Je viens de finir Fleur d'Hiver dans sa version Megara. Je ne sans doute pas avoir de chsoes très originales à dire après les retours précédents. Mais plions-nous à l'exercice.
Déjà, peu de règles, les mots-codes se substituant pour l'essentiel aux scores et listes de possessions. Ces codes sont nombreux et il faut en tenir la liste scrupuleusement, encore plus attentivement que la liste des Pièces d'Argent. Car, comme dans les pirates des Défifs sanglants sur l'Océan, le compteur de $ est, d'après l'intro, le compteur de réussite. Une semaine pour gagner 500 Pièces. Pourquoi une semaine ? L'intro est claire et motive parfaitement cette quête, en des termes qui dissimulent un peu le côté très matérialiste de la chose : huit jours avant l'anniversaire des 18 ans, seuil important dans la vie, dernier jour pour choisir son nom définitif. Celui qui, comprend-on, définira sa vie à venir.
Donc, notre héroïne, Xi Mei-Mei alias Fleur d'Hiver, est une servante de la future impératrice de Chine. Mais elle ne se résigne pas à sa classe sociale, elle souhaite travailler plus pour gagner plus et surtout pour être plus. Elle va devenir un entrepreneur d'elle-même, sans attendre que tout vienne tout seul. Et le succès, ça ne vient que par la volonté et surtout, surtout, l'absence de scrupules, et la malhonnêteté. Une fable macroniste*.
Autant dire que la spiritualité orientale est un peu douchée : les cerisiers en fleurs d'accord, mais surtout l'argent, la position et l'influence. Aucun des trois n'étant jamais acquis de manière propre. Même l'érudition ne semble pas protéger ou mettre au-dessus du lot : on croisera un savant voleur, un poète mené par le bout du nez par sa domesticité, des amateurs de livres qui ne trouvent entre les pages séculaires que matière à haïr le présent.
Revenons à l'histoire. L'échéance que s'est fixé Fleur d'Hiver, se double d'une autre : la future impératrice doit se choisir un mari, parmi trois prétendants qui viennent à la Cité Interdite durant la même semaine fatidique. Là encore un choix qui engagera l'avenir du pays : donner sa main (et le trône) au prince marchand, au baron guerrier ou au potentat passéiste ? La destinée des deux jeunes femmes va se décider en miroir, la servante qui se cherche un avenir et un nom, l'impératrice qui se cherche un mari et une politique.
Les cases spoilers des pages précédentes en disent certainement davantage sur ce qu'il advient de ces différentes lignes du récit. Evidemment on est surpris, sinon c'est pas drôle !
Quelles impressions de lecture ? Plus de 500 paragraphes, des paragraphes longs, un tome épais et dont la lecture est longue. Chaque choix en apparence banal finira par avoir des conséquences beaucoup, beaucoup plus tard. A court terme, au mieux on voit une conséquence de nos actions par les dessous de table que l'on parvient à empocher ici et là, en vendant des informations, en facilitant les petites combines, en volant, en aidant, en espionnant. Ce final, qui se fait attendre sur de longues pages, sera autre que celui attendu et, comme à la fin de Harry Potter et la Coupe de Feu, certains événements de peu d'importance prennent soudain une toute autre dimension.
La prose est fluide, sans heurt, d'une belle langue, avec un cachet littéraire très sensible. Les dialogues sont précédés de réflexion sur ce qui peut être dit, ou non, dans un contexte où chaque mot compte et où la parole d'une servante est loin d'être libre. Je pense par exemple au moment où Fleur coiffe une dame de compagnie et, d'une simple phrase poétique, glisse une allusion perfide... et obtient de l'argent en retour. J Ce qu'il y a de beau dans le clair de lune, c'est son silence. » Paie-moi et je tais...
Si je devais trouver des aspects négatifs, ce serait la longueur du récit, et parfois la relative absence d'explications concernant certains événements. Ce dernier aspect est certainement voulu par l'auteur, mais bon, voilà, moi j'aime quand c'est clair et carré
Un livre-jeu dont les mécanismes sont assez différents de ce dont on a l'habitude, le personnage et les enjeux différents eux aussi. Une petite perle.
*C'est ma lecture, ça ne veut pas dire que ça soit l'intention initiale de l'auteur.
Déjà, peu de règles, les mots-codes se substituant pour l'essentiel aux scores et listes de possessions. Ces codes sont nombreux et il faut en tenir la liste scrupuleusement, encore plus attentivement que la liste des Pièces d'Argent. Car, comme dans les pirates des Défifs sanglants sur l'Océan, le compteur de $ est, d'après l'intro, le compteur de réussite. Une semaine pour gagner 500 Pièces. Pourquoi une semaine ? L'intro est claire et motive parfaitement cette quête, en des termes qui dissimulent un peu le côté très matérialiste de la chose : huit jours avant l'anniversaire des 18 ans, seuil important dans la vie, dernier jour pour choisir son nom définitif. Celui qui, comprend-on, définira sa vie à venir.
Donc, notre héroïne, Xi Mei-Mei alias Fleur d'Hiver, est une servante de la future impératrice de Chine. Mais elle ne se résigne pas à sa classe sociale, elle souhaite travailler plus pour gagner plus et surtout pour être plus. Elle va devenir un entrepreneur d'elle-même, sans attendre que tout vienne tout seul. Et le succès, ça ne vient que par la volonté et surtout, surtout, l'absence de scrupules, et la malhonnêteté. Une fable macroniste*.
Autant dire que la spiritualité orientale est un peu douchée : les cerisiers en fleurs d'accord, mais surtout l'argent, la position et l'influence. Aucun des trois n'étant jamais acquis de manière propre. Même l'érudition ne semble pas protéger ou mettre au-dessus du lot : on croisera un savant voleur, un poète mené par le bout du nez par sa domesticité, des amateurs de livres qui ne trouvent entre les pages séculaires que matière à haïr le présent.
Revenons à l'histoire. L'échéance que s'est fixé Fleur d'Hiver, se double d'une autre : la future impératrice doit se choisir un mari, parmi trois prétendants qui viennent à la Cité Interdite durant la même semaine fatidique. Là encore un choix qui engagera l'avenir du pays : donner sa main (et le trône) au prince marchand, au baron guerrier ou au potentat passéiste ? La destinée des deux jeunes femmes va se décider en miroir, la servante qui se cherche un avenir et un nom, l'impératrice qui se cherche un mari et une politique.
Les cases spoilers des pages précédentes en disent certainement davantage sur ce qu'il advient de ces différentes lignes du récit. Evidemment on est surpris, sinon c'est pas drôle !
Quelles impressions de lecture ? Plus de 500 paragraphes, des paragraphes longs, un tome épais et dont la lecture est longue. Chaque choix en apparence banal finira par avoir des conséquences beaucoup, beaucoup plus tard. A court terme, au mieux on voit une conséquence de nos actions par les dessous de table que l'on parvient à empocher ici et là, en vendant des informations, en facilitant les petites combines, en volant, en aidant, en espionnant. Ce final, qui se fait attendre sur de longues pages, sera autre que celui attendu et, comme à la fin de Harry Potter et la Coupe de Feu, certains événements de peu d'importance prennent soudain une toute autre dimension.
La prose est fluide, sans heurt, d'une belle langue, avec un cachet littéraire très sensible. Les dialogues sont précédés de réflexion sur ce qui peut être dit, ou non, dans un contexte où chaque mot compte et où la parole d'une servante est loin d'être libre. Je pense par exemple au moment où Fleur coiffe une dame de compagnie et, d'une simple phrase poétique, glisse une allusion perfide... et obtient de l'argent en retour. J Ce qu'il y a de beau dans le clair de lune, c'est son silence. » Paie-moi et je tais...
Si je devais trouver des aspects négatifs, ce serait la longueur du récit, et parfois la relative absence d'explications concernant certains événements. Ce dernier aspect est certainement voulu par l'auteur, mais bon, voilà, moi j'aime quand c'est clair et carré
Un livre-jeu dont les mécanismes sont assez différents de ce dont on a l'habitude, le personnage et les enjeux différents eux aussi. Une petite perle.
*C'est ma lecture, ça ne veut pas dire que ça soit l'intention initiale de l'auteur.