Méthodologie pour écrire une (super) mini-AVH
#1
Puisqu'un nouveau mini-Yaz commence, je lance ce nouveau sujet en espérant que les habitués des mini-Yaz vont répondre nombreux !

Mes questions sont les suivantes :

quelle est la méthodologie à suivre pour écrire une mini-AVH de qualité ?

trouver une super idée, et après ? concevoir impérativement l'intégralité de l'arborescence pour respecter la limite des 50 paragraphes ? Et quand vous rédigez respectez vous toujours l'arborescence que vous aviez prévue ?

Et quoi d'autres ? Quelles sont les étapes ? Est-ce que cela diffère de la rédaction d'une AVH classique ?

Par ailleurs, quels sont les ingrédients, selon vous, qui contribuent à rendre une mini-AVH mémorable ?

(en plus d'avoir du talent et du style :-) 

J'ai listé les éléments suivants (qui se retrouvent rarement tous ensemble) pour ouvrir le débat :

(je mets quelques exemples pour illustrer mon propos)

1 personnage joueur inhabituel (exemple : Stanley Bradfford , Hissssa de Makan, Georges le Zombi , CONSOMPTION, Disruption, La chèvre de Mr Raymond)

1 univers fort (exemple : Transduction, Les voies d'Attégia, Au Nord du Désert, il n'y a rien, , Le rêve d'Exalie, Ad Nauseam, L'horizon est gommé, CONSOMPTION)

(ou à défaut 1 situation de départ inhabituelle. Exemple : Un jour sans fondement, Gabriel)

1 révélation finale (exemple : Dans l'Angle mort, Mea Culpa)

ou 1 chute inattendue (exemple : Bonnet Rouge, Ad Nauseam, Des ombres)

possibilité d'atteindre 2 ou 3 fins différentes (pour améliorer la rejouabilité) (exemple : La dernière tentation de frère Edgar)

des règles simples, voire minimalistes (exemple : Des ombres)

un découpage de l'AVH en 3 parties (introduction / exploration / résolution) (exemple : Les voies d'Attégia, Le Temple du Dieu Néant)

une action / intrigue qui avance rapidement

(avec souvent un écoulement rapide du temps (exemple : Les voies d'Attégia)

ou une action resserrée dans le temps (exemple : Des ombres, Stanley Bradfford )

un nombre de choix limité à chaque fin de paragraphes (2 ou 3 max) (exemple : Des ombres)

Je me doute bien qu'il n'y a pas une seule vérité, mais étant donné que l'exercice de la mini-AVH semble beaucoup plus contraignant que la rédaction d'une AVH, je pense que les réponses à ces questions seront intéressantes à partager.

Vos "trucs et astuces" mais aussi vos anecdotes sur le processus créatif de vos anciennes mini-AVH sont les bienvenues !
Répondre
#2
Difficile de répondre à toutes ces questions. Il est clair pour ma part que la construction d'une mini-AVH est très différente de celle des AVH de longue haleine. De la même manière qu'une nouvelle n'a pas les mêmes caractéristiques qu'un roman. Une nouvelle finit souvent par une chute et c'est effectivement une possibilité pour traiter la mini-AVH: avoir une ou plusieurs chutes marquantes.
L'avantage de la mini-AVH c'est qu'on l'écrit dans une période resserrée et c'est plus facile d'avoir de la fluidité dans le style. Effectivement c'est difficile d'avoir des règles super-élaborées pour juste 50 paragraphes (sauf si on compte faire plusieurs épisodes). Le nombre de choix doit être restreint, forcément. Après, mais ça ne concerne que moi, je ne fais jamais d'arborescence avant d'écrire. Et parfois ça me jour des tours quand je m'aperçois que j'ai presque épuisé mes 50 paragraphes...
Répondre
#3
Ecrire une mini AVH m'est impossible et je ne sais pas comment vous faites.

Parce que pour moi (mais je me trompe peut-être, à vous de me le dire), une mini AVH est automatiquement linéaire et avec une rejouabilité quasi nulle. On ne peut pas proposer des choix, des itinéraires, possibilités et interactions variés avec 50 paragraphes selon moi. Et comme j'aime les univers détaillés, avec de nombreux personnages, itinéraires, choix, interactions et plusieurs fins possibles...

Qu'en pensent les auteurs de mini AVH ?
Est-ce que mini AVH rime obligatoirement avec linéarité et très faible rejouabilité ?
Anywhere out of the world
Répondre
#4
Mathématiquement, il est certain que moins il y a de sections et moins il y a la place de proposer des chemins variés et de la rejouabilité. Mais franchement dans les faits j'ai souvent été surpris par la complexité des chemins des mini-AVH. En 50 sections, il reste donc beaucoup de matière pour surprendre le lecteur. Je recite ici Prisme (mini-Yazé d'Or), mais il y en a bien d'autres

Il faudra faire une croix sur certaines chose, par exemple un personnage de départ ne pourra pas choisir entre entre 10 compétences (façon LS) parce qu'il sera impossible de proposer des situations où les compétences soient suffisamment utilisées et offrant de la diversité de parcours. Et inutile de songer à quelque chose d'aussi retors que La créature venue du Chaos.

Mais cet exercice de contrainte peut devenir très intéressant lorsqu'on est auteur. Car c'est elle qui pousse à se sublimer et trouver des ressources insoupçonnées pour aller à une concision de style, certes pouvant être vue comme extrême, mais qui devient forcément bénéfique lorsque l'auteur revient ensuite à une AVH "classique". Il repensera à la contrainte et cette fois, sans pousser aussi loin le curseur, pourra affiner son style en gommant le "superflu".

C'est comme l'OULIPO, et la fameuse "Disparition" de Perec. Je cite souvent cet exemple mais un critique littéraire à l'époque ne s'était même pas rendu compte de la contrainte que l'auteur s'était auto-imposée. Et quelle contrainte!!! Il y a même un passage dans le bouquin avec la contrainte dans la contrainte, comme si ce n'était pas déjà suffisant en soi!

On peut aussi prendre le problème dans l'autre sens, pour le lecteur. Car c'est sécurisant de savoir qu'on ne va pas se casser les dents comme dans le défilé du "troll" du même nom!
Tous les lecteurs ne sont pas capables de s'investir dans une "grosse AVH compliquée". D'autres aussi n'ont pas le temps de retester une aventure en empruntant d'autres chemins, même s'ils aimeraient bien... Les mini AVH sont donc, globalement, plus accessibles que les AVH. Même si ce n'est pas une vérité absolue: certains "pavés" proposent tellement de voie qu'en fait l'aventure reste courte (je me souviens très bien de Mascarade mortelle d'Orion, avec plus de 600 sections je crois, mais au final c'est presque une simple "introduction").
Répondre
#5
Je suis d'accord avec ta dernière remarque : beaucoup de paragraphes ne signifie pas forcément beaucoup de choix ou d'itinéraires.
Comme tu l'as souligné avec LS, il y a d'abord les règles qui peuvent imposer un bon nombre de paragraphes.
Il y a aussi, et ça m'est souvent arrivé, deux paragraphes qui sont quasiment les mêmes, avec juste un détail qui change. Par exemple, A et B mènent tous deux à C, mais quand on vient de A, on a un objet spécifique et quand on vient de B, on ne l'a pas. Et des fois, c'est juste une ligne qui change. Dans mon exemple, si on vient de A, C commencera par : "Vous rangez le médaillon dans votre sacoche et reprenez votre route. C'est une belle journée qui s'annonce et..." alors que si on vient de B, on attaque directement par : "Vous reprenez votre route, c'est une belle journée qui s'annonce et..."
Anywhere out of the world
Répondre
#6
Le médaillon! Quel médaillon?
Ce type là qui vous a bousculé tout à l'heure, à mon avis il n'est pas reparti les mains vides. Et hop, un paragraphe en moins !

Plaisanterie mise à part, c'est vrai que c'est très consommateur de sections. Dans mon AVH sur le prisonnier du Labyrinthe de la Mort, on peut trouver un compagnon d'évasion. A partir de là j'ai dû écrire deux fois les passages. Pas toujours les mêmes situations, mais à partir de là j'ai vraiment mené deux récits en parallèle, en m'arrangeant pour les faire rejoindre de temps à autre...
Répondre
#7
Dans ces cas là, j'essaie toujours de varier les deux paragraphes quasiment identiques : je modifie un peu les descriptions, les tournures de phrases... Histoire que lors d'une relecture, le lecteur n'ait pas un copier-coller avec juste une phrase de changée. Même s'il se rendra bien compte que c'est le même paragraphe à une phrase près.
Anywhere out of the world
Répondre
#8
(08/03/2022, 12:20)Voyageur Solitaire a écrit : Qu'en pensent les auteurs de mini AVH ?
Est-ce que mini AVH rime obligatoirement avec linéarité et très faible rejouabilité ?

Mes deux AVH se sont efforcées de déployer en 50 paragraphes une variété de choix et une promesse de rejouabilité avec plusieurs fins possibles. Problèmes :
1) L'une d'elles est restée (à mes yeux) inaboutie.
2) L'autre a souvent été jugée trop courte (le nombre d'embranchements réduisant la longueur des parcours...).
3) Il semble que je sois l'un des rares que les fins multiples intéressent.
Souris ! Tu ne peux pas tous les tuer...
Répondre
#9
Il semble que je sois l'un des rares que les fins multiples intéressent.

Hé non, tu n'es pas seul !

Mes 5 AVH proposent toutes plusieurs fins possibles (de 2 minimum pour Retour à Griseguilde à 6 maximum pour Les Tambours de Shamanka de mémoire). C'est quelque chose d'automatique chez moi, par souci de réalisme je dirais. Et c'est une des raisons donc pour lesquelles 50 paragraphes, pour moi, c'est pas possible !
Anywhere out of the world
Répondre
#10
C'est évidemment plus compliqué de prévoir plusieurs fins à une mini-AVH que pour une AVH, mais cela reste possible! Et je ne parle pas simplement de mettre 2 fins.

Que les auteurs de mini-AVH à fins multiples s'avancent ici pour le prouver!
Répondre
#11
(09/03/2022, 09:37)tholdur a écrit : C'est évidemment plus compliqué de prévoir plusieurs fins à une mini-AVH que pour une AVH, mais cela reste possible! Et je ne parle pas simplement de mettre 2 fins.

Que les auteurs de mini-AVH à fins multiples s'avancent ici pour le prouver!

*tousse*
Consomption et ses 15 fins
*tousse*
сыграем !
Répondre
#12
(09/03/2022, 11:58)Caïthness a écrit :
(09/03/2022, 09:37)tholdur a écrit : C'est évidemment plus compliqué de prévoir plusieurs fins à une mini-AVH que pour une AVH, mais cela reste possible! Et je ne parle pas simplement de mettre 2 fins.

Que les auteurs de mini-AVH à fins multiples s'avancent ici pour le prouver!

*tousse*
Consomption et ses 15 fins
*tousse*

Ce qui fait 15 fins pour 50 sections. Donc Voyageur Solitaire si tu ne fais pas de mini-AVH, ton prochain challenge c'est de faire une avh de 500 sections... comprenant 150 fins!
... si j'étais à ta place je me lancerai plutôt dans la mini-AVH! Mrgreen
Répondre
#13
Diable, quel challenge !
Une AVH de 500 paragraphes, je sais faire, la première version des Tambours de Shamanka en comptait 602 avec 8 fins différentes. Mais 150 fins différentes...

Après 50 nuances de grey, bientôt dans vos librairies, 150 nuances de fin...
Anywhere out of the world
Répondre
#14
J’ai vraiment du mal à rédiger de longues AVH, donc le format mini-AVH m’attire assez. Mais c’est (un peu) un choix par défaut. Quand j’imagine l’organisation qu’il doit falloir mettre en place pour structurer un « Nils Jacket » par exemple, je me sens tout à fait incapable de me lancer dans ce genre de défi.

Avec une limite de 50 paragraphes, pas besoin d’être un pro des arborescences compliquées pour s’en tirer. Il doit y avoir moyen (et ça existe) de créer des systèmes ludiques très originaux, mais 50 paragraphes imposeront toujours des concessions, que ce soit au niveau du développement d’arcs narratifs, de l’histoire (du « lore »), de possibilités laissées au joueur, des règles ou même sur la complexité des intrigues (au risque de transformer les AVH en romans). 

La véritable raison qui me pousse à préférer les mini-AVH (en tant qu’auteur) s’est surtout que l’écriture (pour moi) nécessite un investissement colossal en termes d’énergie et de concentration. C’est une somme d’« efforts » (au sens lamarckien du mot) qui m’épuisent littéralement (ou littérairement :-) ) et me poussent à la frugalité sous peine d’exploser en cours de route. Je trouve que l’écriture est un exercice âpre, aride, exigeant et qui flagelle l’égo à chaque relecture.

Alors je fonctionne à l’envie. Celle de décrire un paysage au détour d’une balade (en forêt ou en bord de mer, un jour de grand vent), une scène particulière que je sens prendre forme, consistance dans mon esprit (comme la fuite sur le pont suspendu dans « Des Ombres ») et j’essaye de les retranscrire aussi fidèlement que possible, observateur pressé de mon propre imaginaire, avant que ces chimères ne s’échappent, ne se diluent dans la mémoire et le temps. Poussé autant par l’urgence que par un simple désir créatif, je mets à écrire sans m’arrêter et considère dramatiquement qu’entre l’envie de départ et le résultat, il y a un fossé. Faut juste accepter de se dire qu’on a fait ce que l’on pouvait, avec ses moyens aussi limités fussent-ils. Je me réfère souvent à la lettre envoyée par John Steinbeck à son meilleur ami, alors qu’il achevait le manuscrit des « Raisins de la Colère ». Il lui dit « Je suis sûr d’une chose. Ce n’est pas le grand livre que j’avais espéré, c’est qu’un livre ordinaire, mais la chose la plus horrible, c’est absolument ce que je peux faire de mieux… ». 

Ces « bouffées » d’écriture ne dure pas mais donnent naissance à une ossature un peu étrange, à quelque chose d’iconoclaste, une sorte de cadavre exquis… Les pièces d'un puzzle qu'il va falloir chercher à assembler. Et c’est là souvent que j’arrête si je juge l’ensemble trop bancal, sans intérêt ou trop dispersé. Parfois, je me dis que ça serait dommage de ne pas essayer, et c’est uniquement dans ces rares cas, que je tisse les fils qui relieront ces bribes imparfaites pour leur donner un semblant de cohésion. Et j’aboutis enfin à une AVH…
Répondre
#15
Je fonctionne par "bouffées" aussi, par à-coups, comme pour le dessin d'ailleurs. Je peux écrire 20 paragraphes nickels d'un coup et puis plus rien pendant une semaine. C'est chiant...

Pour les grosses AVH, je dirais que le problème majeur, c'est l'arborescence. Surtout si, comme moi, vous mettez des paragraphes "communs" où plusieurs trajets/choix se rejoignent. Avec des fois, juste une petite différence, un objet qu'on a ou pas, un compagnon qu'on a rencontré ou pas... Là, en général, je m'emmêle vite les pinceaux et la relecture se doit d'être soignée pour éviter la moindre erreur.

Le gros avantage de la grande AVH pour moi, c'est de décrire un univers, de renforcer l'atmosphère, l'immersion (on parlait par ailleurs des paragraphes gratuits). C'est aussi et surtout un souci de proposer de nombreux choix, de nombreux itinéraires, surtout quand l'aventure se passe en extérieur. J'essaie de me mettre à la place du lecteur à qui je propose de passer par la route de montagne ou par la plaine et qui pourrait se dire "et pourquoi je pourrais pas longer la rivière ?"
Pareil pour les choix. Vous vous rappelez ce passage de La Pierre de la Sagesse où, dans une rue, on tombe sur une procession dont le chef nous demande, sans préavis, de lui répondre "Croyant ?" ou "Non croyant ?" Là, pour moi, il manque un troisième choix, essentiel : Si vous demandez à l'inconnu de quoi il parle.

Alors bien sûr, on ne peut pas anticiper toutes les réactions du lecteur, sinon on en revient à proposer 150 choix à chaque fin de paragraphe... Mais j'essaie de couvrir le plus possible ce qui pourraient être ses choix les plus évidents et donc, ça bouffe énormément de paragraphes. Et bien sûr, ça implique de nouveaux évènements pour chaque choix.
C'est une des raisons majeures pour lesquelles il m'est impossible d'écrire une AVH de 50 paragraphes.
Anywhere out of the world
Répondre




Utilisateur(s) parcourant ce sujet : 1 visiteur(s)