14/03/2025, 17:05
Citation :Dans le deuxième livre, c'est encore plus frustrant, car notre grimoire est bien plus rempli. Vous savez combien de fois j'ai lancé un sort lors de la tentative où j'ai enfin découvert un chemin permettant de réussir l'aventure ? Zéro. ZÉ-RO ! Pendant cinq années, mon héros s'est usé la santé à étudier la magie, il n'a eu l'occasion de rien faire d'autre (pas même de flirter avec la jeune barde caractérielle mais jolie qu'on rencontre dans le livre 1), et à l'arrivée, sa maîtrise des arts mystiques ne lui absolument à rien ?! Mais allez vous faire voir chez les drows !
Non mais, je suis sûr qu'il y a une très bonne explication à ce non-usage de la magie. Par exemple :
La mascarade : La magie, c'est une poignée de règles explicites, mais aussi beaucoup de coutumes, de non-dits, de tabous, à respecter sous peine de voir une divinité (ou ses disciples) venir vous péter la gueule pour vous punir de ce qu'elle interprète comme une insulte à son encontre. Après une semaine enterré dans le désert pour avoir créé de la nourriture durant le carême de Boudicca l'Ascétique, trois jours pendu par les pieds pour avoir lancé un sortilège de Vision trop près du temple de Wotan l'Aveugle, et esquivé le peu de bûcher pour une petite flammèche dans la Forêt du Silence, le mage malin comprend qu'il a beau disposer de pouvoirs énormes sur le papier, les gens qui en ont encore plus voient d'un mauvais œil qu'il en fasse usage. C'est qu'il y a un ordre des choses à respecter, si n'importe qui se met à défier les lois naturelles, où va-t-on ?
La philosophie : Le sage magicien sait que la vraie magie, c'est de triompher sans magie.
La complexité : Vous savez à quel point c'est compliqué de lancer un sort de D&D ? C'est Harry Potter (paroles mystiques à prononcer avec une intonation parfaite), Naruto (signes complexes à réaliser avec les mains) et Batman (sortir exactement les bons ingrédients de sa besace) tout à la fois.
Et encore, ça, c'est juste pour qu'il fonctionne. Pour qu'il soit efficace, il faut en plus respecter des règles précises de portée et de zones d'effet. Un pas trop près ou trop loin, et le sort vous dégomme autant que le type d'en face ou se révèle absolument sans conséquences.
Alors, autant c'est encore faisable dans le contexte de l'académie de magie avec ses beaux hexagones standardisés à la craie sur le sol, quant on est au sommet de sa forme et pas trop stressé. Mais bon, quand le monstre vous fonce dessus au milieu des bois, moyen le temps de vérifier qu'il se tient bien en cet instant précis entre dix et vingt pieds de distance dans un cône de sept pieds à son extrémité la plus large.
La pente glissante : C'est important d'apprendre la magie pour savoir s'en protéger et en protéger les autres. Mais l'utiliser ? Ça, ça, c'est une voie obscure dont on ne revient pas. On commence par un petit sortilège de lumière et bientôt on cherche à dominer le monde. C'est systématique. Il n'y a pas un sorcier qui ne parte pas en vrille au bout d'un moment.
Non, c'est comme toutes les drogues : le mieux, c'est encore de ne pas commencer.
Le CV mensonger : Alors oui, bon, j'ai dit que je maîtrisais une trentaine de sorts, dont une demi-douzaine de très haut niveau. Bon, disons que je les ai lus. En diagonale. Certains. Mais je suis très motivé pour cette quête et suis certain que j'ai beaucoup à apporter à votre équipe d'aventuriers.
La thésaurisation : On ne peut lancer chaque sort qu'une fois par jour. Alors oui, là, c'est sûr, il semble utile maintenant. Mais il sera peut-être encore plus utile après. Dans le doute, je préfère le conserver en réserve que de le dépenser inutilement. Qui sait, si ça se trouve, plus tard dans la journée, on croisera deux monstres géants sur le point de détruire une ville et on sera bien content de ne l'avoir gaspillé sur celui-ci.
L'ellipse : Le protagoniste utilise bel et bien la magie, à outrance même. Juste, pas quand le lecteur regarde. C'est vraiment pas de bol.
Après, peut-être qu'un esprit chagrin fera remarquer qu'avoir une bonne excuse narrative ne justifie pas que le promesse ludique soit rompue, que d'avoir un usage insatisfaisant de la magie dans un ouvrage où on joue un magicien avec des règles de magie (que je suppose assez longue ; faut la place de les décrire tous ces sortilèges), c'est comme de lancer Pokémon et de tomber sur une cinématique disant que la capture de Pokémon est désormais interdite et que les dresseurs doivent se trouver un autre métier. Il y a du potentiel en terme d'histoire, mais c'est pas parce que j'aime le fromage que je suis content en déballant une tablette de chocolat d'y découvrir du roquefort.