10/08/2007, 10:34
Ouais non en fait c'était cette thèse que je voulais poster, désolé Enfin les deux se complètent.
Combattre ou senfuir ?
Que nous apprend le comportement de rats parqués dans des enclos sur le comportement humain dans des villes surpeuplées ?
La méthode de domptage dun lion de cirque est intéressante. Tout animal possède sa « distance de fuite », cest-à-dire la distance quil maintient entre un adversaire possible et lui-même. Si on franchit cette distance, lanimal grogne, fait des mouvements menaçants, puis senfuie ou attaque. Quand le dompteur pénètre dans cet espace critique, le lion grogne et recule pour rétablir la distance, jusquà être acculé aux barreaux de la cage : alors il grogne et rugit de façon plus menaçante, se préparant à attaquer si le dompteur pénètre davantage dans sa distance de fuite. Si, au dernier moment, le dompteur interpose un obstacle entre le lion et lui, lanimal saute par-dessus pour lattaquer, si le dompteur recule promptement hors de la distance critique de fuit, et le fauve sapaise et ne lui prête plus attention. On verra du public un dompteur intrépide qui fait obéir lanimal. Le lion considérera quil a repoussé un ennemi en puissance, et lhonneur sera sauf des deux côtés.
Cela est intéressant car montre :
-le rapport quil existe entre lespace et lagression
-les grands tueurs du monde sauvage nattaquent pas sans nécessité
-la facilité avec laquelle limpulsion agressive naturelle peut être apaisée.
Lhomme est au bord de lautodestruction. Est-il par nature, destructeur, violent et mauvais ? Il a tué 60 millions de ses congénères en 150 ans. En fait, la solution pour la survie de lespèce humaine réside dans la raison pour laquelle lhomme se comporte envers ses congénères avec cette constante sauvagerie qui na dégale dans aucune autre espèce. La théorie de lévolution apporte une réponse : lhomme descend de la lignée des prédateurs, mais nétait pas armé de manière évidente avec des crocs et des griffes comme les grands prédateurs. Lintelligence de lhomme, ses armes et la formation de groupes lont rendu efficace. Ces caractéristiques ne sont pas un héritage génétique, mais avec un certain niveau dintelligence, elles peuvent être transmises par les habitudes, léducation, en bref lhéritage culturel. Lemploi des armes ne figure pas dans les gènes. Les grands prédateurs carnivores sont limités par dimportants mécanismes de blocage, en particulier lorsquil sagit de combattre leur propre espèce : leur comportement menaçant peut être aisément tempéré. Mais les gènes des hommes ne sont pas porteurs de ces puissantes instructions dinterdiction qui évitent de tuer des membres de sa propre espèce, car lhumain nest pas équipé naturellement pour être un tueur redoutable : la haine, le protège, le motive.
La partie la plus nouvelle de son cerveau, le cortex cérébral, retient un peu ces pulsions avec la raison et la pitié, mais cela est limité par les tendances meurtrières de lhomme. Notons cependant que ses instincts agressifs sont indispensables à sa santé et à la survie de lespèce dans un environnement dangereux. Il permettent aussi, avec la guerre, déviter le surpeuplement et de bénéficier de davantage despaces libres pour les individus survivants, des réserves de nourriture supérieure, une meilleure vie par personne.
Il est triste de constater que pour lhomme, la guerre, la sous-nutrition et la malnutrition, ainsi que la consommation de produits nocifs pour sa santé sont les seuls moyens quil utilise avec succès pour réguler quelque peu sa population. Pourtant, de nombreuses espèce, pourtant moins intelligentes, maintiennent leur population à un niveau constant, ou le régulent, le réduisent par un comportement anormal sil y a surpeuplement (expérience de Desmond Morris avec lépinoche à 10 épines : le comportement psychologique et sexuel des mâles était anormal en cas de surpopulation).
Lhomme porte en lui la tendance au meurtre, mais cela dépend aussi des circonstances (aggravantes ou pas).
La « distance de fuite » varie selon les espèces et les individus (les prisonniers violents en ont une parfois quatre plus étendue que la moyenne). On distingue plusieurs types despace vital : le personnel, celui du groupe familial (plus grand) et celui pour la nation (beaucoup plus grand). Si quelquun, un étranger, menace denvahir un de ces espaces, nous nous dressons sur nos ergots, prêts à nous battre.
Cest pour le territoire que se battent en priorité les hommes et les bêtes. Il est lié à la confiance, à la fierté, au courage et à la sexualité du mâle (qui doit trouver un endroit sûr pour sa compagne). On remarqua dailleurs en 1920 que les femelles oiseaux étaient indifférentes aux mâles sans territoires. Le zoologue Konrad Lorenz, dans un livre publié en 1969, « LAgression, une histoire naturelle du mal », dit que sil y a un combat entre deux animaux, le gagnant est souvent celui qui est le plus près de son gîte, de son centre territorial.
Pour Morris, dans son livre « Le zoo humain », la ville nest pas une jungle de béton mais un zoo humain. Les déviations des hommes (attaques envers la progéniture, ulcères à lestomac, mutilations, masturbation, obésité, homosexualité) ne se retrouvent pas chez les animaux sauvages dans leur habitat naturel, sauf quand ils sont enfermés dans un zoo !
En ville, la confrontation des mâles dominants (qui se termine par un combat ou une fuite) se fait surtout sous la forme de lutte pour la position sociale, plutôt quune lutte territoriale. Ceux qui perdent leur position luttent, et sils sont forcés de labandonnés ou souvent remis en question, ils sont sujets aux maladies du stress, comme le cancer, les coronarites et les ulcères. La position sociale est un bien moins sûr que le territoire, et même ceux qui la possèdent sont souvent sujets au stress. Mais contrairement à ce que lon croit, les moins sujets au stress sont les « vainqueurs de la vie ». Une étude médicale faite sur 270 000 employés masculiins de la Bell Telephone Company aux Etats-Unis montre une baisse de la probabilité davoir une coronarite chez les cadres supérieurs : au bas de léchelle, il y a une probabilité de 4,33pour 1000 den avoir pour un ouvrier (mais la qualité de vie joue peut-être aussi ?), or en haut, les cadres ont une probabilité de 1,85 pour mille et sont plus âgés !
Donc les dominants ont des ennuis de santé moins nombreux que ceux de leurs subordonnés (à vérifier vu Werber).
Dans le monde animal, une créature vaincue (perte de territoire par exemple) peut se laisser mourir. Chez nous, les hommes de position élevée meurent peu après la retraite, ayant consacré toutes leurs forces à garder le pouvoir. Le stress entraîne le grossissement des glandes surrénales et faits e répandre (cela est accentué avec les glandes) de ladrénaline dans le sang, qui se concentre alors dans le cerveau et les muscles. On a plus de globules rouges, le sang sépaissit, la respiration devient profonde pour avoir plus doxygène et produire plus dénergie, les fonctions internes de lorganisme sont perturbées (estomac, intestins) et on transpire pour préparer à la chaleur du combat. Mais sil ny a pas de combat, un temps est nécessaire pour que lorganisme retrouve un fonctionnement normal.
Pendant une confrontation, les animaux se déplacent, se grattent, se lèchent pour absorber une partie de lénergie supplémentaire accumulée. Il en est de même pour les humains (ils craquent leurs articulations, fument ).
Chez les animaux comme chez lhome, on peut « se payer » un adversaire inférieur pour dégager son trop-plein dagressivité. Mais si on essaie de la supprimer, cela entraîne des dégradations physiologiques et des maladies dues au stress (coronarites, ulcères ).
Daprès Morris, le cercle moyen des connaissances du citadin est proche du nombre dindividus dans un petit groupe tribal (de 50 à 100). On aurait une hiérarchie de domination qui sétablit et se stabilise rapidement. Il y a de lhostilité envers les étrangers, des modes vestimentaires, des manières de parler peuvent exclure du cercle un individu qui a changé.
Dans « Le Contrat social », Robert Ardrey montre que la xénphobie (défiance, crainte, haine des étrangers, est partout dans les sociétés organisées (comme chez les primates). Avec le surpeuplement et la promiscuité « nous devons inventer des étrangers ». Il y a donc des groupes admis et dautres exclus. En haut de léchelle sociale, on juge sur la culture, la richesse et lapparence pour admettre quelquun, et on utilise des lieux coûteux pour se rassembler. En bas, on peut avoir des bandes antagonistes régnant sur leur territoire. Mais le désir dun « retour à la nature » est naïf, sans doute irréalisable, et certains sont stimulés par les épreuves de notre vie actuelle. LHomo sapiens a une grande faculté dadaptation aux changements de situation, le défi de la ville pourrait le faire monter dun degré sur léchelle de lévolution, car la ville fait appel à la raison de lhomme. Lorenz a dit : « le maillon manquant que lon a si longtemps cherché entre les animaux et les êtres humains véritables, cest nous ».
La formation de groupes et la violence destructrice serait propre à lhomme ?
Il y a lexpérience de John Calhoun, savant américain du National Psychiatric Institue de Washington, dans les années 50, qui le conteste. Calhoun imagina une série de 4 enclos à rats reliés les uns aux autres sauf ceux aux extrémités qui nauraient quune seule ouverture et pouvant être défendus par un seul rat.
Calhoun mit dans cette cage dont le nombre était en théorie adapté à la taille de la cage. Les mâles combattirent, et apparurent deux dominants qui prirent les enclos des extrémités où ils attirèrent les femelles qui firent des petits en toute sécurité. Ce fut pareil quand on augmenta la population : les dominants conservèrent leur territoire. Mais dans les enclos surpeuplés, on avait un « cloaque de comportement » : il y avait bien une classe de mâles dominants, mais sans territoire, qui sen prenaient à une seconde classe parvenant parfois à obtenir les faveurs des femelles. La troisième classe était totalement subordonnés, ignorant les autres et ignorés par eux, et agissaient comme des somnambules et perdaient leurs désirs sexuels. Avec laugmentation de la population, une quatrième classe de rats apparaissait, une classe de « rats délinquants », qui étaient des obsédés sexuels, homosexuels, violeurs. Des dégénérés qui mangeaient les petits et attaquaient les femelles. Cela comme certains humains dans les villes. Pire, il y avait lattirance malsaine des femelles protégées aux extrémités qui sapprochaient dans les enclos du milieu malgré les dangers et les horreurs, qui prenaient part à la mêlée puis retournaient sagement au nid. Lhomme irait dans la ville et ses pires endroits par libre choix, pas à cause de forces sociales et historiques ?
Le « cloaque de comportement » serait un dispositif de sélection évolutionniste ? Il y aurait une limite de population ? Les femelles dans les zones surpeuplées ont un comportement anormal, construisent mal leur nid, et la mortalité infantile des petits atteint des 96%.
Il y a des similitudes troublantes entre ces comportements (même si les humains semblent avoir un moins bon dispositif de régulation de la population) : la violence est omniprésente chez les rongeurs aussi.
Si on met un rat agressif devant un pacifiste et quon fasse gagner ce dernier en enlevant lagressif dès le début du combat, le pacifiste gagne de la confiance en lui et de la combativité, et se met à attaquer les faibles de la communauté (pour se faire les nerfs, montrer à lui-même et aux autres quil est le plus fort ?). La tactique de faire croire à lautre quil est fort est risquée, et est visible surtout dans les fictions. A éviter quand on est face à quelquun de faible, quil vaut mieux démolir tout de suite, mais il peut être intéressant de lutiliser contre quelquun à légo insupportable qui est susceptible de commettre des erreurs.
Lorenz rapporte le comportement dun poisson, le cichlide deau douce : les mâles dominants prennent leur territoire dans laquarium et les vaincus en longent les bords. Si on les retire, les dominants nont plus de souffre-douleur, et sen prennent à leurs femelles et aux jeunes. Ils ont donc besoin dun bouc émissaire, ou dune vitre séparant leur territoire : ils font alors des mouvements et ont des attitudes menaçants à travers la vitre et cela leur permet de déverser leur agressivité. Les animaux limitent leurs actes agressifs contre les leurs, avec des déplacements rituels (dintimidation). Mais lhomme est destructeur envers ses congénères, lévolution biologique est peut-être en retard sur lévolution culturelle. Il ny a apparemment pas de mécanismes biologiques puissants pour tempérer son comportement. Avec le grand pouvoir de destruction que lui confère, et ses armes, lhomme est un tueur le plus efficace et le plus impitoyable, et na même plus besoin de regarder la mort de trop près.
Lagressivité de lhomme doit être prise au sérieux. Il est impossible (sauf opération du cerveau ?) et non souhaitable déliminer totalement lagressivité : elle est nécessaire pour avoir un ordre social, une identité individuelle, des progrès.
Mais lhomme a trop de colère en lui, plus que de besoin. Lagressivité était vitale autrefois, cest une faiblesse aujourdhui, punies par la justice, les lois, la pression sociale. Les pulsions doivent être canalisées par des activités culturelles pour Lorenz.
Aristote disait que lart était en outre la catharsis, la soupape de lémotion. On a aussi le concept de la sublimation de Freud : satisfaire les pulsions instinctives par un comportement détourné socialement acceptable.
Exemple de la musique rock, qui sert de catharsis ou permet la sublimation des pulsions agressives des amateurs, même si Lorenz ne pensait pas vraiment à ça en parlant d « activité culturelle ». Il en est de même pour le soutien du public à ses équipes favorites dépreuves sportives, voilà pourquoi les supporters font preuve dun certain fanatisme.
Dans « LAgression humaine », paru en 1968, le psychothérapeute britannique Anthony Storr conseille laccroissement du nombre de compétitions sportives internationales pour réduire les dangers de guerres. La conquête de lespace était aussi un bon moyen pour exprimer les rivalités entre les grandes puissances. Il faudrait aussi davantage de trophées sur une gamme plus large de réalisations comme les prix Nobel.
Mais il reste le problème de la densité de la population, de lanonymat des populations dans les villes, de la hiérarchie sociale. « Ce qui est petit est magnifique », pour léconomiste E. F. Schumacher, mais aussi nécessaire pour la confiance des hommes en leur identité personnelle et leur position sociale.
Sans des moyens inoffensifs pour décharger ces pulsions agressives, elles peuvent se fixer sur des objectifs racistes, idéologiques ou nationalistes. Et entraîner une envie destructrice irrationnelle. Nous devons donc vivre avec nos impératifs biologiques.
Combattre ou senfuir ?
Que nous apprend le comportement de rats parqués dans des enclos sur le comportement humain dans des villes surpeuplées ?
La méthode de domptage dun lion de cirque est intéressante. Tout animal possède sa « distance de fuite », cest-à-dire la distance quil maintient entre un adversaire possible et lui-même. Si on franchit cette distance, lanimal grogne, fait des mouvements menaçants, puis senfuie ou attaque. Quand le dompteur pénètre dans cet espace critique, le lion grogne et recule pour rétablir la distance, jusquà être acculé aux barreaux de la cage : alors il grogne et rugit de façon plus menaçante, se préparant à attaquer si le dompteur pénètre davantage dans sa distance de fuite. Si, au dernier moment, le dompteur interpose un obstacle entre le lion et lui, lanimal saute par-dessus pour lattaquer, si le dompteur recule promptement hors de la distance critique de fuit, et le fauve sapaise et ne lui prête plus attention. On verra du public un dompteur intrépide qui fait obéir lanimal. Le lion considérera quil a repoussé un ennemi en puissance, et lhonneur sera sauf des deux côtés.
Cela est intéressant car montre :
-le rapport quil existe entre lespace et lagression
-les grands tueurs du monde sauvage nattaquent pas sans nécessité
-la facilité avec laquelle limpulsion agressive naturelle peut être apaisée.
Lhomme est au bord de lautodestruction. Est-il par nature, destructeur, violent et mauvais ? Il a tué 60 millions de ses congénères en 150 ans. En fait, la solution pour la survie de lespèce humaine réside dans la raison pour laquelle lhomme se comporte envers ses congénères avec cette constante sauvagerie qui na dégale dans aucune autre espèce. La théorie de lévolution apporte une réponse : lhomme descend de la lignée des prédateurs, mais nétait pas armé de manière évidente avec des crocs et des griffes comme les grands prédateurs. Lintelligence de lhomme, ses armes et la formation de groupes lont rendu efficace. Ces caractéristiques ne sont pas un héritage génétique, mais avec un certain niveau dintelligence, elles peuvent être transmises par les habitudes, léducation, en bref lhéritage culturel. Lemploi des armes ne figure pas dans les gènes. Les grands prédateurs carnivores sont limités par dimportants mécanismes de blocage, en particulier lorsquil sagit de combattre leur propre espèce : leur comportement menaçant peut être aisément tempéré. Mais les gènes des hommes ne sont pas porteurs de ces puissantes instructions dinterdiction qui évitent de tuer des membres de sa propre espèce, car lhumain nest pas équipé naturellement pour être un tueur redoutable : la haine, le protège, le motive.
La partie la plus nouvelle de son cerveau, le cortex cérébral, retient un peu ces pulsions avec la raison et la pitié, mais cela est limité par les tendances meurtrières de lhomme. Notons cependant que ses instincts agressifs sont indispensables à sa santé et à la survie de lespèce dans un environnement dangereux. Il permettent aussi, avec la guerre, déviter le surpeuplement et de bénéficier de davantage despaces libres pour les individus survivants, des réserves de nourriture supérieure, une meilleure vie par personne.
Il est triste de constater que pour lhomme, la guerre, la sous-nutrition et la malnutrition, ainsi que la consommation de produits nocifs pour sa santé sont les seuls moyens quil utilise avec succès pour réguler quelque peu sa population. Pourtant, de nombreuses espèce, pourtant moins intelligentes, maintiennent leur population à un niveau constant, ou le régulent, le réduisent par un comportement anormal sil y a surpeuplement (expérience de Desmond Morris avec lépinoche à 10 épines : le comportement psychologique et sexuel des mâles était anormal en cas de surpopulation).
Lhomme porte en lui la tendance au meurtre, mais cela dépend aussi des circonstances (aggravantes ou pas).
La « distance de fuite » varie selon les espèces et les individus (les prisonniers violents en ont une parfois quatre plus étendue que la moyenne). On distingue plusieurs types despace vital : le personnel, celui du groupe familial (plus grand) et celui pour la nation (beaucoup plus grand). Si quelquun, un étranger, menace denvahir un de ces espaces, nous nous dressons sur nos ergots, prêts à nous battre.
Cest pour le territoire que se battent en priorité les hommes et les bêtes. Il est lié à la confiance, à la fierté, au courage et à la sexualité du mâle (qui doit trouver un endroit sûr pour sa compagne). On remarqua dailleurs en 1920 que les femelles oiseaux étaient indifférentes aux mâles sans territoires. Le zoologue Konrad Lorenz, dans un livre publié en 1969, « LAgression, une histoire naturelle du mal », dit que sil y a un combat entre deux animaux, le gagnant est souvent celui qui est le plus près de son gîte, de son centre territorial.
Pour Morris, dans son livre « Le zoo humain », la ville nest pas une jungle de béton mais un zoo humain. Les déviations des hommes (attaques envers la progéniture, ulcères à lestomac, mutilations, masturbation, obésité, homosexualité) ne se retrouvent pas chez les animaux sauvages dans leur habitat naturel, sauf quand ils sont enfermés dans un zoo !
En ville, la confrontation des mâles dominants (qui se termine par un combat ou une fuite) se fait surtout sous la forme de lutte pour la position sociale, plutôt quune lutte territoriale. Ceux qui perdent leur position luttent, et sils sont forcés de labandonnés ou souvent remis en question, ils sont sujets aux maladies du stress, comme le cancer, les coronarites et les ulcères. La position sociale est un bien moins sûr que le territoire, et même ceux qui la possèdent sont souvent sujets au stress. Mais contrairement à ce que lon croit, les moins sujets au stress sont les « vainqueurs de la vie ». Une étude médicale faite sur 270 000 employés masculiins de la Bell Telephone Company aux Etats-Unis montre une baisse de la probabilité davoir une coronarite chez les cadres supérieurs : au bas de léchelle, il y a une probabilité de 4,33pour 1000 den avoir pour un ouvrier (mais la qualité de vie joue peut-être aussi ?), or en haut, les cadres ont une probabilité de 1,85 pour mille et sont plus âgés !
Donc les dominants ont des ennuis de santé moins nombreux que ceux de leurs subordonnés (à vérifier vu Werber).
Dans le monde animal, une créature vaincue (perte de territoire par exemple) peut se laisser mourir. Chez nous, les hommes de position élevée meurent peu après la retraite, ayant consacré toutes leurs forces à garder le pouvoir. Le stress entraîne le grossissement des glandes surrénales et faits e répandre (cela est accentué avec les glandes) de ladrénaline dans le sang, qui se concentre alors dans le cerveau et les muscles. On a plus de globules rouges, le sang sépaissit, la respiration devient profonde pour avoir plus doxygène et produire plus dénergie, les fonctions internes de lorganisme sont perturbées (estomac, intestins) et on transpire pour préparer à la chaleur du combat. Mais sil ny a pas de combat, un temps est nécessaire pour que lorganisme retrouve un fonctionnement normal.
Pendant une confrontation, les animaux se déplacent, se grattent, se lèchent pour absorber une partie de lénergie supplémentaire accumulée. Il en est de même pour les humains (ils craquent leurs articulations, fument ).
Chez les animaux comme chez lhome, on peut « se payer » un adversaire inférieur pour dégager son trop-plein dagressivité. Mais si on essaie de la supprimer, cela entraîne des dégradations physiologiques et des maladies dues au stress (coronarites, ulcères ).
Daprès Morris, le cercle moyen des connaissances du citadin est proche du nombre dindividus dans un petit groupe tribal (de 50 à 100). On aurait une hiérarchie de domination qui sétablit et se stabilise rapidement. Il y a de lhostilité envers les étrangers, des modes vestimentaires, des manières de parler peuvent exclure du cercle un individu qui a changé.
Dans « Le Contrat social », Robert Ardrey montre que la xénphobie (défiance, crainte, haine des étrangers, est partout dans les sociétés organisées (comme chez les primates). Avec le surpeuplement et la promiscuité « nous devons inventer des étrangers ». Il y a donc des groupes admis et dautres exclus. En haut de léchelle sociale, on juge sur la culture, la richesse et lapparence pour admettre quelquun, et on utilise des lieux coûteux pour se rassembler. En bas, on peut avoir des bandes antagonistes régnant sur leur territoire. Mais le désir dun « retour à la nature » est naïf, sans doute irréalisable, et certains sont stimulés par les épreuves de notre vie actuelle. LHomo sapiens a une grande faculté dadaptation aux changements de situation, le défi de la ville pourrait le faire monter dun degré sur léchelle de lévolution, car la ville fait appel à la raison de lhomme. Lorenz a dit : « le maillon manquant que lon a si longtemps cherché entre les animaux et les êtres humains véritables, cest nous ».
La formation de groupes et la violence destructrice serait propre à lhomme ?
Il y a lexpérience de John Calhoun, savant américain du National Psychiatric Institue de Washington, dans les années 50, qui le conteste. Calhoun imagina une série de 4 enclos à rats reliés les uns aux autres sauf ceux aux extrémités qui nauraient quune seule ouverture et pouvant être défendus par un seul rat.
Calhoun mit dans cette cage dont le nombre était en théorie adapté à la taille de la cage. Les mâles combattirent, et apparurent deux dominants qui prirent les enclos des extrémités où ils attirèrent les femelles qui firent des petits en toute sécurité. Ce fut pareil quand on augmenta la population : les dominants conservèrent leur territoire. Mais dans les enclos surpeuplés, on avait un « cloaque de comportement » : il y avait bien une classe de mâles dominants, mais sans territoire, qui sen prenaient à une seconde classe parvenant parfois à obtenir les faveurs des femelles. La troisième classe était totalement subordonnés, ignorant les autres et ignorés par eux, et agissaient comme des somnambules et perdaient leurs désirs sexuels. Avec laugmentation de la population, une quatrième classe de rats apparaissait, une classe de « rats délinquants », qui étaient des obsédés sexuels, homosexuels, violeurs. Des dégénérés qui mangeaient les petits et attaquaient les femelles. Cela comme certains humains dans les villes. Pire, il y avait lattirance malsaine des femelles protégées aux extrémités qui sapprochaient dans les enclos du milieu malgré les dangers et les horreurs, qui prenaient part à la mêlée puis retournaient sagement au nid. Lhomme irait dans la ville et ses pires endroits par libre choix, pas à cause de forces sociales et historiques ?
Le « cloaque de comportement » serait un dispositif de sélection évolutionniste ? Il y aurait une limite de population ? Les femelles dans les zones surpeuplées ont un comportement anormal, construisent mal leur nid, et la mortalité infantile des petits atteint des 96%.
Il y a des similitudes troublantes entre ces comportements (même si les humains semblent avoir un moins bon dispositif de régulation de la population) : la violence est omniprésente chez les rongeurs aussi.
Si on met un rat agressif devant un pacifiste et quon fasse gagner ce dernier en enlevant lagressif dès le début du combat, le pacifiste gagne de la confiance en lui et de la combativité, et se met à attaquer les faibles de la communauté (pour se faire les nerfs, montrer à lui-même et aux autres quil est le plus fort ?). La tactique de faire croire à lautre quil est fort est risquée, et est visible surtout dans les fictions. A éviter quand on est face à quelquun de faible, quil vaut mieux démolir tout de suite, mais il peut être intéressant de lutiliser contre quelquun à légo insupportable qui est susceptible de commettre des erreurs.
Lorenz rapporte le comportement dun poisson, le cichlide deau douce : les mâles dominants prennent leur territoire dans laquarium et les vaincus en longent les bords. Si on les retire, les dominants nont plus de souffre-douleur, et sen prennent à leurs femelles et aux jeunes. Ils ont donc besoin dun bouc émissaire, ou dune vitre séparant leur territoire : ils font alors des mouvements et ont des attitudes menaçants à travers la vitre et cela leur permet de déverser leur agressivité. Les animaux limitent leurs actes agressifs contre les leurs, avec des déplacements rituels (dintimidation). Mais lhomme est destructeur envers ses congénères, lévolution biologique est peut-être en retard sur lévolution culturelle. Il ny a apparemment pas de mécanismes biologiques puissants pour tempérer son comportement. Avec le grand pouvoir de destruction que lui confère, et ses armes, lhomme est un tueur le plus efficace et le plus impitoyable, et na même plus besoin de regarder la mort de trop près.
Lagressivité de lhomme doit être prise au sérieux. Il est impossible (sauf opération du cerveau ?) et non souhaitable déliminer totalement lagressivité : elle est nécessaire pour avoir un ordre social, une identité individuelle, des progrès.
Mais lhomme a trop de colère en lui, plus que de besoin. Lagressivité était vitale autrefois, cest une faiblesse aujourdhui, punies par la justice, les lois, la pression sociale. Les pulsions doivent être canalisées par des activités culturelles pour Lorenz.
Aristote disait que lart était en outre la catharsis, la soupape de lémotion. On a aussi le concept de la sublimation de Freud : satisfaire les pulsions instinctives par un comportement détourné socialement acceptable.
Exemple de la musique rock, qui sert de catharsis ou permet la sublimation des pulsions agressives des amateurs, même si Lorenz ne pensait pas vraiment à ça en parlant d « activité culturelle ». Il en est de même pour le soutien du public à ses équipes favorites dépreuves sportives, voilà pourquoi les supporters font preuve dun certain fanatisme.
Dans « LAgression humaine », paru en 1968, le psychothérapeute britannique Anthony Storr conseille laccroissement du nombre de compétitions sportives internationales pour réduire les dangers de guerres. La conquête de lespace était aussi un bon moyen pour exprimer les rivalités entre les grandes puissances. Il faudrait aussi davantage de trophées sur une gamme plus large de réalisations comme les prix Nobel.
Mais il reste le problème de la densité de la population, de lanonymat des populations dans les villes, de la hiérarchie sociale. « Ce qui est petit est magnifique », pour léconomiste E. F. Schumacher, mais aussi nécessaire pour la confiance des hommes en leur identité personnelle et leur position sociale.
Sans des moyens inoffensifs pour décharger ces pulsions agressives, elles peuvent se fixer sur des objectifs racistes, idéologiques ou nationalistes. Et entraîner une envie destructrice irrationnelle. Nous devons donc vivre avec nos impératifs biologiques.