[38] Le Vampire du Château Noir
#1
Au-delà de l'aspect ludique, réussi comme souvent chez Keith Martin, le gros point fort de ce LDVELH est son atmosphère, gothique à souhait.
Déjà, les belles illustrations servent bien cette ambiance. Ensuite, si l'on excepte le très médiocre (de mon point de vue) 1er tome de la série Epouvante, le thème du vampire classique en tant que personnage central n'a jamais été abordé dans le domaine des livres-jeux et cela frappe tout de suite l'imaginaire du lecteur tout en insufflant une bonne dose d'angoisse. Tous les éléments classiques de la mythologie de Nosferatus sont utilisés, en passant par l'ail, les crucifix, la Foi face aux mauvais esprits, les pieux, les cercueils... tandis que des descriptions plutôt soignées insistent sur les goûts raffinés du buveur de sang en matière de décoration intérieure, de bijoux ou d'argenterie. Le château
n'est pas une demeure seigneuriale anonyme mais plutôt un manoir témoignant à la fois d'un goût du lucre malsain et hanté par de terrifiants morts-vivants. Les zombies, goules, esprits représentent en majorité le bestiaire de cette aventure ; ils sont très nombreux mais pas empilés de manière à lasser le joueur : chacun dispose d'une identité et de capacité différentes qui les différencient parfoi
agréablement de ce que l'on connaît déjà (exemple : la Perfie de Baouarbie). Surtout, cette noble demeure n'est pas que la résidence du sinistre comte Romuald mais aussi celle de toute sa famille et de ses serviteurs. On y croise frère, soeur, magicien personnel et bien d'autres. Certains sont hostiles, d'autres des alliés potentiels mais tous ont une personnalité propre qui les rend intéressants et cela apporte une dynamique bienvenue à l'exploration du château qui pourrait sinon s'apparenter à un simple Porte-Monstres-Trésors.
En effet, après un très bref passage en extérieur, le très gros de l'aventure consiste en une traversée du manoir jusqu'au repaire de l'ennemi. C'est là que le bât blesse, le scénario est peu motivant puisqu'il ne s'agit que de survivre tout en récoltant les meilleurs objets magiques pour résister à la rencontre finale. L'exploration est de plus linéaire. Soit la demeure du vampire est bizarrement conçue, soit l'auteur est trop dirigiste car on ne peut pas explorer les pièces du rez-de-chaussée puis celle de l'étage dans l'ordre qu'on veut. Des portes et des couloirs de présentent à nous, soit on les emprunte, soit on les zappe car on ne peut pas retourner en arrière. Je suis cependant convaincu que l'architecte n'était pas très bon car certaines pièces sont vraiment trop éloignées de la porte d'entrée ou de l'escalier, il faut se cogner trois bonnes longueurs de couloir avant d'accéder aux appartements les plus reculés... C'est sûr qu'à vol de chauve-souris, ce n'est pas trop fatigant.
Dans ces pièces, des combats, des trésors monétaires (globalement inutiles) et des objets intéressants pour la suite. C'est assez fastidieux (même si c'est la base du PMT) mais certains endroits permettent de faire des rencontres plus sociables. La liberté accordée au lecteur est plutôt bonne à chacune de ces rencontres car on peut à chaque fois se montrer hostile ou amical. Ce sont cependant des choix assez superflus car il n'y a guère de surprise à ce niveau, on devine du premier coup d'oeil qui va se montrer utile ou sympa. Cela manque singulièrement de vice, de piège de la part de l'auteur, de mauvaise surprise. Cette galerie de personnages à l'intérieur du château est une
bonne idée, donne de la couleur à l'ensemble, mais ceux-ci sont bien trop prévisibles.
Pour finir sur une bonne note, le challenge est relevé, bien plus que dans le Voleurs d'Âmes du même auteur. Il s'agit d'une aventure difficile mais motivante car on progresse peu à peu, après avoir trépassé lors de combats mal négociés ou parce qu'il nous manquait tel ou tel objet. Dommage qu'il ne soit pas possible de survivre sans une forte Habileté (en raison de combats obligatoires tels que le redoutable duo chauve-souris et fouine ainsi que bien entendu du duel final) car la nouvelle caractéristique de Foi est bien utilisée avec de nombreuses possibilités de l'augmenter, les tests de Chance sont imposés à bon escient, il existe des possibilités d'éviter pas mal de combats, de
nombreux objets et sorts sont à employer de manière tactique vers la fin et on a pas mal de possibilités de regagner des points d'Endurance pour compenser les nombreuses pertes (mmmmmmm ces délicieux cognacs..... Burps!). Les lancers de dés sont nombreux mais tout est si bien équilibré (toujours pour une forte Habileté) que les plus joueurs d'entre nous alterneront souvent stress et soulagement au fur et à mesure des mauvaises rencontres et des trouvailles revigorantes.
Il manque à Keith Martin l'inventivité et l'imagination de certains autres auteurs pour que ses oeuvres atteignent le nirvana des LDVELH. Celui-ci est de bonne facture, aborde un thème intéressant même s'il est dommage que l'on soit loin d'atteindre le degré de peur généré par le
Manoir de l'Enfer qui présente un peu la même structure et le même objectif.
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[38] Le Vampire du Château Noir - par Fitz - 06/03/2012, 23:03



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