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19/02/2022, 09:42
(Modification du message : 19/02/2022, 09:44 par Voyageur Solitaire.)
Un petit sujet pour discuter des Paragraphes de Fin d'Aventure, ceux qui sont fatals surtout...
Car c'est bien le moment où, en tant qu'auteurs, on doit écrire sur le fait de zigouiller notre lecteur, notre héros. Et je trouve que ce n'est pas si innocent.
Il y a bien sûr le PFA "automatique" je dirais : le lecteur a fait un mauvais lancer de dés en habileté et il va se prendre le carreau d'arbalète en pleine tête, merci, au revoir. Mais il y en a une infinité d'autres tout comme il y a une infinité de façons de les écrire (sobrement ou avec une description précise). Par exemple, si le héros est empoisonné, on peut décrire les effets progressifs du poison dans son organisme ou s'il se noie, les sensations éprouvées (panique, manque d'air) jusqu'à l'issue fatale. Comment abordez-vous, en tant qu'auteur, l'écriture de ce paragraphe si particulier ? Est-ce facile ou pas ? Comment éviter le PFA injuste, mal venu ou pas crédible ?
Et quel est votre ressenti en tant que lecteur aussi ? Comment prenez-vous ces fameux PFA ? Qu'est-ce qui vous ferait dire qu'un PFA est injuste, voire dégueulasse ?
Un PFA doit-il obligatoirement être logique ou peut-il être aussi inévitable, inattendu, c'est comme ça, c'est la scoumoune, ça peut arriver ?
On peut parler aussi des autres PFA, qui signent la fin de l'AVH sans être mortels. Vous avez échoué, il ne vous reste plus qu'à rentrer la queue basse, c'est trop tard... Ou, plus rares, les PFA en queue de poisson : vous avez anéanti l'armée du sorcier et ruiné ses projets de conquête mais il a réussi à s'enfuir et il reviendra un jour...
Anywhere out of the world
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19/02/2022, 12:18
(Modification du message : 19/02/2022, 13:10 par grattepapier.)
Voilà un sujet intéressant. J’avoue que je vis le sujet différemment en tant que lecteur et en tant qu’auteur. En tant que lecteur, je vais être un peu agacé ou étonné si le PFA survient de façon imprévu, il doit être un peu préparé, on doit être sur ses gardes, sentir qu’il y a un danger. Et si je tombe sur TF1, j’ai tendance à tricher, à me ressusciter et à revenir au paragraphe précédent. Mais en tant qu’auteur, j’adore les écrire car ce sont des situations dramatiques intéressantes Et il n’a rien de plus tragique que l’amour d’un personnage. Donc j’ai tendance à en mettre partout, un peu trop même, ce qui m’a été reproché ? Tout est question de dosage et il ne faut pas dégoûter les lecteurs en lui donnant l’impression qu’il est dans un OTP où le moindre écart par rapport au « bon chemin » est puni par un échec ou une mort.
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19/02/2022, 13:16
(Modification du message : 19/02/2022, 15:09 par grattepapier.)
Pour autant, le PFA est un outil intéressant pour l’auteur d’une aventure interactive car cela permet de relever le challenge du lecteur Et comme dit le proverbe « à triompher sans péril on triomphe sans gloire ». C’est sans doute pour cela que l’on trouve des PFA en tout début de Livres dont vous êtes le héros comme « les démons des profondeurs », « la dernière prophétie« ou « les esclaves de l’éternité ». Cela permet de montrer aux lecteurs dès le début du livre que la tâche va être ardue et que ici on rigole pas. Ce procédé a d’ailleurs été repris par Outremer dans « Fleurir en hiver » et Fizt dans « Cyclades » . Je l’ai moi-même utilisé dans le « Conte du griot céleste » où dès la première rencontre, on peut tomber sur un PFA si on effectue plusieurs mauvaises décisions de suite. Bien sûr, là aussi le procédé doit être bien dosé et les lecteurs de « l’odyssée d’Athéos » vous diront que c’est excessif de tomber automatiquement sur un PFA dès le deuxième paragraphe si on a pas pensé à consulter L’Oracle!
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Le PFA dès le début me rebuterait plutôt. Surtout si on a hésité à tenter cette AVH et qu'on se fait dessouder dès le début, ça peut éloigner définitivement un lecteur encore hésitant.
Après, le PFA tout con, tout banal, c'est moche mais ça peut exister.
"Par ce beau matin ensoleillé, vous descendez joyeusement l'escalier pour rejoindre les écuries et reprendre votre périple. Malheureusement, l'aubergiste a passé la serpillère, vous glissez sur les marches mouillées, chutez lourdement et vous brisez la nuque en bas des marches dans un craquement sinistre. Votre aventure s'achève ici".
C'est con, c'est dégueulasse, mais dans l'absolu, ça peut arriver.
Bon, soyons sérieux.
Je pense que le PFA doit être, comme tu l'as dit, "annoncé", on sent qu'il y a un danger, qu'il faut faire gaffe. Perso, je l'utilise modérément car, même crédible, c'est quand-même le coup d'arrêt à l'aventure.
Après, il y a aussi la question pour l'auteur du "Je lui laisse une chance ou pas ?" Le lecteur arrive à deux couloirs dont l'un piégé par une trappe garnie de pieux acérés. S'il prend celui-là, est-ce que je le fais mourir direct ou est-ce que je lui laisse une chance avec un test d'adresse par exemple, lui permettant de se rattraper et de ne pas tomber ? Pour moi, ça dépend de ce qu'il a eu avant je dirais : s'il vient de se taper un combat de fous ou d'en baver salement, j'ai tendance à lui laisser une chance, sinon c'est trop, ça devient de l'OTP ou de l'acharnement. Par contre, si jusqu'ici, ça a été facile, j'ai plus tendance à ne pas lui laisser de chance s'il se plante.
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19/02/2022, 15:33
(Modification du message : 19/02/2022, 15:38 par Outremer.)
(19/02/2022, 13:16)grattepapier a écrit : C’est sans doute pour cela que l’on trouve des PFA en tout début de Livres dont vous êtes le héros comme « les démons des profondeurs », « la dernière prophétie« ou « les esclaves de l’éternité ». Cela permet de montrer aux lecteurs dès le début du livre que la tâche va être ardue et que ici on rigole pas.
Tout à fait. C'est un peu comme de tuer plusieurs personnages importants dès les premiers épisodes d'une série : ça inspire au joueur/spectateur un sentiment d'incertitude et d'appréhension qui contribue à l'impliquer dans ce qui se passe.
Un PFA très proche du début n'a du reste pas un caractère trop frustrant, puisqu'il ne faudra pas trop de temps au joueur pour recommencer depuis le début.
Un PFA notable est celui qui peut intervenir au deuxième paragraphe du dernier livre des "Chroniques Crétoises". Complètement injuste, mais il donne très bien le ton de cette aventure très particulière.
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Au niveau de la description du PFA, Il y a plusieurs écoles : On peut raconter l’histoire au présent vécue par le personnage pour plus de immersion de lecteurs, ou au contraire on peut créer une mise à distance en faisant raconter sa mort par d’autres personnages.
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19/02/2022, 17:20
(Modification du message : 19/02/2022, 17:20 par Voyageur Solitaire.)
Tiens, je n'ai jamais pensé à ta seconde proposition, faire raconter la mort du lecteur/héros par d'autres personnages.
Tu m'as donné une sacrée idée là ! Il faudra que j'essaie, au moins une fois.
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19/02/2022, 21:53
(Modification du message : 19/02/2022, 21:53 par tholdur.)
Le pfa au début, c'est le plancher qui cède dans Alone in The Dark! On est alors plongé dans l'incertitude que tout peut nous arriver à tout moment dans le manoir! C'est la seule mort injuste, mais elle est judicieusement placée et permet de mieux apprécier le jeu.
Je crois qu'il faut aussi que le pfa soit intéressant. Par exemple une mort avec panache ou tragique (on se sacrifie pour les autres) passe mieux que "j'ai glissé, chef (dans l'escalier!). Et plus elle est détoffée, plus c'est intéressant que quelque chose de laconique en 3 phrases, ou 3 mots (vous êtes mort).
Pour une avh humoristique, les morts loufoques peuvent faire passer la pilule. On peut même être tenté de toutes les découvrir.
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Techniquement, pour y avoir rejouer récemment, il y a des moyens de mourir encore plus tôt que le plancher qui s'effondre.
Et il y a un moment où ils utilisent le même procédé : celui où il y a un zombie derrière la porte. Après, on a peur à chaque fois qu'on ouvre une porte, alors que c'est la seule fois où ça arrive.
Mr. Shadow
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20/02/2022, 08:35
(Modification du message : 20/02/2022, 08:38 par Voyageur Solitaire.)
Le PFA humoristique, ça me rappelle un exemple déjà cité par l'un de nous, un passage d'un Quête du Graal :
Vous découvrez que Merlin est le chef de la Légion des morts.
Si le choc de cette révélation vous tue, rendez-vous au 14.
Mine de rien, au-delà de l'humour, ça peut être le moyen pour un joueur qui a des stats pourries de recommencer avec cette fois de meilleures capacités...
Entièrement d'accord avec le PFA trop court à éviter : Le carreau d'arbalète vous transperce le crâne, vous êtes mort... Non !
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J'aime bien les PFA agréables à lire, longs ou courts peu importe ("Boum ! Rendez-vous au 14.").
C'est pas toujours facile, mais ça rend l'échec plus agréable (et peut même pousser à tous les découvrir).
J'aime bien aussi quand je comprends pourquoi j'ai échoué, histoire de m'améliorer à la prochaine tentative.
J'essaie dans Nils Jacket, par exemple, quand vient le moment de désigner le coupable, d'expliquer pourquoi on fait erreur quant à tel suspect, ou pourquoi l'argument avancé ne marche pas (manque de preuves, ...).
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20/02/2022, 19:18
(Modification du message : 20/02/2022, 19:20 par Loi-Kymar.)
J'ai un vice. Quand je tombe sur un livre-jeu, je commence par le feuilleter pour lire en premier lieu les PFA. J'éprouve un plaisir sadique à découvrir comment l'auteur s'ingénie à faire mourir le lecteur, et avec quel style d'écriture. Lire ces passages me donne le sentiment - sans doute abusif - de mieux cerner par anticipation l'aventure littéraire et ludique que je vais lire. Et j'ai l'impression d'être assez ouvert là-dessus : paragraphes expéditifs ou descriptions détaillées, en fonction des circonstances de la mort, il me semble que les deux styles de PFA se justifient.
Mon expérience d'écriture de PFA est pour l'instant assez limitée, mais j'aurais tendance, pour ma part, à chercher un équilibre entre la sécheresse du couperet de la Faucheuse et le détail des instants qui précèdent. Ceci, toujours, en fonction des circonstances. Je suis pour une certaine souplesse stylistique.
(J'espère que cette réponse est compréhensible, je l'écris avec 39° de fièvre)
Souris ! Tu ne peux pas tous les tuer...
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Pour ma part, j'ai tendance à écrire des PFA assez détaillés. Sauf bien sûr si les circonstances impliquent une mort brutale : si on se casse la gueule du haut d'une tour, je ne vais pas m'attarder.
Mais pour un empoisonnement, une noyade, une blessure mortelle, j'essaie de décrire les différentes sensations qui peuvent envahir le lecteur jusqu'au grand sommeil... Quitte à avoir l'impression d'être un peu sadique parfois !
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24/02/2022, 18:50
(Modification du message : 24/02/2022, 18:51 par ashimbabbar.)
pour combiner l'idée de faire raconter la mort de notre personnage par un autre et le sujet "Seul ou à plusieurs", on peut faire raconter le PFA par un de nos compagnons…
( Il me semble qu'il en allait ainsi dans un PFA du Donjon de l'Effroi de Rose Estes ).
Ça permet un truc vicieux qui est de demander avec quel compagnon possible on se trouve: le joueur croit que ça change quelque chose et tout ce que ça change c'est lequel décrit notre mort… ( ou alors être avec l'un d'eux en particulier évite le PFA. C'est moins drôle pour l'auteur )
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
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(Modification du message : 24/02/2022, 21:08 par grattepapier.)
Un autre truc : alors que le nom même de notre PJ a été oublié, un homme découvre des années après un objet nous ayant appartenu (une épée, un casque, notre squelette) et se demande à qui était cet objet. C'est un procédé utilisé dans "Les esclaves de l'éternité" (merci Skarn pour l'info), mais aussi dans au moins deux Histoires à Jouer ("Le Trésor du Yucutan" et "Aventures en Terre Sainte").
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