L'enjeu et le moyen d'un AVH - Version imprimable +- Rendez-vous au 1 (https://rdv1.dnsalias.net/forum) +-- Forum : Le coin des écrivains (https://rdv1.dnsalias.net/forum/forum-10.html) +--- Forum : L'Atelier (https://rdv1.dnsalias.net/forum/forum-62.html) +--- Sujet : L'enjeu et le moyen d'un AVH (/thread-3945.html) Pages :
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RE: L'enjeu et le moyen d'un AVH - Outremer - 07/02/2021 Dans Le marais aux scorpions, je dirais que l'enjeu est l'exploration en elle-même. Le héros a obtenu un objet magique qui lui permet de toujours savoir où se trouve le nord et il décide de s'en servir pour explorer un marais rempli de dangers où les boussoles ne fonctionnent pas. Bref, sa motivation relève avant tout de la soif d'aventure. Il est vrai que le héros doit se trouver un employeur qui va lui confier une mission, mais il avait l'intention de s'aventurer dans le marais de toute façon. Il ne se choisit un employeur que pour donner à son expédition un but plus précis (et aussi pour que ledit employeur lui refile quelques pierres magiques). Les premiers livres de la série "Défis et sortilèges" ont des enjeux plus élaborés et originaux que la moyenne des livres-jeux. Kandjar veut retrouver la trace des ancêtres de son peuple, Caïthness veut découvrir ce qui est arrivé à sa famille, etc. Ces objectifs sont personnalisés et justifient le fait qu'ils explorent le monde de Dorgan en long, en large et en travers. RE: L'enjeu et le moyen d'un AVH - Voyageur Solitaire - 07/02/2021 Vaste sujet. Dans les LDVH "classiques", l'enjeu est souvent le même, à quelques variantes près : on doit sauver le monde, on doit affronter le grand méchant (souvent, ça va avec sauver le monde), on accomplit une quête pour arrondir ses fins de mois car le plus souvent, on est un aventurier et un aventurier, ça doit bouffer comme tout le monde et les auberges du coin sont pas données, c'est la crise pour tout le monde ma brave dame... Bien sûr, ces bouquins proposaient un enjeu en accord avec le lectorat visé, adolescent et "jeunesse". On est donc le plus souvent un héros, avec un comportement héroïque et même quand on est un "salaud", ça reste plutôt édulcoré (Défis sanglants sur l'océan par exemple et notons que pour ce dernier, l'enjeu revient à s'en mettre plein les poches aussi). Pour rendre tout ça digeste, on peut l'assaisonner d'un peu de prophétie et de mythologique, on apprend qu'on est celui désigné par la Providence, l'enfant chéri des dieux, le champion annoncé aux gens bien informés... On doit toujours sauver le monde mais là, on est obligé, c'est écrit. Raison pour laquelle Loup Solitaire n'envoie toujours pas chier Rimoah quand ce dernier vient pour la énième fois lui demander de sauver le monde une énième fois en récupérant un énième objet à la con perdu jusque là et qui vient de réapparaître... On peut aussi faire plus gnan-gnan en faisant sauver le monde par de gentils hobitts à la con aux pieds velus et habillés comme des villageois tyroliens dans un bourg charmant et fleuri, youpla boum. Après tout, même George Lucas nous a bien refilé les petits Ewoks et on a rien dit... Puisqu'on parle d'AVH, dans les miennes, j'ai un gros faible pour le "no-enjeu". Au début, le héros que l'on incarne mène sa vie et il se retrouve, souvent sans avoir rien demandé, pris dans une suite d'évènements où il n'aura pas trop le choix. Pas de quête fabuleuse, de trésor à découvrir, de monde à sauver... Non, on doit gérer des emmerdes qui nous tombent dessus et faire avec. Dans Les Tambours de Shamanka, on fuit une sanglante défaite, poursuivi, traqué et on cherche un refuge dans un lieu inconnu. Dans Alshaya, laissé pour mort après un combat qui a mal tourné, on est recueilli par des gens sympas et tout se passe bien jusqu'au jour où ces derniers sont massacrés et où, soumis à un jeu cruel, on doit trouver un guérisseur pour sauver sa vie. La vengeance sera optionnelle. Dans Retour sur l'île du Roi-Lézard, on vient simplement revoir les gens qu'on a aidé autrefois et on découvre que c'est le bordel sur l'île à nouveau. Deux exceptions : Retour à Griseguilde et Le rire de Gorulga. Dans la première, ce sont à nouveau les dieux qui nous appellent et dans le second, on est une souveraine confrontée à une menace pour son royaume. Là, on revient sur du classique (bien que dans ces deux AVH, au début, on ne comprenne pas trop ce qui se passe). Mais en général, j'apprécie les AVH sans enjeu de départ, celles où on est mis devant le fait accompli, celles où on vit au jour le jour sans trop savoir où ça va nous mener. C'est d'ailleurs pourquoi j'offre toujours de nombreuses fins différentes. Après, faut que le lecteur accroche... D'où l'importance de l'univers, des personnages, de l'immersion. Parce que si déjà, le lecteur n'accroche pas trop et qu'en plus, il doit évoluer dans un univers pas crédible et mal foutu, avec des personnages mal amenés et fadasses, il n'aura aucune envie de continuer. Le moyen donc, c'est d'offrir quelque chose d'immersif, d'attrayant, avec des personnages attachants, pour mieux faire passer la pilule au lecteur qui, au début du moins, ne sait pas trop où on veut le mener ni où il va. On retrouve ici mon goût pour certains jeux-vidéos aux mondes ouverts (GTA, Skyrim, Read Dead Redemption, The Witcher) où le héros évolue dans un monde assez grand, avec pas mal de choix, de possibilités, de rencontres... Bien sûr, en AVH, c'est plus complexe et un côté dirigiste reste bien présent. Mais j'essaie quand-même d'offrir de nombreux choix, itinéraires, possibilités et rencontres et des fins variées. Je déteste les aventures où on doit aller d'un point A à un point B en ligne droite avec un but défini dès le début. Le Marais aux Scorpions était super pour moi par exemple car on pouvait avoir trois quêtes possibles différentes, avec un but et une fin différents, et une éthique différente aussi. Malheureusement, il était foiré niveau ambiance. Donc l'enjeu, j'aime quand il n'y en a (apparemment) pas et qu'on le découvre au fur et à mesure. Pour le moyen, univers immersif, cohérent, personnages marquants et écriture plaisante. (On peut faire des règles attrayantes aussi mais là, je suis nul...) RE: L'enjeu et le moyen d'un AVH - JFM - 08/02/2021 grattepapier a écrit :la question de mon post original était : Dans Nils Jacket ou dans les Sherlock Holmes : démasquer le coupable d'un crime et apporter à la justice les preuves de sa culpabilité. RE: L'enjeu et le moyen d'un AVH - Salla - 08/02/2021 Citation :Si on devait lister de façon macro les principaux enjeux quels seraient ils ? S'enfuir, c'est l'enjeu récurent des Escape Games (enfin pas toujours, mais de base, c'est ça). Après ça peut être aussi un moyen de survivre dans certaine situation. RE: L'enjeu et le moyen d'un AVH - gynogege - 08/02/2021 Amasser un max de thunes -> c'est quand même l'enjeu du Sorcier de la Montagne de Feu RE: L'enjeu et le moyen d'un AVH - tholdur - 09/02/2021 Les thunes c'est améliorer son statut par le fric, non? Une AVH sur l'Odyssée répondrait à presque tous les critères: -sauver un groupe: les compagnons d'Ulysse (même si à la fin c'est un échec: Highlander c'est lui!) -survivre: parce que c'est quand même sacrément dangereux son périple -trouver son identité: ce n'est pas Oedipe -se venger: des prétendants, même s'il ne le sait pas encore -améliorer son statut: ou plutôt confirmer son statut (c'est lui le roi, le héros, le mari, etc.) Il y a aussi un autre enjeu: retrouver/rejoindre sa femme et son fils. C'est un peu comme dans Captive, l'enjeu c'est de retrouver notre fille. Je vois donc un autre enjeu: retrouver quelqu'un. Et qui n'est pas lié à la propre survie du personnage, à sa découverte d'identité, à l'amélioration de son statut. Pour Nils Jacket, de manière plus large l'enjeu c'est: déterminer le statut de quelqu'un. Là aussi sans rapport avec les autres enjeux déjà cités (sauf si Nils est menacé de mort s'il échoue). RE: L'enjeu et le moyen d'un AVH - grattepapier - 10/02/2021 (07/02/2021, 16:16)Outremer a écrit : Les premiers livres de la série "Défis et sortilèges" ont des enjeux plus élaborés et originaux que la moyenne des livres-jeux. Kandjar veut retrouver la trace des ancêtres de son peuple, Caïthness veut découvrir ce qui est arrivé à sa famille, etc. Ces objectifs sont personnalisés et justifient le fait qu'ils explorent le monde de Dorgan en long, en large et en travers. J'aime beaucoup ces livres : l'univers et les personnages sont très travaillés mais l'enjeu pour chaque personnage est malgré un bel habillage finalement assez classique : Le chevalier & le ménestrel : sauver leur peuple (=l'enjeu) en trouvant un objet (un écu, une harpe). l'élémentaliste & le magicien : retrouver leur origine (=l'identité) RE: L'enjeu et le moyen d'un AVH - grattepapier - 10/02/2021 (08/02/2021, 19:39)Salla a écrit :Citation :Si on devait lister de façon macro les principaux enjeux quels seraient ils ? Oui, Fuir = survie. cf. "le manoir de l'enfer" ou "le voyageur égaré" qui sont des escape games avant l'heure RE: L'enjeu et le moyen d'un AVH - grattepapier - 10/02/2021 (08/02/2021, 18:48)JFM a écrit :grattepapier a écrit :la question de mon post original était : ... donc du coup, sauver un groupe (la société) d'un danger (les criminels) en mettant ces derniers derrière les barreaux. En revanche les motivations des personnages varient : Sherlock Holmes : plaisir de résoudre des énigmes Nils Jacket : répondre à son sens de la justice RE: L'enjeu et le moyen d'un AVH - grattepapier - 10/02/2021 (07/02/2021, 17:45)Voyageur Solitaire a écrit : Puisqu'on parle d'AVH, dans les miennes, j'ai un gros faible pour le "no-enjeu". Au début, le héros que l'on incarne mène sa vie et il se retrouve, souvent sans avoir rien demandé, pris dans une suite d'évènements où il n'aura pas trop le choix. Pas de quête fabuleuse, de trésor à découvrir, de monde à sauver... Non, on doit gérer des emmerdes qui nous tombent dessus et faire avec. Dans Les Tambours de Shamanka, on fuit une sanglante défaite, poursuivi, traqué et on cherche un refuge dans un lieu inconnu. Dans Alshaya, laissé pour mort après un combat qui a mal tourné, on est recueilli par des gens sympas et tout se passe bien jusqu'au jour où ces derniers sont massacrés et où, soumis à un jeu cruel, on doit trouver un guérisseur pour sauver sa vie. La vengeance sera optionnelle. J'ai vraiment adoré "Les Tambours de Shamanka" et "Alshaya" mais selon moi dans les deux cas il y a bien un enjeu, un enjeu de survie (et de vengeance) : "Les Tambours de Shamanka" = survivre à des poursuivants, puis survivre aux intrigues de la cour du roi, puis survivre à une révolte populaire "Alshaya" = survivre à la blessure d'un lion puis survivre à une attaque puis survivre à un empoisonnement (en partant à la recherche de qqun) puis éventuellement se venger. Ceci étant dit : 1/ l'enjeu peut ne pas être formulé très explicitement (c'est le cas de tes livres) 2/ l'enjeu peut apparaitre en cours de livre et non directement dans l'introduction (c'est le cas pour "Alshaya" où au paragraphe 1 on n'a pas encore été empoisonné) 3/ un enjeu peut se substituer à un autre. cf. "Alshaya" où l'on doit d'abord survivre puis se venger. 4/ et surtout, comme tu le dis très bien, l’enjeu (même s’il me paraît indispensable) ne fait pas tout. C’est juste un prétexte pour développer un univers, des personnages, des péripéties... RE: L'enjeu et le moyen d'un AVH - grattepapier - 11/02/2021 (09/02/2021, 09:49)@tholdur a écrit : Une AVH sur l'Odyssée répondrait à presque tous les critères: Effectivement, il y a pas mal de LDVELH, d'AVH et d'histoires en général, où il y a plusieurs enjeux, soient que ceux-ci coexistent (par exemple dans "Prisme" ou "le Rêve d'Exalie" ou "La créature du chaos", il faut à la fois survivre et trouver ou retrouver son identité), soit qu'au cours de l'histoire un enjeu en remplace un autre (cf. " Alshaya" où l'on passe de la survie à la vengeance, ou "la sorcière des neiges" où tout bascule quand on est atteint par une malédiction). Cela ne suffit évidemment pas à faire un bon livre, loin de là (comme l'ont relevé gynogege, Outremer et Voyageur Solitaire) ! Mais je suis frappé par le fait que dans la très grande majorité des LDVELH / AVH ces enjeux semblent toujours un peu les mêmes. Par exemple, si on prend "Cyclades" pour schématiser (j'espère que Fitz ne m'en voudra pas) dans les 3 héros proposés, on a : - un général sparte qui cherche à percer le mystère de ses origines = recherche de son identité - un frondeur qui veut acquérir richesse et pouvoir = accéder à un meilleur statut - une amazone qui veut aider son peuple à gagner une guerre = sauver son peuple Cela n'enlève rien aux énormes qualités de ce livre (que j'adore) ! :-) RE: L'enjeu et le moyen d'un AVH - Voyageur Solitaire - 11/02/2021 Je suis content que ces deux AVH t'aient plu et j'espère que le dernier tome de cette trilogie (il arrive) te plaira également. Suite à tes remarques, je dirais que Les Tambours de Shamanka est celui où le lecteur n'a longtemps aucune idée de ce qui va se passer : il débarque dans un monde inconnu et décide de se réfugier dans cette ville dont il ne sait rien. Et pendant une bonne partie de l'histoire, je dirais qu'il navigue à vue, ne sachant pas trop ce qui va se passer (même si on se doute que tout ça va mal finir...) Alshaya est plus dirigiste : on se doute bien qu'après avoir été empoisonné, on va se voir offrir une chance de s'en sortir, qu'on aura la possibilité de trouver un remède, un guérisseur. J'ai compensé en laissant au lecteur le choix de se venger ou pas, une fois guéri. Pour revenir aux LDVH, il y a effectivement un autre enjeu, plus rare : se connaître soi-même. La créature du chaos où, si je me souviens bien, au début, on ignore même qui on est et ce qu'on fait là. Du côté "l'enjeu ne se voit pas tout de suite", je pense au Manoir de l'Enfer : on vadrouille un petit moment quand-même dans le manoir, sans trop comprendre ce qui s'y passe, avant de réaliser qu'on doit vraiment foutre le camp si on veut rester vivant. Et encore, la véritable nature du manoir et de ses habitants n'est jamais vraiment explicitée. Probablement une secte d'adorateurs du démon qui s'y retrouvent pour une cérémonie particulière mais ça n'est jamais vraiment affirmé au lecteur. Et là pour moi, on est dans le moyen : on laisse planer le doute, "on suppose que" mais on n'est jamais vraiment sûr. RE: L'enjeu et le moyen d'un AVH - gynogege - 11/02/2021 Sur le fait que les enjeux sont un peut toujours les mêmes... je ne pense pas que ça soit une spécificité des ldvelh. Si tu prends les productions hollywoodiennes, et même les films grands publics en général, les motivations des personnages sont toujours un peu les mêmes aussi. RE: L'enjeu et le moyen d'un AVH - JFM - 14/02/2021 grattepapier a écrit :JFM a écrit :Dans Nils Jacket ou dans les Sherlock Holmes : démasquer le coupable d'un crime et apporter à la justice les preuves de sa culpabilité. Nils Jacket est souvent engagé (et donc rétribué) pour ses enquêtes. Mais ce n'est pas une question d'argent, vu que c'est son métier (comme celui d'aventurier, quelque part). Disons qu'il aime bien que les criminels soient en prison et que les crimes ne restent pas impunis. Ce que tu dis est donc juste, tout comme ce que dit Tholdur. RE: L'enjeu et le moyen d'un AVH - grattepapier - 14/02/2021 (11/02/2021, 16:47)Voyageur Solitaire a écrit : Je suis content que ces deux AVH t'aient plu et j'espère que le dernier tome de cette trilogie (il arrive) te plaira également.En tout cas je l’attends avec impatience et je le lirai avec intérêt ! |