Donner des(vos) conseils d'écriture !
#16
La dernière phrase de JFM est cruciale. Tout est question d'équilibre. Une narration très descriptive au mauvais moment ou prenant le pas sur l'action ou les personnages casse l'immersion et génère la lassitude.
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#17
Comme je souhaite pouvoir donner un conseil sur ce sujet, il me faut pouvoir l’argumenter.

Je suis d'accord avec @voyageursolitaire sur l'accent "sensoriel"

Citation : Une AVH doit pour moi être sensorielle, le lecteur doit ressentir ce qui lui arrive, que ce soit physiquement ou au niveau des sentiments, des impressions, de son ressenti.

Oui, mais je pense que les "sentiments" eux , ne doivent/peuvent pas être imposés au lecteur et qu'il y a une réelle différence entre "émotion" et "sentiment".
Après quelques recherches, voici quelques sentiments : Sentiment amoureux, sentiment amical, sentiment de culpabilité, sentiment d'abandon, sentiment de solitude, sentiment d'appartenance

(source : https://www.passeportsante.net/fr/psycho...sentiments)

Aussi, je suis d'accord avec @Flam , une écriture MJ qui empêche souvent de coller à la vitre.

Se pose donc la question de pourquoi certains aiment et pas d'autre , et donc comme le souligne @JFM : le dosage et ses éventuels critères


Je pense que l'écriture MJ, l'accentuation sensorielle, doit intervenir comme une rupture d'écriture pour accélérer une scène, mettre le lecteur dans l'action, dans l'intensité.

Ainsi, le conseil pourrait être (1er jet):

En prenant l'exemple d'une narration neutre : "Il fait froid. La plaine est glacée, l'horizon d'un gris laiteux. Il n'y a plus personne, pas âme qui vive."
L'auteur doit faire la distinction entre : perception (5 sens), ressenti/émotion (5 ou 7 selon modèles), et sentiment (conscience d'un état émotionnel complexe)
L'accentuation d'attribution au lecteur par le "vous" des ces 3 niveaux sert à renforcer l'immersion, mais elle peut aussi la rompre si le lecteur n'adhère pas à ce que l'auteur veut lui faire vivre.
Aussi, entre : Vous avez le bout des doigts gelés (perception). Vous vous sentez triste (émotion). Vous vous sentez abandonné (sentiment).
L'auteur devra s'assurer qu'il a bien fait percevoir au héros l'intensité des sensations et du contexte qui justifient son émotion, qu'il a bien fait ressentir au héros les émotions qui justifient son sentiment.
Au cas échéant, l'auteur prend le risque de transformer le lecteur-immergé (qui vit le récit) en joueur-détaché (qui joue le rôle).


ça mérite d'être peaufiné, mais cela me semble pertinent, non ?

https://www.quefaitesvous.com
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#18
Personnellement je pense que l'option du "joueur détaché" ne doit pas être balayée. De nombreuses AVH ou LDVELH (Loup Ardent) ont déjà exploré la piste de la troisième personne, qui implique un détachement beaucoup plus important que le "vous". Ca peut fonctionner aussi, même si ce n'est pas le même concept.
Si une AVH joue sur l'immersion, alors oui, tous ces conseils sont pertinents. Mais on peut aussi vouloir ne pas jouer systématiquement sur l'immersion.
Par ailleurs je fais personnellement une distinction entre "identification" et "immersion". Si je caricature, l'immersion c'est l'idée que pendant les scènes d'action le lecteur se sent impliqué en même temps que le héros, ce qui est important puisqu'il y a des choix à faire.
L'identification c'est le fait de resentir des émotions proches de celles du héros. Si les choix sont essentiellement psychologiques, alors l'identification fait aussi partie de l'immersion. Mais si l'aspect psychologique est un habillage qui n'intervient pas directement dans la mécanique dramatique, alors la distance psychologique avec le héros ne cassera pas forcément l'immersion. Pour finir, on peut tout à fait imaginer un cas où on serait en total désaccord moral avec le héros, mais fasciné tout de même par l'évolution de l'intrigue. C'est possible pour le roman (à titre personnel je cite toujours "American Psycho" comme exemple emblématique) donc on peut l'imaginer aussi pour une AVH même si l'implication du lecteur fait que le malaise sera encore plus important.
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#19
Pour les sentiments, je ne peux qu'être d'accord, imposer des sentiments au lecteur est casse-gueule.
Ou alors, il faut le faire avec une petite touche :
Le jovial marchand vous lance un regard malicieux avant d'éclater de rire et de tendre sa chope. Souriant en retour, vous heurtez sa chope de la vôtre. L'homme est sympathique décidément.
Là, la scène vient après un moment où le marchand en question s'est montré amical et enjoué, on peut donc sans crainte inclure cette petite touche, logique.
Ou alors, il faut que ça soit logique justement :
Votre compagnon parvient à vous hisser enfin jusqu'à lui. Vous restez allongé au bord du précipice, le souffle court et les membres douloureux. Au bout d'un moment, vous pressez l'épaule de votre compagnon avec gratitude et reconnaissance avant de vous relever.
Là, on est avec un PNJ depuis un moment, il vient de nous sauver la vie, le sentiment de gratitude qu'on exprime est logique, naturel.
On peut bien sûr cumuler les deux.
Par contre, imposer des sentiments forts, amour, amitié, haine, colère, c'est autre chose et le lecteur peut ne pas suivre. Dans Les Tambours de Shamanka, j'impose plus ou moins au lecteur d'éprouver des sentiments pour Danaé. Certains ont suivi, d'autres non. J'ai plus ou moins rattrapé le coup avec la possibilité, plus tard, de la laisser tomber et de fuir la ville sans elle. 
Le format AVH joue aussi. Dans Alshaya, il est évident qu'on apprivoise trop vite Suarra, la panthère noire. J'aurais pu faire plus réaliste mais c'est à dire plus long, donc plus de paragraphes. Pareil pour Taïta, le scribe pygmée, qui devient trop vite un ami. Là aussi, développer la relation plutôt que de l'imposer aurait été bien plus long.

C'est d'ailleurs pareil avec les dialogues.
Je suis pour les dialogues mais j'évite au maximum de faire parler le héros incarné par le lecteur. Lorsque je le fais, c'est quand ses paroles sont évidentes, indiscutables :
N'ayant qu'une hâte après cette épuisante chevauchée, vous reposer, vous abordez le patron affairé derrière son comptoir.
- Salut l'ami, que puis-je faire pour toi ?
- Une chambre pour la nuit, répondez-vous en posant les trois pièces d'or requises devant lui.
Là, je ne prends pas de risques en faisant parler le héros, le lecteur trouvera cette réponse logique.
On peut bien sûr écrire la scène sans dialogue mais c'est moins vivant je trouve.

On en revient donc à ce qui a été dit plus haut : question de dosage.

Pour l'option "joueur détaché", je n'accroche pas du tout.
Pour moi, ça va à l'encontre du principe même de l'AVH. Impliquer le lecteur, lui laisser le choix à lui, l'identifier au héros, c'est ce qui différencie l'AVH du roman, c'est l'essence même de l'AVH ou du LDVH. Si c'est pour suivre et guider un personnage détaché, extérieur, ça devient l'équivalent d'un jeu vidéo, Lara Croft, Skyrim ou tout autre jeu en Open World. C'est une des raisons pour lesquelles je déteste Loup Ardent ou pour lesquelles je ne me suis jamais considéré comme étant Loup Solitaire, aussi bien physiquement que caractériellement.
Anywhere out of the world
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