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10/11/2012, 12:35
(Modification du message : 10/11/2012, 12:36 par Fitz.)
Siphyl a raison de se prendre la tête sur le problème de répétitions. Dans un bouquin, c'est le premier truc qui me saute aux yeux et qui enlève de la qualité au style.
Pour ça, pas 36 solutions de mon côté : se relire.
De mon côté, je relis une fois mon paragraphe complet juste après l'avoir écrit. Le lendemain, je le relis à nouveau.
Enfin, une fois l'aventure complètement terminée, je la relis entièrement en passant par tous les paragraphes (avec la technique des 12 aventuriers pour vérifier le gameplay).
Et à chaque relecture, je trouve des répétitions à corriger.
Après, pour les corriger, ça dépend. Remplacer un mot par un autre mais dans ce cas faire bien attention que le terme est vraiment équivalent dans son sens (sinon bonjour le côté artificiel). Ou modifier la structure de la phrase.
Si vraiment je ne trouve pas de solution satisfaisante, je lâche l'affaire et j'y reviens plus tard. Généralement, l'illumination arrive après avoir fait un break.
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(09/11/2012, 22:00)Gwalchmei a écrit : C'est un peu l'éternel problème entre technique et créativité. Est que l'une bride d'autre ou se nourrissent-elles mutuellement ? Sont-elles complémentaires, indissociables ?
Pour moi, le parallèle est évident avec la musique, puisque c'est la chose que je pratique le plus.
Tu as beau avoir des inspirations soudaines, une sensibilité exacerbée, une inventivité débordante, si tu ne maitrises pas un minimum la technique, tu ne pourras pas explorer le potentiel de ta créativité ni exprimer vraiment ce que tu veux. D'où les gammes, les exercices, l'apprentissage.
Contraignant, fastidieux mais nécessaire. Après le piège est de devenir prisonnier de sa technique, d'enfermer son imaginaire dans un carcan de règles et principes abscons étouffant la flamme plutôt que de l'attiser. Le piège c'est surement de se regarder écrire, comme certains s'écoutent jouer.
Mais l'étude est à mon sens essentielle. Combien de fois, je me dis "Tiens je vais décrire un château médiéval avec des soldats arpentant le chemin de ronde en plein hiver" Ok, mais il me manque le bon vocabulaire, les tournures de phrases rendant compte de la tempête, du froid que ressentent les hommes emmitouflés dans leurs capes étreignant leurs flambeaux vacillant de leurs doigts gourds, l'architecture du château. La scène je la vois, mais soudain alors que je l'écris, elle m'échappe, elle perd de sa substance, de sa force, elle s'affadit.
Par rapport au début de mon propos, je crois vraiment que la technique et la créativité se nourrissent mutuellement et nous aident à évoluer. Une meilleure technique te permettra de satisfaire ton envie créatrice, comme lorsqu'on improvise à la guitare et que l'on se dit "ouai, c'est ça que je voulais exprimer, faire passer comme message". Et non pas d'être frustré de ne pas pouvoir exploiter cette énergie créatrice qui nous habite plus ou moins longtemps, parfois comme une fulgurance.
Après on peut se dire, Est-ce que j'ai vraiment besoin de décrire chaque créneau de mon chemin de ronde, chaque échauguette pour faire passer le message au lecteur ?
C'est une nouvelle étape "Est-ce que j'ai besoin d'autant de sémantique, autant de technique pour exprimer ce que je ressens vraiment ? Est-ce que je ne dénature pas mon propos pour coller à une exigence complètement arbitraire ?". Et c'est à partir de là je pense que l'on commence à s'écouter et à proposer un message vraiment personnel.
J'imagine que l'on se sent comme Forest Gump qui arrête de courir ^^ Une sorte d'accomplissement, tout au moins d'acceptation. On est alors en accord avec soi-même. J'espère désespérément en être arrivé là en musique. Ce que je fais me satisfait à peu près, je ne ressens nulle envie de prouver quoi que se soit, juste de jouer et canaliser une énergie intemporelle en quelques notes en guise de partage. Je ne remporterais pas la course à la technique. Je n'en ai plus le temps, ni le talent, ni l'opportunité, ni l'envie, mais qu'importe, je ne me pose plus la question.
Pour l'écriture, je crois que c'est un bien long chemin ! Entre technique et créativité, on peut débattre à loisir, et c'est même l'essence de l'art. Combien de peintres évoluent dans leur style pour passer d'un réalisme édifiant en début de carrière à une simplification extrême en bout de course, touchant du doigt la substantifique moelle des choses ??
En quelques mots, dire avec plus de force les hurlements de mille autres.
Exemple :
L'Océan sonore
Palpite sous l'oeil
De la lune en deuil
Et palpite encore.
Tandis qu'un éclair
Brutal et sinistre
Fend le ciel de bistre
D'un long zigzag clair,
Et que chaque lame,
En bonds convulsifs,
Le long des récifs
Va, vient, luit et clame,
Et qu'au firmament,
Où l'ouragan erre,
Rugit le tonnerre
Formidablement.
Je reste à chaque fois scotché devant la puissance d'une telle poésie. Et pourtant, c'est épuré (Verlaine - Marine). J'ai l'impression de ressentir au plus profond de moi ce que décris le poète en quelques vers ciselés.
Steve Lukather à dit (je crois que je l'ai déjà mentionné dans un post). Pour ne plus jouer comme un virtuose, il faut l'avoir été (un truc comme ça). En gros, il est plus facile de se débarrasser de la technique superflue pour une fois les principes acquis, pouvoir s'exprimer sans freins et sans heurts, dans un style personnel et abouti que de chercher à bruler les étapes.
Un de mes profs de gratte me disait aussi qu'une gamme s'est fait pour être répétée encore et encore jusqu'à ce qu'elle fasse partie instinctivement de son jeu, diluée en fait dans son expression, naturellement, jusqu'à en faire une source d'inspiration. La travailler jusqu'à l'oublier et se l’approprier pour mieux s'en jouer et en jouer ^^
Sur ce je vais prendre une aspirine
Quelqu'un qui écrit comme ça juste pour poster sur un forum n'a pas besoin d'améliorer son style.
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En fait, si je suis honnête avec moi-même, derrière ces histoires de forme il y a une part d'ennui.
J'ai ouvert ce sujet parce que je bloque sur le style, ce qui est vrai. Mais objectivement, je crois que ça m'arrive surtout quand le fond ne me motive pas assez. Pour la suite de l'écume, j'ai quelques bonnes idées qui me motivent, sauf qu'entre A et C, B va surtout être du remplissage pour une question de cohérence scénaristique (ça rejoint ce que Tholdur a dit), et c'est ça qui m'ennuie.
Tandis que pour la petite avh humouristique que je fais, je m'autorise à écrire ce qui me vient dans l'ordre où ça me vient, du coup le style est hachement plus mieux.
Ca vous est déjà arrivé de vous engager dans une avh et de vous apercevoir en court de route que vous vous y faisiez chier comme un rat ? (oui c'est un peu une question rhétorique )
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Mais c'est le cas, mon cher Syphil.
La fin est dans la tête, les personnages principaux que le héros va rencontrer sont dans la tête, les combats sont dans la tête...
Mais voilà qu'arrive les liaisons entre ces passages qui font tellement plaisir, qui sont sur le coup vachement moins plaisantes !
Je viens d'écrire une action ou notre héros entre dans une pièce qui comporte un piège basique. Décrire cet endroit m'emmerde tellement que les paragraphes ne dépassent pas 6 lignes. Surtout que je sais que si notre héros passe par ici, il n'a aucune chance de finir l'aventure.
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Tu prends de la coke et t'écris sous son emprise, sinon.
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Je rejoins Gwalchmei sur le fond et sur les termes. Pour moi, la question du style n'est même pas pertinente, c'est une catégorisation qui ne me dit rien. Il y a simplement ce que l'on veut transmettre, et la technique pour y parvenir. Il faut maîtriser la technique afin que notre incompétence ne soit pas un obstacle, mais ce n'est qu'un moyen qui doit s'adresser à l'inconscient / automatique du lecteur.
Sauf... si le thème est justement l'inconscient ou la technique, dans ce cas le chemin emprunté EST le sujet, le voyage auquel nous invitons le lecteur pointant à une fausse arrivée (leurre ou appât). Mais c'est réservé à un lectorat rare, à moins de trouver une mise en scène aussi spectaculaire que l'équivalent d'une Mandelbrot pour attirer presque par hypnotisme. (oui, je sais, ça a l'air assez fou, j'ai un projet dans les cartons qui pourrait un peu mieux montrer ce que je veux dire).
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(11/11/2012, 15:41)Syphil a écrit : En fait, si je suis honnête avec moi-même, derrière ces histoires de forme il y a une part d'ennui. Ou un côté perfectionniste/psychorigide ^^
La violence n'est pas la bonne réponse !
La violence est la question. La bonne réponse est "oui".
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