Comme annoncé dans le topic des “LDVELH lus en ce moment”, j’ouvre le topic consacré à la série Loup*Ardent, le barbare à l’astérisque. Je me suis refait l’intégrale ces dernières semaines.
Au contraire de son autre série phare des Quêtes du Graal, JH Brennan signe ici une saga sombre, quasi crépusculaire. Il y a bien ses fameuses touches d’humour “so british” par ci par là, mais le ton n’est pas à la gaudriole. Le héros est un barbare même pas d’origine barbare, fils d’un sorcier alors qu’il abhorre la sorcellerie, natif d’un pays dont il va devoir tuer le roi, adopter par un royaume dont il fuira le trône et la cour pour vivre seul. Un vrai asocial. Ce côté “mal intégré”, le ton fataliste, la menace permanente de la Horde des Démons et l’impression que même quand on gagne rien de beau ne se produit donnent à ce récit un côté adulte prononcé. Sans parler des filles nues que notre barbare sauve ou se tape.
Quand j’étais gamin, cette série me rebutait à cause de cet aspect trop désabusé. Seules les filles à poils m’intéressaient. Aujourd’hui, j’aime toujours les filles nues, mais ce côté crépusculaire me séduit vraiment.
Les illustrations concourent à cette ambiance. Les couvertures blanches de neige sont un souvenir visuel fort. A l’intérieur, les illustr’s de Geoff Taylor sont superbes, tout en ombres. Si j’apprécie le travail de John Blanche sur Sorcellerie, je trouve qu’ici il n’a pas réussi à distiller une ambiance à la hauteur de Taylor.
Le nombre de paragraphes est très faible, mais leur longueur est importante. Ces aventures font la part belle au récit, avec force descriptions. C’est le gros plus de la série. On est vraiment pris dans le récit, c’est très agréable à lire. Ce côté roman est renforcé par le fait que l’auteur parle du héros à la 3ème personne, et non à la 2ème. A mes premières lectures, cela me choquait beaucoup. Puis finalement, le temps aidant, je m’y suis fait et l’identification a fonctionné.
Hélas, qui dit peu de paragraphes dit grande linéarité. Les relectures se ressemblent. C’est pour ça que, lorsqu’on meurt, mieux vaut reprendre du paragraphe où l’on est mort plutôt que de tout se retaper, vu que ce sera le même chemin.
De toutes façons, les règles trop compliquées et fastidieuses de la série incitent à ne pas les appliquer et de se laisser porter par le plaisir de la lecture. Autrement dit, si dans le sondage vous avez dit que c’est le côté littéraire le plus important dans un LDVELH, vous pouvez vous lancer dans Loup*Ardent. Si c’est le côté jeu, laissez tomber.
C’est dommage que Brennan n’ait pas réussi le mariage des deux, littérature et jeu. La série ne trouve pas sa plénitude.
Niveau qualité des aventures, je note une dégradation continue au long de la série.
1) La Horde des Démons : la série commence fort par un ouvrage terrible. L’aventure est trépidante. On se sent, comme le héros, en danger permanent. La qualité du texte est rarement égalée dans l’ensemble des LDVELH. La rencontre avec Xandine est un peu forcée, mais ça fonctionne quand même. L’auteur abuse du fait que tout le monde manipule le héros mais ne vas guère plus loin dans ses explications. Les situations dans lesquelles on se trouve sortent des sentiers battus. Mon passage préféré est tout le passage des marchands d’esclaves. Côté oppression, c’est la scène de l’arrivée à Belgardium qui décroche le premier prix. On sent vraiment la malfaisance de la Horde. A glacer le sang.
Je profite de cette chro pour livrer un sentiment. Pour moi la jouabilité d’un LDVELH c’est la fluidité de la lecture. C’est un numéro de § à trouver par un calcul simple (retrancher 20, par exemple) plutôt que de convertir en chiffres les lettres d’un mot. C’est être porté par le récit, se croire dans la peau de notre personnage. A ce titre, il y a un truc qui, pour moi, nuit gravement à la jouabilité d’un livre, ce sont les plans numérotés. C’est lourd, ça casse le fil du récit, de la lecture. Ça fait jeu vidéo ou jeu de rôle, on est plus dans un bouquin. Cela étant, le plan de ce tome-là reste supportable : il est cohérent et pas trop fastidieux.
Au final, un ouvrage captivant, doté d’une forte personnalité. A lire !
Je lance maintenant un appel à Jeveutout : des illustrations de la VO ont-elles été sucrées dans la VF. Si oui, existe-t-il une illustration d’Yveen ?
2) Les Cryptes de la Terreur : un nom bien mal choisi, car nous n’avons affaire à des cryptes que dans le 1er tiers de l’ouvrage, elles ne sont guère terrifiantes, et surtout elles ne jouent pas de rôle important dans l’histoire. Un titre comme “Le Roi Endormi” eût mieux convenu, je trouve.
Avec ce 2ème tome, la qualité baisse nettement. Nous avons affaire à une histoire en 3 parties.
La 1ère est donc une visite des cryptes peu intéressante, à part si on rencontre la belle Selena.
La 2ème est une visite de Pelimandar où le récit étoffé reprend ses droits. Hélas, si les idées sont bonnes et bien racontées, l’agencement des paragraphes laisse à désirer. Ils conduisent tous au §79 bêtement ; on fait des rencontres qui n’ont aucune incidence sur la suite, comme la rencontre avec Olrik, très intéressante à lire, mais complètement transparente niveau progression de l’aventure. C’est vraiment dommage. Une façon de faire analogue au 1er volet aurait fait de ce 2ème tiers du livre une réussite.
La dernière partie du livre est un ratage complet. Brennan donne l’impression d’avoir été pressé par le temps et d’avoir tronqué la fin. La rencontre avec le grand méchant est honteusement dépourvue d’âme ; c’est le jour et la nuit avec la rencontre du boss du tome 1. Et que dire du paragraphe de fin...
A noter que, de mémoire, je crois ne pas avoir parlé une seule fois avec Exterminator lors de cette aventure. Ce sera la même chose dans le tome suivant. Là encore, une bonne idée non exploitée.
3) L’Ultime Combat de la Horde : la qualité du récit baisse encore dans ce tome, avec des situations de plus en plus basiques et stéréotypées (des sorcières vous ont désigné pour être l’élu qui va sauver le monde et vous envoie chercher un artefact que vous aurez après une bête exploration et des épreuves aux dés... et après on dit que Livingstone est stéréotypé...). De plus, le récit fait comme si on avait rencontré Selena dans le tome précédent, alors que ce n’est pas forcément le cas. Bug...
Néanmoins, le livre a des qualités, je pense surtout à tout son début, qui m’a captivé et qui distille une ambiance prenante. Dommage, ce bout d’histoire n’a rien à voir avec la trame principale du présent bouquin mais se réfère au tome 4. Le reste du livre est une exploration vite lassante. Quant au code final, quel est l’intérêt d’avoir mis des mots à l’envers (pour trouver les lettres du mot magique) et quel est l’intérêt d’avoir mis la solution du code à la fin du livre ? A mon sens, il aurait mieux valu que, au cours de l’aventure, on trouve un personnage qui explique le maniement de l’Orbe. C’est vraiment se compliquer la vie (et celle de son lecteur) pour rien.
4) Les Maîtres du Mal : côté scénario, je trouve ce livre très bof, à côté de la plaque avec cette recherche d’artefacts complètement incohérente (pourquoi ces gens détiennent-ils pile poil ces objets-là ?). Le texte suppose qu’on a découvert dans le tome 3 les cicatrices à la base du front ; or ce n’est pas forcément le cas une fois encore.
Nous avons là aussi droit à une exploration creuse et sans intérêt, d’autant plus qu’elle se fait à l’aide de plans particulièrement pourris. A quoi ça sert de faire un plan pour envoyer à un paragraphe qui dit “Vous ne trouvez rien” ? Ne vaudrait-il pas mieux se passer de plan et offrir un récit interactif de la qualité du 1er tome ? Là, on sent l’envie de se débarrasser de l’écriture du livre. Le plan de Belgardium n’a plus rien à voir avec celui du tome 1 et devient complètement ridicule : vous agenceriez une ville comme ça, vous ? Il n’y a quasiment pas d’habitations alors qu’on dit que c’est une ville, et même un port. Où sont les quais ? Etc...
Bon, tout n’est pas noir dans ce LDVELH. Il y a de bons passages, comme le combat contre sa propre épouse (mal exploité mais bien trouvé), la forme originelle d’Exterminator ou encore le rebondissement final. Mais bon, quand le côté jeu pêche et que le côté littéraire ne rattrape rien, il est difficile d’éviter le plantage.
Au final, je trouve cette série un peu décevante, dans le sens où, avec un 1er tome de cette qualité, un background aussi bien trouvé et un héros aussi charismatique, il y avait de quoi faire beaucoup mieux. Un peu de rigueur, moins d’explorations creuses...
Reste une ambiance réussie et une qualité d’écriture qui font que j’ai quand même passé un bon moment jusqu’à la fin.
Au contraire de son autre série phare des Quêtes du Graal, JH Brennan signe ici une saga sombre, quasi crépusculaire. Il y a bien ses fameuses touches d’humour “so british” par ci par là, mais le ton n’est pas à la gaudriole. Le héros est un barbare même pas d’origine barbare, fils d’un sorcier alors qu’il abhorre la sorcellerie, natif d’un pays dont il va devoir tuer le roi, adopter par un royaume dont il fuira le trône et la cour pour vivre seul. Un vrai asocial. Ce côté “mal intégré”, le ton fataliste, la menace permanente de la Horde des Démons et l’impression que même quand on gagne rien de beau ne se produit donnent à ce récit un côté adulte prononcé. Sans parler des filles nues que notre barbare sauve ou se tape.
Quand j’étais gamin, cette série me rebutait à cause de cet aspect trop désabusé. Seules les filles à poils m’intéressaient. Aujourd’hui, j’aime toujours les filles nues, mais ce côté crépusculaire me séduit vraiment.
Les illustrations concourent à cette ambiance. Les couvertures blanches de neige sont un souvenir visuel fort. A l’intérieur, les illustr’s de Geoff Taylor sont superbes, tout en ombres. Si j’apprécie le travail de John Blanche sur Sorcellerie, je trouve qu’ici il n’a pas réussi à distiller une ambiance à la hauteur de Taylor.
Le nombre de paragraphes est très faible, mais leur longueur est importante. Ces aventures font la part belle au récit, avec force descriptions. C’est le gros plus de la série. On est vraiment pris dans le récit, c’est très agréable à lire. Ce côté roman est renforcé par le fait que l’auteur parle du héros à la 3ème personne, et non à la 2ème. A mes premières lectures, cela me choquait beaucoup. Puis finalement, le temps aidant, je m’y suis fait et l’identification a fonctionné.
Hélas, qui dit peu de paragraphes dit grande linéarité. Les relectures se ressemblent. C’est pour ça que, lorsqu’on meurt, mieux vaut reprendre du paragraphe où l’on est mort plutôt que de tout se retaper, vu que ce sera le même chemin.
De toutes façons, les règles trop compliquées et fastidieuses de la série incitent à ne pas les appliquer et de se laisser porter par le plaisir de la lecture. Autrement dit, si dans le sondage vous avez dit que c’est le côté littéraire le plus important dans un LDVELH, vous pouvez vous lancer dans Loup*Ardent. Si c’est le côté jeu, laissez tomber.
C’est dommage que Brennan n’ait pas réussi le mariage des deux, littérature et jeu. La série ne trouve pas sa plénitude.
Niveau qualité des aventures, je note une dégradation continue au long de la série.
1) La Horde des Démons : la série commence fort par un ouvrage terrible. L’aventure est trépidante. On se sent, comme le héros, en danger permanent. La qualité du texte est rarement égalée dans l’ensemble des LDVELH. La rencontre avec Xandine est un peu forcée, mais ça fonctionne quand même. L’auteur abuse du fait que tout le monde manipule le héros mais ne vas guère plus loin dans ses explications. Les situations dans lesquelles on se trouve sortent des sentiers battus. Mon passage préféré est tout le passage des marchands d’esclaves. Côté oppression, c’est la scène de l’arrivée à Belgardium qui décroche le premier prix. On sent vraiment la malfaisance de la Horde. A glacer le sang.
Je profite de cette chro pour livrer un sentiment. Pour moi la jouabilité d’un LDVELH c’est la fluidité de la lecture. C’est un numéro de § à trouver par un calcul simple (retrancher 20, par exemple) plutôt que de convertir en chiffres les lettres d’un mot. C’est être porté par le récit, se croire dans la peau de notre personnage. A ce titre, il y a un truc qui, pour moi, nuit gravement à la jouabilité d’un livre, ce sont les plans numérotés. C’est lourd, ça casse le fil du récit, de la lecture. Ça fait jeu vidéo ou jeu de rôle, on est plus dans un bouquin. Cela étant, le plan de ce tome-là reste supportable : il est cohérent et pas trop fastidieux.
Au final, un ouvrage captivant, doté d’une forte personnalité. A lire !
Je lance maintenant un appel à Jeveutout : des illustrations de la VO ont-elles été sucrées dans la VF. Si oui, existe-t-il une illustration d’Yveen ?
2) Les Cryptes de la Terreur : un nom bien mal choisi, car nous n’avons affaire à des cryptes que dans le 1er tiers de l’ouvrage, elles ne sont guère terrifiantes, et surtout elles ne jouent pas de rôle important dans l’histoire. Un titre comme “Le Roi Endormi” eût mieux convenu, je trouve.
Avec ce 2ème tome, la qualité baisse nettement. Nous avons affaire à une histoire en 3 parties.
La 1ère est donc une visite des cryptes peu intéressante, à part si on rencontre la belle Selena.
La 2ème est une visite de Pelimandar où le récit étoffé reprend ses droits. Hélas, si les idées sont bonnes et bien racontées, l’agencement des paragraphes laisse à désirer. Ils conduisent tous au §79 bêtement ; on fait des rencontres qui n’ont aucune incidence sur la suite, comme la rencontre avec Olrik, très intéressante à lire, mais complètement transparente niveau progression de l’aventure. C’est vraiment dommage. Une façon de faire analogue au 1er volet aurait fait de ce 2ème tiers du livre une réussite.
La dernière partie du livre est un ratage complet. Brennan donne l’impression d’avoir été pressé par le temps et d’avoir tronqué la fin. La rencontre avec le grand méchant est honteusement dépourvue d’âme ; c’est le jour et la nuit avec la rencontre du boss du tome 1. Et que dire du paragraphe de fin...
A noter que, de mémoire, je crois ne pas avoir parlé une seule fois avec Exterminator lors de cette aventure. Ce sera la même chose dans le tome suivant. Là encore, une bonne idée non exploitée.
3) L’Ultime Combat de la Horde : la qualité du récit baisse encore dans ce tome, avec des situations de plus en plus basiques et stéréotypées (des sorcières vous ont désigné pour être l’élu qui va sauver le monde et vous envoie chercher un artefact que vous aurez après une bête exploration et des épreuves aux dés... et après on dit que Livingstone est stéréotypé...). De plus, le récit fait comme si on avait rencontré Selena dans le tome précédent, alors que ce n’est pas forcément le cas. Bug...
Néanmoins, le livre a des qualités, je pense surtout à tout son début, qui m’a captivé et qui distille une ambiance prenante. Dommage, ce bout d’histoire n’a rien à voir avec la trame principale du présent bouquin mais se réfère au tome 4. Le reste du livre est une exploration vite lassante. Quant au code final, quel est l’intérêt d’avoir mis des mots à l’envers (pour trouver les lettres du mot magique) et quel est l’intérêt d’avoir mis la solution du code à la fin du livre ? A mon sens, il aurait mieux valu que, au cours de l’aventure, on trouve un personnage qui explique le maniement de l’Orbe. C’est vraiment se compliquer la vie (et celle de son lecteur) pour rien.
4) Les Maîtres du Mal : côté scénario, je trouve ce livre très bof, à côté de la plaque avec cette recherche d’artefacts complètement incohérente (pourquoi ces gens détiennent-ils pile poil ces objets-là ?). Le texte suppose qu’on a découvert dans le tome 3 les cicatrices à la base du front ; or ce n’est pas forcément le cas une fois encore.
Nous avons là aussi droit à une exploration creuse et sans intérêt, d’autant plus qu’elle se fait à l’aide de plans particulièrement pourris. A quoi ça sert de faire un plan pour envoyer à un paragraphe qui dit “Vous ne trouvez rien” ? Ne vaudrait-il pas mieux se passer de plan et offrir un récit interactif de la qualité du 1er tome ? Là, on sent l’envie de se débarrasser de l’écriture du livre. Le plan de Belgardium n’a plus rien à voir avec celui du tome 1 et devient complètement ridicule : vous agenceriez une ville comme ça, vous ? Il n’y a quasiment pas d’habitations alors qu’on dit que c’est une ville, et même un port. Où sont les quais ? Etc...
Bon, tout n’est pas noir dans ce LDVELH. Il y a de bons passages, comme le combat contre sa propre épouse (mal exploité mais bien trouvé), la forme originelle d’Exterminator ou encore le rebondissement final. Mais bon, quand le côté jeu pêche et que le côté littéraire ne rattrape rien, il est difficile d’éviter le plantage.
Au final, je trouve cette série un peu décevante, dans le sens où, avec un 1er tome de cette qualité, un background aussi bien trouvé et un héros aussi charismatique, il y avait de quoi faire beaucoup mieux. Un peu de rigueur, moins d’explorations creuses...
Reste une ambiance réussie et une qualité d’écriture qui font que j’ai quand même passé un bon moment jusqu’à la fin.