27/06/2020, 21:05
(Modification du message : 28/06/2020, 13:55 par Lyzi Shadow.)
D&D3
Illustration de Henry Higgenbotham
Fini l'ère de Jeff Easley, malheureusement. Et surtout, choix que je trouve regrettable, on passe à une illustration de couverture de type plus abstraite.
- Livre des joueurs : on imite une couverture de cuir, tels les vieux tomes, avec des gonds et loquets en dorure, et même quelques petites pierres précieuses ou semi-précieuses en décoration. Les gonds et loquets, bien sûr, évoquent aussi une porte. Le dessin central représente une épée sur un livre ouvert, le tout inscrit dans un cercle (ou, plus exactement, le livre est inscrit dans le cercle et l'épée le transperce).
Dans les anciennes couvertures, on aimait bien représenter les deux classes les plus archétypiques : le guerrier et le mage. Ici, on les représente de façon abstraite. L'épée est le symbole du guerrier et le livre le symbole du mage. Le cercle est un cercle tout simple, mais il pourrait également représenter un anneau magique. Bien sûr, la façon dont l'épée est disposée par-dessus évoque également une épée posée sur un bouclier, comme on pourrait voir sur un râtelier d'armes par exemple. Notons également la forme abstraite qui décore la charnière dorée en bas à gauche : elle ne représente rien de particulier, mais évoque tout de même la forme d'une clé (avec une partie vaguement circulaire en bas, un tronc droit et des aspérités au-dessus), permettant ainsi d'avoir la classe des voleurs (renommés "roublards" à partir de cette édition) représentée par un symbole sur la couverture. De même, la décoration de la charnière en haut à gauche, un grand L traversant un cercle ou un O dans lequel est inscrit un B, ressemble tout à fait à une grande hache de bataille type francisque (le L) posée sur un bouclier (le cercle, avec le B soit comme poignée, soit comme umbo), et représenterait ainsi la classe des barbares.
Les pierres colorées, bien sûr, sont là pour évoquer les gemmes et autres trésors que les aventuriers sont susceptibles de trouver.
- Guide du Maître : cette fois la couverture imite un livre sécurisé par une sangle fermée à clé, comme peut l'être un journal intime. Une façon de dire "ce livre contient les secrets du MJ, pas touche pour vous les joueurs". Autour de la sangle apparaissent également des rouages ou mécanismes complexes, qui seraient inutiles sur ce type de livre qui existe vraiment, mais renforce l'aspect "porte" du livre. Il s'agit en fait d'évoquer les pièges qu'on peut trouver dans les donjons. Une façon de rappeler le rôle du maître de donjon de préparer les pièges et les énigmes pour les joueurs.
En bas à droite, on retrouve la même décoration ressemblant à une clé qu'on avait sur le livre du joueur. C'est à nouveau la métaphore "la clé des énigmes" qu'on avait sur le guide du maître de 1983.
On a à nouveau quelques pierres colorées, évoquant les trésors cachés derrière les pièges et les énigmes. Ici, au lieu de couleurs variées, uniquement des pierres bleues, correspondant à la couleur dominante de la couverture.
- Manuel des monstres : encore quelques pierres colorées, rouges cette fois-ci. D'une part pour rester en accord avec la couleur dominante, encore une fois, mais aussi pour évoquer la couleur du sang, le sang des aventuriers que les monstres vont verser. On retrouve encore des charnières, et une pièce au milieu à droite ressemblant à une pièce de métal servant à sceller un livre, mais ici, le livre à moins l'aspect "livre sécurisé" que les précédents. En effet, on voit des fractures en dents de scie en haut et en bas, un peu comme si une porte de bois avait été enfoncée ou si on avait cassé un trou dans un mur - effet renforcé par l'aspect de peinture écaillée autour des fractures. À l'intérieur du "trou", la couleur rouge dominante est donnée par un fond d'écailles, probablement les écailles d'un dragon rouge vu leur taille. L'élément ou détail central est un œil dans un cercle (ou deux cercles concentriques, plutôt), le tout dans un pentagone pointé vers le bas. Il ne s'agit pas d'un œil humain : la pupille en forme de fente et l'iris zébré de couleur vive ressemblent à ceux qu'on pourrait trouver dans l'œil d'un serpent ou d'un lézard. En combinaison avec les écailles, il s'agit certainement d'un œil de dragon. Je ne suis pas sûr de la signification du pentagone. Peut-être pour évoquer un pentacle ou pentagramme, traditionnellement symbole de magie, surtout de sorcellerie maléfique quand il est pointé vers le bas (magie protectrice quand pointé vers le haut). Les 5 pierres rouge rubis disposées en étoile, autour du cercle intérieur, mais à l'intérieur du pentagone, renforcent cette idée.
Le pentagone conserve également l'aspect abstrait et décoratif de la couverture : on a ici un détail, ressemblant à un œil, posé sur une toile de fond représentant des écailles de dragon. Sans le pentagone, on aurait directement un œil de dragon, comme si la créature nous observait à travers le trou dans la porte ou le mur. L'image est bien sûr faite pour nous évoquer cette situation, mais sans la dépeindre réellement.
D&D4
Illustration de Wayne Reynolds
Bon, je vais sans doute absolument pas être impartial vu que je n'aime pas le concept de D&D4 qui est trop MMORPG (encore que j'ai adoré l'édition D&D3 et ça ne m'a pas empêché de ne pas en aimer l'illustration de couverture), même si en la lisant un peu, elle n'a pas que de mauvaises idées, mais en tout cas, je n'aime vraiment pas ces couvertures.
La bonne nouvelle, c'est qu'on laisse tomber le côté abstrait des couvertures de D&D3, pour revenir à du figuratif, ce que je préfère largement.
Mais franchement, je n'aime pas les couleurs. Elles ont un aspect terne, verdâtre... Je sais pas, c'est difficile à expliquer. Mon premier réflexe a été de dire "on dirait l'illustration de la vieille boîte d'Everquest". Sauf qu'en fait, non, je suis allé retrouver l'illustration de la boîte d'Everquest sur Google, et les couleurs sont mieux par comparaison. Donc, je ne sais pas ce que ça me rappelle, mais par rapport aux illustrations de Jeff Easley (sauf celles d'AD&D2 Revised), qui elles m'évoquaient les couvertures Pulp des Weird Tales ou les magnifiques illustrations de la collection Science Fiction - Fantasy de l'éditeur Pocket, je trouve que ça fait au rabais.
Bon, la composition.
- Livre du joueur : on a deux aventuriers au premier plan, puis deux autres un peu plus loin en arrière-plan, à gauche, dans un décor de grotte aux tons bleutés, ce qu'on peut identifier par le sol rocailleux inégal et les stalactites tombant du plafond. La couleur bleue dominante est un rappel des deux bandeaux de titre.
Les deux personnages du premier plan, fidèles à la tradition, sont un guerrier (à gauche, identifié par sa grosse épée à deux mains et son armure métallique), et un mage (à droite, identifié par la robe, le bâton de mage et la flamme sortant de sa main droite).
Derrière eux, nous avons apparemment un nain barbu en armure complète et bouclier, possiblement un prêtre étant donné qu'il est armé d'une masse d'armes plutôt que d'une hache, et derrière lui, un elfe magicien, si j'en juge par sa silhouette élancée, son oreille effilée et son bâton.
Alors. Je sais que j'aimais pas trop quand il n'y avait que des humains partout dans les illustrations sans aucune créature fantastique, hein, c'est Donjons & Dragons pas Game of Thrones ou Conan, donc on s'attend à un monde fantastique plutôt qu'à un réalisme terre-à-terre (encore que, la présence exclusive d'humains sur le livre du joueur d'AD&D2 de 1989 ne me gênait pas trop), et d'ailleurs même la couverture du livre de joueur d'AD&D de 1977, lugubre et low fantasy, avait une quelconque créature à dents de crocodile vaguement crevée en arrière-plan derrière les aventuriers/gardes exclusivement humains. Autant, là, on a l'excès inverse : pas un seul humain représenté parmi les aventuriers. On a un elfe et un nain en fond (bon, il était temps d'en représenter sur le manuel des joueurs, quand même, depuis le temps que ce sont des races de base), et devant, un Dragonborn et une...
Ouais, ok, elle, c'est peut-être une humaine. C'est difficile à dire, on ne voit pas ses oreilles, mais mon premier réflexe, vu sa silhouette, c'était de penser que c'était une demi-elfe.
Je trouve qu'on est trop dans le high fantasy, pour le coup. Ça fait trop personnages de jeux vidéo. C'est peut-être la mode des RPG actuels, mais c'est un peu comme cette image promotionnelle pour Gloomhaven, moi j'accroche pas quand on te vend que tous les personnages, de base, sont des persos bizarres ou de races monstrueuses ou complètement déjantées. J'aime bien l'idée d'un personnage ancré dans la réalité, qui, ok, par la suite, avec l'expérience et la découverte d'objets magiques, va devenir une sorte de demi-dieu déchaînant les énergies magiques ou enchaînant les monstres gigantesques au corps-à-corps. Et l'intérêt d'avoir, de temps en temps, un personnage qui était d'une race monstrueuse, ou demi-dragon, demi-démon, que sais-je, ça donnait un côté exotique, voire complètement "alien" au personnage. Là, on me vend comme le nouveau "normal" que les personnages, de base, sont des créatures hyper fantastiques, overpowered, auxquelles je ne peux absolument pas m'identifier parce qu'elles sont trop loin de la réalité concrète, et qui, paradoxalement, ont même perdu leur mystique étrange, vu que maintenant, tout le monde est hyper fantastique de toute façon. Je sais que je suis chiant, mais voilà, j'aime pas la multiplication des races magiques bizarroïdes (jouables).
Enfin... Le Dragonborn étant une nouveauté de cette édition en tant que race jouable pour les aventuriers, je dois admettre que ça n'est pas illogique qu'il soit représenté sur le manuel de base des joueurs...
Autre détail qui me donne un sourire narquois : je remarque que la fille magicienne est quand même habillée en haut de bikini avec ses seins prêts à exploser hors de son décolleté. Alors que depuis AD&D2, "l'édition de la censure", on était censés être dans un nouveau D&D post-sexisme qui abandonnait la nudité excessive gratuite qu'on trouvait autrefois partout dans les illustrations intérieures d'aventurières et de créatures. Et là, paradoxalement, on a une héroïne à moitié à poil en pleine couverture, pour la première fois depuis l'aventurière nue sur le guide du maître de 1978.
Bon, qu'est-ce qu'il y a à dire de bien, sur cette couverture. J'essaie.
La robe rouge de la magicienne et l'orange de son sort de flamme donnent un contraste sympathique avec les tons bleus et verts dominants du décor. Ce qui la fait ressortir encore plus à l'image.
La structure en écailles en forme de chevrons de l'armure du guerrier Dragonborn fait un rappel des écailles de sa peau naturelle - une façon de signaler "je suis fier de mon héritage", petit détail sympathique. (Par contre, son épée est vraiment RIDICULE, avec sa largeur et son épaisseur hyper exagérées et sa forme à l'ouest.)
Comme plusieurs fois précédemment, les deux aventuriers font face, comme affrontant à des adversaires dont le lecteur aurait volé le point de vue.
- Guide du Maître : là encore, on retrouve des éléments traditionnels de couverture, avec le retour d'un dragon rouge (absent de l'AD&D2 revised, et à peine suggéré de façon abstraite sur le manuel des monstres de D&D3), dans une caverne, veillant sur son trésor : on les voit à peine, mais il y a des poteries pleines de pièces d'or sous le bandeau rouge. À propos du bandeau rouge, comme pour le livre précédent, sa couleur est rappelée par la couleur dominante de l'illustration, mais cette fois, celle-ci n'est pas donnée par le décor (plutôt verdâtre), mais par les écailles du dragon, qui par sa taille prend quasiment toute l'image. Accessoirement, ce rouge est renforcé par le contraste avec sa couleur complémentaire, le vert, dont sont teintées les parois rocheuses de la grotte.
Détail très sympathique, le petit clin d'œil aux deux couvertures mises en abime l'une de l'autre du B/X D&D de Moldvay et Cook, où un magicien sur le volume Expert espionnait, via un sort de divination, la scène de combat contre un dragon sur le volume Basic. Ici, la situation est pratiquement inversée, puisque c'est le dragon qui espionne les aventuriers au travers d'un orbe magique, l'observé étant devenu l'observateur. (Pas tout à fait inversée, cela dit, puisque comme dans B/X, c'est un guerrier et une magicienne qui sont espionnés.) En conséquence du fait que l'illustration du livre des joueurs soit reprise dans la vision de l'orbe magique, la couleur bleue qui y était dominante crée un deuxième contraste au centre de l'arc de cercle rouge formé par le dragon.
Le dragon n'est pas face au lecteur, il ne le regarde pas, totalement concentré sur la vision de l'orbe. Ceci donne un côté moins animal / bestial au dragon, comme il pouvait en avoir un sur la couverture B/X par exemple, et plus adversaire intelligent, stratégique, sournois. C'est un véritable "vilain", et non pas un simple monstre.
-Manuel des monstres : pas grand chose à dire. Le décor est de piliers de pierre séparés par des arches, un peu comme une cathédrale de style roman. Le personnage central et de premier plan est un démon, avec des ailes de chauve souris, une tête de bélier ou de bouc, des défenses de sanglier et une queue de lézard bardée de piquants. Sa peau rouge ressort sur un fond plutôt verdâtre voire jaune. Dans le fond, derrière lui à droite, on voit trois morts-vivants non-identifiés, possiblement une momie ou liche et deux âmes-en-peine (reconnaissables à leur silhouette de robe spectrale). Le mort-vivant central génère de l'énergie magique dans ses deux mains, signe qu'il s'agirait plutôt d'une liche, ou au moins d'un squelette ou zombi capable de jeter des sorts.
Le démon semble attaquer au corps-à-corps avec un sceptre bizarre, composé d'un manche de vertèbres coiffé d'un crane humain qui a l'air à moitié spectral.
Bref, personnage encore une fois un peu too much et grande gueule.
D&D5
Illustrations de Tyler Jacobson (livre du joueur et guide du maître) et de Raymond Swanland (manuel des monstres).
J'aime pas les deux premières. Ça fait moins illustration SF/Fantasy à la Easley et plus graphismes dessinés par ordinateur. C'est trop clean. Bof.
Livre du joueur : "dans un décor enflammé, le géant de feu, le Roi Snurre, appelle ses molosses infernaux pour l'aider à affronter des invités indésirables". Snurre est en effet colossal et prend la majeure partie de l'image. Sa taille est aussi mise en valeur par la différence avec les deux aventuriers, petits comme des enfants par rapport à lui. Le feu de ses yeux, qui se détache sur sa peau grisâtre, est un rappel des tons orangés provenant des flammes du décor. Ces yeux de feu l'identifient comme un géant de feu (à la différence d'un géant des collines ou d'un géant du gel, par exemple), tout en lui donnant un aspect particulièrement sauvage et furieux. Niveau équipement, il tient une énorme lame d'épée à la main droite, mais qui proportionnellement semble être une épée courte pour lui, indiquant bien qu'il est une menace. Il porte également une armure d'os, renforçant son côté sinistre (l'os symbole de cadavre donc de mort). D'autant que cela sous-entend qu'il lui a fallu tuer une créature aussi énorme, possiblement un dragon vu la forme du crâne qui lui sert de casque, pour se confectionner cette armure, et donc qu'il est plus fort qu'un tel monstre.
Je ne vois qu'un molosse infernal sur l'image, pas plusieurs, mais l'image est incomplète : elle se poursuit sur la quatrième de couverture, sur laquelle on voit apparaître le deuxième molosse. Les yeux de feu du molosse infernal sont identiques à ceux de son maître, renforçant l'idée qu'ils font partie de la même équipe, voire que le maître contrôle mentalement son animal ou que le chien fait partie intégrante du maître.
Les deux aventuriers sont un elfe avec une épée longue et fine et un arc dans le dos, et une humaine ou demi-elfe avec un bâton de mage et exsudant de l'énergie magique bleu électrique de sa main droite. Le fait que la magicienne soit le plus agressif et le plus proche au corps-à-corps des deux aventuriers, attitude un peu surprenante pour une classe d'habitude si fragile, peut être un indice que cette édition permet aux classes traditionnelles d'être plus souples, avec plus de sorts permettant d'être au contact pour les mages ou la possibilité d'accéder à la magie même pour les guerriers purs, sans multiclassage.
Le décor en feu ne l'est pas seulement pour indiquer qu'on est bien dans le domaine du géant du feu (d'où le rappel de couleur entre les yeux et les flammes), c'est aussi pour renforcer l'idée de danger pour les personnages : l'environnement lui-même est un ennemi. Peut-être sont-ils dans une caverne ouvrant sur un volcan éveillé. Le combat en est d'autant plus épique.
- Guide du Maître : "l'archi-liche Acererak levant une armée de morts-vivants qu'il se prépare à déchainer sur un monde n'en soupçonnant rien". La liche prend la majeure partie de l'image et est complètement centrale. Comme précédemment, la présence d'une figure humaine à ses côtés permet d'en mesurer la taille : sans être gigantesque, elle est très grande et imposante.
Le décor du fond est indiscernable, sans couleur et dissimulé par des volutes de fumée. On ne peut porter son attention que sur la liche. Il est possible que les deux personnages se tiennent sur un charnier. On voit une tête en armure, possiblement un nain, en bas à droite derrière le guerrier humain.
L'humain en armure complète au premier plan doit être le premier mort-vivant relevé par la liche, si l'on en juge par ses yeux blancs complètement vides, et l'énergie magique violette semblable à une volute de fumée qui s'échappe de son corps ou au contraire le pénètre (le sens n'est pas évident à déterminer). Cette énergie magique, par sa couleur comme sa forme de fumée, est un rappel de la fumée colorée qui s'échappe de la torche / du bâton de magicien que la liche brandit. Autre détail intéressant, les lignes de fumée entre la main de la liche aux doigts écartés, et le dos et la nuque du guerrier en armure, ressemblent à des ficelles partant du bout des doigts de la liche. Cela évoque l'image d'un marionnettiste tirant les ficelles de sa marionnette, et c'est probablement volontaire, le mort-vivant sous son contrôle devenant véritablement sa marionnette au sens figuré du terme, un simple pantin obéissant aux ordres.
- Manuel des monstres : "le Xanathar prenant en embuscade des explorateurs dans les plus sombres profondeurs de Montprofond, prouvant que les intérêts de ce maître du crime beholder s'étendaient profondément sous la cité d'Eauprofonde". Cette image fait moins jeu vidéo et un peu plus illustration classique. Le personnage central est à nouveau un beholder ! C'est la troisième fois qu'il en apparait un sur une couverture dans les exemples que j'ai donnés.
Le beholder lui-même est magnifique, prenant la majeure partie de l'image, avec des yeux malsains à regarder et une bouche remplie de crocs qui a l'air particulièrement meurtrière ! Le décor semble, une fois n'est pas coutume, être extérieur plutôt qu'un souterrain (on aperçoit ce qui paraît être le ciel nocturne). Il n'en est rien, puisque la légende nous dit qu'on est dans le méga-donjon de Montprofond. Pourtant, avec la foudre qui tombe, on jurerait être dehors en pleine tempête, ce qui aurait rajouté une touche apocalyptique (en vérité, c'est sans doute le monstre qui jette des sorts d'éclairs). Le beholder survole un escalier dans le sens de la descente, ce qui lui donne doublement l'avantage de la hauteur (d'autant qu'il n'a pas de jambes à défendre, ce qui est la principale faiblesse d'une position surélevée) par rapport aux deux aventuriers.
Ceux-ci sont un guerrier nain en armure maniant un marteau de guerre à deux mains, style masse de chantier, et un combattant à l'épée avec un style un peu moyen-oriental, autant par ses traits que par son port du turban. Leurs expressions et leurs armes brandies indiquent assez clairement qu'ils combattent le beholder, au contraire d'être ses compagnons, mais s'ils lui "font face" au sens figuré, ce n'est certainement pas le cas au sens propre, puisqu'ils lui tournent le dos, encore que le nain commence vaguement à se retourner. Cette position, en plus de nous permettre à nous, observateurs, de mieux les voir puisqu'ils nous font face, contribue à dépeindre leur surprise et l'idée d'embuscade.
En cherchant bien, on peut voir d'autres détails. En bas à droite, la couleur orangée, je pense, est une lanterne que le personnage oriental laisse tomber dans sa surprise. En haut à gauche, nous avons une gargouille volante ou chauve-souris géante. En dessous d'elle, illuminé par l'éclair bleuté, on dirait bien que c'est un bras nu, tendu ? Un mort-vivant ? Une victime ? Vue sa taille et sa position dans le décor, c'est sans doute une statue. Ce que je prenais pour un pilier en ruines doit donc être son torse nu. (Après avoir regardé une version plus grande de l'image sur internet, c'est bien une statue, et les éclairs semblent jaillir de ses yeux.) Sur la droite du beholder, on peut voir aussi un pilier ondulé et hérissé de piquants en forme de lames de hache, ce qui évoque d'autres monstres.
Touche intéressante aussi, l'opposition entre les deux sources d'éclairage : la lumière bleu électrique en haut à gauche et la lumière rouge-orange feu en bas à droite.
Dernière observation sur ce triptyque : il n'y a aucun dragon, sur aucune des couvertures. C'est un mauvais point.
Illustration de Henry Higgenbotham
Fini l'ère de Jeff Easley, malheureusement. Et surtout, choix que je trouve regrettable, on passe à une illustration de couverture de type plus abstraite.
- Livre des joueurs : on imite une couverture de cuir, tels les vieux tomes, avec des gonds et loquets en dorure, et même quelques petites pierres précieuses ou semi-précieuses en décoration. Les gonds et loquets, bien sûr, évoquent aussi une porte. Le dessin central représente une épée sur un livre ouvert, le tout inscrit dans un cercle (ou, plus exactement, le livre est inscrit dans le cercle et l'épée le transperce).
Dans les anciennes couvertures, on aimait bien représenter les deux classes les plus archétypiques : le guerrier et le mage. Ici, on les représente de façon abstraite. L'épée est le symbole du guerrier et le livre le symbole du mage. Le cercle est un cercle tout simple, mais il pourrait également représenter un anneau magique. Bien sûr, la façon dont l'épée est disposée par-dessus évoque également une épée posée sur un bouclier, comme on pourrait voir sur un râtelier d'armes par exemple. Notons également la forme abstraite qui décore la charnière dorée en bas à gauche : elle ne représente rien de particulier, mais évoque tout de même la forme d'une clé (avec une partie vaguement circulaire en bas, un tronc droit et des aspérités au-dessus), permettant ainsi d'avoir la classe des voleurs (renommés "roublards" à partir de cette édition) représentée par un symbole sur la couverture. De même, la décoration de la charnière en haut à gauche, un grand L traversant un cercle ou un O dans lequel est inscrit un B, ressemble tout à fait à une grande hache de bataille type francisque (le L) posée sur un bouclier (le cercle, avec le B soit comme poignée, soit comme umbo), et représenterait ainsi la classe des barbares.
Les pierres colorées, bien sûr, sont là pour évoquer les gemmes et autres trésors que les aventuriers sont susceptibles de trouver.
- Guide du Maître : cette fois la couverture imite un livre sécurisé par une sangle fermée à clé, comme peut l'être un journal intime. Une façon de dire "ce livre contient les secrets du MJ, pas touche pour vous les joueurs". Autour de la sangle apparaissent également des rouages ou mécanismes complexes, qui seraient inutiles sur ce type de livre qui existe vraiment, mais renforce l'aspect "porte" du livre. Il s'agit en fait d'évoquer les pièges qu'on peut trouver dans les donjons. Une façon de rappeler le rôle du maître de donjon de préparer les pièges et les énigmes pour les joueurs.
En bas à droite, on retrouve la même décoration ressemblant à une clé qu'on avait sur le livre du joueur. C'est à nouveau la métaphore "la clé des énigmes" qu'on avait sur le guide du maître de 1983.
On a à nouveau quelques pierres colorées, évoquant les trésors cachés derrière les pièges et les énigmes. Ici, au lieu de couleurs variées, uniquement des pierres bleues, correspondant à la couleur dominante de la couverture.
- Manuel des monstres : encore quelques pierres colorées, rouges cette fois-ci. D'une part pour rester en accord avec la couleur dominante, encore une fois, mais aussi pour évoquer la couleur du sang, le sang des aventuriers que les monstres vont verser. On retrouve encore des charnières, et une pièce au milieu à droite ressemblant à une pièce de métal servant à sceller un livre, mais ici, le livre à moins l'aspect "livre sécurisé" que les précédents. En effet, on voit des fractures en dents de scie en haut et en bas, un peu comme si une porte de bois avait été enfoncée ou si on avait cassé un trou dans un mur - effet renforcé par l'aspect de peinture écaillée autour des fractures. À l'intérieur du "trou", la couleur rouge dominante est donnée par un fond d'écailles, probablement les écailles d'un dragon rouge vu leur taille. L'élément ou détail central est un œil dans un cercle (ou deux cercles concentriques, plutôt), le tout dans un pentagone pointé vers le bas. Il ne s'agit pas d'un œil humain : la pupille en forme de fente et l'iris zébré de couleur vive ressemblent à ceux qu'on pourrait trouver dans l'œil d'un serpent ou d'un lézard. En combinaison avec les écailles, il s'agit certainement d'un œil de dragon. Je ne suis pas sûr de la signification du pentagone. Peut-être pour évoquer un pentacle ou pentagramme, traditionnellement symbole de magie, surtout de sorcellerie maléfique quand il est pointé vers le bas (magie protectrice quand pointé vers le haut). Les 5 pierres rouge rubis disposées en étoile, autour du cercle intérieur, mais à l'intérieur du pentagone, renforcent cette idée.
Le pentagone conserve également l'aspect abstrait et décoratif de la couverture : on a ici un détail, ressemblant à un œil, posé sur une toile de fond représentant des écailles de dragon. Sans le pentagone, on aurait directement un œil de dragon, comme si la créature nous observait à travers le trou dans la porte ou le mur. L'image est bien sûr faite pour nous évoquer cette situation, mais sans la dépeindre réellement.
D&D4
Illustration de Wayne Reynolds
Bon, je vais sans doute absolument pas être impartial vu que je n'aime pas le concept de D&D4 qui est trop MMORPG (encore que j'ai adoré l'édition D&D3 et ça ne m'a pas empêché de ne pas en aimer l'illustration de couverture), même si en la lisant un peu, elle n'a pas que de mauvaises idées, mais en tout cas, je n'aime vraiment pas ces couvertures.
La bonne nouvelle, c'est qu'on laisse tomber le côté abstrait des couvertures de D&D3, pour revenir à du figuratif, ce que je préfère largement.
Mais franchement, je n'aime pas les couleurs. Elles ont un aspect terne, verdâtre... Je sais pas, c'est difficile à expliquer. Mon premier réflexe a été de dire "on dirait l'illustration de la vieille boîte d'Everquest". Sauf qu'en fait, non, je suis allé retrouver l'illustration de la boîte d'Everquest sur Google, et les couleurs sont mieux par comparaison. Donc, je ne sais pas ce que ça me rappelle, mais par rapport aux illustrations de Jeff Easley (sauf celles d'AD&D2 Revised), qui elles m'évoquaient les couvertures Pulp des Weird Tales ou les magnifiques illustrations de la collection Science Fiction - Fantasy de l'éditeur Pocket, je trouve que ça fait au rabais.
Bon, la composition.
- Livre du joueur : on a deux aventuriers au premier plan, puis deux autres un peu plus loin en arrière-plan, à gauche, dans un décor de grotte aux tons bleutés, ce qu'on peut identifier par le sol rocailleux inégal et les stalactites tombant du plafond. La couleur bleue dominante est un rappel des deux bandeaux de titre.
Les deux personnages du premier plan, fidèles à la tradition, sont un guerrier (à gauche, identifié par sa grosse épée à deux mains et son armure métallique), et un mage (à droite, identifié par la robe, le bâton de mage et la flamme sortant de sa main droite).
Derrière eux, nous avons apparemment un nain barbu en armure complète et bouclier, possiblement un prêtre étant donné qu'il est armé d'une masse d'armes plutôt que d'une hache, et derrière lui, un elfe magicien, si j'en juge par sa silhouette élancée, son oreille effilée et son bâton.
Alors. Je sais que j'aimais pas trop quand il n'y avait que des humains partout dans les illustrations sans aucune créature fantastique, hein, c'est Donjons & Dragons pas Game of Thrones ou Conan, donc on s'attend à un monde fantastique plutôt qu'à un réalisme terre-à-terre (encore que, la présence exclusive d'humains sur le livre du joueur d'AD&D2 de 1989 ne me gênait pas trop), et d'ailleurs même la couverture du livre de joueur d'AD&D de 1977, lugubre et low fantasy, avait une quelconque créature à dents de crocodile vaguement crevée en arrière-plan derrière les aventuriers/gardes exclusivement humains. Autant, là, on a l'excès inverse : pas un seul humain représenté parmi les aventuriers. On a un elfe et un nain en fond (bon, il était temps d'en représenter sur le manuel des joueurs, quand même, depuis le temps que ce sont des races de base), et devant, un Dragonborn et une...
Ouais, ok, elle, c'est peut-être une humaine. C'est difficile à dire, on ne voit pas ses oreilles, mais mon premier réflexe, vu sa silhouette, c'était de penser que c'était une demi-elfe.
Je trouve qu'on est trop dans le high fantasy, pour le coup. Ça fait trop personnages de jeux vidéo. C'est peut-être la mode des RPG actuels, mais c'est un peu comme cette image promotionnelle pour Gloomhaven, moi j'accroche pas quand on te vend que tous les personnages, de base, sont des persos bizarres ou de races monstrueuses ou complètement déjantées. J'aime bien l'idée d'un personnage ancré dans la réalité, qui, ok, par la suite, avec l'expérience et la découverte d'objets magiques, va devenir une sorte de demi-dieu déchaînant les énergies magiques ou enchaînant les monstres gigantesques au corps-à-corps. Et l'intérêt d'avoir, de temps en temps, un personnage qui était d'une race monstrueuse, ou demi-dragon, demi-démon, que sais-je, ça donnait un côté exotique, voire complètement "alien" au personnage. Là, on me vend comme le nouveau "normal" que les personnages, de base, sont des créatures hyper fantastiques, overpowered, auxquelles je ne peux absolument pas m'identifier parce qu'elles sont trop loin de la réalité concrète, et qui, paradoxalement, ont même perdu leur mystique étrange, vu que maintenant, tout le monde est hyper fantastique de toute façon. Je sais que je suis chiant, mais voilà, j'aime pas la multiplication des races magiques bizarroïdes (jouables).
Enfin... Le Dragonborn étant une nouveauté de cette édition en tant que race jouable pour les aventuriers, je dois admettre que ça n'est pas illogique qu'il soit représenté sur le manuel de base des joueurs...
Autre détail qui me donne un sourire narquois : je remarque que la fille magicienne est quand même habillée en haut de bikini avec ses seins prêts à exploser hors de son décolleté. Alors que depuis AD&D2, "l'édition de la censure", on était censés être dans un nouveau D&D post-sexisme qui abandonnait la nudité excessive gratuite qu'on trouvait autrefois partout dans les illustrations intérieures d'aventurières et de créatures. Et là, paradoxalement, on a une héroïne à moitié à poil en pleine couverture, pour la première fois depuis l'aventurière nue sur le guide du maître de 1978.
Bon, qu'est-ce qu'il y a à dire de bien, sur cette couverture. J'essaie.
La robe rouge de la magicienne et l'orange de son sort de flamme donnent un contraste sympathique avec les tons bleus et verts dominants du décor. Ce qui la fait ressortir encore plus à l'image.
La structure en écailles en forme de chevrons de l'armure du guerrier Dragonborn fait un rappel des écailles de sa peau naturelle - une façon de signaler "je suis fier de mon héritage", petit détail sympathique. (Par contre, son épée est vraiment RIDICULE, avec sa largeur et son épaisseur hyper exagérées et sa forme à l'ouest.)
Comme plusieurs fois précédemment, les deux aventuriers font face, comme affrontant à des adversaires dont le lecteur aurait volé le point de vue.
- Guide du Maître : là encore, on retrouve des éléments traditionnels de couverture, avec le retour d'un dragon rouge (absent de l'AD&D2 revised, et à peine suggéré de façon abstraite sur le manuel des monstres de D&D3), dans une caverne, veillant sur son trésor : on les voit à peine, mais il y a des poteries pleines de pièces d'or sous le bandeau rouge. À propos du bandeau rouge, comme pour le livre précédent, sa couleur est rappelée par la couleur dominante de l'illustration, mais cette fois, celle-ci n'est pas donnée par le décor (plutôt verdâtre), mais par les écailles du dragon, qui par sa taille prend quasiment toute l'image. Accessoirement, ce rouge est renforcé par le contraste avec sa couleur complémentaire, le vert, dont sont teintées les parois rocheuses de la grotte.
Détail très sympathique, le petit clin d'œil aux deux couvertures mises en abime l'une de l'autre du B/X D&D de Moldvay et Cook, où un magicien sur le volume Expert espionnait, via un sort de divination, la scène de combat contre un dragon sur le volume Basic. Ici, la situation est pratiquement inversée, puisque c'est le dragon qui espionne les aventuriers au travers d'un orbe magique, l'observé étant devenu l'observateur. (Pas tout à fait inversée, cela dit, puisque comme dans B/X, c'est un guerrier et une magicienne qui sont espionnés.) En conséquence du fait que l'illustration du livre des joueurs soit reprise dans la vision de l'orbe magique, la couleur bleue qui y était dominante crée un deuxième contraste au centre de l'arc de cercle rouge formé par le dragon.
Le dragon n'est pas face au lecteur, il ne le regarde pas, totalement concentré sur la vision de l'orbe. Ceci donne un côté moins animal / bestial au dragon, comme il pouvait en avoir un sur la couverture B/X par exemple, et plus adversaire intelligent, stratégique, sournois. C'est un véritable "vilain", et non pas un simple monstre.
-Manuel des monstres : pas grand chose à dire. Le décor est de piliers de pierre séparés par des arches, un peu comme une cathédrale de style roman. Le personnage central et de premier plan est un démon, avec des ailes de chauve souris, une tête de bélier ou de bouc, des défenses de sanglier et une queue de lézard bardée de piquants. Sa peau rouge ressort sur un fond plutôt verdâtre voire jaune. Dans le fond, derrière lui à droite, on voit trois morts-vivants non-identifiés, possiblement une momie ou liche et deux âmes-en-peine (reconnaissables à leur silhouette de robe spectrale). Le mort-vivant central génère de l'énergie magique dans ses deux mains, signe qu'il s'agirait plutôt d'une liche, ou au moins d'un squelette ou zombi capable de jeter des sorts.
Le démon semble attaquer au corps-à-corps avec un sceptre bizarre, composé d'un manche de vertèbres coiffé d'un crane humain qui a l'air à moitié spectral.
Bref, personnage encore une fois un peu too much et grande gueule.
D&D5
Illustrations de Tyler Jacobson (livre du joueur et guide du maître) et de Raymond Swanland (manuel des monstres).
J'aime pas les deux premières. Ça fait moins illustration SF/Fantasy à la Easley et plus graphismes dessinés par ordinateur. C'est trop clean. Bof.
Livre du joueur : "dans un décor enflammé, le géant de feu, le Roi Snurre, appelle ses molosses infernaux pour l'aider à affronter des invités indésirables". Snurre est en effet colossal et prend la majeure partie de l'image. Sa taille est aussi mise en valeur par la différence avec les deux aventuriers, petits comme des enfants par rapport à lui. Le feu de ses yeux, qui se détache sur sa peau grisâtre, est un rappel des tons orangés provenant des flammes du décor. Ces yeux de feu l'identifient comme un géant de feu (à la différence d'un géant des collines ou d'un géant du gel, par exemple), tout en lui donnant un aspect particulièrement sauvage et furieux. Niveau équipement, il tient une énorme lame d'épée à la main droite, mais qui proportionnellement semble être une épée courte pour lui, indiquant bien qu'il est une menace. Il porte également une armure d'os, renforçant son côté sinistre (l'os symbole de cadavre donc de mort). D'autant que cela sous-entend qu'il lui a fallu tuer une créature aussi énorme, possiblement un dragon vu la forme du crâne qui lui sert de casque, pour se confectionner cette armure, et donc qu'il est plus fort qu'un tel monstre.
Je ne vois qu'un molosse infernal sur l'image, pas plusieurs, mais l'image est incomplète : elle se poursuit sur la quatrième de couverture, sur laquelle on voit apparaître le deuxième molosse. Les yeux de feu du molosse infernal sont identiques à ceux de son maître, renforçant l'idée qu'ils font partie de la même équipe, voire que le maître contrôle mentalement son animal ou que le chien fait partie intégrante du maître.
Les deux aventuriers sont un elfe avec une épée longue et fine et un arc dans le dos, et une humaine ou demi-elfe avec un bâton de mage et exsudant de l'énergie magique bleu électrique de sa main droite. Le fait que la magicienne soit le plus agressif et le plus proche au corps-à-corps des deux aventuriers, attitude un peu surprenante pour une classe d'habitude si fragile, peut être un indice que cette édition permet aux classes traditionnelles d'être plus souples, avec plus de sorts permettant d'être au contact pour les mages ou la possibilité d'accéder à la magie même pour les guerriers purs, sans multiclassage.
Le décor en feu ne l'est pas seulement pour indiquer qu'on est bien dans le domaine du géant du feu (d'où le rappel de couleur entre les yeux et les flammes), c'est aussi pour renforcer l'idée de danger pour les personnages : l'environnement lui-même est un ennemi. Peut-être sont-ils dans une caverne ouvrant sur un volcan éveillé. Le combat en est d'autant plus épique.
- Guide du Maître : "l'archi-liche Acererak levant une armée de morts-vivants qu'il se prépare à déchainer sur un monde n'en soupçonnant rien". La liche prend la majeure partie de l'image et est complètement centrale. Comme précédemment, la présence d'une figure humaine à ses côtés permet d'en mesurer la taille : sans être gigantesque, elle est très grande et imposante.
Le décor du fond est indiscernable, sans couleur et dissimulé par des volutes de fumée. On ne peut porter son attention que sur la liche. Il est possible que les deux personnages se tiennent sur un charnier. On voit une tête en armure, possiblement un nain, en bas à droite derrière le guerrier humain.
L'humain en armure complète au premier plan doit être le premier mort-vivant relevé par la liche, si l'on en juge par ses yeux blancs complètement vides, et l'énergie magique violette semblable à une volute de fumée qui s'échappe de son corps ou au contraire le pénètre (le sens n'est pas évident à déterminer). Cette énergie magique, par sa couleur comme sa forme de fumée, est un rappel de la fumée colorée qui s'échappe de la torche / du bâton de magicien que la liche brandit. Autre détail intéressant, les lignes de fumée entre la main de la liche aux doigts écartés, et le dos et la nuque du guerrier en armure, ressemblent à des ficelles partant du bout des doigts de la liche. Cela évoque l'image d'un marionnettiste tirant les ficelles de sa marionnette, et c'est probablement volontaire, le mort-vivant sous son contrôle devenant véritablement sa marionnette au sens figuré du terme, un simple pantin obéissant aux ordres.
- Manuel des monstres : "le Xanathar prenant en embuscade des explorateurs dans les plus sombres profondeurs de Montprofond, prouvant que les intérêts de ce maître du crime beholder s'étendaient profondément sous la cité d'Eauprofonde". Cette image fait moins jeu vidéo et un peu plus illustration classique. Le personnage central est à nouveau un beholder ! C'est la troisième fois qu'il en apparait un sur une couverture dans les exemples que j'ai donnés.
Le beholder lui-même est magnifique, prenant la majeure partie de l'image, avec des yeux malsains à regarder et une bouche remplie de crocs qui a l'air particulièrement meurtrière ! Le décor semble, une fois n'est pas coutume, être extérieur plutôt qu'un souterrain (on aperçoit ce qui paraît être le ciel nocturne). Il n'en est rien, puisque la légende nous dit qu'on est dans le méga-donjon de Montprofond. Pourtant, avec la foudre qui tombe, on jurerait être dehors en pleine tempête, ce qui aurait rajouté une touche apocalyptique (en vérité, c'est sans doute le monstre qui jette des sorts d'éclairs). Le beholder survole un escalier dans le sens de la descente, ce qui lui donne doublement l'avantage de la hauteur (d'autant qu'il n'a pas de jambes à défendre, ce qui est la principale faiblesse d'une position surélevée) par rapport aux deux aventuriers.
Ceux-ci sont un guerrier nain en armure maniant un marteau de guerre à deux mains, style masse de chantier, et un combattant à l'épée avec un style un peu moyen-oriental, autant par ses traits que par son port du turban. Leurs expressions et leurs armes brandies indiquent assez clairement qu'ils combattent le beholder, au contraire d'être ses compagnons, mais s'ils lui "font face" au sens figuré, ce n'est certainement pas le cas au sens propre, puisqu'ils lui tournent le dos, encore que le nain commence vaguement à se retourner. Cette position, en plus de nous permettre à nous, observateurs, de mieux les voir puisqu'ils nous font face, contribue à dépeindre leur surprise et l'idée d'embuscade.
En cherchant bien, on peut voir d'autres détails. En bas à droite, la couleur orangée, je pense, est une lanterne que le personnage oriental laisse tomber dans sa surprise. En haut à gauche, nous avons une gargouille volante ou chauve-souris géante. En dessous d'elle, illuminé par l'éclair bleuté, on dirait bien que c'est un bras nu, tendu ? Un mort-vivant ? Une victime ? Vue sa taille et sa position dans le décor, c'est sans doute une statue. Ce que je prenais pour un pilier en ruines doit donc être son torse nu. (Après avoir regardé une version plus grande de l'image sur internet, c'est bien une statue, et les éclairs semblent jaillir de ses yeux.) Sur la droite du beholder, on peut voir aussi un pilier ondulé et hérissé de piquants en forme de lames de hache, ce qui évoque d'autres monstres.
Touche intéressante aussi, l'opposition entre les deux sources d'éclairage : la lumière bleu électrique en haut à gauche et la lumière rouge-orange feu en bas à droite.
Dernière observation sur ce triptyque : il n'y a aucun dragon, sur aucune des couvertures. C'est un mauvais point.
Mr. Shadow
Doux mon cœur, fermes mes intentions -mantra psi