Après avoir parcouru la traduction d’Outremer en long, en large et en travers, j’y vais à mon tour de mes impressions (risque de révélations mineures).
J’ai simplement adoré. Ce LVH est doté d’une ambiance exceptionnelle rarement atteinte dans la ludo-littérature. L’univers post-apocalyptique est parfaitement rendu, on ressent à merveille le désespoir fataliste de cette humanité au bord de l’extinction. Bien que le récit laisse par moments entrapercevoir quelques étincelles d’espoir, on n’ose vraiment croire à une fin heureuse, ce que confirment d’ailleurs les quatre façons d’achever l’aventure, plutôt amères dans l’ensemble. L’univers est cohérent et riche, et même si certains aspects historiques ne sont qu’évoqués — avec parcimonie –, ça ne fait je trouve que rajouter à ce côté déliquescence des souvenirs de l’humanité. Enfin, comme cela a déjà été maintes fois souligné, on a rarement (jamais ?) vu autant de personnages aussi développés et variés dans un livre-jeu.
Le style est limpide et plaisant. Je ne sais qui de l’auteur ou du traducteur mérite des louanges — sans doute les deux ! Et la jouabilité est excellente. Une situation donnée ne demandera pas la même réaction de la part du joueur en fonction de ses compétences ou de ses objets. À de multiples reprises, j’ai fait un choix en me disant que telle compétence me servirait sûrement dans cette optique, et cela se confirmait par la suite. Il m’est aussi arrivé de faire des choix irréfléchis et d’être logiquement puni. Peu de place au hasard (en témoigne l’absence de dés), c’est vraiment un défi à l’intelligence du joueur. Certes la difficulté n’est pas non plus pharaonique, mais elle reste suffisamment élevée pour tenir le joueur en haleine et prolonger le plaisir de la lecture, plaisir augmenté par l’absence de linéarité et de one-true-path. Toujours en ce qui concerne la jouabilité, la gestion de l’équipement incite également à bien réfléchir aux objets qu’on décide d’emporter même si, en effet, le réalisme de l’aventure en pâtit un peu.
Car tout n’est pas parfait. Certaines séquences sont ainsi peu étoffées, notamment le passage par Jib & Raltar, qui souffre d’ellipses un peu brutales et ne permet guère de s’équiper correctement. La traversée du désert avec Boche est quelque peu singulière dans le sens où le texte nous donne l’impression qu’il a purement et simplement disparu (et pour cause, puisque ce sont les mêmes paragraphes que l’on parcourt lorsqu’on est seul) alors que ce compagnon facultatif était plutôt bien géré jusque là.
Mais à côtés de ça, il y a tous ces petits détails, trop nombreux pour que je les ai tous mémorisés, et qui placent Cœur de glace dans mon panthéon personnel des tous meilleurs LVH jamais écrits. Comme le choix qui nous est donné, au début, de nous rendre au 1… ou pas. Quasiment n’importe quel autre bouquin aurait décrit le héros se jetant à corps perdu dans l’aventure sans lui demander son avis. Ça ne change pas grand chose (on se rend quand même au 1 !) si ce n’est l’impression d’incarner, pour une fois, un héros humain avec sa propre vie, même si on ne sait rien de celle ci (sauf à avoir opté pour un profil prédéfini, un autre de ces tout petit plus dont le livre regorge).
Bref, une œuvre magistrale.
J’ai simplement adoré. Ce LVH est doté d’une ambiance exceptionnelle rarement atteinte dans la ludo-littérature. L’univers post-apocalyptique est parfaitement rendu, on ressent à merveille le désespoir fataliste de cette humanité au bord de l’extinction. Bien que le récit laisse par moments entrapercevoir quelques étincelles d’espoir, on n’ose vraiment croire à une fin heureuse, ce que confirment d’ailleurs les quatre façons d’achever l’aventure, plutôt amères dans l’ensemble. L’univers est cohérent et riche, et même si certains aspects historiques ne sont qu’évoqués — avec parcimonie –, ça ne fait je trouve que rajouter à ce côté déliquescence des souvenirs de l’humanité. Enfin, comme cela a déjà été maintes fois souligné, on a rarement (jamais ?) vu autant de personnages aussi développés et variés dans un livre-jeu.
Le style est limpide et plaisant. Je ne sais qui de l’auteur ou du traducteur mérite des louanges — sans doute les deux ! Et la jouabilité est excellente. Une situation donnée ne demandera pas la même réaction de la part du joueur en fonction de ses compétences ou de ses objets. À de multiples reprises, j’ai fait un choix en me disant que telle compétence me servirait sûrement dans cette optique, et cela se confirmait par la suite. Il m’est aussi arrivé de faire des choix irréfléchis et d’être logiquement puni. Peu de place au hasard (en témoigne l’absence de dés), c’est vraiment un défi à l’intelligence du joueur. Certes la difficulté n’est pas non plus pharaonique, mais elle reste suffisamment élevée pour tenir le joueur en haleine et prolonger le plaisir de la lecture, plaisir augmenté par l’absence de linéarité et de one-true-path. Toujours en ce qui concerne la jouabilité, la gestion de l’équipement incite également à bien réfléchir aux objets qu’on décide d’emporter même si, en effet, le réalisme de l’aventure en pâtit un peu.
Car tout n’est pas parfait. Certaines séquences sont ainsi peu étoffées, notamment le passage par Jib & Raltar, qui souffre d’ellipses un peu brutales et ne permet guère de s’équiper correctement. La traversée du désert avec Boche est quelque peu singulière dans le sens où le texte nous donne l’impression qu’il a purement et simplement disparu (et pour cause, puisque ce sont les mêmes paragraphes que l’on parcourt lorsqu’on est seul) alors que ce compagnon facultatif était plutôt bien géré jusque là.
Mais à côtés de ça, il y a tous ces petits détails, trop nombreux pour que je les ai tous mémorisés, et qui placent Cœur de glace dans mon panthéon personnel des tous meilleurs LVH jamais écrits. Comme le choix qui nous est donné, au début, de nous rendre au 1… ou pas. Quasiment n’importe quel autre bouquin aurait décrit le héros se jetant à corps perdu dans l’aventure sans lui demander son avis. Ça ne change pas grand chose (on se rend quand même au 1 !) si ce n’est l’impression d’incarner, pour une fois, un héros humain avec sa propre vie, même si on ne sait rien de celle ci (sauf à avoir opté pour un profil prédéfini, un autre de ces tout petit plus dont le livre regorge).
Bref, une œuvre magistrale.