Compte-rendu d'une réunion diplomatique en la cité neutre de Damas, située à peu près à mi-chemin entre les partis impliqués
"Bonjour cher voisin égyptien. J'aimerais vous acheter de votre beau papyrus."
"Ah, mais ça on en vend plus monsieur. On en fait plus même. En fait, on s'est rendu compte que ça revenait beaucoup moins cher de faire manufacturer tout ça par les grecs d'Olympie. Une histoire de taux de change avantageux, j'ai pas tout compris, faudrait demander ça aux économistes du gouvernement pour les détails. En tout cas, on a tout arraché, on a tout replanté là-bas, il y a plus rien ici."
"Oh. Et du tissu ? Vous auriez ça du tissu ? Du bon lin égyptien ?"
"Pareil, on a tout délocalisé dans le Péloponnèse."
"Bon, bah, je vais aller acheter tout ça directement là-bas dans ce cas-là."
"Ah non, ça, ce ne sera pas possible ça monsieur. Olympie a des accords commerciaux d'exclusivité absolue avec nous et Rhodes. Autrement dit, nous ne croyons au libre échange des biens et des services que tant que ça reste entre grecs et grecs quantiques."
"Grecs quantiques ?"
"Rapport au fait que, la grande pyramide et le phare d'Alexandrie étant tout deux deux en train d'être construits en ce moment-même, on est donc simultanément sous le règne de Khéops et de Ptolémé. D'où un état quantique où le grec et le non-grec se superposent."
"Écoutez, je suis là pour parler commerce, pas physique. Et justement, il se trouve que je nage dans le pognon et que j'ai vraiment besoin de ces ressources. Aussi me semble-t-il dans l'intérêt de tous que de tels accords soient renégociés. Par exemple sur la base des accords bilatéraux sur la pierre et le bois déjà en vigueur entre nos deux belles contrées. Et quitte à ce que vous preniez votre petite surtaxe au passage."
"Je crains que ce ne soit possible même pour tout l'or du monde monsieur."
"Et pourquoi donc ?"
"Parce qu'on a bien compris que ça vous emmerde grave. Et ça, ça n'a pas de prix."
---
Rapport du front gizehois-babylonien
La guerre du tissu et du papyrus, que les hommes épuisés à qui il ne reste que le cynisme pour tenir appellent « guerre des torchons et du PQ », n'en finit pas. Ce n'est qu'une escalade démente. À chaque fois que nous bâtissons un fortin, ils en construisent un aussi. À chaque fois qu'une nouvelle troupe arrive en renfort, ils en mobilisent une également. Pour chaque nouvelle arme que nous inventons, ils en sortent pareillement une de leur chapeau.
Je n'en peux plus. La ligne de front n'a pas bougé depuis des mois en dépit d'un investissement toujours plus lourd de chaque belligérant. C'est le reste du monde qui rigole pendant que nous entre-tuons vainement pour une histoire de monopole mercantile que personne ne comprend vraiment.
---
Courrier de l'institut philosophique de Rhodes
Les sages ont débattu et conclu. En réponse à la mobilisation militaire de Babylone, même si celle-ci n'est pas actuellement dirigée contre nous, mais en se basant sur le fait indiscutable qu'elle pourrait l'être, nous avons déduit qu'il était nécessaire, et même moralement indispensable, selon le principe philosophique éprouvé de la légitime défense préventive, de rassembler une encore plus grosse armée et d'aller leur péter la gueule les premiers.
---
Conférence universitaire, de nos jours
"Cette période est connue comme celle des Cinq minutes d'or d'Olympie. Profitant d'une bonne santé économique par la vertu de ses exportations de lin et de papyrus – une histoire de taux de change avantageux, c'est compliqué, référez-vous à votre cours sur les flux macro-économiques dans l'Antiquité plus ou moins tardive – et parce qu'elle n'engloutissait pas la moitié de son budget annuel dans l'armée, Olympie put développer une civilisation à la pointe du progrès scientifique et architecturale, dont il reste encore de nombreuses traces archéologiques aujourd'hui.
Cependant, il s'avéra qu'il est peu viable à court terme pour une civilisation de se démarquer un peu trop et de ne pas posséder d'armée du tout. Les spécialistes ne sont pas tombés d'accord sur qui de Gizeh, Rhodes, ou même Babylone, a rasé la ville, salé la terre, et déporté tous les habitants. Mais la légende veut que la guerre ait été déclarée à peine cinq minutes après l'inauguration de son célèbre temple dédié à Zeus."
"Bonjour cher voisin égyptien. J'aimerais vous acheter de votre beau papyrus."
"Ah, mais ça on en vend plus monsieur. On en fait plus même. En fait, on s'est rendu compte que ça revenait beaucoup moins cher de faire manufacturer tout ça par les grecs d'Olympie. Une histoire de taux de change avantageux, j'ai pas tout compris, faudrait demander ça aux économistes du gouvernement pour les détails. En tout cas, on a tout arraché, on a tout replanté là-bas, il y a plus rien ici."
"Oh. Et du tissu ? Vous auriez ça du tissu ? Du bon lin égyptien ?"
"Pareil, on a tout délocalisé dans le Péloponnèse."
"Bon, bah, je vais aller acheter tout ça directement là-bas dans ce cas-là."
"Ah non, ça, ce ne sera pas possible ça monsieur. Olympie a des accords commerciaux d'exclusivité absolue avec nous et Rhodes. Autrement dit, nous ne croyons au libre échange des biens et des services que tant que ça reste entre grecs et grecs quantiques."
"Grecs quantiques ?"
"Rapport au fait que, la grande pyramide et le phare d'Alexandrie étant tout deux deux en train d'être construits en ce moment-même, on est donc simultanément sous le règne de Khéops et de Ptolémé. D'où un état quantique où le grec et le non-grec se superposent."
"Écoutez, je suis là pour parler commerce, pas physique. Et justement, il se trouve que je nage dans le pognon et que j'ai vraiment besoin de ces ressources. Aussi me semble-t-il dans l'intérêt de tous que de tels accords soient renégociés. Par exemple sur la base des accords bilatéraux sur la pierre et le bois déjà en vigueur entre nos deux belles contrées. Et quitte à ce que vous preniez votre petite surtaxe au passage."
"Je crains que ce ne soit possible même pour tout l'or du monde monsieur."
"Et pourquoi donc ?"
"Parce qu'on a bien compris que ça vous emmerde grave. Et ça, ça n'a pas de prix."
---
Rapport du front gizehois-babylonien
La guerre du tissu et du papyrus, que les hommes épuisés à qui il ne reste que le cynisme pour tenir appellent « guerre des torchons et du PQ », n'en finit pas. Ce n'est qu'une escalade démente. À chaque fois que nous bâtissons un fortin, ils en construisent un aussi. À chaque fois qu'une nouvelle troupe arrive en renfort, ils en mobilisent une également. Pour chaque nouvelle arme que nous inventons, ils en sortent pareillement une de leur chapeau.
Je n'en peux plus. La ligne de front n'a pas bougé depuis des mois en dépit d'un investissement toujours plus lourd de chaque belligérant. C'est le reste du monde qui rigole pendant que nous entre-tuons vainement pour une histoire de monopole mercantile que personne ne comprend vraiment.
---
Courrier de l'institut philosophique de Rhodes
Les sages ont débattu et conclu. En réponse à la mobilisation militaire de Babylone, même si celle-ci n'est pas actuellement dirigée contre nous, mais en se basant sur le fait indiscutable qu'elle pourrait l'être, nous avons déduit qu'il était nécessaire, et même moralement indispensable, selon le principe philosophique éprouvé de la légitime défense préventive, de rassembler une encore plus grosse armée et d'aller leur péter la gueule les premiers.
---
Conférence universitaire, de nos jours
"Cette période est connue comme celle des Cinq minutes d'or d'Olympie. Profitant d'une bonne santé économique par la vertu de ses exportations de lin et de papyrus – une histoire de taux de change avantageux, c'est compliqué, référez-vous à votre cours sur les flux macro-économiques dans l'Antiquité plus ou moins tardive – et parce qu'elle n'engloutissait pas la moitié de son budget annuel dans l'armée, Olympie put développer une civilisation à la pointe du progrès scientifique et architecturale, dont il reste encore de nombreuses traces archéologiques aujourd'hui.
Cependant, il s'avéra qu'il est peu viable à court terme pour une civilisation de se démarquer un peu trop et de ne pas posséder d'armée du tout. Les spécialistes ne sont pas tombés d'accord sur qui de Gizeh, Rhodes, ou même Babylone, a rasé la ville, salé la terre, et déporté tous les habitants. Mais la légende veut que la guerre ait été déclarée à peine cinq minutes après l'inauguration de son célèbre temple dédié à Zeus."