[Gamebooks Adventure] Univers infini
#1
Nouveau et dernier tome traduit en français de la série des LDVELH numériques Tin Man Games pour phones ou tablettes. Cela va être difficile de faire une critique sans spoiler tant le scénario est capital mais on va essayer.

Une fois n'est pas coutume, il s'agit de science-fiction. Plus précisément de voyages dans le temps mais en évoluant surtout dans un univers futuriste. Nous démarrons ainsi en 3013.
Le héros interprété (ou l'héroïne puisque on a le choix) commence amnésique. Mais contrairement à XIII, dès le départ les gens se bousculent pour nous expliquer qui nous étions. Ainsi, on va vite apprendre que nous somme un élu chargé de sauver le monde selon une prophétie fiable à 100%. Le méga-gouvernement interstellaire de l'humanité est en danger face à un groupe de rebelles. Au XXIème siècle, notre race a failli disparaître dans un holocauste nucléaire et les survivants devaient se retrancher face aux pillards motorisés qui se sont formés en bande après la catastrophe...

Présenté comme ça, le scénario dans sa globalité n'est qu'un ramassis de poncifs. Et c'est l'un des tours de force de l'auteur : il va réussir à le rendre crédible et prenant tout en sous-entendant bien avec humour que c'est cliché. Pour ma part, j'ai considéré ce LVDELH comme un joli condensé de tout ce qui avait plu à l'auteur, culturellement parlant.
Ainsi, on y trouve des clins d'oeil, références déguisées ou non, hommages et influences à des films et univers aussi divers que Total Recall, Matrix, Mad-Max, Tremors, Star Wars, la Stratégie Ender, les jeux de rôle med-fan (Donjons & Dragons mais aussi Warhammer avec un pourfendeur de trolls...) et j'en passe. L'incroyable est que ce patchwork fonctionne à merveille.
La raison est très simple : c'est super bien écrit.

Les pensées du héros que l'on joue, ses réactions, les dialogues avec les autres personnages, tout ça sonne terriblement juste. Chaque rencontre est l'occasion de montrer en détail quelqu'un de terriblement vivant et crédible. Les personnages se démarquent par des traits physiques mais surtout des caractères bien forgés, originaux et marquants. La palme revient à l'éboueur fan de voitures.
A dire vrai, les conversations, les interactions pacifiques avec d'autres humains sont très nombreuses dans cette aventure. Bien plus que les occasions de se battre. Certains pourraient reprocher ce manque d'action mais c'est franchement un régal que de participer et d'assister à ces réparties avec des gens qui en savent tellement sur notre propre compte alors qu'on ne sait rien d'eux.
Mais le bonus énorme est que le héros est également personnalisé, loin d'être une coquille à remplir. Nous avons un passé, qui nous est dévoilé peu à peu. Oh, rien d'extraordinaire ni de follement original mais les sentiments qui nous ont animé, nos motivations, nos blessures secrètes sont décrites avec une justesse qui rend le héros profondément humain et attachant.
Un bémol à ce propos, on peut jouer une héroïne. Mais contrairement aux Messagers du Temps, les scènes sont quasi-identiques. Je n'aime pas ce procédé. Sans pour autant verser dans le machisme ou la dragouille obligatoire, ça ne me paraît pas réaliste que les personnages masculins réagissent exactement de la même manière face à une femme qu'à un homme. Ainsi vers la fin un personnage séducteur par essence et mégalomane au point de chercher à tout prix une "victime" de sexe opposé va se plaindre ouvertement qu'il n'y a aucune femme dans le coin à séduire alors que nous lui tenons compagnie...

La qualité d'écriture se ressent aussi dans les descriptions. Et ce quel que soit le décor, le cadre, le monde, l'époque ou la planète où l'on évolue. Le monde de 3013 par exemple est très satisfaisant quand on aime la SF. Cela fourmille de petits détails intelligemment distillés, d'inventions crédibles pour l'époque. Mais surtout, ce n'est pas un "catalogue" futuriste. On le découvre par nos yeux d'amnésique mais aussi par les yeux des gens qui y vivent depuis toujours et qui nous expliquent au détour d'une phrase anodine l'utilité de telle chose, où en est la mode actuelle en matière de mobilier, comment les transports intergalactiques sont devenus réalité. Tout ça de manière très pédagogique pour le lecteur.
Les paragraphes sont longs, l'aventure est longue (presque 1000 paragraphes), linéaire de surcroît, et l'encyclopédie dédiée à l'aventure décrivant les planètes et les organisations est elle aussi très dense. Bref, cet univers est d'une richesse incroyable pour un seul LDVELH et j'aimerais le visiter à nouveau, si possible dans la peau du même héros.

Enfin le scénario est palpitant, plein de rebondissements et parfaitement maîtrisé. Mais là, je ne peux pas détailler plus.

Univers infini n'est pas sans défaut. Déjà, on aurait pu lui trouver un meilleur titre ^^
Plus sérieusement, certains pourraient reprocher du fait de la longueur des paragraphes, de la forte linéarité (l'aventure est même divisée en chapitres) et du manque d'action d'un roman déguisé. Ce n'en est quand même pas un.

Les choix à faire ne manquent pas et pour la plupart sont très importants, même si on a la sensation globale d'être "piloté" (mais ça fait partie du scénario). De plus, les règles ne sont pas mal fichues. L'aspect ludique n'est pas négligé même si je l'ai trouvé secondaire.
Les règles de compétences et de leur apprentissage en particulier sont rudement sympathiques et la manière dont elles sont amenées plutôt amusante. L'argent et l'équipement ont un petit peu d'importance. Il y a quand même un peu de baston et les tests aléatoires, les jets de dés pendant l'aventure sont assez nombreux.
Là se trouve le premier gros défaut de l'aventure. A son tiers environ survient une séquence action particulièrement dangereuse, qui réclame d'avoir des compétences nombreuses et précises, un bon équipement, un gros score en physique et de la chance aux dés pour pouvoir continuer. J'y suis mort plein de fois, ça confine au one-true-path pour se préparer à ce passage et y survivre. Mais cette difficulté localisée est aberrante car globalement, malgré sa longueur, l'aventure n'est pas ardue.

L'autre point noir est sa conclusion. L'aventure est tellement riche, complexe et originale que j'aurais espéré un final du même acabit.

Mais voilà, ça n'empêche pas que j'ai adoré cette histoire qui est pour moi la meilleure des Gamebooks Adventure en français.
D'habitude, je ne les lis sur mon téléphone que dans le métro, de manière intermittente. Là j'ai été tellement happé par l'histoire, surtout dans sa deuxième partie, que je suis resté dans mon canapé chez moi pendant des heures sur mon petit écran pour dévorer les paragraphes.
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