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26/03/2021, 10:57
(Modification du message : 26/03/2021, 10:58 par Voyageur Solitaire.)
Il y a l'univers aussi qui peut aider.
Dans l'AVH de Grattepapier, en Rome antique, l'esclavage par exemple est chose courante comme de voir des gladiateurs s'entretuer pour le plaisir des foules. Le lecteur peut se dire qu'à l'époque, c'était comme ça.
Si on propose un univers où certains faits, certains comportements, sont annoncés comme normaux, c'est peut-être plus facile de les faire passer au lecteur. On peut toujours aussi rappeler en intro que ça reste une oeuvre de fiction et que les opinions exprimées ne reflètent pas celles de l'auteur.
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26/03/2021, 11:19
(Modification du message : 26/03/2021, 11:19 par grattepapier.)
(26/03/2021, 10:01)Voyageur Solitaire a écrit : Je crois que le seul exemple qu'on a en LDVH, le plus connu du moins, c'est Défis sanglants sur l'Océan où l'on incarne un pirate qui pille des navires, attaque des villages et caravanes, capture des gens pour les revendre comme esclaves...
Il y a aussi "Les vikings "et "Le fils des steppes" dans la collection "Histoires à jouer" où cela est très premier degré (mais pas trop gore).
et en AVH tu as "Le château du sorcier" d'Outremer (un chef d’œuvre !) où tu incarnes un affreux sorcier mais c'est traité avec beaucoup d'humour et de légèreté
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Disons que dans la littérature classique, il y a des monuments le "héros" est potentiellement un salaud, une ordure, un meurtrier. Ce sont des livres extrêmement perturbants. Je pense à Un tueur sur la route de James Ellroy ou American Psycho de Brett Easton Ellis. Bon, dans le second, il y a une sorte de finesse où on finit par douter que le héros raconte la réalité. Mais c'est très violent. C'est beaucoup plus dur de trouver un parallèle dans les AVH, parce qu'ona l'impression que la forme responsabilise le lecteur et impose une identification encore plus forte. Peut-être qu'en utilisant la troisième personne, ce serait plus facile à gérer, comme pour Loup Ardent.
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26/03/2021, 16:51
(Modification du message : 26/03/2021, 16:52 par Voyageur Solitaire.)
Je dirais que ça dépend du lecteur :
- Soit il s'implique, il s'identifie vraiment au personnage, il est le "héros" (c'est mon cas) et là, il peut refuser d'aller plus loin en disant : "Non, ça je peux pas, je ne peux pas faire un tel choix".
- Soit il reste extérieur, il privilégie le fait que ça reste de la fiction, il vit l'aventure par procuration à travers le personnage et là, c'est plus facile puisque ce n'est pas vraiment lui.
Lequel de ces deux lecteurs serais-tu Gynogege ?
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Difficile de savoir quel type de lecteur je serais... je pense que ça dépend aussi de la technique employée par l'auteur. Si je prends, Loup Solitaire, la plupart du temps je me sens assez détaché du personnage, que je trouve plutôt désincarné. Mais pendant les scènes d'action ou de bataille, je m'identifie beaucoup plus. Ou au moins de l'immersion.
C'est vraiment compliqué. Parce que l'identification et l'immersion fonctionnent différemment, même si je ne suis pas forcément capable de mettre le doigt exactement sur la distinction. Il y a aussi le côté implicite/explicité qui peut jouer. Pour donner un exemple, je ne décrirais jamais le héros d'une AVH en train de torturer quelqu'un... mais je pourrais très bien intégrer une ellipse suggérant qu'il vient de torturer quelqu'un. Quand on laisse fonctionner l'imagination du lecteur, c'est plus facile pour lui d'imaginer la scène (ou pas) d'une manière qui lui soit supportable. C'est pour ça aussi que je ne décrirais pas de scènes sexuelles explicites, pas par pudibonderie, mais parce que l'imagination est beaucoup plus puissante que la description. La description chirurgicale crée en fait de la distanciation (et d'ailleurs c'est ce que fait remarquablement Bret Easton Ellis, que ce soit pour les scènes de boucherie ou pour ses scènes de sexe très crues).
En tous cas, c'est très difficile de donner une réponse à cette question...
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Dans Le Manuel de la Ligue Communale, on gère un groupe de révolutionnaires qui cherchent à renverser le pouvoir établi. Est-ce que tu as envisagé la possibilité d'écrire une AVH où on incarnerait au contraire un dirigeant politique déjà en place et devant faire des choix politiques/économiques/diplomatiques/militaires, un peu comme dans les livres 4 et 5 de la "Voie du Tigre" ?
(On incarne techniquement un dirigeant politique dans Disruption, mais il y a beaucoup de choses qui nous échappent et notre contrôle de la situation est très incertain.)
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Je ne me souviens plus très bien de ces épisodes de la Voie du Tigre (même si c'est une série que j'avais adoré à l'époque). C'est sûr que ça pourrait être intéressant, mais comme on m'a déjà fait remarquer que j'avais tendance à mettre beaucoup de dirigeants Concrètement, pour mettre en place ce genre d'intrigue, je pense que c'est compliqué. La partie diplomatique, oui, on peut imaginer de bonnes "intrigues de cour", et ça a déjà été fait. Mais la partie gestion à proprement parler, ou même stratégie militaire, je pense qu'il faut ête sacrément habile pour ne pas rendre le sujet trop aride. Il faut que les choix aient vraiment un sens pour le lecteur.
Je serais plutôt dans l'idée de ce que tu as pu faire avec "Fleurir en Hiver", un personnage qui gravite dans l'ombre des grands et qui essaie de s'élever. J'essaie de faire ça dans une AVH qui s'appelle "Le prix d'une paire de jambes", un personnage qui a un côté Rastignac, mais je n'avance pas beaucoup pour l'instant.
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28/03/2021, 08:12
(Modification du message : 28/03/2021, 08:15 par Voyageur Solitaire.)
(27/03/2021, 21:18)gynogege a écrit : ... ou même stratégie militaire, je pense qu'il faut être sacrément habile pour ne pas rendre le sujet trop aride.
Entièrement d'accord.
C'était Les seigneurs de la guerre de La voie du Tigre : on devait, avant une grande bataille, choisir un plan parmi ceux proposés par nos amis et alliés, avec une carte détaillée, des unités différentes (elfes-archers, cavaliers, fantassins, magiciens et moines-combattants...) en différents points stratégiques... Et j'avais rien compris à l'époque ! Au bout du troisième plan proposé, je tournais la carte dans tous les sens, je prenais des notes sur un papier... Au final, j'ai choisi au pif, en fonction du personnage qui proposait plus que de son plan d'attaque (bon, j'ai eu du bol, ça a marché !).
C'était un côté "gestion" très sympa et encore rare dans les LDVH mais franchement assez hermétique.
Le côté "intrigue de cour" peut être sympa, il amène pas mal de choix et d'interactions mais à mettre en place en tant qu'auteur, ça doit être vraiment casse-gueule je pense.
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gynogege a écrit :ce qui me plaît c'est d'essayer de poser des personnages ambigus, voire un peu détestables. C'est dangereux mais ça me tente. J'appellerais ça une AVS: une Aventure dont Vous êtes le Salaud.
J'adore le terme.
Et du coup, LDVELS pour Défis Sanglants sur l'Océan et consorts.
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Que doit te proposer une AVH pour susciter ton intérêt ? Que cherches-tu en fait dans une AVH (l'atmosphère, les règles, un thème particulier... ) ?
Question opposée : qu'est-ce qui te ferait fuir une AVH (règles trop compliquées, un thème particulier...) ?
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Compliqué comme question... j'essaie de ne pas avoir trop d'a priori par rapport à une AVH, j'aime bien être surpris aussi, mais pas forcément. Quand je lis du Voyageur Solitaire, au hasard, je m'attends à une certaine ambiance, je ne suis pas forcément surpris, mais je ne suis pas déçu non plus. Pareil pour les Nils Jacket, je sais à peu près à quoi m'attendre et ça me convient très bien. Mais j'aime bien aussi les AVH de Skarn ou Outremer, qui tentent des choses nouvelles à chaque fois, souvent avec bonheur.
Les règles trop compliquées, oui, clairement ça peut être un repoussoir. Un univers trop difficilé à digérer aussi. Ce qui est appréciable avec Shamanka, c'est qu'on se laisse glisser dans l'univers sans avoir besoin d'un pavé d'explications. J'ai eu du mal avec "Xer", entre autres à cause de ça. "Fleurir en Hiver" est assez exigeant aussi, mais ça vaut la peine de s'accrocher. Mais ce qui me rebute le plus, c'est le format électronique. J'avoue qu'il y a des AVH que je fais exprès de ne pas trop déflorer, en attendant de les avoir entre les doigts. Le livre est irremplaçable et l'écran me fatigue.
Au niveau thématique, j'essaie d'être large d'esprit aussi. Je me souviens d'une AVH de Sukumvit (honte à moi, je n'ai pas le nom qui me revient), en lisant le résumé çe ne donnait pas envie, mais pas du tout... Et pourtant c'était un chef d'oeuvre. Bon, le Frère Edgar ça ne m'a pas passionné, je l'avoue, mais l'idée était sympa. On a la chance de travailler dans un genre littéraire où beaucoup de choses restent à défricher, selon moi, donc c'est difficile de faire le blasé (même si quelques auteurs mythiques outre-manche ont tendance à se répéter).
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Y a-t-il des choses que tu changerais dans une ou plusieurs de tes œuvres sorties si tu les écrivais aujourd’hui ?
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Mince, la question... je peux dire que sur la Troisième Porte du Rêve j'ai déjà proposé une version moins contrainte, ayant acté le fait que c'était vraiment un OTP très très pervers. Sur le Manuel de la Ligue Communale, avec le recul j'aurais sans doute choisi un système de gestion moins lourd. Je sais que certains ont accroché à l'histoire, mais pas du tout à la complexité des règles. Pour Disruption, la limite de 50 paragraphes m'a imposé des choix un peu frustrants, et même de renoncer à certains passages (c'est d'ailleurs aussi le cas pour l'AVH que je suis en train d'écrire pour le mini-Yaz. Qui plus est, le contexte politique ayant un peu évolué, je pense que je retoucherais l'intro aussi. Si je le réécrivais aujourd'hui
Pour Le Trône d'Arion, pas grand chose à part l'adapter au canon Titan. Pour L'Epreuve des Clans je n'ai clairement pas assez de recul. De manière générale, chaque AVH a sa logique propre, c'est difficile de se remettre dedans pour deux raisons: d'abord retrouver le style et l'état d'esprit qui correspondaient à l'AVH (à moins de tout reprendre à zéro bien sûr); ensuite bouleverser une structure arborescente qui a déjà demandé beaucoup de sang et de sueur pour tenir debout... bref, pas évident.
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Tes aventures sont très peu linéaires, et en conséquence ont des structures d'une très grande complexité, avec certaines sections accessibles à des moments et par des manières variant du tout au tout. En dépit de cela, les bugs et les incohérences y sont rarissimes. Comment t'organises-tu donc pour éviter de te perdre au moment de l'écriture, et pour t'assurer tu as bien géré tous les cas ?
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Je pense que je vais te décevoir: je ne m'organise pas. J'ai un graphe sur papier pour ne pas me paumer dans les renvois de paragraphe, mais pour le reste c'est dans ma tête (donc j'exagère: en fait, c'est organisé dans ma tête, mais c'est impossible de décrire comment). Ce qui explique que des AVH comme Le Manuel de la Ligue Communale ou L'Epreuve des Clans ont été littéralement épuisantes mentalement !
Et après je compte sur Skarn pour me signaler les erreurs Je déconne à peine, c'est vraiment appréciable d'avoir un lecteur comme toi qui va quasiment décortiquer toutes les possibilités d'une AVH. Merci à toi, donc !
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