[33] Le Justicier de l'Univers (Martin Allen)
#4
Il s'agit de l'un des Défis Fantastiques les plus originaux, les plus déroutants de la série. Le thème choisi est une parodie de space opera où tous les termes compliqués de la science-fiction sont poussés aux limites de l'absurde. Le ton n'est pas léger et franchement humoristique comme celui d'un Brennan mais on nous parle de 72ème dimension, de rétrodéflecteurs axiaux, de méduses pirates... La liste est infinie. L'exagération ne se cantonne pas au vocabulaire mais également aux situations vécues par le héros (un colosse à quatre bras). Dans un univers de SF, tout est virtuellement possible et l'auteur part de ce postulat pour nous submerger de délires ahurissants : bougie géante animée, fuite devant un grobulle (amibe ronde et orange qui dévore tout), poteau sauteur et j'en passe. Difficile d'adhérer complètement à cette farce monumentale qui frise à de nombreux moments l'immaturité mais difficile d'un autre côté de ne pas s'amuser des situations burlesques et de la malice de l'auteur qui joue en quelque sorte avec les nerfs du lecteur puisque rien n'est prévisible dans l'histoire : tout à tout moment peut arriver. Rien n'est impossible mais tout est invraisemblable.
Le pire est que le scénario a une certaine cohérence. La mission du départ est d'aller tuer un ex-intendant royal, généticien à ses heures perdues, réfugié dans une planète fortifiée. La première partie est le voyage jusqu'à la planète, la seconde plus longue consiste à dénicher ce vilain. Certains personnages secondaires sont remarquablement bien décrits et ont pas mal d'interaction avec nous-même. Lorsque la partie "scénario principal" progresse, on a droit à de longs paragraphes presque sérieux qui tranchent singulièrement avec les nombreuses péripéties sans queue ni tête qui émaillent les séquences "voyage". Malheureusement, ces passages structurés et intéressants se retrouvent surtout vers la fin de l'aventure ; peut-être que certains auront abandonné avant ça...
L'aventure est structurée de manière intéressante avec différents chemins pour progresser dans l'histoire, des "fourches" assez développées dont chaque direction mérite d'être explorée. Le gros point noir réside cependant dans la difficulté exagérée qui classe ce DF parmi l'un des plus longs à terminer à la loyale de la série. Pas d'objet indispensable à trouver, pas de combat insurmontable (même si une Habileté trop faible est rédhibitoire car les combats sont très/trop nombreux) mais des PFA à tout bout de champ et très arbitraires. Comme ce LDVELH est insensé, il n'est pas facile de trouver le choix logique à faire et les décisions les plus raisonnables conduisent souvent à la mort. Bref, même la situation la plus anodine en apparence peut nous conduire à l'échec et l'on tremble avant de choisir le nouveau paragraphe. L'autre écueil se trouve dans les règles de combats spatiaux qui se résolvent de manière presque aussi aléatoires que les "combats à un coup" des Gouffres de la Cruauté. J'ai vite renoncé à les jouer. Cette énorme difficulté alliée aux très nombreux lancers de dés rendent les relectures fastidieuses. Heureusement que chaque passage débloqué dans l'histoire réserve son lot de surprises pour préserver l'intérêt et que la fin mérite le coup d'oeil avec un léger rebondissement scénaristique.
Mais bon... Il faut s'accrocher d'une certaine manière pour lire le Justicier de l'Univers jusqu'au bout. Il vaut mieux être prévenu avant de se plonger dedans. Ce n'est certainement pas l'ouvrage que je conseillerais à un novice pour découvrir l'univers des livres-jeux! Même s'il mérite le coup d'oeil pour les connaisseurs du genre par son côté décalé.


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RE: [DF] Le Justicier de l'Univers (Martin Allen) - par Fitz - 03/11/2011, 22:36



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