07/09/2019, 09:04
Critique de “Entre Ténèbre et Abysse: la Mégère”
Résumé de l'épisode précédent:
Dans le premier chapitre “La Marque”, le/a Protagoniste (orphelin de naissance) est chargé par son père adoptif d'aller à la ville de Sorgand pour retrouver son fils Noder, qui est parti faire son apprentissage chez un puissant Iatromancien (un mage guérisseur-exorciste), mais qui ne donne plus de nouvelles depuis des semaines. Molwarum Istwe, ledit mage, reste très vague quand il répond aux lettres envoyées par Namer, le père du jeune homme. Donc, le/a Protagoniste commence un long et dangereux voyage vers l'inconnu, jusqu'à découvrir d'horribles vérités.
Où nous en étions-nous restés?
Le Protagoniste est encore à Sorgand, essayant de se remettre d'une terrible nuit de révélations et décide de résoudre le problème de son frère adoptif en prenant le taureau par les cornes et d'aller loin vers le Nord, dans le terrible et inexploré Marécage de Nohr-Druatt pour trouver des réponses auprès de la non moins terrible et mystérieuse Mégère, une créature mauvaise et ancienne, mais qui possède peut-etre la clé pour libérer le pauvre Noder...
"La Mégère": une suite logique
Avec ce second chapitre, le/a Protagoniste fait un pas très important dans le déroulement de sa mission: une fois que l'horrible vérité a été connue, il/elle doit faire un véritable saut dans l'obscurité pour aller au-delà des limites de la civilisation pour atteindre son but. Mais il ne s'agit pas d'une simple suite “de jeu vidéo”: mais une progression, la nouvelle étape d'un voyage vers l'inconnu, mais l'auteur insiste beaucoup sur les aspects pratiques et psychologiques, souvent négligés dans les oeuvres fantasy (littéraires ou interactives). Par exemple, vu qu'il faut repartir à nouveau, le/a Protagoniste devra réussir à trouver un travail pour financer son voyage: il y a un choix assez vaste, selon les habilités du joueur et chaque travail apporte des résultats différents (si vous jouez bien, vous pouvez obtenir des objets très utiles!) Il y a peu de LDVELH ou d'oeuvres fantastiques qui incluent cet aspect de la vie, et l'auteur a bien fait: le/a Protagoniste de la saga “Entre Ténèbre et Abysse” n'est pas un personnage de “Diablo” ou un aventurier de “D&D” qui gagne sa vie en explorant des tombes maudites et trouvant assez de pièces d'or et de trésors divers pour pouvoir s'acheter un chateau entier ! Car le concept de la saga est de se mettre dans la peau d'un/e jeune normal/e dont la vie est boulversée par des événements incontrolables et devra dominer de son destin. Le simple fait de devoir gagner son pain est une touche de réalisme que j'ai vraiment apprécié. En plus, le voyage vers le Marécage est éprouvant du point de vue physique et moral pour le/a Protagoniste: on passe par une série d'épreuves difficiles qui sont une métaphore de l'existence. Car c'est l'essence de cette saga: on part de chez soi, on découvre le monde extérieur (mais aussi intérieur) et on va de l'avant, laissant la sécurité et les certitudes (souvent fausses) de la maison pour entrer dans le monde qui a d'autres règles, souvent dures et impitoyables. Quand on visite d'autres villes ou des terres quasi-inconnues, le/a Protagoniste est seul/e avec lui/elle-meme et devra faire les bons choix, jusqu'à entrer dans le Marécage inconnu, symbole de la vie d'adulte, selon moi.
En outre, le continent d'Ortan est encore plus présent: on découvre un peu de son histoire, on y rencontre des personnages qui témoignent de ses différentes réalités et tout ce qui a été présenté dans le premier chapitre s'épaissit et l'environnement devient presque palpable: le/a Protagoniste n'est pas “une machine pour faire des points d'expérience et collectionner des objets toujours plus puissants”, mais un/e vrai/e voyageur/se qui découvre le monde en compagnie du lecteur-joueur. Il y a de nouvelles villes, nouvelles rencontres, nouveaux dangers, mais le potentiel du monde du Rayn se fait encore plus sentir.
En termes de jeu?
Comme tout LDVELH qui se respecte, tout n'est pas dans la narration ou dans la partie “littéraire” de l'oeuvre. Les mécaniques de jeu sont les memes que dans “La Marque”: personnage masculin ou féminin, Attributs à distribuer comme vous le désirez, (un Protagoniste porté sur le combat? Sur les interactions sociales ou sur l'intelligence?), l'équipement (Bourse, Musette...) et les armes n'ont pas changé, meme si maintenant on peut utiliser un bouclier. La vraie nouveauté est l'introduction de nouvelles Spécialités. De plus, l'influence des trois puissances antiques régissant le Rayn entre en jeu: suivant les actions, le/a Protagoniste recevra un ou plusieurs points de Lumière, Ténèbre ou Abysse qui influenceront le cours de l'histoire. Cela me fait penser aux fameux Cotés Lumineux et Obscurs de la Force dans l'univers de “Star Wars” et leur impact sur le jeu est très intéressant. Pour ce qui concerne la longévité de l'aventure, le joueur peut etre content car avec 749 paragraphes et différents choix possibles, il faudra un peu de temps avant de conclure ce nouveau chapitre! Les énigmes présentes donnent du piment à l'aventure, il y a des paragraphes cachés qui augmentent le plaisir du jeu, les rencontres ne se résolvent pas automatiquement par un combat et des options très intéressantes sont proposées. Comme pour le premier opus, il n'y a pas de True Path (i.e une unique succession de paragraphes possible pour arriver à la fin) et les choix pour résoudre tel ou tel problème sont bien pensés.
Il est aussi possible d'avoir une nouvelle expérience ludique avec la version “Premium” de l'appli: pour moins de 2€, vous débloquez de nouvelles Spécialités, leurs paragraphes relatifs et des options sympas leur étant liées. Mais rassurez-vous, vous ne devez rien payer pour pouvoir arriver à la fin: cette version “Premium” est une option facultative, un petit supplément sympa.
Mon verdict:
Je suis un aficionado de cette saga depuis le premier épisode: un dark fantasy original qui a su tirer les leçons de quarante ans de “culture nerd” et éviter les pièges dans lesquels de nombreuses oeuvres amatoriales ou professionnelles sont tombées durant ces dernières décennies. Je le répète, le héros de cette saga est un/e jeune normal/e devant sauver son frère, mais en faisant les bons choix pour bien grandir. Ce coté est souvent oublié par les autres auteurs, surtout dans le domaine du fantasy. Avec ce deuxième épisode, nous allons beaucoup plus loin et nous dépassons les limites des explorateurs d'Ortnan et nous nous poussons au-delà des propres limites du personnage qui se découvre comme adulte. Naturellement, les puissances lumineuses, ténébreuses et abyssales sont là, guettant nos pas pour nous sauver ou nous condamner, il y a d'étranges rencontres qui m'ont rappelé “Spawn” de Todd Mc Farlane (avec le Ciel et l'Enfer qui interagissent avec les mortels, en les manipulant) et ces éléments unis donnent un caractère unique à la saga, une énergie rarement vue. Donc, mon verdict est on ne peut plus positif et je vous invite à (re)découvrir la saga-événement qui a conquis des milliers de joueurs à travers le monde (en Italie, certes, mais encore plus dans les pays francophones)!
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Ma note. 19/20