Le Conquérant de l'Inutile (votre serviteur) poursuit sa lente dissection des Retz Pédagogiques. Une Série vite troussée dans l'euphorie des années 80, quand tout ce qui était "dont vous êtes le héros" se vendait ! Notez qu'on revient un peu à cet esprit : depuis un an ou deux, les librairies se regarnissent en livres-jeu pour mômes, moitié escape-like gentillets, moitié Bibliothèque Verte Cluedo.
(Oui, je sais, il y a d'autres moitiés encore : les rééditions Gallimard-Scriptarium-VladoK, les Histoires à Jouer sur Amazon...)
Après l'âge d'Or des années 80 à 90, puis la traversée du désert, une oasis ?
BREF. Laissez-moi vous présenter...
...de Guy RACHET, un passionné d'égyptologie au parcours singulier. Merci Wikipédia : né en 1930 (il a donc 59 ans en 1989 quand il publie Le Labyrinthe), cancre notoire dans sa jeunesse, s'est forgé une éducation en dévorant des tomes et des tonnes de bouquins d'Egyptologie. Plus tard, il fait la tournée de tous les sites du bassin méditerranéen en camionnette (Renault 4L ?) sous un soleil de plomb, avec zéro financement, et pourquoi ? PARCE QUE ! C'est beau, la passion.
CE QUE ÇA RACONTE
Comme le dit le résumé en 4ème de couv' : « Tu connais déjà ce genre de livres dont tu es le personnages principal... Et en effet, l'histoire nous est familière. Par un concours de circonstances, un enfant de la fin du XXe siècle (NOUS) se retrouve transporté dans le temps et investi d'une mission : retrouver la balance d'Anubis, Dieu des Morts (celui à tête de chacal). Elle a été dérobée par le sorcier Khian, un serviteur d'un dieu rival d'Anubis. Le chacal divin nous enverra visiter plusieurs époques pour retrouver Khian et la balance, grâce à la Porte du Temps. A condition qu'on réponde à ses QCM de culture générale sur l'Egypte, pour prouver qu'on est digne de fouler de notre pied primesautier ce seuil surnaturel. On fait la découverte de quelques pharaons et reines, d'un panthéon divin un peu fluctuant, d'époques marquantes de l'Egypte : dynasties, expansion, invasions, décadence...
MECANISME
Mécanique simple, très proche du Moyen Âge en Péril de Dominique GRANDPIERRE (le Ian Vifcaillou des Retz Pédagogiques) :
des Points de Vie (en fait des points de réussite) qui augmentent avec les bonnes réponses et les exploits. Les combats consistent à comparer ses PV à ceux de l'adversaire. Il faut obligatoirement remporter les premiers combats pour éviter le biais "vainqueur gagne toujours, perdant perd toujours". Une fois qu'on a un peu d'avance dans les points, on aura une petite marge d'erreur. L'auteur accorde parfois des secondes chances.
au lieu d'un Tableau du Temps (dans Le Moyen Âge en Péril), une fiche avec des points à relier. A chaque étape franchie, on nous dit quels points relier.
ERRATA
erreurs de renvoi vraiment gênantes sur la fin :
- au 187, barrer 59 et écrire 50
- au 18, barrer 25 et écrire 203
La règle du début n'explique pas très clairement qu'il ne faut relier les points sur le dessin que progressivement, à mesure que le texte nous y autorise.
On ne reçoit jamais l'instruction de relier les points 14 et 15 (sauf erreur de ma part).
Rébus du 90 : on doit deviner que le faucon représente Horus, mais le topo détaillé sur Horus n'arrive que plus loin dans le jeu.
QCM : on gagne 1 point de réussite par bonne réponse et on perd simultanément 1 point par mauvaise réponse = double peine. Logiquement, on doit gagner 1 point par bonne réponse et ne rien gagner ni perdre pour une mauvaise (0 point). Le simple fait de ne pas progresser dans notre score de réussite est déjà une perte.
LE JEU VIDEO
Amstrad a tiré du Labyrinthe des Pharaons le jeu vidéo éponyme. J'y avais un tout petit peu joué au CDI de mon collège :
On navigue entre plusieurs écrans, qui rappellent un peu les décors de théâtre : une toile de fond pour Gyzeh, une pour le Palais (quelle que soit la ville ou l'époque)... Le moteur et le même personnage resservent pour plusieurs jeux de la licence, sauf pour Le Labyrinthe d'Ortophus, plus abouti visuellement, adapté du Labyrinthe d'Errare.
AVIS PERSO
Un auteur passionné qui a tout appris seul, dans les livres et la poussière les vieilles pierres : vraiment la plume idéale pour cette série. Pari réussi, donc ? En partie ! Un enfant, un jeune déjà passionné par le sujet accrochera. Il reconnaitra les souverains, les dynasties et les lieux chargés d'Histoire dont les noms lui sont déjà familiers. Un néophyte (un noob, quoi !) aura plus de mal avec ces sauts temporels sans repères, où tout semble se valoir.
Sur cette trame correcte, le récit pourrait gagner un peu en énergie ; il manque d'un certain souffle épique qui nous impliquerait plus profondément dans le jeu.
Mention aux illustrations, plus nombreuses et plus réalistes que dans les autres titres de la série, et au système des points à relier qui doit plaire aux jeunes lecteurs.
Sur le même sujet, lire aussi "Défis de l'Histoire" 1 : Le Trésor des Pharaons de JH Brennan.
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Images du jeu vidéo : mobygames.com et cpc-power.com, merci à eux de leur travail de ludo-archéologues !
(Oui, je sais, il y a d'autres moitiés encore : les rééditions Gallimard-Scriptarium-VladoK, les Histoires à Jouer sur Amazon...)
Après l'âge d'Or des années 80 à 90, puis la traversée du désert, une oasis ?
BREF. Laissez-moi vous présenter...
...de Guy RACHET, un passionné d'égyptologie au parcours singulier. Merci Wikipédia : né en 1930 (il a donc 59 ans en 1989 quand il publie Le Labyrinthe), cancre notoire dans sa jeunesse, s'est forgé une éducation en dévorant des tomes et des tonnes de bouquins d'Egyptologie. Plus tard, il fait la tournée de tous les sites du bassin méditerranéen en camionnette (Renault 4L ?) sous un soleil de plomb, avec zéro financement, et pourquoi ? PARCE QUE ! C'est beau, la passion.
CE QUE ÇA RACONTE
Comme le dit le résumé en 4ème de couv' : « Tu connais déjà ce genre de livres dont tu es le personnages principal... Et en effet, l'histoire nous est familière. Par un concours de circonstances, un enfant de la fin du XXe siècle (NOUS) se retrouve transporté dans le temps et investi d'une mission : retrouver la balance d'Anubis, Dieu des Morts (celui à tête de chacal). Elle a été dérobée par le sorcier Khian, un serviteur d'un dieu rival d'Anubis. Le chacal divin nous enverra visiter plusieurs époques pour retrouver Khian et la balance, grâce à la Porte du Temps. A condition qu'on réponde à ses QCM de culture générale sur l'Egypte, pour prouver qu'on est digne de fouler de notre pied primesautier ce seuil surnaturel. On fait la découverte de quelques pharaons et reines, d'un panthéon divin un peu fluctuant, d'époques marquantes de l'Egypte : dynasties, expansion, invasions, décadence...
MECANISME
Mécanique simple, très proche du Moyen Âge en Péril de Dominique GRANDPIERRE (le Ian Vifcaillou des Retz Pédagogiques) :
des Points de Vie (en fait des points de réussite) qui augmentent avec les bonnes réponses et les exploits. Les combats consistent à comparer ses PV à ceux de l'adversaire. Il faut obligatoirement remporter les premiers combats pour éviter le biais "vainqueur gagne toujours, perdant perd toujours". Une fois qu'on a un peu d'avance dans les points, on aura une petite marge d'erreur. L'auteur accorde parfois des secondes chances.
au lieu d'un Tableau du Temps (dans Le Moyen Âge en Péril), une fiche avec des points à relier. A chaque étape franchie, on nous dit quels points relier.
ERRATA
erreurs de renvoi vraiment gênantes sur la fin :
- au 187, barrer 59 et écrire 50
- au 18, barrer 25 et écrire 203
La règle du début n'explique pas très clairement qu'il ne faut relier les points sur le dessin que progressivement, à mesure que le texte nous y autorise.
On ne reçoit jamais l'instruction de relier les points 14 et 15 (sauf erreur de ma part).
Rébus du 90 : on doit deviner que le faucon représente Horus, mais le topo détaillé sur Horus n'arrive que plus loin dans le jeu.
QCM : on gagne 1 point de réussite par bonne réponse et on perd simultanément 1 point par mauvaise réponse = double peine. Logiquement, on doit gagner 1 point par bonne réponse et ne rien gagner ni perdre pour une mauvaise (0 point). Le simple fait de ne pas progresser dans notre score de réussite est déjà une perte.
LE JEU VIDEO
Amstrad a tiré du Labyrinthe des Pharaons le jeu vidéo éponyme. J'y avais un tout petit peu joué au CDI de mon collège :
On navigue entre plusieurs écrans, qui rappellent un peu les décors de théâtre : une toile de fond pour Gyzeh, une pour le Palais (quelle que soit la ville ou l'époque)... Le moteur et le même personnage resservent pour plusieurs jeux de la licence, sauf pour Le Labyrinthe d'Ortophus, plus abouti visuellement, adapté du Labyrinthe d'Errare.
AVIS PERSO
Un auteur passionné qui a tout appris seul, dans les livres et la poussière les vieilles pierres : vraiment la plume idéale pour cette série. Pari réussi, donc ? En partie ! Un enfant, un jeune déjà passionné par le sujet accrochera. Il reconnaitra les souverains, les dynasties et les lieux chargés d'Histoire dont les noms lui sont déjà familiers. Un néophyte (un noob, quoi !) aura plus de mal avec ces sauts temporels sans repères, où tout semble se valoir.
Sur cette trame correcte, le récit pourrait gagner un peu en énergie ; il manque d'un certain souffle épique qui nous impliquerait plus profondément dans le jeu.
Mention aux illustrations, plus nombreuses et plus réalistes que dans les autres titres de la série, et au système des points à relier qui doit plaire aux jeunes lecteurs.
Sur le même sujet, lire aussi "Défis de l'Histoire" 1 : Le Trésor des Pharaons de JH Brennan.
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Images du jeu vidéo : mobygames.com et cpc-power.com, merci à eux de leur travail de ludo-archéologues !