit être payé.” Et s’il n’y avait que ça…
Ajoutez encore qu’il est sujet à de brusques montées de brouillard et que des voleurs… ou d’autres choses peuvent en profiter, et que les malchanceux et les indésirables tombent facilement dans la Faille qui tranche Lælith en deux; vous aurez une idée de l’endroit.

Nous devons donc trouver le Guérisseur avant que la maladie ne nous terrasse, dans un quartier dangereux et à la réalité louche, et notre seul atout est constitué par nos 20 dernières pièces d’or. On y croit.

Cette fois-ci par contre, j’ai pu faire cette aventure en toute innocence puisque je n’étais jamais arrivé au but à l’époque. Donc je peux dire: oh la vache ! On se perd dans ce quartier-labyrinthe où le sordide côtoie l’envoûtant, où à chaque pas il faut s’attendre à l’inattendu…

Techniquement parlant, [spoiler] il y a un bon nombre de PFA et surtout de boucles infinies - d’où syndrôme du “tu ne le sais pas mais…”. [/spoiler], disons que la construction est très maîtrisée, pour le reste je vous laisse la surprise.

Mon seul reproche serait qu’il ne fait que 59§ et laisse de côté beaucoup des aspects les plus exotiques de la Terrasse, cependant la taille ( 4 pages, comme Le Fleuve de l’Oubli ) étant posée au départ comme impératif je ne vois pas comment on aurait pu faire mieux…

[Shamutanti]

Je n'ai pas encore eu le temps d'y jouer, mais j'ai trouvé cette AVH sous un format numérique interactif. De belles illustrations. Ca à l'air bien fait.

Le Guérisseur Aveugle (version interactive) - Denis Gerfaud sur ratcreve.com

Pour ceux qui n'ont pas le n° de Casus Belli ou qui veulent découvrir cette version augmentée...

[Fitz]

Merci Shamutanti.
La critique d'Ashim me donne envie de la lire.

[ashimbabbar]

Je viens de jouer rapidement cette version électronique ( exploré qu'une partie, donc… ) et elle ne m'a pas favorablement impressionné.
D'abord les 'bugs' qu'ils se vantent d'avoir arrangés étaient là tout à fait volontairement, ensuite leurs ajouts diminuent, il me semble, le caractère bien particulier de la Terrasse et la tirent vers la banalité… bref ils ont dénaturé l'aventure ( la "deuxième sortie", en particulier, est ridicule ).

[Shamutanti]

C'est pas malin... Je vais essayer de trouver la version originale alors.

[cdang]

Un sacré souvenir...

[Fitz]

Terminée à l'instant. Je suis un peu déçu.
Les paragraphes sont courts et les rencontres peu développées. On passe beaucoup de temps à se déplacer et à revenir sur nos pas.
La seule règle est la gestion de l'or qui n'offre cependant aucun intérêt. Donc niveau jeu, le seul objectif est de trouver la sortie. Challenge réel car ne n'est pas évident.
Quant à la lecture, oui le quartier dégage une vraie atmosphère étrange et malsaine. Malheureusement je n'ai pas trop adhéré au style, pas assez immersif à mon goût.
Par exemple, à ma dernière tentative (réussie), je suis tombé entre les mains de bourreaux qui se sont amusés à me défigurer avec des instruments tranchants et à me sculpter les dents sans anesthésie. Un passage original et effrayant mais qui ne dure qu'un paragraphe et après lequel on peut reprendre notre quête sans conséquence psychologique, relationnelle ou simplement physique pour le héros.
Bon, j'en demande sans doute beaucoup pour une aventure de 30 paragraphes.

[ashimbabbar]

La seule règle est la gestion de l'or qui n'offre cependant aucun intérêt.

Chhht ! il ne faut pas le dire

à ma dernière tentative (réussie), je suis tombé entre les mains de bourreaux qui se sont amusés à me défigurer avec des instruments tranchants et à me sculpter les dents sans anesthésie.

Ah, ça c'est un bonus offert par cette version électronique qui améliore mon opinion… j'avais regretté de ne pas être tombé sur eux dans la version de Gerfaud.
Ceci dit, dans la description de la Terrasse pour JdR, on peut, si on tombe entre leurs mains, payer pour que ce soit fait avec anesthésie…
Et au niveau relationnel, c'est plutôt bénin pour la Terrasse, les gens n'y font pas attention.

[Namron le Barbu]

Une aventure distrayante, pour un format réduit... Je viens d'essayer la version en ligne.
(Edit: je trouve que c'est quand même bien écrit et plutôt habilement organisé pour une AVH aussi courte)

La rue de la Mort m'a fait rire