Legends of Lone Wolf
#1
Ah, l'âge d'or des LDVH ! Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, ou de manière assez imparfaite et frustrante, comme moi. D'accord, je n'ai pas connu cette période et je peux paraître assez mal placé pour en parler, mais dire ça me donnait l'occasion de caler une jolie phrase, et arrêtez de m'interrompre tout le temps, on n'y arrivera jamais comme ça. Donc, à une époque située entre le milieu des années 80 et le milieu des années 90, le LDVH était « à la mode ». Et comme avec tout concept vendeur, les produits dérivés étaient légion. Dans cette catégorie se rangent les onze romans de la série "Legends of Lone Wolf".

Comme leur nom l'indique, c'est une déclinaison de l'univers de Loup Solitaire et des LDVH de Joe Dever. En fait, il s'agit de novélisations des LDVH, les romans reprenant approximativement la trame des bouquins originaux de Dever. Certains d'entre eux sont cependant indépendants : par exemple, le premier, Eclipse of the Kai, prend place avant Les Maîtres des Ténèbres. Le dernier d'entre eux, The Rotting Lands, relate les événements advenus dans le tome 8, Dans l'Enfer de la Jungle. La collaboration Joe Dever/John Grant n'alla pas plus loin, apparemment pour des raisons éditoriales (ça ne se vendait pas assez bien, en clair).

J'ai déniché des versions .pdf de ces bouquins d'une façon que je ne préciserai pas (si ça vous intéresse, ne m'envoyez surtout pas de mail, je risquerais de vous répondre) et je me suis plongé dedans cette semaine. J'ai fini le tome 5 hier et j'ai envie de vous faire part de quelques commentaires succints sur ces livres.

- Le traitement que subissent les personnages « officiels » est plutôt radical. Loup Solitaire devient, sous la plume de Grant, une machine à tuer au cerveau en option et Banedon est un adolescent gauche, plutôt stupide et boutonneux (d'ailleurs, cette caractéristique vous sera souvent rappellée... n'essayez pas de compter le nombre d'apparition de spots ou de ses dérivés). Au final, le personnage le plus charismatique de ces cinq premiers livres est sans doute Vonotar, ce qui en dit long sur ce que deviennent LS et Banedon... Les PNJ plus secondaires gagnent souvent, dans le passage au roman, des rôles plus détaillés et intéressants, je pense en particulier à Viveka.

- Les personnages inventés par Grant sont corrects : Qinefer n'a rien de la Mary-Sue dont j'avais entendu parler, du moins pour l'instant, et Alyss est... Alyss. Elle est un peu suremployée, mais ça permet d'ajouter un peu d'humour, chose dont manquaient un peu les LDVH, et ça reste du domaine du supportable.

- Ce qui est moins supportable, c'est que Grant la fasse apparaître pour justifier tout et n'importe quoi : si on en croit les romans, elle est à l'origine d'environ 95% des événements qui concernent les trois héros (LS, Banedon et Qinefer). Il en résulte des intrigues plutôt bancales et difficilement crédibles : même si les LDVH originaux restent basiques de ce côté-là, Grant montre clairement (dans Eclipse of the Kai ou The Claws of Helgedad) qu'il a du mal à faire mieux.

- Je ne peux que difficilement juger du style, étant donné que l'anglais reste pour moi une langue étrangère, et que je n'ai pas lu grand-chose dans cette langue. Mais pour avoir voulu traduire quelques passages, j'ai trouvé la syntaxe un peu tordue. Peut-être qu'Oiseau pourrait nous en dire plus.

Au final, mon jugement est mitigé. Pour le moment, les Legends of Lone Wolf sont des livres distrayants et agréables à lire, mais il leur manque quelque chose pour en faire de bons livres de fantasy. Mon jugement changera peut-être à la lecture des six derniers tomes... du moins, je l'espère.
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#2
Je ressuscite un sujet que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître uniquement pour me plaindre. Je viens en effet de lire Eclipse of the Kai.

C'est atroce.

Et j'avais bien pris soin de mettre mon esprit critique en mode économique, hein ! J'ai lu plusieurs dizaines de romans Donjons et Dragons par le passé, je sais qu'il y a des livres de fantasy qu'on n'a aucune chance d'apprécier si on se montre exigeant à leur égard. Animé d'un esprit de tolérance qui ferait passer Bartolomé de Las Casas pour Tomás de Torquemada, j'ai donc virilement encaissé la lourdeur de la description des personnages, la médiocrité du scénario, les passages lourdingues où est décrite l'histoire du cadre...

Mais il y a un truc que je n'ai pas pu supporter. Un élément unique qui pourrit l'histoire toute entière et sans doute tout le reste de la série. Un machin inventé par John Grant qui était mille fois pire que les pires errements de Joe Dever. Une chose indicible et qui tient pourtant en un mot :

Alyss.

Non, Meneldur, elle ne s'inscrit pas dans le domaine du supportable. Elle s'inscrit dans le domaine de l'abomination marysuesque irritantissiante imbuvabileuse abhorrantissime insupportable ! Sa personnalité pseudo-capricieuse et sa surpuissance constituaient déjà un fort mauvais point de départ, mais elle aurait pu néanmoins se montrer tolérable si ses interventions étaient restées limitées en nombre et en importance. Mais ce n'est pas le cas : tout au long du bouquin, John Grant va au contraire nous matraquer avec son Alyss (qui est au fond le véritable personnage principal de l'histoire) avec autant de finesse qu'un Drakkarim le ferait avec une masse d'arme !

Et il s'ensuit que la seule existence d'Alyss enlève absolument tout intérêt à l'histoire. Comment peut-on apprécier de voir Loup Silencieux/Solitaire ou Banedon triompher de dangers terribles alors qu'ils ont une demi-déesse interventionniste toujours présente pour leur sauver les miches ?

Rétrospectivement, je me sens beaucoup d'affinité avec Kekataag.
[+] 1 personne remercie Outremer pour ce message !
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