La Compagnie noire (Glen Cook)
#1
La Compagnie Noire (VO : The Black Company)

Glen Cook

Collection Atalante/J'ai lu



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Mercenaires nous sommes et nous resterons. Que nous importe si la cause de notre employeur est légitime ? On nous paye pour la servir.
Nous sommes la dernière des compagnies franches de Khatovar. Nos traditions et nos souvenirs ne vivent que dans les présentes annales et nous sommes les seuls à porter notre deuil.

C'est la Compagnie noire contre le monde entier. Il en a toujours été, il en sera toujours ainsi.
Pourtant, le jour où notre capitaine a signé pour nous enroler au service de la Dame et de ses Dix Asservis, n'était-ce pas signer avec le Mal lui-même ? N'était-ce pas renoncer à notre âme en allant combattre les rebelles et l'espoir qu'ils placent en la Rose Blanche, la libératrice mythique de ce monde qui ploie sous la sorcellerie ?



Voilà, non pas un avis, mais une présentation telle que j'ai pu le percevoir de l'un de mes romans, ou cycle plutôt, préféré. La prose de Cook, son univers, ses personnages, tout m'a plus dans ce cycle. ici, j'évoque essentiellement le premier tome. L'auteur et son style s'affirmant de plus en plus ensuite, je reviendrais sur ses suites après.


La Compagnie Noire est un roman de Dark Fantasy et à juste titre. L'univers qui nous est présenté au cours de ce tome 1 est particulièrement sombre et violent. L'histoire nous présente donc une mystérieuse Compagnie de mercenaires en plein décrépitude. Quittant tant bien que mal un employeur qui, comme les précédents, commençait à leur causer du tort, la Compagnie Noire rejoint ainsi l'Empire de la Dame. Cette sorcière, véritable incarnation du Mal pour beaucoup régna il y a longtemps au côté de son époux, le Dominateur. Ils avaient été vaincus par la Rose Blanche, une sorte de messie qui les avaient enterrés vivants, eux et leurs puissants sorciers, les 10 Asservis. Néanmoins, la Dame réussit à se réveiller des années plus tard et reconstitue son empire seule avec ses Asservis. C'est justement un de ces Asservis, Volesprit, un sorcier bien étrange, caché sous un masque et à la voix qui change d'intonation à chaque fois. Leur mission, aider la Dame face à la nouvelle rébellion qui gagne en puissance tout en attendant également le retour de son messie, la Rose Blanche.

La narration du roman nous est présentée sous forme d'annales tenus par le médecin de la Compagnie, un personnage répondant au sobriquet de Toubib. C'est lui qui consigne, garde l'histoire et le passé de cette Compagnie, plus de 4 siècles des faits d'armes de la dernière Compagnie Franche de Khatovar qui a depuis longtemps oubliée ses origines (les premières annales ayant été perdues au cours d'une de innombrables défaites qu'à pu connaître la Compagnie). Un recueil vital, véritable clé de voûte qui rappellent aussi bien les victoires que les défaites, de véritables archives au savoir inestimable pour les nouveaux. ce sont elles qui donnent vie et corps à la Compagnie, son existence, sa légitimité, son but. Cette narration particulière, peut-être destabilisante de prime abord, fait ainsi la force du roman car l'auteur tient à bien retranscrire sous cette forme son histoire. On a ainsi un récit intense et efficace ce qui rend l'immersion encore plus aisée. On a presque l'impression de faire corps avec l'auteur et de devenir l'un des membres de cette Compagnie. On finit par appartenir à ce groupe ce qui nous lie d'autant mieux à eux.

La Compagnie est un personnage en soi, composé d'individus qui ont laissés leur passé derrière eux. L'auteur ne nous brosse d'ailleurs aucun portrait. Seules quelques infimes informations viennent donner un peu corps aux soldats parfois au travers de leurs noms comme justement Toubib mais aussi Silence, Qu'un Oeil, Gobelin, Elmo, le Capitaine, Corbeau et j'en passe. Au final on ne sait rien, rien de bien concret sur les héros, la compagnie, ni sur le monde dans lequel on évolue, juste une suite de faits, racontés comme l'annaliste peut en faire à ses heures perdues et avec toute sa subjectivité. Si on cherche de grandes descriptions, ici c'est peine perdue, tout ou presque est laissé à la libre imagination du lecteur qui doit se figurer cette belle liste de personnages peu recommandables, aux motivations incertaines (en ont-ils seulement une ?) et dont la psychologie se limite à l'instant, au présent. Même le personnage de Toubib reste assez succint mais est quand même bien plus développé. Il n'aime visiblement pas parler de lui, de son passé mais laissera trace de ses états d'âmes et présentera en maintes occasions son point de vue. Il dispose d'un esprit assez cynique, donnant dans l'humour noir et fait en grande partie l'intérêt de la narration car malgré cette absence de repère, l'auteur lui donne vie à merveille comme aux autres d'ailleurs. On s'attache facilement et rapidement au reste des personnages, un peu comme un compagnon d'arme, si on supporte un tant soi peu les mercenaires sans foi ni loi. Cela ne veut pas dire que la Compagnie est sans honneur mais la guerre n'évite pas toujours les dérives.

De toute façon on est prévenue d'entrée de jeu. Le monde tel qu'il est présenté dans ce 1er tome est pluvieux, sale, froid. Pas de monde enchanteurs, créatures magiques sublimes. Ici, les sorciers et autres créatures fantastiques ont des physiques difformes ou sont cachés derrières des capes et des masques comme pour dissimuler une apparence hideuse ce qui ne les empêche pas d'être de monstre quasi indestructibles à la vitalité et l'énergie surhumaine. Concernant les batailles, rien d'épique ou de grandiose si ce n'est le nombre d'ennemis et de morts. La Compagnie se bat sans honneur ni gloire, ce n'est pas son but. Elle veille avant tout sur elle-même et l'efficacité est de mise. L'héroïsme et le courage, ne sont que des mots sans réels valeurs. D'ailleurs peu de batailles sont décrites. Lorsqu'elles sont mentionnées, tout se joue sur la stratégie, de la mort et du chaos, sans concession on massacre mais sans complaisance toujours du point de vue d'un seul. C'est ce qui explique justement que certaines batailles ne sont comptées. Déjà parce que l'auteur des annales n'y a pas assisté directement ou indiretement, c'est un médecin, il a aussi autre chose à faire, et puis leur importance est toute relative, ici l'important c'est la survie de la Compagnie. Il n'y a aucun honte à fuir ou à fermer les yeux, l'essentiel c'est de survivre en faisant fi de la morale et de l'éthique, une règle qu'aime suivre la Compagnie. Ne rejoint elle pas le camps du Mal d'ailleurs et s'oppose aux armées du bien en faveur de la liberté ? Quoique qu'est-ce que le mal ? Les Asservis et la Dame sont-ils si malfaisants et la rébellion est t'elle la meilleure chose qui puisse arriver à l'Empire ? Ce serait trop simple si la réponse était oui mais rien n'est aussi évident. La question du bien et du mal se pose au sein même de la Compagnie mais au final il n'y a pas de réponses car comme le souligne bien l'auteur, "Le Mal dépend de quel côté on se trouve, de quel côté on pointe son doigt accusateur.". Les complots se trament de partout comme les machinations et on ne sait plus à qui se fier. Au final, l'important c'est que la Compagnie reste fidèle à elle-même, aux siens. C'est sans doute la leçon à retenir de la conclusion finale de ce tome 1 qui laisse augurer une suite encore plus. Ainsi, qu'importe l'employeur, le danger qu'il représente, qu'importe le passé des membres et qu'importe qui ils sont en réalité, on ne laisse pas les siens, la Compagnie ne se trahit pas elle-même, du moins elle essaie.


J'ai lu pour ma part avec vigueur ce premier tome. Le récit m'a scotché et j'ai eu du mal à le quitter. L'ensemble n'est pas parfait, pas encore je dirais, mais plus on avance plus on se sent gagner par la proximité que l'on acquiert avec le récit et sa galerie de personnages, si sombres, brutaux et pourtant si humains. Ce tome 1 est plus une introduction à ce qui va suivre durant la première partie de ce cycle. Je conseil d'ailleurs de ne pas trop en lire sur les autres, même pas la présentation, ça pourrait gâcher le plaisir de lecture. Toutefois, ce 1er tome peut très bien se suffire à lui-même car dans le fond, le but n'est pas de nous présenter un monde et toutes ses ramifications comme le font beaucoup de romans du même genre mais plutôt de suivre une page de l'histoire d'un groupe de mercenaires visiblement connu et craint, marqué par un passé fort mais qui au final n'est pas si important. Ainsi on se contente de vivre, ou plutôt lire dans notre cas, tout simplement cette aventure, cette page des annales tel un historien ayant retrouvé un manuscrit perdu. Tout cela avec beaucoup de plaisir. On ne peut s'empêcher néanmoins de vouloir la suite une fois ce volume achevé.

A lire absolument
http://www.mangagate.com

"May he now rest under aegis of mirage
As the sands slowly turn to Elysian fields"


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#2
Il faut tout de même sérieusement s'accrocher pour passer la première moitié du livre : Glen Cook ne prend absolument pas le temps de poser ses personnages, et il manie l'ellipse et le sous-entendu de façon très soutenue. Au début, je lisais une page du bouquin chaque soir, et j'ai fini en dévorant les cent dernières pages d'une traite. Les autres tomes (du moins ce que j'ai pu lire, jusqu'au tome 5) souffrent du même traitement, quoique de façon moins ennuyante (ou bien c'est moi qui m'habitue).
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#3
Meneldur a écrit :Il faut tout de même sérieusement s'accrocher pour passer la première moitié du livre

Dans ton cas sans doute, et je sais qu'il n'est pas isolé c'est évident, mais je n'ai jamais ressenti ça, loin delà. Il a une manière d'immerger dans son univers que je trouve fascinante et qui m'a tout de suite séduit. Je ne sais pas si après c'est de l'habitude, peut-être en parti, mais son style s'améliore certainement. On cerne beaucoup mieux ses propos et on comprend très bien les tenants et aboutissants qu'il souhaite soulever. La prose demeure elliptique mais elle est créée avec un tel soin et de telle manière que, si on est sensible à l'univers, on se laisse porter avec aisance. Après, il faut bien sur accepter l'idée qu'il ne pose aucunement, ni son univers, ni ses personnages, je l'avais mentionné déjà dans le premier post mais cela s'inscrit dans l'atmosphère qu'il veut faire dégager et cela s'y prête très bien. l'inverse ôterait peut-être même une partie de son charme à l'oeuvre. Cela me rappelle d'une certaine manière Les soldats de la mer, (un roman qui a un peu vieilli mais à lire) on ne saisit pas forcément tout mais ce n'est pas le but recherché, c'est d'ailleurs cette absence qui rend ce que nous dépeint Cook plus marquant et immersif, en tout cas pour moi.

Enfin, il est vrai que le premier tome ne restranscrit pas encore tout cela, loin de là même, il sert, comme mentionné, de base, d'introduction à ce qui va être développé par la suite. Puis comme tu l'as souligné on finit par dévorer la fin de ce tome, ou par tout lâcher pour de bon, ce qui est arrivé avec certains aussi

S'il est vrai que j'ai mis plus de temps à lire le premier tome, c'était quand même dans l'ordre de 5 jours (4 pour la première partie, 1 pour la fin) et tous les autres (j'en suis à l'avant dernier pour le moment), je les ai dévorés en 2-3 jours selon mon boulot. Je mettais même en suspens toute mes autres activités (loisirs) tant que je n'avais pas fini. Celui que j'ai dévoré le plus rapidement reste sans conteste Rêves d'Acier. Pas mon préféré mais le changement de narrateur (et celui-ci en particulier) et le changement de style (je trouve d'ailleurs que Cook réussit très bien à se mettre dans la peau de différents personnages au travers des annalistes) m'a fait accroché du début à la fin. Je ne pouvais pas quitter le récit si le livre ne s'arrêtait pas de lui-même, enfin presque Rolleyes
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"May he now rest under aegis of mirage
As the sands slowly turn to Elysian fields"


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#4
Si des gens ont fini le cycle, peuvent-ils m'assurer que ce [censuré] de Corbeau est bel et bien mort à la fin de La Pointe d'Argent ? Ses disparitions-réapparitions commencent à me courir un peu.
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#5
Meneldur a écrit :Si des gens ont fini le cycle, peuvent-ils m'assurer que ce [censuré] de Corbeau est bel et bien mort à la fin de La Pointe d'Argent ? Ses disparitions-réapparitions commencent à me courir un peu.
Tu n'a pas fini...
J'ai laché la série vers le tome 5, lassé par ce système récurent de recyclage de personnages morts... J'ai trouvé que les trois premiers tenaient la route ensuite ça part en vrille.
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#6
Sauf que La Pointe d'Argent, c'est le tome 6 Smile
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#7
Tu es donc plus courageux que moi... Je confondais avec le tome deux.
J'ai laché l'affaire avec le recyclage des affreux.
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