09/02/2011, 06:04
Et le début de l'aventure.
À peine visible, Qentarivaal, l’enfant-dieu frappé de folie, consume violemment la matière éjectée par l’immense soleil rouge et recrache un tourbillon bleuté de flammes cruelles, un anneau flamboyant brûlé à tout jamais dans le firmament.
On dit que Rulvaa et Qentarivaal ne quittent jamais leur position dans le ciel, qu’on les voit même en pleine nuit, quand Taayo, Taares et Taami ont disparu sous l’horizon. On dit aussi que Sirèes Saax a un sixième soleil – un soleil entièrement noir à la couronne pourpre – qui apparaît au déclin d’une civilisation pour en consumer les vestiges. On l’appelle Xxaal : « Le Dieu Noir qui Dévore les Ruines et Châtie les Rois ».
J’ai tout de même bien retenu mes leçons, songez-vous. Si j’avais pu deviner que j’aboutirais ici, j’aurais essayé d’apprendre aussi les coutumes locales.
Vous avez découvert une piste à travers le petit bois aperçu précédemment. Cela vous a permis d’espérer qu’une agglomération soit proche. Conséquemment, vous avez décidé de suivre le sentier. À présent, vous marchez sous le couvert des arbres, où vous ne distinguez les cinq soleils qu’à travers les fentes occasionnelles dans le feuillage.
Fleur Aimée est toujours installée sur votre dos, où elle dort de façon intermittente. C’est vrai qu’elle ne pèse presque rien. Bien que vous marchiez déjà depuis trois venizens, vous ne ressentez aucune fatigue particulière. Plus que jamais, l’identité de la petite Sihylla vous intrigue. Peut-être est-ce seulement dû à sa fragilité apparente, mais vous ressentez le besoin de prendre soin de cette enfant, de la protéger, de la réconforter. Elle n’a plus rien au monde, cette petite fille. Plus rien sauf vous.
Vous regardez son visage endormi du coin de l’œil. À la lumière des trois soleils primaires, vous avez fait quelques constatations qui vous avaient échappé dans les profondeurs sombres du Sanctuaire. Les cheveux de Fleur Aimée ne sont pas entièrement roses. Certaines mèches, parfois aussi minces qu’un cheveu unique, sont orangées, ou blondes, ou d’une jolie couleur pervenche. Ses yeux, quand elle les ouvre, sont plus grands et expressifs que ceux d’un enfant moyen, et ses oreilles délicates, au pavillon en pointe arrondie, sont orientées vers l’arrière de sa tête.
Tout cela confirme, s’il pouvait rester un doute, que Fleur Aimée n’appartient à aucun peuple des royaumes connus.
Elle est mignonne, la petite, songez-vous. Mais si on entre dans une ville, elle fera sensation. Personne n’aura jamais vu une fillette aux cheveux roses.
Vous froncez légèrement les sourcils.
Je me demande s’il reste des Sihyls, quelque part sur Xhoromag ?
Devant vous, l’éclaircissement du feuillage vous distrait de vos pensées.
— Je crois qu’on entre dans une clairière, dites-vous. Veux-tu faire une pause, Fleur ?
Un sourire sardonique plisse vos lèvres. Pourquoi lui posez-vous cette question ? C’est vous qui la portez depuis le début.
Peut-être la fillette aurait-elle pu répondre quand même, si les événements lui en avaient laissé le temps. En l’occurrence, elle ne peut que s’exclamer de surprise.
Tirez un nombre de l’Anneau du Destin. S’il est pair, rendez-vous au 101. S’il est impair, rendez-vous au 124.
Et j'obtiens… 0.
CHAPITRE 2
LES RUNES DE RAANMEZORR
LES RUNES DE RAANMEZORR
81
Taayo, Taares et Taami : les trois soleils blancs, étincelants, qui seuls réchauffent vraiment les terres de Sirèes Saax. Disposés en triangle scalène, ils occultent par leur brillance la masse rougeoyante, vingt fois plus énorme, de la géante rouge Rulvaa.À peine visible, Qentarivaal, l’enfant-dieu frappé de folie, consume violemment la matière éjectée par l’immense soleil rouge et recrache un tourbillon bleuté de flammes cruelles, un anneau flamboyant brûlé à tout jamais dans le firmament.
On dit que Rulvaa et Qentarivaal ne quittent jamais leur position dans le ciel, qu’on les voit même en pleine nuit, quand Taayo, Taares et Taami ont disparu sous l’horizon. On dit aussi que Sirèes Saax a un sixième soleil – un soleil entièrement noir à la couronne pourpre – qui apparaît au déclin d’une civilisation pour en consumer les vestiges. On l’appelle Xxaal : « Le Dieu Noir qui Dévore les Ruines et Châtie les Rois ».
J’ai tout de même bien retenu mes leçons, songez-vous. Si j’avais pu deviner que j’aboutirais ici, j’aurais essayé d’apprendre aussi les coutumes locales.
Vous avez découvert une piste à travers le petit bois aperçu précédemment. Cela vous a permis d’espérer qu’une agglomération soit proche. Conséquemment, vous avez décidé de suivre le sentier. À présent, vous marchez sous le couvert des arbres, où vous ne distinguez les cinq soleils qu’à travers les fentes occasionnelles dans le feuillage.
Fleur Aimée est toujours installée sur votre dos, où elle dort de façon intermittente. C’est vrai qu’elle ne pèse presque rien. Bien que vous marchiez déjà depuis trois venizens, vous ne ressentez aucune fatigue particulière. Plus que jamais, l’identité de la petite Sihylla vous intrigue. Peut-être est-ce seulement dû à sa fragilité apparente, mais vous ressentez le besoin de prendre soin de cette enfant, de la protéger, de la réconforter. Elle n’a plus rien au monde, cette petite fille. Plus rien sauf vous.
Vous regardez son visage endormi du coin de l’œil. À la lumière des trois soleils primaires, vous avez fait quelques constatations qui vous avaient échappé dans les profondeurs sombres du Sanctuaire. Les cheveux de Fleur Aimée ne sont pas entièrement roses. Certaines mèches, parfois aussi minces qu’un cheveu unique, sont orangées, ou blondes, ou d’une jolie couleur pervenche. Ses yeux, quand elle les ouvre, sont plus grands et expressifs que ceux d’un enfant moyen, et ses oreilles délicates, au pavillon en pointe arrondie, sont orientées vers l’arrière de sa tête.
Tout cela confirme, s’il pouvait rester un doute, que Fleur Aimée n’appartient à aucun peuple des royaumes connus.
Elle est mignonne, la petite, songez-vous. Mais si on entre dans une ville, elle fera sensation. Personne n’aura jamais vu une fillette aux cheveux roses.
Vous froncez légèrement les sourcils.
Je me demande s’il reste des Sihyls, quelque part sur Xhoromag ?
Devant vous, l’éclaircissement du feuillage vous distrait de vos pensées.
— Je crois qu’on entre dans une clairière, dites-vous. Veux-tu faire une pause, Fleur ?
Un sourire sardonique plisse vos lèvres. Pourquoi lui posez-vous cette question ? C’est vous qui la portez depuis le début.
Peut-être la fillette aurait-elle pu répondre quand même, si les événements lui en avaient laissé le temps. En l’occurrence, elle ne peut que s’exclamer de surprise.
Tirez un nombre de l’Anneau du Destin. S’il est pair, rendez-vous au 101. S’il est impair, rendez-vous au 124.
Et j'obtiens… 0.