[66] L'Anneau des Serpents de Feu
#31
(10/10/2018, 17:14)gynogege a écrit : ...je soupçonne qu'historiquement les récits étaient d'abord affaire de narration plus que de scénario, c'est à dire qu'il s'agissait avant tout de captiver l'auditoire qui n'aura pas forcément l'envie de décortiquer l'histoire après-coup pour chercher les ficelles ou les incohérences...

Ouaip, quand on lit les romans de chevalerie de Chrétien de Troyes en français moderne, on ouvre des yeux ronds comme des soucoupes, tellement la charrette du chevalier du même nom semble bancale et zigzagante !

L'abord de l'histoire était plus naïf et basé sur le ressenti et le plaisir immédiat. Comme jadis devant un DF. Pas de fact checking, de quête d'une motivation de la cohérence à l'intérieur des tenants et aboutissants.
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#32
Et ce qui est rigolo c'est qu'il a quand même fallu tout un bouquin de Moses Finley pour expliquer que le Monde d'Ulysse et de l'Odyssée était avant tout imaginaire et qu'il ne fallait pas s'escrimer à essayer d'y reconnaître les îles grecques... déjà à l'époque le "fact checking" faisait des ravages !
souvent je me dis que c'est notre civilisation qui fait preuve d'une naïveté touchante vis à vis des oeuvres des illustres anciens.
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#33
Apparemment ce sont deux mécanismes antagonistes : le "fact cheking" VS "l'envie que ce soit vrai" tellement l'oeuvre nous a impacté ! Comme les gens qui voulaient absolument croire que les événements du Projet Blair Witch étaient réels VS les émissions de TV où on invitait les acteurs (morts dans le film).

Et oui, on a sévèrement dévié du topic L'Anneau des Serpents de Feu.
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#34
Il existe plusieurs petits plaisirs dans la vie, ceux-ci étant toutefois différents pour chaque personne; néanmoins, pour les puristes et les fans de livres dont vous êtes le héros, se plonger dans un tout  nouveau Défis Fantastique écrit qui plus est par le fondateur de ce genre de livre, a de quoi faire vibrer la fibre nostalgique qui sommeil en nous.

Alors, au final, ça donne quoi? Et bien c'était plaisant, mais rien de mémorable. L'histoire se lit sans déplaisir mais ne casse pas trois pattes à un canard.

L'histoire: Zanbar Bone, le Prince de la Nuit, est de retour (pour nous jouer un mauvais tour? Je suspecte une alliance secrète avec la Team Rocket), mais pas n'importe comment: sous sa forme de Prince-Démon, rien que ça! Par contre, cette révélation n'arrive pas tout de suite, bien au contraire, il faudra attendre, en gros, la moitié de l'aventure pour en avoir vent. Pourquoi? Et bien tout simplement parce que le début du livre est consacré à une chasse au trésor après que notre héros, qui dort dans la rue et qui fait les poubelles (déjà là, j'ai eu de la peine à m'identifier au "héros"), a fait l'acquisition d'une carte au trésor d'une manière aussi improbable que parodique.

Lors de cette première partie, pendant laquelle nous visitons la ville de Calice, rien de très bien intéressant, si ce n'est le cambriolage d'un Manoir très vite avortée et dont je me demande encore l'utilité de ce choix. Le temps aussi de faire l'acquisition de certains objets utiles (ou pas). Vint ensuite le trajet menant à la grotte au trésor, avec une petite rencontre ma foi sympathique avec des diablotins adepte de coloration qui retiennent en otage un vieillard, mais mis à part ça, rien de très transcendant, hormis une brève altercation avec des hommes des collines (sûrement les mêmes que ceux rencontrés dans la Forêt de la Malédiction). La difficulté est moindre, car les ennemis ont de faible habileté, et si ce n'est quelques choix mortels dans la grotte, il y a peu de mâts et de morts injustes.

Une fois cette première partie peu palpitante, la seconde peut commencer. Elle début d'ailleurs par la rencontre avec une traqueuse de Ninja venant de Zengis et qui s'appelle Haksan. PNJ plutôt sympa, ni trop mis en avant, ni trop présent (bien qu'elle soit souvent oubliée lors des combats, car souvent il n'y a aucun bonus de part sa présence). En revanche, pourquoi une traqueuse de Ninja? car non seulement on ne voit pas la mouille d'un seul Ninja, mais en plus, elle passe son temps à vouloir chasser des trésors.

Je ne vais pas trop me pencher sur la suite de l'histoire, mais toujours est-il qu'après un petit détour chez Yaztromo pour lui annoncer que sa tour deviendra le nouveau QG du Prince de la Nuit, nous nous retrouvons sur les traces de Nicodème, emprisonné dans les geôles du Seigneur Azzur, afin de lui rendre son anneau des serpents de feu qui lui servira à vaincre Zanbar Bone. Là aussi, rien de palpitant, jusqu'à l'évasion de la prison ou Nicodème mettra en avant sa puissance magie (la scène où il fait apparaitre un bouclier magique pour dévier les flèches tirées par les gardes est plutôt stylée!). Et là, gros fantasme chez les fans des DF, la réunion entre Yaztromo et Nicodème! J'aurais rêvé de voir une illustration des deux magiciens ensemble.

S'ensuit le combat final qui, même s'il est un peu scénarisé, m'a laissé un peu sur ma faim. En effet, Zanbar Bone n'apparait que 10 paragraphes avant la fin, et on ne l'affronte même pas, même pas sa horde de squelette. Y a juste une grosse bête à tentacules que l'ont affronte (par contre, l'illustration est superbe, de loin la meilleure de l'ouvrage).
Mais bon, voir Nicodème et Yaztromo se battre de concert reste quand même un moment un peu près marquant.

Pour ce qui est des mécaniques du jeu, j'ai de la peine à croire que c'est du Ian Livingstone, on peut même douter un peu quand on voit la faiblesse de la plupart des ennemis, le peu de choix mortels ainsi que les rares jets de dés punitifs. Y'a même un moment, tenez-vous bien, où nous avons la possibilité d'avoir 12 en habileté, comme ça, quasiment gratuitement! Mais d'un autre côté, les faux choix, la linéarité et la quantité astronomiques d'objets récoltés au cours de l'aventure nous rappelle clairement à quel auteur nous avons affaire. Il sera donc possible pour les petits habiletés de réussir l'aventure sans trop de difficulté. Mais, car il y a un mais, rien n'est joué d'avance car nous récupérons très peu de points d'endurance, nettement vers la fin lorsque nous affrontons les ennemis les plus redoutables. Pour exemple, j'avais 12 en dextérité et j'ai fini l'aventure avec 3 points de vie...

Je ne vois pas trop quoi rajouter d'autre à cet ouvrage, si ce n'est un manque flagrant d'ambiance à cause d'illustrations vraiment pas terrible, si ce n'est celle-ci où la bête apparait derrière l'armée de squelettes qui tout simplement géniale.


En résumé, un livre sympa, plaisant à suivre, à la difficulté nettement revue à la baisse, mais dont l'histoire ne casse pas des brique et dont le fan-service à outrance peut être une sorte de manque d'inspiration.

Note: 13/20
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