02/09/2015, 20:40
Un pigeon, ça a quelque chose d’émouvant. Ca avale tout en comptant sur la chance pour que ce soit du bon grain. Et avec du bagout, de l’entregent et de la cervelle – trois choses dont moi, Patrick B., je ne manque pas – les pigeons peuvent te pondre des œufs en or.
Des pigeons, j’en tenais trois et des beaux : un soldat avec le QI d’un hareng, un astronome mûr pour la maison de retraite et une chamane accro aux champignons. Avec eux, ce qui était beau, c’est qu’il n’y avait pas besoin de se fatiguer à inventer des trucs compliqués. Un jour où j’avais bu trop de whisky, j’ai trouvé rigolo de faire porter une caisse de fruits exotiques au soldat en affirmant que ça lui serait très utile. Après avoir dessaoûlé, je me suis dit qu’il allait forcément réaliser que je me foutais de sa gueule. Mais non ! Ce couillon m’a envoyé un message de remerciement en expliquant qu’il avait réussi à vendre tous ces fruits contre un dollar qui lui manquait pour acheter je ne sais trop quoi. Quant à l’astronome… hé hé, j’y reviendrai plus tard.
Le problème, avec les pigeons, c’est qu’il faut de la patience pour qu’ils rapportent bien. Mes associés ne veulent pas comprendre ça. Avec eux, c’est toujours « Oui, Patrick, on aime beaucoup ce que tu fais, mais pourquoi est-ce qu’on ne peut pas détruire le monde tout de suite ? » ou encore « Non, Patrick, on ne peut pas ouvrir nos portails maléfiques dans des endroits plus discrets ! ». Et il faut négocier pendant trois plombes pour qu’ils acceptent de changer quoi que ce soit.
Tout ça me prenait tellement de temps que je ne pouvais plus rester en contact fréquent avec mes pigeons. Il allait peut-être tout de même éventuellement leur venir l’idée de se dire que mon comportement avait quelque chose de louche, donc j’ai pris les devants : je leur ai envoyé Isa pour leur dire que j’étais mort, volatilisé, qu’il n’y avait pas de corps à examiner, pas de témoin de la disparition et que ce n’était pas la peine d’enquêter. Ils ont tout avalé. Des pigeons de compétition, je vous dit ! Isa est restée en contact avec eux pour éviter qu’ils ne fassent n’importe quoi.
Ayant désormais les coudées franches, je suis allé voir Yog et je lui ai dit franchement : « Yog, tu déconnes plein pot. Tes grands rituels qui durent des semaines, tes passages vers des mondes où les gens sont des cônes, tes monstres moches et nuls, tout ça ne vaut pas un clou. Ce qu’il faut, c’est de la sub-ti-li-té ! » Il a fallu du temps, mais j’ai réussi à le convaincre de me laisser aux commandes.
Au cours de ces négociations, j’étais tout de même revenu sur Terre quelques fois pour me tenir informé et me détendre un peu. La malchance m’a fait plusieurs fois croiser la route de mes pigeons, dont une fois dans un sauna de Helsinki, où j’ai cru que j’étais grillé. Mais je les avais vraiment bien choisi : l’astronome était incroyablement bigleux, la chamane perpétuellement défoncée et le soldat insondablement bête. Ils n’ont jamais réalisé que c’était moi et pas juste un type qui me ressemblait beaucoup.
Je n’ai pas traîné pour lancer ma grande manœuvre. J’ai fait croire à mes pigeons qu’il leur restait juste une dernière petite chose assez simple pour arrêter les plans de Yog, mais qu’il ne fallait surtout pas traîner. Ils sont tombés dans le panneau sans la plus petite difficulté. Terrifiés à l’idée de manquer de temps, le soldat et la chamane n’ont pas hésité à conclure des pactes maléfiques pour aller un peu plus vite en besogne. C’est pas beau, ça ? En un clin d’œil, ils se mettaient entièrement à la merci de mes associés. Isa a aussi conclu un pacte pour les encourager, mais le sien était du pipeau sans conséquence, bien sûr.
L’astronome n’en a pas fait autant, mais ça n’avait aucune importance. Bien plus tôt, ce vieux croulant avait accepté une « eau bénite » que je lui avais envoyée. Il s’en est bêtement aspergé et cela l’a placé sous l’emprise d’une puissante « bénédiction ». Il s’est étonné par la suite de voir qu’elle ne disparaissait pas. Hé hé hé, tu m’étonnes !
Bref, maintenant que les pions sont à nous, lla phase deux du plan de mes associés ne devrait rencontrer aucune opposition lorsqu’elle débutera bientôt. Sous ma supervision et contre une juste rémunération, bien sûr.
Des pigeons, j’en tenais trois et des beaux : un soldat avec le QI d’un hareng, un astronome mûr pour la maison de retraite et une chamane accro aux champignons. Avec eux, ce qui était beau, c’est qu’il n’y avait pas besoin de se fatiguer à inventer des trucs compliqués. Un jour où j’avais bu trop de whisky, j’ai trouvé rigolo de faire porter une caisse de fruits exotiques au soldat en affirmant que ça lui serait très utile. Après avoir dessaoûlé, je me suis dit qu’il allait forcément réaliser que je me foutais de sa gueule. Mais non ! Ce couillon m’a envoyé un message de remerciement en expliquant qu’il avait réussi à vendre tous ces fruits contre un dollar qui lui manquait pour acheter je ne sais trop quoi. Quant à l’astronome… hé hé, j’y reviendrai plus tard.
Le problème, avec les pigeons, c’est qu’il faut de la patience pour qu’ils rapportent bien. Mes associés ne veulent pas comprendre ça. Avec eux, c’est toujours « Oui, Patrick, on aime beaucoup ce que tu fais, mais pourquoi est-ce qu’on ne peut pas détruire le monde tout de suite ? » ou encore « Non, Patrick, on ne peut pas ouvrir nos portails maléfiques dans des endroits plus discrets ! ». Et il faut négocier pendant trois plombes pour qu’ils acceptent de changer quoi que ce soit.
Tout ça me prenait tellement de temps que je ne pouvais plus rester en contact fréquent avec mes pigeons. Il allait peut-être tout de même éventuellement leur venir l’idée de se dire que mon comportement avait quelque chose de louche, donc j’ai pris les devants : je leur ai envoyé Isa pour leur dire que j’étais mort, volatilisé, qu’il n’y avait pas de corps à examiner, pas de témoin de la disparition et que ce n’était pas la peine d’enquêter. Ils ont tout avalé. Des pigeons de compétition, je vous dit ! Isa est restée en contact avec eux pour éviter qu’ils ne fassent n’importe quoi.
Ayant désormais les coudées franches, je suis allé voir Yog et je lui ai dit franchement : « Yog, tu déconnes plein pot. Tes grands rituels qui durent des semaines, tes passages vers des mondes où les gens sont des cônes, tes monstres moches et nuls, tout ça ne vaut pas un clou. Ce qu’il faut, c’est de la sub-ti-li-té ! » Il a fallu du temps, mais j’ai réussi à le convaincre de me laisser aux commandes.
Au cours de ces négociations, j’étais tout de même revenu sur Terre quelques fois pour me tenir informé et me détendre un peu. La malchance m’a fait plusieurs fois croiser la route de mes pigeons, dont une fois dans un sauna de Helsinki, où j’ai cru que j’étais grillé. Mais je les avais vraiment bien choisi : l’astronome était incroyablement bigleux, la chamane perpétuellement défoncée et le soldat insondablement bête. Ils n’ont jamais réalisé que c’était moi et pas juste un type qui me ressemblait beaucoup.
Je n’ai pas traîné pour lancer ma grande manœuvre. J’ai fait croire à mes pigeons qu’il leur restait juste une dernière petite chose assez simple pour arrêter les plans de Yog, mais qu’il ne fallait surtout pas traîner. Ils sont tombés dans le panneau sans la plus petite difficulté. Terrifiés à l’idée de manquer de temps, le soldat et la chamane n’ont pas hésité à conclure des pactes maléfiques pour aller un peu plus vite en besogne. C’est pas beau, ça ? En un clin d’œil, ils se mettaient entièrement à la merci de mes associés. Isa a aussi conclu un pacte pour les encourager, mais le sien était du pipeau sans conséquence, bien sûr.
L’astronome n’en a pas fait autant, mais ça n’avait aucune importance. Bien plus tôt, ce vieux croulant avait accepté une « eau bénite » que je lui avais envoyée. Il s’en est bêtement aspergé et cela l’a placé sous l’emprise d’une puissante « bénédiction ». Il s’est étonné par la suite de voir qu’elle ne disparaissait pas. Hé hé hé, tu m’étonnes !
Bref, maintenant que les pions sont à nous, lla phase deux du plan de mes associés ne devrait rencontrer aucune opposition lorsqu’elle débutera bientôt. Sous ma supervision et contre une juste rémunération, bien sûr.