28/04/2022, 13:46
(25/04/2022, 21:52)gynogege a écrit : Qu'est-ce qui me fait tiquer ? Pas facile... l'impression que l'auteur masculin attribue à un personnage féminin un panel de réactions qu'il s'imagine (voire qu'il fantasme) sans s'attarder sur des petits détails qui font le quotidien d'une femme. Je pense que moi-même je suis pas mal là-dedans, la femme reste un truc étrange que j'appréhende de l'extérieur.
Mon seul personnage féminin c'est une femme-pirate, vierge, munie d'un masque qui lui vole ses souvenirs, incapable d'aimer du fait de cette malédiction, dans un univers medfan. Du coup si on me dit qu'elle n'a pas des réactions féminines, je peux toujours ricaner... mais dans un monde contemporain j'aurais beaucoup de mal.
En fait, tu tiques sur la vision de la femme d'un auteur masculin à l'aune de... ta propre vision d'homme de la femme ! Ce qui est en soi est une réaction normale ; mais rien ne prouve que ta vision est plus légitime qu'une autre. Ta vision, n'est le reflet de ce que tes rencontres et discussions avec les femmes que tu as rencontré et de l'avis que tu t'es sur la gente féminine. La mienne est sûrement différente, celle de VS aussi, etc...
Le problème de ce genre de discussion, c'est que ça polarise la personnalité sur le seul paramètre de l'appartenance à un sexe -- féminin dans le cas présent. Mais une femme, c'est pas que ça. Qu'est-ce qu'une femme d'ailleurs ? Qu'est-ce que la féminité ? Je pense que chaque femme à sa propre définition de la féminité. Alors que dire de la perception de cette multitude de féminités par les hommes ?
Ma certitude est qu'un homme ne sait pas ce que c'est d'être une femme ET inversement ; tout comme Tholdur ne sait pas ce qu'est être une chaussette, ni moi de savoir ce qu'est d'être une momie.
Affirmer que "un comportement est masculin ou féminin" n'a pas de sens intrinsèque en ce qui me concerne ; on trouvera toujours des femmes cochant les cases de ce que tu définis "comportement non-féminin". Alors bien sûr, que cela n'empêche pas des hommes d'écrire des personnages féminins (et inversement) ; certains y excellent même selon certaines lectrices ; et d'autres n'aimeront pas (ma lecture conseil du jour).
Après, je ne dis pas qu'il n'y a pas quelques dérapages par des auteurs qui effectivement tranfèrent leur fantasme dans la réprésentation leurs personnages féminins ou du clientélisme libidineux pour un public masculin à visée commerciale (mais sans tétons parce que c'est sâââle... nanmélolkoi ).
N'oublions pas que ce qui fait un personnage marquant, c'est sa cohérence et sa personnalité. Le sexe n'est qu'une facette de cette construction, ce n'est pas une borne plantée dans le sol avec un package sous-entendu "donc fera tout cela" (car ça, c'est du cliché justement).
Sérieusement, combien de fois t'es-tu dis : je kiffe ce personnage parce que c'est... une femme (sous-entendu : comme je me la réprésente) ! Non bien sûr, ce sera sa personnalité, son originalité, ce qu'elle t'aura procuré comme sensation en tant que lecteur. Par contre, que la personnalité proposée te sorte de ta lecture par rapport à ton ressenti, je le comprends.
Mais nous parlons ici d'aventures intéractives. Et dans ce domaine, l'implication du lecteur est plus prégnante que dans un roman. L'identification fait parti de l'expérience. Et c'est à ce moment-là que certaines spécificités telle que le sexe, voire la sexualité du héros ou de l'héroïne proposée va potentiellement entrer en carambolage avec l'intimité du lecteur.
Autant, il est facile de jouer une femme ou un homme à Dark Souls ou Skyrim (quoique y'a maintenant un mod pour faire tomber enceinte ta personnage féminine, on arrête pas le progrès ), puisque le changement de skin est purement cosmétique ; ça commence à se préciser sur du Mass Effect (qu'on pourrait presque mettre dans une catégorie "Le Jeu Vidéo dont Vous Êtes le Héros ou l'Héroïne à Orientation Sexuelle Variable" ).
Dans une AVH, et comme l'a bien souligné VS, ces thèmes sont assez délicats a aborder, non pas par "Tabou" ; mais parce que le lecteur ou la lectrice peut être éjecté de sa suspension d'incrédulité pour "divergence d'orientation sexuelle" avec son personnage qu'il ou elle INCARNE (c'est ce mot qui met le bouzin). Il peut y avoir aussi des personnes que ça ne dérange pas et qui s'accomoderont de toutes les frasques de l'auteur/autrice. Je pense que c'est le seul thème délicat à vraiment bien gérer (avec le délire des "Aventures dont Vous Êtes l'Ordure" où on viole, tue, massacre juste pour jouer un méchant violer, tuer, massacrer parce c'est sa nature... ben non ). A part mettre un avertissement liminaire (cette AVH est "pur-porc" ou "hétérocentré" ou "ce que vous voulez"...), je ne vois pas comment éviter l'accident à part ne pas aborder ces sujets ou avec une extrême prudence en intégrant toutes les susceptibilités
сыграем !