Un duel dans le Yorkshire est un livre-jeu relativement court, mais aux personnages et au background historiques étonnamment denses. Signe du gros travail de documentation de l'auteur, Gerald Lientz, notre personnage peut faire une visite aux archives, et lit au moins deux livres durant l'aventure, dont un du Français Alfred de Vigny : Servitude et Grandeur militaires ! (je n'ai pas pu vérifier si c'est le même ouvrage en VO ou si le traducteur a substitué une référence française).
![[Image: 06_due11.jpg]](https://i69.servimg.com/u/f69/19/36/70/82/06_due11.jpg)
L'auteur s'amuse à jouer avec les codes du genre policier : le crime en chambre close. Suite à une succession de vols de bijoux dans une région d'Angleterre, un militaire s'inquiète pour un trophée militaire, une aigle d'or, qu'une tradition l'oblige à exposer dans la bibliothèque de son manoir quelques jours par an. En tant que cousin de Watson et détective amateur qui a bouclé quelques enquêtes dans les tomes précédents, on est engagé comme garde du corps... du trophée.
A partir de là, une bonne partie du jeu consiste à vérifier toutes les issues de la bibliothèque, tester les verrous, le monte-plat, les grilles, bref, la tension monte autour d'une pièce bouclée à triple tour où on attend qu'un vol impossible ait pourtant lieu ! Hypothèse que l'illustration de cadenas en page de faux titre semble renforcer. Ou au moins une arnaque à l'assurance, un voleur qui a pris la place d'un des invités de dernière minute, ou autre astuce classique.
![[Image: chamvb10.jpg]](https://i69.servimg.com/u/f69/19/36/70/82/chamvb10.jpg)
Et là, patatras, alors qu'on ne l'attendait pas (sauf si on a eu la mauvaise idée de s'interroger sur le titre incongru, ou lu une 4ème de couv' qui divulgâche), de petits événements égrainés durant le séjour prennent soudain sens alors que l'intrigue prend un virage à 180°. Il n'y aura pas de vol, il n'était jamais question d'un vol, en chambre close ou non. On s'est fait rouler comme une bille (t'as la ref ?). La surveillance de l'aigle se révèle aussi illusoire que la fameuse quête de la Chouette d'or. Pendant qu'on s'excitait autour de cette biblio, n'a-t-on pas été aveugle à ce qui se déroulait sous notre nez, durant les conversations de salon ou dans les bois alentours ? Un vrai crime se préparait et, hypnotisé par cette histoire de chambre close, on ne l'a pas vu venir. Une sorte d'ode au foreshadowing. Retournement habile, une bonne idée dans la création de ce jeu !
Le pari est-il totalement réussi ? L'auteur vend peut-être un petit peu trop la mèche par moments. Il aurait pu monter la fourberie scénaristique un cran plus haut, et pour commencer changer le titre. Mais j'admire le beau geste.
A part cela, comme souvent avec Lientz (à part son tout premier tome, le prototype de la série), on a...
des personnages hauts en couleurs, chacun avec son caractère, ses ambitions
un portrait au vitriol de la noblesse de province, des vieilles badernes militaires bavardes, et des chevaliers d'industrie du Nouveau Monde.
des relations sociales bien dépeintes, dans ce vase clos où des gens très différents sont forcés de cohabiter le temps d'un week-end.
une Angleterre rurale déployée sous nos yeux, avec ses tortillards dont les ballasts mal entretenus provoquent des secousses, ses bois seigneuriaux, ses braconniers, ses vieilles gloires et traditions maintenues en vie sous perfusion jusqu'à l'absurde alors que le 20e siècle approche.
D'ailleurs, le fin mot de l'énigme oppose un mobile venu du passé et des traditions familiales, un peu romanesque (une fausse piste) VS un mobile bien plus concret et palpable, lié à la technique et à la modernité (la vraie résolution).
![[Image: giphy.gif]](https://media.giphy.com/media/8CqTBWFBFZIxa/giphy.gif)
Ce n'est pas mon tome préféré de la série, mais c'est un des mieux écrits que j'aie lus (documentation, longs paragraphes, dialogues crédibles), et on en ferait aisément un bon roman !
L'auteur s'amuse à jouer avec les codes du genre policier : le crime en chambre close. Suite à une succession de vols de bijoux dans une région d'Angleterre, un militaire s'inquiète pour un trophée militaire, une aigle d'or, qu'une tradition l'oblige à exposer dans la bibliothèque de son manoir quelques jours par an. En tant que cousin de Watson et détective amateur qui a bouclé quelques enquêtes dans les tomes précédents, on est engagé comme garde du corps... du trophée.
A partir de là, une bonne partie du jeu consiste à vérifier toutes les issues de la bibliothèque, tester les verrous, le monte-plat, les grilles, bref, la tension monte autour d'une pièce bouclée à triple tour où on attend qu'un vol impossible ait pourtant lieu ! Hypothèse que l'illustration de cadenas en page de faux titre semble renforcer. Ou au moins une arnaque à l'assurance, un voleur qui a pris la place d'un des invités de dernière minute, ou autre astuce classique.
Et là, patatras, alors qu'on ne l'attendait pas (sauf si on a eu la mauvaise idée de s'interroger sur le titre incongru, ou lu une 4ème de couv' qui divulgâche), de petits événements égrainés durant le séjour prennent soudain sens alors que l'intrigue prend un virage à 180°. Il n'y aura pas de vol, il n'était jamais question d'un vol, en chambre close ou non. On s'est fait rouler comme une bille (t'as la ref ?). La surveillance de l'aigle se révèle aussi illusoire que la fameuse quête de la Chouette d'or. Pendant qu'on s'excitait autour de cette biblio, n'a-t-on pas été aveugle à ce qui se déroulait sous notre nez, durant les conversations de salon ou dans les bois alentours ? Un vrai crime se préparait et, hypnotisé par cette histoire de chambre close, on ne l'a pas vu venir. Une sorte d'ode au foreshadowing. Retournement habile, une bonne idée dans la création de ce jeu !
Le pari est-il totalement réussi ? L'auteur vend peut-être un petit peu trop la mèche par moments. Il aurait pu monter la fourberie scénaristique un cran plus haut, et pour commencer changer le titre. Mais j'admire le beau geste.
A part cela, comme souvent avec Lientz (à part son tout premier tome, le prototype de la série), on a...
des personnages hauts en couleurs, chacun avec son caractère, ses ambitions un portrait au vitriol de la noblesse de province, des vieilles badernes militaires bavardes, et des chevaliers d'industrie du Nouveau Monde. des relations sociales bien dépeintes, dans ce vase clos où des gens très différents sont forcés de cohabiter le temps d'un week-end. une Angleterre rurale déployée sous nos yeux, avec ses tortillards dont les ballasts mal entretenus provoquent des secousses, ses bois seigneuriaux, ses braconniers, ses vieilles gloires et traditions maintenues en vie sous perfusion jusqu'à l'absurde alors que le 20e siècle approche.D'ailleurs, le fin mot de l'énigme oppose un mobile venu du passé et des traditions familiales, un peu romanesque (une fausse piste) VS un mobile bien plus concret et palpable, lié à la technique et à la modernité (la vraie résolution).
« Le progrès ? Ahahaha, n'importe quoi ! »
Ce n'est pas mon tome préféré de la série, mais c'est un des mieux écrits que j'aie lus (documentation, longs paragraphes, dialogues crédibles), et on en ferait aisément un bon roman !