19/06/2022, 13:38
(Modification du message : 30/06/2022, 10:13 par Astre*Solitaire.)
Je viens de terminer Le songe de l'iris. Je serai peut-être un peu moins enthousiaste que les messages précédents, même si je les rejoins sur beaucoup de points.
Tout d'abord un grand merci à toi Julienb pour cette aventure qui m'a accompagné cette nuit durant le pic de chaleur.
Dans les points positifs, voire très positifs :
• La présentation fort belle, élégante, qui se soucie du lecteur et qui fait du bien à nos yeux fatigués. Il y aurait des bricoles sur lesquelles on pourrait revenir, genre ça : « ! –, », mais à notre niveau d'amateur (je m'inclue dedans), c'est un sans faute. Bravo !
• Une belle plume qui dans l'ensemble suffit à s'immerger, à évoquer les paysages et à décrire l'action.
1/ Néanmoins, dans le détail, des petits soucis de répétition :
– au paragraphe 8, « Quelques longues plumes blanches duveteuses tachées de rouge volètent quelques instants dans l’air qui vous environne » ;
– au paragraphe 10, « mais en ce cas vous écopez d’une Blessure à inscrire sur votre Feuille d’aventure ; il s’agira en ce cas d’une flèche perdue » ;
– au paragraphe 10 « une hachette de jet récupérée ne fera pas l’affaire), vous récupérez du bois ».
2/ Et quelques remarques en passant sur cinq paragraphes :
– au paragraphe 1, « une poignée de troupes clairsemées de cavaliers éclopés pour beaucoup, détalant à l’horizon ». Cela veut dire qu'ils détalent couchés, en long ; ou alors dans un avenir proche. Tu voulais dire « vers l'horizon » ou éventuellement « sur l'horizon ». De plus, la phrase commence avec deux termes, descripteurs massifs, contradictoires : poignée et troupe ; enchaîne deux compléments de nom avec adjectif ; et possède un adjectif et un adverbe qui s'opposent : clairsemées et beaucoup ; ce qui en rend la compréhension malaisée : « une poignée clairsemée de cavaliers éclopés dont beaucoup détalent vers l’horizon » me semble mieux convenir (mais je peux ici me tromper sur tes intentions) ;
– au paragraphe 3, « Là, vous repérerez un rocher jaune solitaire » suppose que le personnage va y arriver ; l'emploi d'un verbe modal aurait peut-être été préférable : « vous devrez repérer » ;
– au paragraphe 7, « Si au maximum un seul de vos mercenaires est avec vous », maximum est inutile ;
– au paragraphe 8, « La créature vient vers vous, toujours vrillant son regard de glace au vôtre », j'aurai inversé en « vrillant toujours » ;
– au paragraphe 11, « et vous profitez de son instant de surprise interdite », ici, interdite signifie « être surpris », c'est donc une répétition.
On le voit, pas grand chose à relever, plus de l'ajustement, du polissage, que de vrais soucis morphosyntaxiques.
Par contre, je ne suis pas d'accord avec Fitz. Je trouve qu'au contraire l'aventure n'est pas assez romancée.
Lorsqu'au paragraphe 15 tu écris : « Vous envoyez chercher les prisonniers, qu’on vous amène, puis menacez d’en égorger un. Le sorcier reste impassible. Vous le faites. Le corps, dont la vie s’échappe à flots rouges, s’écroule. Vous en faites venir un autre. », c'est tellement court et ramassé que je n'y ai pas cru à la première lecture et que j'ai relu ce passage. J'ai eu le sentiment d'une liste déconnectée du récit : chercher prisonnier, prisonnier arrive, menace de le tuer, sorcier impassible, égorgement de prisonnier, chercher prisonnier. Il y a probablement la volonté de donner à voir l'état émotionnel de notre personnage, sans le moindre sentiment, mais j'ai trouvé la rupture avec le style proposé jusqu'ici trop grande et cela m'a sorti du récit.
Donc, pour moi, n'hésite pas à développer ta prose. Comme quoi, les goûts et les couleurs...
Et pour conclure ici : j'ai bien aimé le jeu avec la rose des sables et l'idée de comptabiliser ses hommes, tout comme la gestion des blessures.
Dans les points moins positifs :
• Par contre, ce que je n'ai pas aimé, je te le dis franchement, c'est la jouabilité. Je n'ai absolument rien contre un OTP redoutable et impitoyable, à la façon d'un Steve Jackson. Mais cela se construit. Il faut un développement qui amène à des PFA que l'on va comprendre, que l'on va accepter parce que le PFA est préparé, ou du moins s'inscrit dans un ensemble assez vaste qui le justifie. Ici, sur 50 paragraphes, je crois, à la louche, qu'il y a 15 fins, dont une réussite et me semble-t-il, deux fins ouvertes. C'est 30 % de l'aventure. Imagine, sur un DF de 400 paragraphes, cela représenterait 120 paragraphes avec FIN. Cela pourrait éventuellement passer si on n'avait la moindre possibilité de savoir ce qu'il faudrait faire pour les éviter. Mais c'est impossible. Vous n'avez pas le talent X, vous êtes mort. Vous avez des torches, vous êtes mort. Vous avez un compagnon, vous êtes mort ; vous avez 6 compagnons, vous êtes mort aussi ; vous êtes tout seul, mouahaha, c'est la mort. Vous regardez votre cristal, vous êtes mort également... vous allez aux toilettes, vous mourez, vous vous dites que demain c'est lundi, vous MOUREZ !
Une fois (les fleurs), deux fois (les torches), O.K., c'est le jeu. Tout le temps, cela en devient tellement absurde que je me suis dis, vers la fin : « Ah, si je prends cette solution qui semble envisageable, bam !, je vais mourir ». Et cela n'a pas loupé, preuve qu'il y a un soucis. Seules deux fins sont pour moi recevables : quand on est dans la montagne et que l'on insiste et la toute fin, évidemment, qui fait partie de l'histoire.
• De même, un tiers des objets est inutile. J'en aurait réduit la liste et le nombre à choisir pour éventuellement offrir davantage de jouabilité, comme de pouvoir utiliser les Légendes du nord pour savoir qu'une harpie hantait les lieux.
• Enfin, il y a un soucis dans l'organisation des paragraphes. Proposer 4 choix au paragraphe 15 pour finalement aboutir à un récit linéaire me semble contre-productif. Enchaîner ensuite avec un tunnel de quatre paragraphes, également. Et il y a des parties qui, en terme de développement de l'univers, sont intéressantes, mais ne servent absolument à rien : le paragraphe 19, le passage au Sanctuaire de l'invisible lueur, le Mont vivant (alors oui, presque à rien). Ceci fait qu'un nombre substantiel de sections aurait pu être grappillé pour donner plus de sensations de choix, de chemins possibles.
Passons pour finir, à l'environnement proposé :
Demeure le monde, justement.
• Alors d'abord bravo pour ta carte. Je ne sais pas comment tu as fait, mais elle est superbe : dessins, symboles, police d'écriture, bandeau. J'adore.
• Bravo également pour les miniatures qui aident grandement à l'immersion.
• Et surtout, quel univers. On sent très fortement la toile de fond. Ton choix de distiller les informations au compte-goutte, au sein des paragraphes, est la bonne. On a envie d'en savoir plus. On sent le monde froid, âpre, avec sa mythologie, ses coutumes. J'ai eu un peu le sentiment, avec le cimetière d'ossements, l'oniromancienne, d'entr'apercevoir l'esthétisme du film Le treizième guerrier.
Encore une fois merci pour cette belle aventure. Et en espérant lire cette suite, si elle n'est promise, du moins annoncée.
Tout d'abord un grand merci à toi Julienb pour cette aventure qui m'a accompagné cette nuit durant le pic de chaleur.
Dans les points positifs, voire très positifs :
• La présentation fort belle, élégante, qui se soucie du lecteur et qui fait du bien à nos yeux fatigués. Il y aurait des bricoles sur lesquelles on pourrait revenir, genre ça : « ! –, », mais à notre niveau d'amateur (je m'inclue dedans), c'est un sans faute. Bravo !
• Une belle plume qui dans l'ensemble suffit à s'immerger, à évoquer les paysages et à décrire l'action.
1/ Néanmoins, dans le détail, des petits soucis de répétition :
– au paragraphe 8, « Quelques longues plumes blanches duveteuses tachées de rouge volètent quelques instants dans l’air qui vous environne » ;
– au paragraphe 10, « mais en ce cas vous écopez d’une Blessure à inscrire sur votre Feuille d’aventure ; il s’agira en ce cas d’une flèche perdue » ;
– au paragraphe 10 « une hachette de jet récupérée ne fera pas l’affaire), vous récupérez du bois ».
2/ Et quelques remarques en passant sur cinq paragraphes :
– au paragraphe 1, « une poignée de troupes clairsemées de cavaliers éclopés pour beaucoup, détalant à l’horizon ». Cela veut dire qu'ils détalent couchés, en long ; ou alors dans un avenir proche. Tu voulais dire « vers l'horizon » ou éventuellement « sur l'horizon ». De plus, la phrase commence avec deux termes, descripteurs massifs, contradictoires : poignée et troupe ; enchaîne deux compléments de nom avec adjectif ; et possède un adjectif et un adverbe qui s'opposent : clairsemées et beaucoup ; ce qui en rend la compréhension malaisée : « une poignée clairsemée de cavaliers éclopés dont beaucoup détalent vers l’horizon » me semble mieux convenir (mais je peux ici me tromper sur tes intentions) ;
– au paragraphe 3, « Là, vous repérerez un rocher jaune solitaire » suppose que le personnage va y arriver ; l'emploi d'un verbe modal aurait peut-être été préférable : « vous devrez repérer » ;
– au paragraphe 7, « Si au maximum un seul de vos mercenaires est avec vous », maximum est inutile ;
– au paragraphe 8, « La créature vient vers vous, toujours vrillant son regard de glace au vôtre », j'aurai inversé en « vrillant toujours » ;
– au paragraphe 11, « et vous profitez de son instant de surprise interdite », ici, interdite signifie « être surpris », c'est donc une répétition.
On le voit, pas grand chose à relever, plus de l'ajustement, du polissage, que de vrais soucis morphosyntaxiques.
Par contre, je ne suis pas d'accord avec Fitz. Je trouve qu'au contraire l'aventure n'est pas assez romancée.
Lorsqu'au paragraphe 15 tu écris : « Vous envoyez chercher les prisonniers, qu’on vous amène, puis menacez d’en égorger un. Le sorcier reste impassible. Vous le faites. Le corps, dont la vie s’échappe à flots rouges, s’écroule. Vous en faites venir un autre. », c'est tellement court et ramassé que je n'y ai pas cru à la première lecture et que j'ai relu ce passage. J'ai eu le sentiment d'une liste déconnectée du récit : chercher prisonnier, prisonnier arrive, menace de le tuer, sorcier impassible, égorgement de prisonnier, chercher prisonnier. Il y a probablement la volonté de donner à voir l'état émotionnel de notre personnage, sans le moindre sentiment, mais j'ai trouvé la rupture avec le style proposé jusqu'ici trop grande et cela m'a sorti du récit.
Donc, pour moi, n'hésite pas à développer ta prose. Comme quoi, les goûts et les couleurs...
Et pour conclure ici : j'ai bien aimé le jeu avec la rose des sables et l'idée de comptabiliser ses hommes, tout comme la gestion des blessures.
Dans les points moins positifs :
• Par contre, ce que je n'ai pas aimé, je te le dis franchement, c'est la jouabilité. Je n'ai absolument rien contre un OTP redoutable et impitoyable, à la façon d'un Steve Jackson. Mais cela se construit. Il faut un développement qui amène à des PFA que l'on va comprendre, que l'on va accepter parce que le PFA est préparé, ou du moins s'inscrit dans un ensemble assez vaste qui le justifie. Ici, sur 50 paragraphes, je crois, à la louche, qu'il y a 15 fins, dont une réussite et me semble-t-il, deux fins ouvertes. C'est 30 % de l'aventure. Imagine, sur un DF de 400 paragraphes, cela représenterait 120 paragraphes avec FIN. Cela pourrait éventuellement passer si on n'avait la moindre possibilité de savoir ce qu'il faudrait faire pour les éviter. Mais c'est impossible. Vous n'avez pas le talent X, vous êtes mort. Vous avez des torches, vous êtes mort. Vous avez un compagnon, vous êtes mort ; vous avez 6 compagnons, vous êtes mort aussi ; vous êtes tout seul, mouahaha, c'est la mort. Vous regardez votre cristal, vous êtes mort également... vous allez aux toilettes, vous mourez, vous vous dites que demain c'est lundi, vous MOUREZ !
Une fois (les fleurs), deux fois (les torches), O.K., c'est le jeu. Tout le temps, cela en devient tellement absurde que je me suis dis, vers la fin : « Ah, si je prends cette solution qui semble envisageable, bam !, je vais mourir ». Et cela n'a pas loupé, preuve qu'il y a un soucis. Seules deux fins sont pour moi recevables : quand on est dans la montagne et que l'on insiste et la toute fin, évidemment, qui fait partie de l'histoire.
• De même, un tiers des objets est inutile. J'en aurait réduit la liste et le nombre à choisir pour éventuellement offrir davantage de jouabilité, comme de pouvoir utiliser les Légendes du nord pour savoir qu'une harpie hantait les lieux.
• Enfin, il y a un soucis dans l'organisation des paragraphes. Proposer 4 choix au paragraphe 15 pour finalement aboutir à un récit linéaire me semble contre-productif. Enchaîner ensuite avec un tunnel de quatre paragraphes, également. Et il y a des parties qui, en terme de développement de l'univers, sont intéressantes, mais ne servent absolument à rien : le paragraphe 19, le passage au Sanctuaire de l'invisible lueur, le Mont vivant (alors oui, presque à rien). Ceci fait qu'un nombre substantiel de sections aurait pu être grappillé pour donner plus de sensations de choix, de chemins possibles.
Passons pour finir, à l'environnement proposé :
Demeure le monde, justement.
• Alors d'abord bravo pour ta carte. Je ne sais pas comment tu as fait, mais elle est superbe : dessins, symboles, police d'écriture, bandeau. J'adore.
• Bravo également pour les miniatures qui aident grandement à l'immersion.
• Et surtout, quel univers. On sent très fortement la toile de fond. Ton choix de distiller les informations au compte-goutte, au sein des paragraphes, est la bonne. On a envie d'en savoir plus. On sent le monde froid, âpre, avec sa mythologie, ses coutumes. J'ai eu un peu le sentiment, avec le cimetière d'ossements, l'oniromancienne, d'entr'apercevoir l'esthétisme du film Le treizième guerrier.
Encore une fois merci pour cette belle aventure. Et en espérant lire cette suite, si elle n'est promise, du moins annoncée.
Goburlicheur de chrastymèles