L'Épée de Légende S3E06 (Le Maître des Rêves)
#21
Le corps brisé de Thanatos s'effondre sur les dalles poussiéreuses.

Le mur invisible a disparu et vous pouvez franchir l'ouverture voûtée pour atteindre le lieu que gardait le géant. Ce n'est qu'une pièce circulaire et nue, de taille moyenne, illuminé par une lampe suspendue à une chaîne.

Un unique objet se trouve au centre de la pièce, mais, lorsque vous vous en approchez, vous découvrez qu'il est absolument extraordinaire : c'est la bannière glorieuse de la Première Légion de l'Empire de Sélentium. La vénération de tout le monde civilisé s'attache à cet étendard presque millénaire.

Les mains tremblantes, vous vous emparez de la bannière. Il vous semble presque entendre les fantômes de ses porteurs précédents vous dispenser la sagesse martiale de leur ère révolue.

La bannière vous donne le courage d'affronter une nouvelle fois les épreuves de la cathédrale, mais, lorsque vous entreprenez de rebrousser chemin, vous découvrez qu'elles se sont toutes évanouies. Vous regagnez la vaste nef et quittez ensuite cet édifice morbide.

*

Vous traversez une double rangée de hautes colonnes de marbre gris-blanc et arrivez dans un labyrinthe de salles, dont le plafond disparaît dans la pénombre à cent mètres au-dessus de vous. Les murs sont couverts de bas-reliefs et de gargouilles bizarres qui semblent vous suivre des yeux. Des siècles de poussière recouvrent tout d'une couche épaisse que les courants d'air font frémir comme la surface d'un lac desséché.

Explorant les lieux, vous découvrez finalement le moyen de parvenir à une cour située à un étage supérieur du palais. L'impact de vos bottes sur les dalles fendues fait s'enfuir la vermine et les insectes qui s'abritait en-dessous.

Vous gravissez une volée de marches usées, couvertes de mousse. La pierre a un aspect lépreux et la balustrade n'est plus ornée que de lierre desséché. Des papillons aux ailes déployées sont posés sur les feuilles, mais, lorsque vous les effleurez, ils tombent à leur tour en poussière.

Il y a une porte de bronze au sommet des escaliers. Vous en poussez le battant, révélant une vaste salle au plafond bas. Les murs et le sol sont faits d'un marbre gris terne, mais le plafond rougeoie comme un lit de charbons ardents. De temps à autres, des cendres en tombent, se changeant au contact du sol en longs centipèdes noirs qui s'enfuient aussitôt vers les recoins d'ombre voisins.

Vous avancez prudemment vers une estrade de pierre située au centre de la salle. Une flamme y brûle avec intensité. Sous vos yeux, des volutes de ténèbres émergent du marbre pour envelopper la flamme, projetant des ombres brutales sur les murs.

Un sifflement suraigu se fait entendre et gagne en intensité jusqu'à devenir presque insupportable. Vous vous protégez les oreilles, mais le bruit semble s'infiltrer comme une aiguille dans votre cerveau.

Soudain, le sifflement devient une plainte creuse. Vous réalisez que c'est le bruit de la respiration de quelque chose. Un mouvement contre le mur vous révèle que vous n'êtes plus seuls. Les ombres épaisses ont pris corps et descendent sur vous comme une énorme chauve-souris.

Une voix mince résonne dans la pièce. "Vous êtes parvenus si loin ! Si loin ! Mais maintenant, vous devez affronter le visage des ténèbres, cette ombre que tous redoutent... Umborus, viens et tue pour ton maître !"

Une masse d'ombre large et informe se dresse devant vous. Ses yeux crépitent comme des éclairs dissimulés derrière des nuées orageuses. Ses griffes implacables se tendent vers vous comme de sombres poignards dentelés.


A ce moment, Pharéole sent un frémissement parcourir l'épée d'argent qu'il transporte. Les traces noires qui en assombrissaient la lame disparaissent et elle se met à briller d'un éclat aussi intense que le soleil d'été, éclairant les moindres recoins de la salle.

Le démon Umborus hurle de douleur comme un homme en train de brûler vif. Mais, même si vous pouviez éprouver de la pitié pour un tel monstre, la Pourfendeuse d'Ombre n'en a aucune. Elle dirige le bras de Pharéole et plonge jusqu'à la garde dans la poitrine obscure du démon.

Le silence revient. Il n'y a plus trace du démon. La Pourfendeuse d'Ombre gît sur le sol, éclairant toujours la pièce. La chaleur qu'elle diffuse vous interdit de la récupérer. A côté d'elle gît une pierre noire et laide, qui semble faite de goudron coagulé. C'est le Coeur des Ténèbres, tout ce qui reste du démon. Vous pouvez le prendre si vous le souhaitez.

*

Les contours de la pièce s'effacent. Pendant un moment, vous flottez dans un néant infini et brumeux. Graduellement, des sons parviennent à vos oreilles : le fracas des armes, le cris d'hommes mourants. Puis ces bruits s'estompent à leur tour pour être remplacés par un martellement régulier et incessant. C'est comme le battement d'un gigantesque coeur, qui s'intensifie jusqu'à vous assourdir presque. Puis une scène apparaît autour de vous et vous réalisez que ce n'est pas du tout cela.

Vous vous trouvez au centre d'une arène. Ce que vous entendez est le vacarme cacophonique de la foule venue vous voir combattre.


Des lanternes accrochées aux murs éclairent l'arène d'une lumière verdâtre sinistre. La foule avide qui est assise dans les gradins a un caractère désagréablement inhumain : elle vous fait penser à de grands insectes enveloppés dans des manteaux sombres, frottant ensemble leurs mains maigres. Leurs voix scandent leur désir de voir la couleur de votre sang.

Le vacarme s'assourdit jusqu'à n'être plus qu'un murmure sinistre lorsque vous vous tournez vers la loge royale qui surplombe l'arène. Un vieil homme se tient là. Sa bouche est dédaigneuse et son regard hostile. Il tient un bâton brillant dont l'éclat fait ressortir sa personne, alors que le reste de la scène a un caractère brumeux et flou. Vous remarquez une couronne de glace - ou peut-être de cristal - posée sur son front ridé.

Sa voix cassante fait taire les derniers murmures de la foule lorsqu'il tend un doigt dans votre direction et s'exclame : "Ceci est le royaume de Wyrd, où j'ai régné pendant des siècles. Vous avez osé envahir mon domaine. Vous avez pénétré dans mon Palais du Crépuscule Eternel, peut-être dans l'intention de me tuer !"

Sa voix se fait plus basse et il vous regarde fixement. "Quelle inconscience. Croyez-vous que personne d'autre n'a essayé de m'assassiner ? Un souverain légitime n'est jamais sans ennemi. Et où sont désormais ces chiens dégénérés qui espéraient enfoncer leurs lames dans mon coeur royal ? Mais ici, voyons... ils viennent vous enseigner la leçon qu'ils ont eux-même apprise !"

Il fronce le sourcil et écarte les mains. Quelque chose émerge du sol à une certaine distance de vous. C'est une main blanche et osseuse, dont les doigts frémissants raclent la terre. D'autres petits monticules apparaissent çà et là tandis que des choses depuis longtemps enterrées se frayent un chemin vers la surface. Puis la terre sèche de l'arène se fend et il en émerge des squelettes vêtus d'armures rouillées. Leur nombre augmente jusqu'à ce que vous faisiez face à une horde gigantesque, qui s'avance d'un pas sinistre pour vous attaquer.


Face à cette armée innombrable invoquée par le Roi-Sorcier pour vous tuer, votre situation semble désespérée. Vous finirez empalés sur les lances des squelettes dès que ceux-ci vous auront atteint. Alors que vous reculez, cherchant de tous côtés une issue inexistante, la bannière se met à palpiter de lumière. Les spectateurs se lèvent de leurs gradins avec des cris d'horreur et battent en retraite vers les ombres. Vous n'avez aucune idée de ce qui se passe, mais vous unissez vos mains pour brandir l'étendard de la Première Légion de Sélentium. Un flot de souvenirs glorieux vous submerge. Les fantômes d'anciens généraux de l'Empire vous murmurent : Soyez dignes de l'Aigle.

Vous levez les yeux vers la bannière, brûlant d'une lumière aveuglante. Même le Roi-Sorcier recule d'un pas à sa vue, se protégeant les yeux de sa longue manche. Les squelettes ralentissent, comme saisis d'incertitude. Mais la gloire immense de la Première Légion a été renforcée et non diminuée par les siècles qui se sont écoulés depuis la chute de Sélentium. Et aucun légion ne laisserait sa bannière être capturée par l'ennemi...

Des troupes spectrales se forment entre vous et les squelettes qui avancent, avant de prendre graduellement corps. Des rangs de légionnaires réincarnés attendent vos ordres !


Même l'indomptable Première Légion ne saurait triompher seule contre la horde innombrable que le Roi-Sorcier a fait jaillir du sol. Mais il semble que ce ne sera pas nécessaire. Le Coeur des Ténèbres palpite entre les mains de Pharéole, répandant un sang noir sur le sable de l'arène. Graduellement, il en émane des miasmes sombres, qui se solidifient sous la forme de fantassins solides, vêtus de livrées de sable. Le Bataillon des Ombres s'est placé sous votre commandement !


Saisi d'une intuition, Pharéole éparpille les dents de l'hydre sur le sable de l'arène. Un bruit sifflant vous fait reculer. Puis une luminescence verte enveloppe les dents et grandit jusqu'à constituer un régiment de formes humanoïdes. Lorsque l'éclat se dissipe, vous découvrez qu'une centaine de créatures sont apparues entre vous et les squelettes. Elles ont une peau vert pâle et, bien que leurs corps maigres soient humains jusqu'au niveau des épaules, ils se terminent chacun par neuf têtes serpentines. Les Guerriers-Crocs ont rejoint vos forces !


Vous ordonnez à vos forces de se mettre en formation de bataille et d'avancer. Elles sont plus nombreuses que les squelettes, mais ces derniers ont l'avantage de ne connaître ni la peur, ni la fatigue, ni la douleur. Néanmoins, vous vous sentez confiants lorsque les deux armées engagent le combat.

*

Avant de lancer le dé pour déterminer la difficulté du combat qui vous attend, je vous laisse ajuster vos inventaires. Milena peut choisir le sort qu'elle veut mémoriser.

Notez que Milena ne peut porter que des armures en argent !
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RE: L'Épée de Légende S3E06 (Le Maître des Rêves) - par Outremer - 22/03/2018, 17:34



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