19/10/2021, 16:58
Lu Phil, une vie de Philip K. Dick, BD scénarisée par Laurent Queyssi et mise en images par Mauro Marchesi, aux éditions 21g.
Jusque là, je ne connaissais la vie de l'auteur de Blade Runner que par la très prenante bio que lui a consacré Emmanuel Carrère, Je suis vivant et vous êtes mort. Connaissant la tendance de Carrère à voir les choses sans concession, donc souvent en noir, je ne savais pas si le Philip K. Dick lâche, manipulateur et parasite social dépeint par le biographe correspondait à une réalité ou relevait d'un certain fantasme carrérien, d'une lecture de l'auteur américain à travers un prisme qui en dit plus sur Carrère que sur Dick. Se poser la question c'est déjà y répondre...
Le trait de Marchesi est net, l'arrière-plan est tantôt un décor volontairement passe partout (pièces un peu vides) tantôt un grand à-plat sans nuance. L'ensemble m'évoque les comics pop des années 60, ce qui est total recall, heu, total raccord avec le sujet !
Le scénario ? Après un visionnage enthousiaste d'extraits du film Blade Runner, Philip K. Dick salue Ridley Scott, rentre chez lui et deux mois passent. Coup de fil à son médecin... malaise... ambulance... inconscience... Toute la suite sera le théâtre mental de Dick, qui se rejoue les principaux événements de sa vie, depuis sa prime enfance. Le design du personnage change d'une époque à l'autre, le personnage n'est pas monolithique. Le jeune homme fluet. Le gars plus en chair, le début de barbe. L'auteur vieillissant.
Dick apparaît ici plus souriant que je ne l'imaginais, plus ouvert, sympathique... Même si le scénariste distille doucement, un à un, les aspects plus sombres de sa personnalité. Le vol d'amphétamines à sa mère. La parano qui lui fait ouvrir la porte un gun à la main, quand son ex-femme arrive avec leur fille. Deux cases ou deux planches mettent parfois en regard les personnages que Dick joue : en représentation devant ses amis, puis au naturel dans la vie quotidienne. Ça donne et reçoit des baffes, ça s'engueule pour de sordides questions d'argent. Et puis la parano, de plus en plus envahissante dans sa vie et son discours, n'ayant rien à envier à celle d'un complotiste du Covid. Quelques pages dénuées de sens ressemblant à un rêve montrent l'écriture d'Ubik tel que Phil se la rappelle, l'esprit trop embrumé de drogues à l'époque.
L'album se termine sur une envolée loin, très loin de l'hôpital, là où Dick aura enfin les réponses aux questions lancinantes de son Exégèse. A moins qu'il ne soit toujours sur son lit d'hôpital.
Jusque là, je ne connaissais la vie de l'auteur de Blade Runner que par la très prenante bio que lui a consacré Emmanuel Carrère, Je suis vivant et vous êtes mort. Connaissant la tendance de Carrère à voir les choses sans concession, donc souvent en noir, je ne savais pas si le Philip K. Dick lâche, manipulateur et parasite social dépeint par le biographe correspondait à une réalité ou relevait d'un certain fantasme carrérien, d'une lecture de l'auteur américain à travers un prisme qui en dit plus sur Carrère que sur Dick. Se poser la question c'est déjà y répondre...
Le trait de Marchesi est net, l'arrière-plan est tantôt un décor volontairement passe partout (pièces un peu vides) tantôt un grand à-plat sans nuance. L'ensemble m'évoque les comics pop des années 60, ce qui est total recall, heu, total raccord avec le sujet !
Le scénario ? Après un visionnage enthousiaste d'extraits du film Blade Runner, Philip K. Dick salue Ridley Scott, rentre chez lui et deux mois passent. Coup de fil à son médecin... malaise... ambulance... inconscience... Toute la suite sera le théâtre mental de Dick, qui se rejoue les principaux événements de sa vie, depuis sa prime enfance. Le design du personnage change d'une époque à l'autre, le personnage n'est pas monolithique. Le jeune homme fluet. Le gars plus en chair, le début de barbe. L'auteur vieillissant.
Dick apparaît ici plus souriant que je ne l'imaginais, plus ouvert, sympathique... Même si le scénariste distille doucement, un à un, les aspects plus sombres de sa personnalité. Le vol d'amphétamines à sa mère. La parano qui lui fait ouvrir la porte un gun à la main, quand son ex-femme arrive avec leur fille. Deux cases ou deux planches mettent parfois en regard les personnages que Dick joue : en représentation devant ses amis, puis au naturel dans la vie quotidienne. Ça donne et reçoit des baffes, ça s'engueule pour de sordides questions d'argent. Et puis la parano, de plus en plus envahissante dans sa vie et son discours, n'ayant rien à envier à celle d'un complotiste du Covid. Quelques pages dénuées de sens ressemblant à un rêve montrent l'écriture d'Ubik tel que Phil se la rappelle, l'esprit trop embrumé de drogues à l'époque.
L'album se termine sur une envolée loin, très loin de l'hôpital, là où Dick aura enfin les réponses aux questions lancinantes de son Exégèse. A moins qu'il ne soit toujours sur son lit d'hôpital.