En effet... le perso se cryogénise afin de voir le résultat de sa politique 60 ans plus tard. Même s'il découvre le monde futur, il doit connaître le programme qu'il a instauré, ce que le lecteur ne connaît pas. Comme je l'avais dit à outremer ou fitz (je sais plus lequel désolé), ce genre d'artifice valable dans la littérature classique ne marche pas (ici, cacher au lecteur des informations que le personnage connait), car le lecteur-joueur EST le héros ; et dans ce cas, l'aspect rôlistique doit jouer à fond : le perso et le lecteur se doivent d'avoir les mêmes informations, c'est obligatoire pour l'immersion et la prise de décision.
Mais au vu des réactions du perso, je crains que gynogege n'a pas intégré le programme du président dans son BG (à lui de me dire). Car normalement, le président à une vue de l'avenir (le résultat théorique de sa politique) ; donc ses réflexions ne devrait pas se cantonner à sa surprise "découverte totale", mais se dire "tiens ça devrait pas être comme ça" ou bien demander au robot "au fait, blablabla ?" etc...
A part ses parties de jambes en l'air et son énervement passif (c'est le pire je pense) fasse au robot, je ne me sens vraimeent pas dans la peau d'un mec qui vient constater le résultat d'un plan "kro génial" conçu et approuvé par tout le monde.
Concernant le style, il ne me parle pas (je ne dis pas que c'est mal écrit).
Dommage, car l'idée est bonne et je vais refaire au moins un essai car j'aimerais voir le monde proposé (j'avais 2-3 idées au début, dont une plus précise depuis que j'ai lu la fin où j'ai atterri). Contrairement à Consomption, ton personnage se souvient du passé et s'est lui-même envoyer dans le futur pour confirmer un résultat. Et de ce que j'ai lu, l'aventure proposée ne correspond pas du tout à ce synopsys. Le président (le dirigeant du pays, quoi, c'est pas jojo l'poivrôt) est bien trop passif dans sa reprise de fonction.

Spoiler


Le président esquisse son "programme" en intro, il s'agit tout simplement de la dissolution de l'Etat dans un contrôle technocratique de la société. Donc on comprend bien qu'il n'y a pas de plan génial derrière, puisque son idéologie c'est l'opposé exact du contrôle centralisateur planifié (sur 60 ans bonjour an plus...) Il remet les clefs de la maison aux grandes entreprises et aux multinationales. Je ne suis pas sûr d'utiliser le mot "programme" en intro d'ailleurs, si je l'ai fait c'est une maladresse, on ne parle que de lois et de réformes.
Ensuite, dans le terme même de disruption il y a l'idée qu'on ne sait pas vraiment ce qu'il y a après, l'objectif c'est la changement et la rupture par principe. Son "programme" consiste à poser les conditions de la rupture, pas à guider vers quelque chose de précis.
Après, le Président va se satisfaire de quelques aboutissements technologiques qui correspondent à ce qu'il envisageait (véhicule autonome, IA...), il va être plus surpris par d'autres. Il y a quand même un passage où il compile toute l'histoire de la France depuis son départ et où il se permet un peu d'auto-satisfaction devant la réussite des "incubateurs", etc... Il y a aussi l'influence qu'il est supposé avoir eue dans les relations stratégiques avec le Japon.

La société qu'il a voulue explique aussi pourquoi il est passif dans sa reprise de fonctions. C'est un gars dont l'idéologie repose à la base sur la disparition de l'Etat. Et cette idéologie rentre en contradiction frontale avec sa mégalomanie naturelle de chef d'Etat. Il veut prouver qu'il a eu raison, que ses idées ont fonctionné... mais en même temps s'il a eu raison alors il ne sert plus à rien. Et de fait quand il revient, il n'a plus les manettes, il n'a plus le contrôle de rien.

Spoilerje suis tombé sur ce § historique vachement long. Justement, c'est ça qui va pas. Toutes les infos que le président a avant de se cryogéniser (stratégie Japon, tout ce que tu viens d'expliquer sur la dissolution de l'Etat dans un contrôle technocratique de la société...), il s'en souvient à son réveil ; donc le lecteur doit le savoir (et pire; tu dois intégrer ça dans ses choix et réflexions). J'aurais préféré trouvé ce que tu viens de m'écrire maintenant que les remarques malvenues sur ses conquêtes féminines (à moins que ce soit un pro-clinton lol).
Par contre, le coup du " Il remet les clefs de la maison aux grandes entreprises et aux multinationales." et "la base sur la disparition de l'Etat" ; heuh, avec les types qui applaudissent avant de se faire cryo pour 80 ans ; perso, je trouve ça un peu maladroit, voire facile. J'y vois pas une grosse cohérence ; à moins d'expliquer ce qui fait que tout le monde voudrais la dissolussion de l'état. En plus, je vois pas trop la motivation/intérêt de faire une cryo de 80 ans (il perdra tous ces amis/famille ; enfin, vu comme il se tape de ma mort de sa bonne femme, à la rigueur, ça peut encore passer lol). Bref, ça reste un peu trop bancal pour moi à beaucoup de niveaux (mais attention, je suranalyse beaucoup trop des fois )

C'est comme le café du Flore : ça déboule comme ça dans les choix. Le perso sait pourquoi, mais le lecteur n'en sait foutrement rien. C'est pas super non plus ça. On doit au moins savoir ce qu'il a comme vécu avec ce lieu et ce qu'il espère y trouver ou pas .

Citation :C'est un gars dont l'idéologie repose à la base sur la disparition de l'Etat. Et cette idéologie rentre en contradiction frontale avec sa mégalomanie naturelle de chef d'Etat. Il veut prouver qu'il a eu raison, que ses idées ont fonctionné... mais en même temps s'il a eu raison alors il ne sert plus à rien.

C'est complètement schyzophrène comme comportement. soit il l'est vraiment et c'est encore un truc qui ne transparait pas clairement dans ses réflexions (moi, je le vois vraiment passif, limite abruti) ; soit ton truc tiens pas la route. Comment un type qui fait tout pour flinguer le concept d'état veuille encore garder cette fontion dans le futur ou s'offusquer de ne pas être traiter en tant que tel ? Perso, je vois pas trop la motiv' du perso. Va falloir m'expliquer...
Ce qui serait intéressant de développer, ce sont ses motivations à se lancer dans un tel projet. Pourquoi ? Qu'espère-t-il en tirer au niveau personnel ou au niveau de l'Histoire ?

Citation :Et de fait quand il revient, il n'a plus les manettes, il n'a plus le contrôle de rien.

'fin ça, excuse-moi, mais c'est vraiment le truc téléphoné à 20 000 bornes ; sinon, y'aurait pas eu d'AVH lol

Spoiler

Soyons clair: je ne m'attends pas à ce que quiconque s'identifie à ce gars ! C'est là où j'ai pris un très gros pari et c'est ce qui m'amusait dans le thème.
Ensuite, on peut se demander comment un tel personnage, aussi inconsistant, schizophrène d'une certaine manière, peut arriver à la tête de l'Etat. Et c'est une très bonne question que je me pose aussi
Après, même si tu n'adhères pas, je peux t'assurer que le fait que le personnage soit comme ça n'est pas juste une facilité parce que sinon il n'y aurait pas d'AVH. Je voulais raconter cette histoire et ce personnage et après j'ai construit une AVH autour, même si le lecteur aurait du mal à s'identifier.

Après, franchement je ne suis pas d'accord sur le principe de dire que le lecteur doit savoir tout ce que le personnage sait. C'est une conception qu'on peut avoir, peut-être une convention (et encore, pas sûr) mais rien n'y oblige. Et personnellement je trouverais ça trop lourd à mettre en oeuvre. Que ça soit frustrant peut-être, mais la frustration n'est pas une mauvaise chose en soi...
Ensuite j'imagine qu'il y a des implicites qui ne te parlent pas, mais là aussi je ne voulais pas faire trop lourdingue, sur le pourquoi de la disparition de l'Etat, l'idéologie sous-jacente... j'imaginais que dans l'ambiance française d'aujourd'hui (ou européenne)  ce serait suffisamment clair. Après il y a des textes transhumanistes qui parlent de la disparition de l'Etat, chez Luc Ferry particulièrement. C'est vrai que j'ai hésité à mettre une citation de lui.
La seule chose que je peux dire c'est que ces points n'ont pas sauté aux yeux de Merlinpin dans sa relecture. Mais de toutes façons ce qui m'intéresse c'est de voir justement comment le texte est perçu, parce que j'ai un peu sauté dans l'inconnu, et je te remercie de tes retours !

Spoiler


Effectivement les questions de l'immersion et de l'identification me semblent légèrement distinctes.

Le principe de base d'une AVH consiste à placer le lecteur dans la position de celui qui fait des choix, afin qu'il puisse orienter l'histoire, ce qui distingue l'aventure d'un roman linéaire.
Mais je suis assez réticent à considérer que cela implique forcément d'une part que le joueur fusionne avec le personnage principal, d'autre part qu'il maîtrise de A à Z tous les tenants et les aboutissants de l'histoire. Cela dépend du genre.

Dans "Disruption", il me semble qu'au-delà de tous les points évoqués par Gynogege (qui font que la trame n'est pas qu'un prétexte à jouer mais une invitation finalement assez subtile et nuancée à réfléchir sur notre époque, aspect que j'apprécie tout particulièrement dans la SF en général), le ton et le point de vue choisis orientent presque l'histoire sur une forme de SF horrifique, voire mâtinée de fantastique (par les aspects "disruptifs" justement, sans qu'il n'y ait aucune touche surnaturelle, entendons-non bien).
Du coup, le fait qu'on s'éloigne d'un réalisme à tout crin, y compris dans la manière dont le personnage semble avoir conçu son plan délirant, me paraît tout à fait justifié et, pour moi du moins, parfaitement efficace.

J'aime ces histoires où le héros est dépassé par les événements, par les conséquences de ses propres actes (passés, ici, lointains même ^^). J'aime ces zones d'ombre qui font qu'on manoeuvre à vue, sans connaître les conséquences de nos actes (en 1ère lecture !), sans savoir à quoi peuvent bien mener ces pertes ou ces gains de points de volonté et de santé.
J'ai lu "Disruption" les premières fois comme on dirige un navire dans un brouillard plein d'écueils, ne sachant pas vraiment où aller, perdu dans une solitude de plus en plus angoissante, entouré d'un monde que je ne reconnaissais pas.
C'est quand même flippant, ces robots, ces pilules, ces bracelets, on est partagé entre notre posture toute-puissante de Président et une impuissance d'autant plus grande que l'on ne comprend pas ce monde qui nous entoure.

En même temps (^^) on réagit, je trouve, de manière assez crédible et suffisamment cohérente. On se débat, on cherche à se rassurer sur le fait qu'on n'est pas le seul humain dans Paris...

Pour le café de Flore, de mémoire il ne s'agit pas d'un choix qu'on nous propose, et le texte explique clairement pourquoi on choisit cet endroit.

Enfin, Caïthness, pour comprendre les choix et la véritable nature du monde proposé par Gynogege, je crois qu'il faut atteindre les autres fins.
J'avais commencé par la fin noire aussi
Et je pense que (volontairement ou pas) elle amène une saine frustration !

Spoiler

l'idée c'est que le contact direct avec un humain nous fait regagner de la volonté inconsciemment, parce qu'elle nous rappelle le monde d'où on vient, où les rapports sociaux reposent encore sur nos sens...