La fin des éditeurs de littérature interactive (Walrus, etc...) - Version imprimable +- Rendez-vous au 1 (https://rdv1.dnsalias.net/forum) +-- Forum : Autres Médias Littéractifs (https://rdv1.dnsalias.net/forum/forum-12.html) +--- Forum : Discussions Médias Littéractifs (https://rdv1.dnsalias.net/forum/forum-35.html) +--- Sujet : La fin des éditeurs de littérature interactive (Walrus, etc...) (/thread-3651.html) |
RE: La fin de l'éditeur Walrus - gynogege - 24/09/2018 Je rappelle juste pour Caïthness que lire un document de plusieurs pages sur écran est considéré comme plus "polluant" que de l'imprimer. Ca recouvre l'énergie et tous les produits nécessaires à la fabrication de nos joujoux technologiques, qui sont plutôt sales. Les forêts gérées par les papetiers sont à l'équilibre, même si la fabrication du papier est aussi assez polluante... bref, l'argument des forêts qu'on détruit n'est pas important. Les forêts qui sont réellement détruites le sont pour d'autres raisons (culture du Soja au Brésil, huile de palme en Indonésie...) Cette parenthèse étant faite, oui ça semble montrer que le format numérique a du mal à accrocher, une fois passé l'attrait de la nouveauté. Ou alors c'est que la littérature interactive est considérée comme trop exigeante sur la durée... RE: La fin de l'éditeur Walrus - Salla - 24/09/2018 J'ai lu plusieurs bouquin de la série RdV au 14. Celui que j'ai apprécié le plus étant le Clan des Sangliers. Concernant les raisons de l'arrêt de Walrus, je pense que beaucoup d'hypothèses ont été proposées, pas grand chose à rajouter. Je me souviens avoir vu une communication récente de Tin Man Games dire que les applications-gamebooks ne se vendent plus vraiment, passé l’intérêt massif au début de leur activité, d'où leur diversification récente (jeu VR, extension du principe du livre jeu comme dans leur adaptation du Warlock). Donc ce n'est absolument pas un problème francophone. Il y a une concurrence énorme pour ce qui est de ce qu'on fait de notre temps libre. La quantité de la production culturelle, jeux, livres... a explosée ces dernières années. Et le marketing prend le dessus, mais aussi le rôle des grosses plate-forme. Il suffit de voir les réguliers appels de Dave Morris à ceux qui ont apprécié ses livres d'aller le dire sur le site amazon, car visiblement, c'est là-bas que ça se joue. Pour ce qui est de la lecture sur support numérique (pour tout ce qui est lecture de plaisir, pas seulement livre-jeu), c'est simple, je lis de moins en moins de livres papiers, je lis quasi-exclusivement sur tablette. Le gain principal se fait au niveau de la place que finissent par prendre les livres. Quand on déménage beaucoup, c'est quelque chose qu'on remarque bien. J'évite tant que faire se peut d'acheter des livres avec DRM, et quand je n'ai pas le choix, la première chose que je fais, c'est de le faire sauter. Pour ce qui est des questions à Julien Simon, je pourrais essayé d'en poser une sur le style littéraire des livres publiés dans la série RdV au 14. Je trouve qu'il y a une identité particulière dans les livres de cette série, un côté un peu détaché et de non-prise au sérieux qui rend les enjeux pas toujours évidents. Ça m'a marqué, parce qu'à côté de ça, j'ai le sentiment qu'un style litteraction commun aux auteurs qui y déposent leurs œuvres, émerge. C'est d'autant plus flagrant quand on lit plusieurs avh d'affilée comme au mini-yaz. Une sorte de prise au sérieux plus marquée, plus revendiquée, même dans des aventures décalées à divers degrés, comme Louna Vega, ou Disruption. Donc, avait-il une vision littéraire quant au style à donner au œuvres qu'il publiait chez Walrus, sélectionnait-il les auteurs spécifiquement dans une optique de diffuser une certaine vision de la littérature fantastique ? RE: La fin de l'éditeur Walrus - Caïthness - 24/09/2018 (24/09/2018, 20:52)gynogege a écrit : Je rappelle juste pour Caïthness que lire un document de plusieurs pages sur écran est considéré comme plus "polluant" que de l'imprimer. Ca recouvre l'énergie et tous les produits nécessaires à la fabrication de nos joujoux technologiques, qui sont plutôt sales.chef oui chef ! RE: La fin de l'éditeur Walrus - gynogege - 25/09/2018 "Il y a une concurrence énorme pour ce qui est de ce qu'on fait de notre temps libre." Ca méritait d'être dit ! Il y en a même qui appellent ça "temps de cerveau disponible". C'est intéressant les remarques de Salla sur Littéraction. Finalement en termes d'AVH numériques c'est le seul qui n'est pas mort peut-être Alors oui il n'y a pas autant de téléchargements que sur d'autres sites, et pis ce n'est pas commercial, mais ça mériterait peut-être plus de visibilité. RE: La fin de l'éditeur Walrus - PileouFace - 25/09/2018 @Salla Merci pour ta question. "les applications-gamebooks Tin Man Games ne se vendent plus vraiment" Hein ?! Tin Man Games a pourtant tous les avantages : ils développent des livres-jeux numériques avec une vraie valeur ajoutée, ils sont sur Steam / Google / Apple, ils ont le savoir-faire grâce un catalogue étendu, ils ont la licence la plus célèbre (DF), ils vendent à l'international (langue anglaise). Alors si même avec tout ça, Tin Man Games n'y arrive pas, comment voulez-vous que des boîtes d'édition françaises survivent ?! Est-ce que ce serait pas plutôt un problème de tarification (trouver le juste milieu pour que le lecteur continue d'achèter, mais que l'éditeur ne crève pas) ? Selon Skarn, le livre numérique se vend un peu moins aux USA depuis que les tarifs ont augmenté. Mais si cette augmentation a eu lieu, c'est à mon avis parce que les tarifs de départ étaient trop bas pour que les éditeurs sortent la tête de l'eau et les auteurs n'étaient pas assez rémunérés (du moins, j'ose croire que les sous de cette augmentation ne vont pas exclusivement dans la poche des éditeurs / boutiques en ligne). @Gyno "Il y a une concurrence énorme pour ce qui est de ce qu'on fait de notre temps libre." Prenons un exemple. Un fan de manga s'en fout des séries Netflix, il se fout qu'il existe 10 000 façons de perdre son temps dans des autres divertissements que le sien. Il se branche le soir sur sa chaîne d'OAV, télécharge ses mangas préférés sur sa tablette et se rend régulièrement chez son libraire d'import pour voir les nouveautés. RE: La fin de l'éditeur Walrus - gynogege - 25/09/2018 @Pile ou Face la plupart des gens ne sont pas monomaniaques: ils ont le choix entre regarder un film, une série, se connecter sur les réseaux sociaux, se prendre un bon bouquin, sortir un jeu de société (si ils ne sont pas tout seuls), aller se balader, téléphoner à la famille, essayer de résoudre la conjecture de Riemann, etc... RE: La fin de l'éditeur Walrus - Skarn - 25/09/2018 Citation :Hein ?! Tin Man Games a pourtant tous les avantages : ils développent des livres-jeux numériques avec une vraie valeur ajoutée, ils sont sur Steam / Google / Apple, ils ont le savoir-faire grâce un catalogue étendu, ils ont la licence la plus célèbre (DF), ils vendent à l'international (langue anglaise). Les coups de développement d'une application numérique sont sans commune mesure avec ceux d'un livre pour un prix de vente finalement similaire (si on tient compte des soldes presque constantes dans le milieu du jeu vidéo). Autrement dit, pour qu'une telle adaptation soit un succès financier, il faut vendre beaucoup plus d'unités. Ce qui n'est pas facile dans un marché aussi concurrentiel. Citation :Mais si cette augmentation a eu lieu, c'est à mon avis parce que les tarifs de départ étaient trop bas pour que les éditeurs sortent la tête de l'eau et les auteurs n'étaient pas assez rémunérés (du moins, j'ose croire que les sous de cette augmentation ne vont pas exclusivement dans la poche des éditeurs / boutiques en ligne). Oh, c'est plus rigolo que ça. À l'époque, pour un livre vendu 10, Amazon le proposait à 5 sur son site, et payait quand même 10 à l'éditeur, mettant les 5 manquants de sa poche. Du dumping dans les règles de l'art. Je crois d'ailleurs qu'ils ont eu des ennuis avec la justice, parce que même aux États-Unis, c'est un peu à la limite du légal comme pratique (en France, c'est clairement interdit par la loi Lang). Citation :Prenons un exemple. Un fan de manga [...] se rend régulièrement chez son libraire d'import pour voir les nouveautés. En 2018, faut vraiment le vouloir pour encore passer par l'import, quand à peu près tout ce qui sort au Japon (et en Corée) apparaît traduit dans les librairies de France et de Navarre au pire avec un an de retard (voire de l'avance parfois, par exemple pour Ki-oon qui travaille directement avec des auteurs locaux et internationaux), et que le reste est sur Internet. RE: La fin de l'éditeur Walrus - PileouFace - 26/09/2018 @Skarn "Les coûts de développement d'une application numérique..." Je n'aime pas parler de "masse salariale" ni de "coût du travail" comme le fait le MEDEF, donc pour moi ce n'est pas du côté du budget total que se situe le problème. Plus les salariés sont rémunérés, mieux c'est. "...sont sans commune mesure avec ceux d'un livre pour un prix de vente finalement similaire". C'est sans doute au niveau du tarif que ça coince : comment parvenir à être rentable quand on vend son jeu plus ou moins 5 euros ? En vendant "plus d'unités" comme tu dis, mais même avec tous les avantages qu'à en amont Tin Man Games, "ce n'est pas facile", alors autant augmenter le prix de vente, non ? RE: La fin de l'éditeur Walrus - gynogege - 26/09/2018 La vraie solution c'est de travailler gratuitement pour le plaisir tout en étant payé à rien foutre Ca résoudrait beaucoup de problèmes ! RE: La fin de l'éditeur Walrus - PileouFace - 26/09/2018 La série noire continue, mais cette fois cela concerne mon éditeur, Megara. Je suis complètement déprimé, j'espère vraiment qu'il va trouver une solution. Je colle son message : "Je vous informe par avance qu'il y a un risque important que Megara Entertainment ferme ses portes pour toujours ce vendredi soir à 19h. Je dois impérativement trouver un ou deux nouveaux actionnaires (personne ou société, peu importe le pays) avant ce samedi, la somme à investir n'est pas si grande au total pour nous permettre de fonctionner cette automne en faisant repartir la trésorerie, calmer la banquière et régler nos factures en attente, mais pas la peine de faire quelques commandes de livres cette semaine, on y arrivera pas juste avec des commandes. En effet je dois quand même trouver 3500 euros d'ici à ce week-end. Si on les trouve en investissement (contre des parts dans la société, comme d'habitude) on pourra continuer cet automne avec plein de sorties de livres qui sont presque terminés (et pour lesquels on a déjà engagé pas mal de sous...). Sinon on fermera fin septembre définitivement." RE: La fin de l'éditeur Walrus - Caïthness - 26/09/2018 Vachte oO C'est l'apocalypse, là !! PS : j'ai changé le titre RE: La fin des éditeurs de littérature interactive (Walrus, etc...) - gynogege - 26/09/2018 Oui c'est déprimant... d'autant plus que j'ai déjà essayé d'expliquer en long, en large et en travers à Mikaël purquoi il ne trouverait pas d' "actionnaire" sans revoir sa politique commerciale... on n'investit pas quelques milliers d'euros si on n'est pas convaincu des choix qui sont faits. Rien n'indique que les problèmes qu'il rencontre aujourd'hui vont se régler en injectant de l'argent. Ou alors c'est purement du don. Et dans ce cas pourquoi pas ? Si on fait une collecte (mais d'ici ce week-end c'est dur) peut-être qu'on peut y arriver. Moi je veux bien participer de quelques dizaines d'euros pour prolonger la durée de vie de Megara, à fonds perdus je m'en fous... Ou on forme un groupe d'actionnaires ? Une société coopérative ? RE: La fin des éditeurs de littérature interactive (Walrus, etc...) - Skarn - 26/09/2018 Citation :"Les coûts de développement d'une application numérique..." J'aime beaucoup le fait que j'ai parlé de coûts sans plus de précisions, et que ce sont direct les salaires qui te sont venus à l'esprit. Indépendamment des rémunérations (pas bien glorieuses d'un côté, encore pires de l'autre), la création d'un jeu vidéo, même avec une très forte base textuelle, demande d'abattre un travail bien plus considérable qu'un livre : graphismes multiples (du bouton sur lequel on clique jusqu'à l'illustration pleine écran haute définition), musiques et bruitages, programmation, coopération entre les différentes tâches suscitées (dès qu'une équipe dépasse une, grand max deux personnes, cela nécessite de s'organiser) etc. À cela s'ajoutent encore la maintenance (corrections de bugs sur une multitude de supports) et des coûts fixes divers, du matériel aux droits d'entrée sur les plateformes de diffusion. Bref, l'argent est un problème. Citation :alors autant augmenter le prix de vente, non ? Qui va acheter un jeu Tin Man Games à 60€ quand pour ce prix-là il peut avoir en un clic la collection complète de la concurrence au même tarif ? (j'aurais pu poser la question sous la forme « 40€ pour un livre-jeu papier », mais c'est tirer sur le corbillard) RE: La fin des éditeurs de littérature interactive (Walrus, etc...) - Caïthness - 27/09/2018 (26/09/2018, 15:37)gynogege a écrit : Oui c'est déprimant... d'autant plus que j'ai déjà essayé d'expliquer en long, en large et en travers à Mikaël purquoi il ne trouverait pas d' "actionnaire" sans revoir sa politique commerciale... on n'investit pas quelques milliers d'euros si on n'est pas convaincu des choix qui sont faits. Rien n'indique que les problèmes qu'il rencontre aujourd'hui vont se régler en injectant de l'argent. Ou alors c'est purement du don.Pourquoi il ne fait pas du crowdfunding ? C'est la mode en ce moment... RE: La fin des éditeurs de littérature interactive (Walrus, etc...) - PileouFace - 27/09/2018 @Skarn "Qui va acheter un jeu Tin Man Games à 60€" Non non, je ne parlais pas d'autant, là c'est le prix d'un jeu sur PS4 faut pas déconner non plus ^^ Je pensais au double du prix actuel sur Steam : vu qu'on part de bas, on resterait tout de même dans des tarifs raisonnables. Et si je reprends mon exemple de fan de manga, je pense qu'il serait logique avec lui-même : pour que demain des créateurs continuent sa série favorite, il a la le devoir moral et l'intérêt à long terme de payer un prix un poil plus cher que la concurrence. "Qui va acheter... 40€ pour un livre-jeu papier" Je vais peut-être te surprendre, mais ce n'est pas du tout le tarif de 35 à 40 euros par livre qui pose problème. Sinon, Megara n'aurait jamais vécu pendant plus de dix ans. Or, les faits sont là : l'éditeur s'est constitué au fil du temps une solide base de fans de livres-jeux qui apprécient le format luxueux et le principe d'avoir une collection à tirage ultra limité. Bien sûr, l'éditeur a connu des hauts et des bas, comme le souligne Gyno. Mais quand les finances de l'éditeur étaitent un mois dans le rouge, il pouvait compter sur ses fidèles lecteurs pour dénicher un investisseur ou pour assurer de nouvelles commandes pour que le mois suivant ça reparte au vert. Et ça repartait sans réeelle difficulté jusqu'à présent. @Gyno "Ou on forme un groupe d'actionnaires ? Une société coopérative ?" C'est une idée généreuse et je suis sûr qu'il apprécierait, mais il est trop trad pour ça, à mon avis. "d'autant plus que j'ai déjà essayé d'expliquer en long, en large et en travers à Mikaël... revoir sa politique commerciale" Je sais. Je ne suis pas dans sa tête, mais si Megara réchappe de la faillite ce vendredi, je pense qu'il sera prêt à tout essayer pour que ce cauchemar ne se reproduise plus. Pourquoi pas produire des versions poches de ses best-sellers, comme tu le disais. Il faudra lui soumettre l'idée à se moment là. "Pourquoi il ne fait pas du crowdfunding ?" La vraie raison du risque iminent de faillite n'a rien à voir avec les ventes de livres-jeux, c'est le coût du jeu "Champions of Megara" qui n'a pas pu être amorti. Il s'agit d'un jeu de cartes à la Magic: The Gathering sur PC. La campagne de financement participatif sur KS n'a hélas rien donné fin 2017, mais on peut lire sur la page "Megara Entertainment has already invested over 100,000€ in creating this game". On arrête pas de parler de coûts de développement, ben là nous avons un cas concret : produire un "vrai" jeu coûte extrêment cher. Et ne pas pouvoir le sortir doit être une énorme frustration. |