Présentation de mes romans
#4
Je copie-colle la critique écrite sur La Taverne pour Des voix dans la nuit.

Je reçois l'objet chez moi dans un paquet, avec une lettre signée de l'auteur qui me promet moult frissons. Je secoue l'enveloppe : flute, pas de Carambar au fond. Les douanes suisses sont intraitables sur l'import/export de denrée... Ah non, tiens, c'est une maison d'édition de la région de Carcassonne. L'objet-livre est mince - couverture souple, correcte sans être tape-à-l'oeil. A l'intérieur, mise en page agréable, la typo respecte les standards courants (à part une orpheline p.157), 3 ou 4 coquilles dans tout le bouquin. Tiens, des chapitres numérotés à l'envers, comme un compte à rebours.

Oui je sais, je parle de la boîte et pas du contenu ; me concernant ça participe de l'expérience totale du bouquin, je sais que pour d'autres ça compte moins, passez-moi cette fantaisie, amis forumeurs.

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Alors de quoi qu'ça parle, Des voix dans la nuit ? Ben, d'une voix dans, heu, un train et puis, heu... il fait noir comme... comme la nuit, quoi. Une voix sur une voie, tu vois ? Bon voilà, la critique est faite, ça c'est fait, allez salut !

Hum, ah non désolé, j'ai oublié de parler des personnages. Donc ce sont des Suisses. Pas des Suisses du village de Heïdi, plutôt des citadins très, très ordinaires. Une gothique, un rocket, un papa qui ne s'en sort pas, enfin des gens, quoi. L'histoire s'attache dès le début aux pas d'Alicia, qui revient d'un rendez-vous, assez énervée, et doit prendre le train. Pas de chance, les passagers sur le quai et dans le wagon sont le raccourci de ce qui l'énerve dans l'humanité, entre l'enfant qui chouine, le père qui ne sait plus quoi faire, le geek collant, le couple qui s'engueule, le contrôleur petit fonctionnaire. Là, habileté de Kevin Tondin, malgré la multiplicité des personnages, on retient vite et sans difficulté qui est qui : un trait saillant pour le physique, un pour le caractère, un prénom. Le militaire s'appelle Martial, dis-donc tu crois que c'est un hasard ?

Vous avez lu le résumé fait par Kevin / Sombrecoeur / Jin : wagon en panne, un haut-parleur, une sorte de game master prend les passagers en otage. Leur impose de s'entretuer, ou de tuer des créatures qui vont attaquer le wagon par vagues. Mix de deux genres à la mode, le huis clos zombie et l'expérience escape. A vrai dire, à ce moment là de ma lecture, je me suis dit que ça allait un gentil jeu de massacre sans ambition extrême et que ça se conclurait avec un final honnête et voilà tout. Je cherchais vaguement un coupable, j'a cru en identifier à quelques détails ; chassez le lecteur d'Agatha Christie et l'Orient Express revient au galop. Ai-je eu une fine intuition ou bien le train de mon soupçon roulait-il sur les rails d'une fausse piste savonnée par l'auteur, à vous de lire pour le savoir.

Les chapitres sont numérotés à rebours (je me répète) comme pour suggérer une catastrophe à venir, façon time code sur une bombe à retardement. On entre relativement vite dans le sujet après 1 ou 2 chapitres à poser cadre, personnages, enjeux de l'intrigue. Le rythme est soutenu et va croissant, avec quelques pauses, dans les moments où les monstres n'attaquent pas. Une accélération brusque et très bien négociée sur la fin.

Le collectif se soude, s'affronte, gère des micro-crises, jusque là j'ai envie de dire que c'est classique. Là où ça devient intéressant, c'est au moment où le groupe se désolidarise. Ce n'est pas dit franchement, on remarque qu'Untel a l'air de faire un truc en douce mais se justifie presque assez bien pour qu'on le croie, un(e) autre se laisse prendre par ses sentiments et va de manière prévisible tomber dans les bras de... mais en fait... Je ne vais pas compléter ces blancs, et l'auteur ne les complète pas non plus, ce qui rend la lecture étrangement réaliste et poignante. Passé un certain point, on ne peux que supposer ce que sont les motivations et les actes qui ont lieu derrière la cloison, tout comme dans la réalité on ignore bien des choses sur les gens qu'on côtoie au quotidien.

[Image: giphy.gif]
C'était le gif malaisant du jour, merci pas d'quoi.

J'ai un peu levé les yeux au ciel au moment de l'habituelle scène d'épanchement, quand la glace se brise et que deux personnages se confessent l'un à l'autre. Il se trouve que quelques chapitres plus loin, ce passage qui me paraissait une scorie trouve toute son importance. On se fait vraiment balader dans cette histoire de wagon immobile.

Le dernier chapitre donne la clé du mystère, tout en ne satisfaisant pas à 100%, mais quelle autre explication aurait fonctionné ? On comprend certains petits éléments en marge du récit, des paiements narratifs" comme dirait cdang, des histoires de SMS sans accusé de réception, de personnes évoquées mais non nommées, d'éléments du passé des personnages racontés mais laissés un peu vagues et qui cachaient des abimes sous la surface.

Sorti du tunnel de ce thriller, qu'ai-je à redire, critiquer, conseiller ? Du détail. Au tout début, les passagers me paraissent se présenter avec une spontanéité peu naturelle (je sais, je me contredis un peu avec un point positif que je notais au début). Le premier esclandre, entre le couple d'amoureux, fait réagir tout le wagon, alors que dans ce genre de situation tout le monde plonge son nez dans son livre ou regarde le bout de ses ongles avec une attention soutenue et surtout sans rien dire. Certains passages de dialogue me paraissent plus écrits qu'oraux, le truc délicat et qui est une purge à corriger en relecture, mais c'est important pour l'apparence de naturel, pour faire adhérer aux situations. Le fait que les personnages ne semblent pas beaucoup s'interroger sur ces monstres : il aurait suffit que le geek nous fasse un court laïus complotiste, que Martial le reprenne sèchement en disant que le gouvernement ne ferait jamais ça. Un autre personnage nous aurait fait une crise d'hystérie quelques chapitres plus loin, en hurlant son hypothèse (« Ce sont des E.T., je le sais, DAVID VINCENT LES A VUS ! »), et ça faisait le job en quelques lignes en peu de lignes. Heu, c'est tout pour les choses à redire.

Tout ça pour dire que, en passant de ma lecture précédente (Tom Sawyer mène l'enquête) à ce roman, y avait un sacré intervalle. Entre le marchepied et le quai. Comme dit la dame à chaque arrêt dans les TER.

Donc :

TLDR. Des voix dans la nuit, roman de Kevin Tondin, est-ce le futur Goncourt ? Non. Est-ce un livre lu en une aprèm en mode ***j'veux connaître la fin*** ? Clairement oui. Si on voulait jouer avec le sujet, on parlerait de roman de gare dans le bon sens (de la marche) : livre qui remplit son contrat avec le lecteur, dont les pages se tournent toutes seules. Un thriller qui n'a l'air de rien au début, mais malin et retors, qui cache son jeu comme un train peut en cacher un autre. La fin ne laisse pas sur sa faim et vaut d'être lue.
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Présentation de mes romans - par Jin - 30/01/2020, 17:12
RE: Présentation de mes romans - par Outremer - 31/01/2020, 23:10
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RE: Présentation de mes romans - par Jin - 24/02/2020, 14:29



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