Jusque là, l’A.V.H. de Shamutanti est clairement, à mes yeux, celle qui a le plus beau style. Un vrai plaisir à lire.
L’univers n’est qu’esquissé, mais ça ne m’a pas vraiment dérangé, car l’histoire tourne quasiment exclusivement autour des personnages. On est dans la tragédie, donc il est normal que le récit exalte les émotions. De ce côté, les protagonistes sont marquants. J’aurais toutefois aimé en savoir un peu plus sur eux… Connaître leur vécu, peut-être quelques anecdotes sur les uns ou les autres. J’ai adoré la scène avec Inciyet, par exemple, et j’aurais beaucoup aimé que tous les paragraphes aient la même profondeur. Je pense, en effet, que l’histoire aurait gagné à être un peu plus contextualisée ; là, les personnages restent plus ou moins des étrangers pour le lecteur, et leur destinée tragique est, du coup, un peu moins marquante. Toutefois, grâce au style — et notamment aux dialogues, vraiment bien écrits —, le récit reste saisissant. On se prend donc à rêver de la même histoire, aussi bien écrite, avec juste un univers davantage décrit…
La jouabilité, elle, est réduite à son strict minimum. Peut-on vraiment parler de jouabilité, du reste ? On est davantage dans un roman ou une nouvelle (voire une pièce de théâtre) interactive que dans un livre-jeu. Le coup de la poudre rouge et du liquide blanc présentés de but en blanc ne m’a pas dérangé outre mesure, car j’ai vite compris leur utilité (bien que je pensais, au début, que le liquide guérissait, non qu’il ramenait à la vie). Mais les choix semblent vains, n’existant visiblement que pour accentuer le fatalisme du sort du héros. J’aime beaucoup cette ambiance désabusée, cet aspect désenchanté du récit. La contrepartie étant que l’aspect ludique, lui, passe à la trappe. Est-ce un mal ? Cela dépend de ce que l’on cherche.