304
Le vent vient de singulièrement forcir et votre voilier est désormais ballotté par la houle sous un ciel orageux. Les lames n'excédant pas quatre coudées, vous comptez bien surmonter sans péril cet obstacle imprévu. Mais vous ne pouviez pas anticiper le défaut dans votre toile gonflée qui soudain se déchire sur deux bons empans de longueur ! Fulminant contre Héphaïstos qui aurait pu vous confier une embarcation de meilleure qualité, vous mettez à la cape puis vous résolvez à finalement affaler afin de ravauder la toile en dépit du tangage.
Tout à la fois négociant, armateur, voire cartographe à ses heures, le petit homme olivâtre aux sourcils charbonneux et arqués s'avère un impénitent bavard. Vos rares interventions sont invariablement ponctuées par d'exubérantes exclamations qui précèdent une reprise immédiate de son fantastique débit de paroles. Vous en venez donc à vous laisser bercer par le récit de sa vie, de ses voyages et de ses multiples rencontres.
23
Mon coeur a manqué un battement à la mention d'Adonis. Contrairement à la bande d'Olympiens, ce dieu est vénéré en Scythie. Non pas que j'en sois une fervente adepte, la guerre et la protection du royaume ne le concernant pas vraiment. Mais l'idée qu'il chemine sur ces terres, que je pourrais même le croiser m'emplit d'une crainte superstitieuse et d'une nostalgie malvenue pour ma patrie natale. Je ne dissimule pas mon agacement.
- Qu'ai-je à y gagner ? Se mêler de vos affaires à vous les dieux, pour une mortelle, c'est comme glisser la main dans une amphore remplie de vipères.
Héphaïstos me jauge sévèrement avant de répliquer d'un ton péremptoire en langue hellène, lui qui, comme son demi-frère, avait pourtant parfaitement et tout naturellement répondu à mon scythien.
- Apprends tout d'abord à changer de ton quand tu t'adresses à plus fort que toi. On n'est pas en Barbarie ici. Si tu veux avoir une chance d'accomplir cette tâche, commence par modérer ton langage et à utiliser celui que l'on pratique dans ce pays. Ensuite, pour répondre à ta question, j'ai prévu de créer une arme de guerre capable de neutraliser les tribus qui menacent ton royaume.
- Quoi vraiment ? Comment juste un arme tue tous mes ennemis ?
Je maudis ma maîtrise encore imparfaite du grec et ma trop grande promptitude à lui répondre. L'empressement trahit clairement mon intérêt.
- Un char. Mais pas n'importe quel char ! Un quadrige tiré par des pégases et capable de cracher le feu solaire de Phébus. Ça suffira ?
Je prends cette fois le temps de la réflexion en essayant de faire abstraction de l'antipathie que m'inspire ce personnage. Je me garde bien de lui dire que je commence à comprendre pourquoi sa femme l'a quitté, même si la saillie me démange les lèvres. Ceci dit, je ne sais s'il est toujours ainsi ou si ce n'est pas l'amour déçu qui le rend tellement exécrable. Peut-être que sous ses abords rustres et violents ce dieu estropié aime-t-il profondément Aphrodite ? Je lui laisse pour l'instant le bénéfice du doute et ce n'est pas vraiment important. Ce qui compte maintenant est de tirer le meilleur parti d'une situation délicate mais probablement fructueuse.
Je peux négocier pied-à-pied une plus forte récompense (au 27) ou faire mine de refuser sa proposition (au 28).
Le vent vient de singulièrement forcir et votre voilier est désormais ballotté par la houle sous un ciel orageux. Les lames n'excédant pas quatre coudées, vous comptez bien surmonter sans péril cet obstacle imprévu. Mais vous ne pouviez pas anticiper le défaut dans votre toile gonflée qui soudain se déchire sur deux bons empans de longueur ! Fulminant contre Héphaïstos qui aurait pu vous confier une embarcation de meilleure qualité, vous mettez à la cape puis vous résolvez à finalement affaler afin de ravauder la toile en dépit du tangage.
L'accroc n'est qu'à moitié réparé quand se profile l'imposante structure d'une trière marchande. Comprenant que vous vous trouvez en difficulté, l'équipage du navire a replié les rames pour vous approcher par bâbord. Des cordages vous sont lancés et voilà votre rafiot remorqué tandis que vous grimpez agilement jusqu'au pont du vaisseau.
Vous craignez un instant pour votre sécurité en constatant que le capitaine et ses hommes sont tous d'origine perse. Les guerres étant si fréquentes et meurtrières entre l'Empire achéménide et les cités grecques, l'idée vous traverse l'esprit qu'ils ne soient que des forbans opérant sous pavillon commercial. Leurs manières bonhommes ont toutefois tôt fait de dissiper vos préjugés. Un marin est envoyé illico s'occuper de votre avarie tandis que le capitaine – qui se présente sous le nom d'Elymaïs - vous convie dans sa cabine sous le pont avant pour partager un rafraîchissement.
Installés sur le même divan dans une pièce sombre aux relents de cire à bois, vous sirotez de l'haoma dans une corne de bœuf. Cette boisson orientale obtenue par le suc de feuilles de vigne écrasées est réputée très alcoolisée. Heureusement, Elymaïs ajoute à la boisson aigre et laiteuse un peu d'eau et de jus de grenades, si bien que le mélange s'avère aussi surprenant que savoureux.
Tout à la fois négociant, armateur, voire cartographe à ses heures, le petit homme olivâtre aux sourcils charbonneux et arqués s'avère un impénitent bavard. Vos rares interventions sont invariablement ponctuées par d'exubérantes exclamations qui précèdent une reprise immédiate de son fantastique débit de paroles. Vous en venez donc à vous laisser bercer par le récit de sa vie, de ses voyages et de ses multiples rencontres.
Un choc terrible interrompt cependant Elymaïs au milieu d'une phrase, faisant trembler les cloisons de la pièce. Tous deux levez les yeux au plafond. Votre coeur qui a fait une embardée repart en accélérant de plus belle quand retentissent les cris des marins. Des hurlements de frayeur. Des hurlements d'agonie. Bientôt couverts par un rugissement bestial qui tire le capitaine de son hébétude.
- Par les écailles d'Ahriman ! s'exclame-t-il en dégainant un sabre très courbé, avant de gravir les quelques marches qui précèdent l'écoutille.
Vous pouvez remonter à sa suite (au 318), rester en embuscade dans la cabine (au 313) ou vous faufiler au-dehors par un panneau mobile percé sur le côté (au 314).
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Mon coeur a manqué un battement à la mention d'Adonis. Contrairement à la bande d'Olympiens, ce dieu est vénéré en Scythie. Non pas que j'en sois une fervente adepte, la guerre et la protection du royaume ne le concernant pas vraiment. Mais l'idée qu'il chemine sur ces terres, que je pourrais même le croiser m'emplit d'une crainte superstitieuse et d'une nostalgie malvenue pour ma patrie natale. Je ne dissimule pas mon agacement.
- Qu'ai-je à y gagner ? Se mêler de vos affaires à vous les dieux, pour une mortelle, c'est comme glisser la main dans une amphore remplie de vipères.
Héphaïstos me jauge sévèrement avant de répliquer d'un ton péremptoire en langue hellène, lui qui, comme son demi-frère, avait pourtant parfaitement et tout naturellement répondu à mon scythien.
- Apprends tout d'abord à changer de ton quand tu t'adresses à plus fort que toi. On n'est pas en Barbarie ici. Si tu veux avoir une chance d'accomplir cette tâche, commence par modérer ton langage et à utiliser celui que l'on pratique dans ce pays. Ensuite, pour répondre à ta question, j'ai prévu de créer une arme de guerre capable de neutraliser les tribus qui menacent ton royaume.
- Quoi vraiment ? Comment juste un arme tue tous mes ennemis ?
Je maudis ma maîtrise encore imparfaite du grec et ma trop grande promptitude à lui répondre. L'empressement trahit clairement mon intérêt.
- Un char. Mais pas n'importe quel char ! Un quadrige tiré par des pégases et capable de cracher le feu solaire de Phébus. Ça suffira ?
Je prends cette fois le temps de la réflexion en essayant de faire abstraction de l'antipathie que m'inspire ce personnage. Je me garde bien de lui dire que je commence à comprendre pourquoi sa femme l'a quitté, même si la saillie me démange les lèvres. Ceci dit, je ne sais s'il est toujours ainsi ou si ce n'est pas l'amour déçu qui le rend tellement exécrable. Peut-être que sous ses abords rustres et violents ce dieu estropié aime-t-il profondément Aphrodite ? Je lui laisse pour l'instant le bénéfice du doute et ce n'est pas vraiment important. Ce qui compte maintenant est de tirer le meilleur parti d'une situation délicate mais probablement fructueuse.
Je peux négocier pied-à-pied une plus forte récompense (au 27) ou faire mine de refuser sa proposition (au 28).