J’ai vraiment du mal à rédiger de longues AVH, donc le format mini-AVH m’attire assez. Mais c’est (un peu) un choix par défaut. Quand j’imagine l’organisation qu’il doit falloir mettre en place pour structurer un « Nils Jacket » par exemple, je me sens tout à fait incapable de me lancer dans ce genre de défi.
Ces « bouffées » d’écriture ne dure pas mais donnent naissance à une ossature un peu étrange, à quelque chose d’iconoclaste, une sorte de cadavre exquis… Les pièces d'un puzzle qu'il va falloir chercher à assembler. Et c’est là souvent que j’arrête si je juge l’ensemble trop bancal, sans intérêt ou trop dispersé. Parfois, je me dis que ça serait dommage de ne pas essayer, et c’est uniquement dans ces rares cas, que je tisse les fils qui relieront ces bribes imparfaites pour leur donner un semblant de cohésion. Et j’aboutis enfin à une AVH…
Avec une limite de 50 paragraphes, pas besoin d’être un pro des arborescences compliquées pour s’en tirer. Il doit y avoir moyen (et ça existe) de créer des systèmes ludiques très originaux, mais 50 paragraphes imposeront toujours des concessions, que ce soit au niveau du développement d’arcs narratifs, de l’histoire (du « lore »), de possibilités laissées au joueur, des règles ou même sur la complexité des intrigues (au risque de transformer les AVH en romans).
La véritable raison qui me pousse à préférer les mini-AVH (en tant qu’auteur) s’est surtout que l’écriture (pour moi) nécessite un investissement colossal en termes d’énergie et de concentration. C’est une somme d’« efforts » (au sens lamarckien du mot) qui m’épuisent littéralement (ou littérairement :-) ) et me poussent à la frugalité sous peine d’exploser en cours de route. Je trouve que l’écriture est un exercice âpre, aride, exigeant et qui flagelle l’égo à chaque relecture.
Alors je fonctionne à l’envie. Celle de décrire un paysage au détour d’une balade (en forêt ou en bord de mer, un jour de grand vent), une scène particulière que je sens prendre forme, consistance dans mon esprit (comme la fuite sur le pont suspendu dans « Des Ombres ») et j’essaye de les retranscrire aussi fidèlement que possible, observateur pressé de mon propre imaginaire, avant que ces chimères ne s’échappent, ne se diluent dans la mémoire et le temps. Poussé autant par l’urgence que par un simple désir créatif, je mets à écrire sans m’arrêter et considère dramatiquement qu’entre l’envie de départ et le résultat, il y a un fossé. Faut juste accepter de se dire qu’on a fait ce que l’on pouvait, avec ses moyens aussi limités fussent-ils. Je me réfère souvent à la lettre envoyée par John Steinbeck à son meilleur ami, alors qu’il achevait le manuscrit des « Raisins de la Colère ». Il lui dit « Je suis sûr d’une chose. Ce n’est pas le grand livre que j’avais espéré, c’est qu’un livre ordinaire, mais la chose la plus horrible, c’est absolument ce que je peux faire de mieux… ».
Ces « bouffées » d’écriture ne dure pas mais donnent naissance à une ossature un peu étrange, à quelque chose d’iconoclaste, une sorte de cadavre exquis… Les pièces d'un puzzle qu'il va falloir chercher à assembler. Et c’est là souvent que j’arrête si je juge l’ensemble trop bancal, sans intérêt ou trop dispersé. Parfois, je me dis que ça serait dommage de ne pas essayer, et c’est uniquement dans ces rares cas, que je tisse les fils qui relieront ces bribes imparfaites pour leur donner un semblant de cohésion. Et j’aboutis enfin à une AVH…