Melos
#1
Après avoir pas mal hésité sur la section dans lequel ce fil devait être créé, mais ayant décidé que le sujet traité n'était guère plus numérique qu'un Chronologie (voire moins), le voici.

Melos est un Visual Novel (en gros, c'est de la fiction interactive avec plus d'images) yuri (mettant en scène au moins un couple lesbien) que j'ai écrit dans le cadre du Yuri Game Jam, un concours dont la première occurrence a eu lieu cette année. Je vous renvoie au lien précédent pour les détails, mais l'important à retenir est que j'avais deux mois pour réaliser un jeu sur ce thème, et que la littérature jeu était autorisée, et même inconsciemment encouragée par le fait que cette compétition a émergé sur Lemma Soft Forums, forum de référence pour tout ce qui touche aux VNs.

Le jeu a été illustré par Katta (et sa sœur Anne), et exploite sans vergogne des éléments sans droits d'auteurs contraignants, en particulier des peintures célèbres et de la musique libre. Tous les participants, moi le premier, étaient bénévoles, et personne n'a dépensé ou ne touchera un sou dans cette affaire.

Si vous êtes intéressés, allez le lire maintenant : http://skarn.itch.io/melos (plus de détails en allant sur le lien). C'est assez court, y'a de vrais morceaux de poésie grecque en grec dedans, mais la quasi-totalité du texte est en anglais.

Parce qu'en tant que partisan de la théorie de la mort de l'auteur, qui suppute qu'un texte ne devrait pas être analysé dans le contexte de sa création mais par lui-même, je m'en voudrais d'altérer votre expérience en vous expliquant les circonstances qui ont engendré Melos avant que vous n'ayez eu la possibilité de le parcourir.

Ces précautions d'usage derrière nous, parlons donc de cette fameuse genèse.
Répondre
#2
Chapitre 1 : De mauvaises intentions

À l'hiver précédent, j'avais décidé que 2016 serait l'année où je ferais des efforts pour être productif. Cela est principalement né d'un certain sentiment de culpabilité en comptant les heures que j'avais été en mesure d'attribuer à la Winter Court par rapport à celles que je consacre d'habitude à des projets créatifs, en particulier durant l'année 2014 où je m'étais un peu reposé sur le succès de Y*.

D'où le fait que j'ai écrit pas mal d'articles (pour Littéraction et d'autres) durant le printemps, puis travaillé sur Toile pour le mini-Yaz' avant d'enchaîner sur l'avortée La Bête pour le concours de Scriptarium.

Ce concours n'était pas prévu dans mon planning initial, et s'est terminé par un splendide forfait de ma part. Parce qu'il s'avère que se lancer directement dans l'écriture avec juste une vague idée en se disant qu'on ne peut pas échouer avec des gros monstres et de la violence gratuite, c'est complètement stupide. Même si j'ai bon espoir de recycler ce que j'avais fait en une avh plus longue et intéressante maintenant que j'ai du recul, cela n'en reste pas moins un échec.

La logique aurait donc voulu que je pose ma plume quelques temps pour me ressourcer, puis travailler tranquillement à cette refonte, histoire d'être prêt sans urgence pour le grand Yaz'.

Puis j'ai entendu parler du Yuri Game Jam totalement par hasard, via un Tweet innocent.

Et je n'ai pas pu résister.

Plusieurs raisons à cela :
  • J'adore le yuri.
  • La Winter Court 4 m'avait quelque peu rassuré sur mon niveau d'anglais (à l'écrit !). Je savais qu'il était loin d'être parfait, comportant de nombreuses tournures de phrases maladroites et mélangeant les niveaux de langue, mais il en restait compréhensible, et je voulais écrire un vrai long texte en anglais, seul moyen selon moi de réellement progresser.
  • Cela me donnait l'occasion d'explorer un autre format, tout en conservant quelques bases déjà bien établies.
  • Sur le sujet en question, il y avait des graphistes à la recherche d'écrivains. Je répète : Des personnes qui dessinent cherchaient des personnes qui écrivent pour compléter leur équipe (de deux). Par opposition aux endroits où je traîne d'habitude (comprendre : ici) où il faut se battre pour la moindre illustration, c'était juste une offre que je ne pouvais refuser.

C'est bien gentil tout cela, mais la date de début du concours n'était pas si éloignée, et je n'avais absolument pas réfléchi à un scénario. Pour ne rien simplifier, j'avais directement éliminé les schémas les plus classiques du genre, rejetant notamment l'idée d'une énième romance lycéenne.

Pour me remettre dans le bain, j'ai lu quelques yuri, en particulier Green Eyed Monster, qui m'a pas mal marqué par son ambiance sombre et son traitement assez froid et réaliste, en décalage avec les clichés du genre qui sont plutôt dans l'amourette chaleureuse et capillotractée qui finit bien.

Étant la dernière des ordures, j'ai immédiatement endossé cette approche pour moi-même.

Qui dit tragédie dit Grèce, et j'avais déjà pas mal étudié la place des femmes dans la Grèce antique pour Toile, avec en particulier l'opposition Sparte/Athènes. Cette localisation, avec une époque bien choisie, me permettait également de parler de Sappho, un atout non négligeable.

J'ajoutais ensuite au mélange quelques contraintes.

Tout d'abord, les limitations techniques. Réduire au strict minimum le nombre de personnages (donc à deux), pour diminuer le nombre de dessins nécessaires, rester raisonnable dans ce que j'écrivais pour ne pas avoir de décalages trop féroces entre le texte et l'image (exit les combats pyrotechniques contre des dragons donc).

Ensuite, dans ce qui permettrait à ce VN de se démarquer. Tout d'abord, au niveau des choix, que j'estimais devoir être assez nombreux (les VNs tendent à être trop pauvres en décisions pour mon goût), avec un nombre de fins à l'avenant. Ensuite sur le fait qu'il n'y ait que des mauvaises et des très mauvaises fins.

Je m'imaginais alors quelques histoires nébuleuses autour de tout cela, et prenais alors contact avec une des dessinatrices*** disponibles (techniquement avec deux, et j'ai tranché en faveur de la plus rapide), en rédigeant un de mes habituels pavés plein de feu et de passion pour tenter de la persuader de me rejoindre dans cette aventure.

Je ne sais toujours pas comment, ma machination fonctionna et à la fin du mois d'Août, je disposais :
  • D'une dessinatrice hyper-motivée (probablement plus que moi), d'autant plus que mes demandes graphiques étaient modestes (seulement l'écran d'accueil et quelques sprites)
  • D'un plan de développement très prudent, prévoyant un « court » texte (~10 000 mots) à écrire sur le premier mois, avec le second consacré au code, à la relecture, à la musique etc.
  • D'un vague embryon de début d'idée d'aventure.

Le dernier point est le plus important je pense. Je n'avais pas voulu commencer l'écriture en avance pour ne pas tricher, et mon objectif était d'un flou total, ce qui n'est jamais bon signe. De plus, j'avais un peu sous-estimé ce qu'imposait le changement de paradigme du livre-jeu au Visual Novel...

Mais cela, nous en parlerons dans une seconde partie.

*Bien que je ne me sois pas tout à fait endormi... J'aurais d'ailleurs de la mise en page à faire ce mois-ci.
**Que j'ai bon espoir de recycler en une avh plus longue et intéressante maintenant que je sais enfin où je veux en venir. Faut que je trouve un meilleur titre aussi.
***Lemma Soft Forums est un forum très majoritairement féminin.
Répondre
#3
Bon, bah pour moi ce sera vite réglé: ton truc, il ne tourne pas sur Mac ( en tout cas pas sur Mac 10.5 )  Evil Evil Evil
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
Répondre
#4
Bon normalement les VN ça ne me passionne pas et le Yuri m'évoque plus le Hentai que la créativité artistique, mais j'avoue que je suis curieux de voir la création des membres du forum, et surtout le contexte où tu débarques en disant ouvertement "JE VEUX EFFACER TOUT ÇA DE MA MÉMOIRE !" - vu que je m'intéresse presque autant aux discussions autour des AVH qu'aux AVH elles-mêmes. Et puis je suis en plein milieu d'une partie de Rome Total War 2 où je joue Athènes, donc je suis bien dans le contexte de la Grèce Antique.
Donc je teste au final Big Grin

La musique est très agréable au fait (même si forcément un peu répétitive au bout d'un moment), finalement tu as réussi à trouver ce qu'il te fallait on dirait ^^

Bon, tu as pris quelques libertés avec le contexte historique (participation d'une femme aux jeux sportifs, nue qui plus est, utilisation de savon, etc.), mais je suppose que vu le concept de la VN, c'était un compromis obligé ^^

J'ai trouvé les fins "coward", "secret" et "truth", je pense que j'ai la meilleure, ça ira pour cette fois Big Grin

Au passage, si tu compte faire des corrections dans le texte :

Montrer le contenu
La violence n'est pas la bonne réponse !
La violence est la question. La bonne réponse est "oui".
Répondre
#5
(03/11/2015, 00:24)ashimbabbar a écrit : Bon, bah pour moi ce sera vite réglé: ton truc, il ne tourne pas sur Mac ( en tout cas pas sur Mac 10.5 )  Evil Evil Evil

Quelle erreur essuies-tu exactement en essayant de faire quoi ? Normalement le framework que j'utilise fonctionne sans difficulté sous Mac, et le jeu tournait sur le notebook de ma graphiste, mais je n'ai ensuite pas testé sur toutes les machines du monde, n'étant qu'un pauvre développeur indépendant.

Merci pour les corrections Akka. Je pense qu'il y en a beaucoup d'autres, mais corrigeons-cela par étapes.

(03/11/2015, 01:59)Akka a écrit : Bon, tu as pris quelques libertés avec le contexte historique (participation d'une femme aux jeux sportifs, nue qui plus est, utilisation de savon, etc.), mais je suppose que vu le concept de la VN, c'était un compromis obligé ^^

Il y a eu des championnes dans les jeux sportifs, et les réglementations les plus misogynes ne s'appliquaient pas encore à l'époque, en particulier dans les petits jeux locaux. Toutefois, il est probable que la nudité n'était aussi pas encore de mise en ce temps, donc ce que j'esquive en anachronisme d'un côté, je le regagne de l'autre.

Pour le savon, c'est totalement une erreur d'inattention par contre.
Répondre
#6
(03/11/2015, 08:18)Skarn a écrit : Merci pour les corrections Akka. Je pense qu'il y en a beaucoup d'autres, mais corrigeons-cela par étapes.

(03/11/2015, 01:59)Akka a écrit : Bon, tu as pris quelques libertés avec le contexte historique (participation d'une femme aux jeux sportifs, nue qui plus est, utilisation de savon, etc.), mais je suppose que vu le concept de la VN, c'était un compromis obligé ^^

Il y a eu des championnes dans les jeux sportifs, et les réglementations les plus misogynes ne s'appliquaient pas encore à l'époque, en particulier dans les petits jeux locaux. Toutefois, il est probable que la nudité n'était aussi pas encore de mise en ce temps, donc ce que j'esquive en anachronisme d'un côté, je le regagne de l'autre.

Pour le savon, c'est totalement une erreur d'inattention par contre.

Je suppose que ton lien dirige vers Kynisca, qui a été de mémoire la seule femme à remporter une épreuve (et a même fait noter cette gloire comme souvenir sur la pierre de la victoire).
Tu noteras cependant que Kynisca a pu être classée comme "gagnante" non pas parce qu'elle était autorisée à participer dans une épreuve en tant qu'athlète, mais parce qu'elle a pu trouver une faille dans le système (c'est le propriétaire des chevaux qui était considéré vainqueur lors d'une course de char, donc elle pouvait "gagner la course" sans être présente dans le stade, ce qui était interdit à la plupart des femmes).

Pour ce qui est de la nudité, je ne dirais pas que ce n'est pas trop un problème "d'être de mise", mais plutôt de double-standards : les HOMMES pratiquaient le sport nus, mais les FEMMES étaient habillées (Sparte étant l'exemple bien entendu le plus évident). D'ailleurs l'habit que porte Antiope est précisément la "tenue sportive" que portaient les femmes, je suppose que ce n'est pas un hasard ^^

Ensuite comme je dis, il s'agit quand même de détails, un peu de license artistique est autorisée que diable ^^
La violence n'est pas la bonne réponse !
La violence est la question. La bonne réponse est "oui".
Répondre
#7
(03/11/2015, 08:18)Skarn a écrit :
(03/11/2015, 00:24)ashimbabbar a écrit : Bon, bah pour moi ce sera vite réglé: ton truc, il ne tourne pas sur Mac ( en tout cas pas sur Mac 10.5 )  Evil Evil Evil

Quelle erreur essuies-tu exactement en essayant de faire quoi ? Normalement le framework que j'utilise fonctionne sans difficulté sous Mac, et le jeu tournait sur le notebook de ma graphiste, mais je n'ai ensuite pas testé sur toutes les machines du monde, n'étant qu'un pauvre développeur indépendant.


Ah, je crois que je comprends: c'est 'juste' que mon antivirus le bloque. Je vais voir si je peux arranger ça ( avec mes compétences minimales ça va être long et tortueux ).

Quant à la question du sport, sauf erreur de ma part
- les femmes ne concouraient pas aux Jeux Olympiques, Pythiens ou Néméens.
- à l'exception de la prêtresse d'Héra, elles étaient interdites de présence aux Jeux Olympiques
- des concours sportifs féminins pour jeunes filles non mariées sont attestés dans certaines villes ( en tout cas à l'époque archaïque où se déroule le jeu ) ceci dit à part Sparte où elles se mariaient à 18 ans l'âge normal du mariage en Grèce était de 14 ( avec un type de 30. Théocrite dans un de  ses poèmes montre les demoiselles d'honneur qui chantent très fort pour couvrir les hurlements de la jeune mariée forcée par son mari… ).
( Incidemment, il est possible qu'à Sparte la mariée ait dû coucher avec tous les amis du mari pour la nuit de noces, mais mes sources sont un peu minces et je ne le garantirais pas. )
. à Sparte, course: pieds nus en jupe courte et un drôle de chapeau sans rebord, à en juger par les statuettes retrouvées
. à Chios, lutte: nues BAVE je ne sais pas qui était admis au spectacle par contre
. à Brauron ( dans l'Attique ) et probablement introduites à Athènes par le tyran Pisistrate dont la famille était de Brauron: course: nues ou portant des peaux d'ourses; en tout cas ça se déroulait à l'écart et dans la nature.


Maintenant, personne ne dit qu'on est obligé de mettre l'histoire dans une Grèce 100% historique…
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
Répondre
#8
Et surtout on attend la suite des aventures de l'écriture de la VN aussi ^^
La violence n'est pas la bonne réponse !
La violence est la question. La bonne réponse est "oui".
Répondre
#9
(02/11/2015, 22:47)Skarn a écrit : le sujet traité n'était guère plus numérique qu'un Chronologie (voire moins)
Numérique, on l'est ou on ne l'est pas. Chronologie n'est pas plus numérique qu'une AVH en pdf.
Pas de méprise : c'est dit sur un ton taquin...
Répondre
#10
Je n'avais jamais lu de VN. C'est prenant ! Je comptais juste regarder à quoi ça ressemble et voila que j'arrive (vite) à la fin 6 et (violemment) à la fin 2. Que ce soit pour les bddvelh ou les VN, ce doit être très exaltant de travailler avec un illustrateur.
Répondre
#11
Note : Je trouve la présentation chronologique un peu confuse. Un enchaînement thématique aurait peut-être été préférable.

Chapitre précédent

Chapitre 2 : Quand le vin est tiré

Toutes mesures gardées, le projet commença plutôt bien. J'avais des discussions assez intéressantes avec Katta, la graphiste, plus expérimentée que moi avec ce format. Elle me convainquit, entre autres de respecter l'unité de temps, de lieu et d'action (pas dans ces termes, et surtout pour économiser sur les décors, mais l'idée avait un côté théâtral qui me plaisait).

Je produisais assez simplement un premier jet de l'introduction tandis que Katta ébauchait les personnages et manipulait des peintures pour leur donner un aspect plus nocturne et oppressant. Le passage à l'anglais et à la narration à la première personne ne s'étaient pas fait sans mal, mais pour l'instant, nous étions dans les temps du planning que je m'étais imposé, à savoir :
  • Mise dans l'ambiance la première semaine (introduction, premiers essais graphiques)
  • Construction structurelle complète (quitte à avoir des sections squelettiques) la suivante
  • Enrobage progressif à partir de la troisième
  • Code proprement dès la quatrième, en utilisant les ressources encore rêches, pour vérifier que tout s'emboîte bien
  • Un second mois consacré à enrichir, améliorer, corriger, relire, sur une trame dorénavant bien solide

Le planning de septembre pouvait paraître utopique sur le papier, mais il faut savoir que le concours de référence du genre, le NaNoRenO*, consiste à produire des œuvres d'une longueur similaire à Melos intégralement en un seul mois. Donc il ne semblait pas irréaliste.

Évidemment, tout vola en éclats dès la fin de la première semaine. C'est-à-dire le moment où je quittais le confortable monologue d'introduction pour entrer dans le vif du sujet. Et où apparut clairement mon problème principal.

Je n'avais pas de scénario.

J'avais une thématique, des personnages, des contraintes, mais pas d'histoire proprement dite. Je ne savais pas vraiment où j'allais, ni comment j'allais y arriver.

Normalement, dans un projet en solitaire, c'est le moment où j'arrête, m'étant rendu compte que je me suis lancé trop vite dans l'aventure sans prendre le temps de la soupeser.

Le problème, c'est que je n'étais pas en solo. Et que je ne me voyais pas dire « Bon, finalement, c'était pas une bonne idée, on remballe. Et merci de t'être engagée avec moi plutôt qu'avec un auteur fiable qui t'aurait permis d'avoir un projet dont tu aurais pu te vanter. ».

Commença alors une période de lutte intense pour réussir à faire surgir quelque chose de la mélasse où je m'étais embourbé. Le texte progressant à une allure d'escargot, je donnais assez peu de nouvelles, et le développement graphique ralentit lui aussi. Quant à la musique et au code, n'en parlons même pas, ils étaient complètement à l'abandon.

Le temps s'écoula ainsi jusqu'à fin septembre, et même le début d'octobre** fut impacté. À ce moment, Melos ne ressemblait alors à rien, avec un texte qui partait dans tous le sens, deux brouillons de sprites, quelques arrière-plans, et deux musiques libres. La motivation était inexistante, et seuls l'orgueil et la culpabilité me maintenaient dans la course.

J'étais donc passablement énervé, en premier lieu contre moi-même.

Heureusement, j'ai la colère productive.

La suite au prochain épisode.

*Une ressource en français, miracle. Profitez-en cependant, j'en ai pas des masses sous la main.
**D'après Git, je n'avais même pas encore commencé à coder avant le 11 octobre.
Répondre
#12
(04/11/2015, 22:11)Skarn a écrit : Et où apparut clairement mon problème principal.

Je n'avais pas de scénario.

C'est effectivement un léger problème Big Grin

(bon ben j'attends la suite, le fourbe se venge d'avoir ragé sur la VN en nous pondant juste un nouvel épisode par jour :p)
La violence n'est pas la bonne réponse !
La violence est la question. La bonne réponse est "oui".
Répondre
#13
Chapitre précédent

Chapitre 3 : Finir à n'importe quel prix

La situation s'améliora enfin lorsque je me décidais à coder, à relier ces débris épars tant bien que mal pour aboutir à un résultat.

L'outil technique choisi pour le projet était Ren'Py. La décision ne fut guère difficile à prendre, ce logiciel étant le standard dans les faits de la production occidentale de VN, qu'elle soit amateure ou professionnelle*. Open source, gratuit et libre, mature, stable et cependant toujours en évolution, avec une importante communauté pour le soutenir et une documentation correcte, tournant sur Windows, Mac, Linux avec des exports possibles pour les smartphones... Il n'y avait pas vraiment de raisons d'aller voir ailleurs.

Ren'Py a en particulier l'avantage de donner accès à un premier rendu extrêmement vite. Vous pouvez littéralement taper vos premières lignes de texte et lancer le jeu dans la foulée. Vous aurez un écran blanc, des boîtes de dialogue standards simplistes (rectangles semi-transparents), pas d'images, ni de musique... Mais votre texte s'affichera, et vous pourrez passer de paragraphes en paragraphes suivant le rythme standard des VNs.

Je copiais donc mon introduction, la formatais comme il faut, et lançais la machine. J'eus alors une surprise mi-figue mi-raisin. Il apparut tout de suite que mes paragraphes étaient trop longs, débordant régulièrement de leurs cases.

Toutefois, après les avoir découpés, il s'avéra que j'avais écrit plus que je ne le pensais, mon texte plus imposant que mes brouillons austères ne le laissaient supposer. Trop d'ailleurs, et je saucissonnais l'introduction pour en remettre des morceaux ailleurs**.

Bref, j'envisageais alors, pour la première fois depuis longtemps, la possibilité que je puisse finir. Je trouvais exécrable ce que j'avais écrit, mais j'avais factuellement assez de caractères pour remplir l'espace. Sur ces pensées de romancier pour journaux payé au mot, j'intégrais ce dont je disposais déjà, faisais des premiers essais de mise en scène avec les esquisses à ma disposition, adaptais quelque peu le texte pour qu'il colle mieux à l'ambiance graphique, essayais même une musique ou deux...

Et surtout, je comblais les trous encore béants de la narration. En produisant à la chaîne bien sûr, directement dans le code sans passer par un brouillon exportable en PDF, mais aussi en tordant certaines branches inachevées pour qu'elles rejoignent le tronc commun. Toute idée d'enchaînement logique disparut  définitivement à ce moment là. Un seul objectif : Faire un tout, avec un début et des fins, respectant a minima le cahier des charges.

Au soir du 18 octobre, la chose était prête. Je la haïssais de toute mon âme, mais elle était complète.

Le travail était cependant loin d'être terminé.

Rendez-vous au prochain numéro pour parler de tout ce qui n'est pas le texte.

*Au Japon, c'est un peu différent.
**Oui, l'introduction était encore plus longue à l'origine. Elle l'est probablement encore trop maintenant, mais on reparlera.
Répondre
#14
On sent un certain chemin de croix ici... Note c'est parfois bien d'avoir des contraintes pour se forcer à finir quelque-chose, mais c'est sûr que quand on déteste la création obtenue, ça prend du plomb dans l'aile...

Quand même, j'espère que cette expérience particulière ne t'a pas dégoûté de la création d'AVH !
La violence n'est pas la bonne réponse !
La violence est la question. La bonne réponse est "oui".
Répondre
#15
J'ai implémenté tes corrections Akka. Certaines erreurs sont tellement horribles qu'elles me donnent envie de m'arracher les yeux.

Par contre, tu n'es pas non plus un anglophone natif, et il y a ironiquement des erreurs dans les erreurs que tu m'as relevées.

Genre "hornet's net", où j'avais effectivement oublié un s, que tu as corrigé en "hornet nest"... en oubliant à ton tour le possessif.

J'ai aussi laissé tels quels les points litigieux (comme certaines règles de grammaire).

...

Si je refais un projet en anglais, je prends une armée de relecteurs dont c'est la langue natale avec moi.

Et je regarderai les anglais, les américains et les australiens se battre entre eux.
Répondre




Utilisateur(s) parcourant ce sujet : 1 visiteur(s)