Tabous, interdits, gêne et autres...
#2
Chaque auteur est libre de proposer ce qu'il veut. Il doit simplement avertir son lecteur potentiel sur le contenu potentiellement choquant. Ledit lecteur potentiel est donc prévenu à l'avance et peut donc passer son chemin si nécessaire.

L'auteur peut vouloir choquer le lecteur parce qu'il est lui-même choqué par quelque chose, et il a envie d'être une sorte de porte-parole. Par contre, si le lecteur constate une sorte de jubilation sous-jacente de l'auteur à décrire ce qui nous choque, de sentir que lui, au contraire, apprécie la chose et en fait une sorte d'apologie plus ou moins déguisée, là on se doit d'être véritablement choqué vis à vis de l'auteur (en plus de l'être par la chose dont il est question).

Pour reprendre ton exemple de Méroé, c'est comme si tu faisais sentir entre les lignes que la société de blancs dominants est la meilleure, et que tu aurais juste mis une révolte des noirs comme "alibi" face à ceux qui te taxeraient de suprémacisme blanc. Dans ce cas oui on serait choqué.

Pour certains thèmes il n'y a pas lieu d'être choqué, comme l'homosexualité. Les homos et les hétéros n'ont pas les mêmes attirances mais peu importe, ils cohabitent dans une même société et peuvent exercer leurs préférences sexuelles sans empiéter sur celle des autres. Voir des couples qui s'embrassent, qu'ils soient du même sexe ou non, ne va en rien interférer avec l'orientation sexuelle de ceux qui les voient. Seules des personnes dogmatiques qui jugent qu'une seule orientation sexuelle doit être la "bonne" vont s'offusquer, mais est-ce bien la peine de prendre des précautions dans une AVH pour de telles personnes?

Pour le racisme on ne doit pas non plus être choqué, mais c'est quelque chose qui reste très répandu car depuis la nuit des temps l'homme a tendance à se méfier de l'autre. Ces a priori ont du mal à disparaître car ils sont restés longtemps ancrés en nous, et donc le restent encore. C'est vraiment quelque chose qui a trait au réflexe instinctif, que la raison a encore beaucoup de mal à supplanter. C'est encore compliqué au sein de familles d'avoir des couples de différentes origines ou religions, quelles que soient ces origines et religions. Et même pour un simple voyage en train, si on croit reconnaître un visage, même de quelqu'un qu'on ne connait que de très très loin, avec qui on n'a jamais échangé plus de 3 mots, on va spontanément aller vers ce "presque" inconnu plutôt que vers de "complets" inconnus.

Quant à l'acceptation, pour un lecteur, d'incarner un personnage plus ou moins "dérangeant", je pense que c'est en partie l'auteur qui détient les clés. Il doit réussir à captiver son lecteur. Peut-être qu'il réussira moyennement son pari avec de nombreux lecteurs, peut-être qu'il réussira de manière spectaculaire auprès d'une poignée seulement. Les retours des lecteurs peuvent toujours être intéressants, mais sauf à vouloir basculer dans le "commercial" et assurer un certain nombre de ventes, il ne doit pas faire de compromis et doit avant tout être lui-même en proposant son univers, ce qu'il a envie de transmettre et partager. Peu importe que ce soit une saga flamboyante et héroïque avec un personnage principal à l'esprit tourmenté par son passé trouble, un héros "immaculé" dans un univers décadent, sordide et glauque, ou toute autre trame issue de son imagination: on en revient à ma phrase de départ, à savoir que l'auteur est libre de proposer ce qu'il veut.
Répondre


Messages dans ce sujet
RE: Tabous, interdits, gêne et autres... - par tholdur - 26/07/2021, 13:07



Utilisateur(s) parcourant ce sujet : 1 visiteur(s)