[m-yaz 2022] Vengeance d'un Mercenaire
#9
La vengeance d'un mercenaire est une aventure qui rentre moyennement dans le thème, puisqu'il s'agit d'une histoire de vengeance. Néanmoins, le mercenariat du personnage, contextualisé par son passé, permet sans trop de difficultés de rattacher cette AVH au sujet proposé.
Après avoir lu les commentaires, j'ai décidé, par respect pour Matthias, apparemment lycéen si j'ai bien compris, d'évaluer La vengeance d'un mercenaire comme j'évaluerai n'importe quelle autre aventure. Je modulerai ma note finale (je note sur 18) avec les points que j'attribue (jusqu'à +2) dans mon avis personnel — ce qui donne une note sur 20 — pour tenir compte de la jeunesse de l'auteur. Et force m'est de constater que Matthias s'en sort plutôt bien, surtout au vu de la concurrence. Donc, à la fois, bravo à lui et merci pour ce petit moment de détente.

Comme cela a été déjà été relevé, l'écrit n'est pas encore maîtrisé. Erreurs d'orthographe, de syntaxe, de ponctuation, coquilles, mise en page... Il y a encore un gros travail à réaliser sur la langue afin d'être lu dans de bonnes conditions. Cependant, je salue sincèrement l'effort fourni. On remarque, dans le développement des phrases, une syntaxe qui suit souvent le déroulé de la pensée. Cela dénote clairement d'une capacité à structurer un argumentaire, bien que les différents équilibres de la phrase se doivent d'être mieux abordés. Un exemple avec le paragraphe 2 : « Étant dépourvu de l’argent nécessaire pour payer un billet et n’ayant pas l’intention de retournez chez vous pour en récupérer, ce qui vous ferait rater l’avion et vous ferait attendre deux semaines avant le départ d’un autre avion pour Londres, d’après les informations affichées sur les panneaux indiquant les dates de départ, vous n’avez d’autres solutions que d’en voler. » (J'ai corrigé le texte.) Il y a pas moins de six informations, dont quatre sont enchâssées les unes dans les autres. On voit ici la pensée de l'auteur, au moment de l'écriture, qui évolue d'idée en idée, et produisant une phrase qui joue dangereusement avec les limites de l'acceptabilité (structure notamment possible en raison du phénomène de récursivité : l'homme qui a vu l'enfant qui a vu le chien qui a vu la fourmi qui a vu la miette).
On pourra également apprécier l'emploi soigné du vocabulaire et donc des signifiés – ce que des auteurs plus mâtures ne parviennent pas toujours à conserver de bout en bout. Même si ce n'est pas un sans faute. Ainsi, dès l'introduction : « Vous vivez à une époque où la technologie a pris la place de beaucoup de tâches quotidiennes que les humains se lassaient d’effectuer ». C'est une erreur de construction liée à la mauvaise distribution du syntagme « prendre la place ». La technologie a pris la place des humains dans l'accomplissement des tâches quotidiennes et non la place des tâches.
La présence de transferts orthographiques de l'anglais vers le français m'étonne un peu, comme assault pour assaut, mais c'est peut-être lié à la pratique de jeux anglo-saxons.
Exemple significatif tiré du paragraphe 27 :
« vos timpans sont déchirés par une alarme stridente hurlant dans tout le batîment. Vous vosu ruez vers la sortie, mais êtes arreté par un faiseau laser qui a manqué de vous brûler. » Il faut lire :  tympans ; bâtiment ; vous et non vosu ; arrêté ; faisceau. Et éviter le mélange des temps : qui manque de (la confusion vient de l'emploi d'un passif).

Matthias place son aventure dans un monde futuriste, ma foi, bien sympathique. Les machines et la technologie accomplissent pour l'homme toutes les tâches ingrates ou difficiles et cette toile de fond n'est pas sans évoquer le film Wall-E. Ce qui pose problème, c'est la rencontre de l'aventure, de l'action, avec la réalité du monde décrit, comme au paragraphe 14 où l'on tape la discute avec l'homme que l'on est censé tuer en le lui annonçant ; le paragraphe 30 où l'on tue un homme dans l'hôtel, puis où l'on consulte le registre et enfin où l'on attend trois heures dans une chambre du même hôtel. La police, ou les droïdes, nous auraient arrêté depuis longtemps. Idem avec le paragraphe 36, où le combat est carrément dans un aéroport. Jamais l'avion n'aurait décollé. Et le 39, assez surréaliste, où l'on abat d'abord une cible, puis où l'on va chercher le commanditaire, avant de l'amener sur les lieux du crime pour lui prouver que le boulot a été fait. Jamais des assassins ne se comporteraient de la sorte. Je pense qu'ici, il y a un peu trop de John Wick et qu'il aurait fallu expliquer dans l'introduction pourquoi on peut flinguer tout le monde sans que personne ne réagisse ou sans que les droïdes n'interviennent.
Ce petit soucis de vraisemblance n'atténue en rien le côté immersif de l'histoire. Dès le début, le lecteur est plongé dans le vil monde des mercenaires, des tueurs à gages et des droïdes froids et insensibles. Et cette descente en eau trouble ne se relâche jamais. Un bon point. Pourtant, l'absence de descriptions, d'un minimum de mise en contexte, nous détache un peu trop des événements racontés. Si les décors sont variés, ils manquent de caractérisation et donnent parfois l'impression d'être en carton pâte. Il en va de même pour à peu près tous les personnages, interchangeable, à l'exception de notre Némésis, seule figure à nous proposer un ressort psychologique bienvenu dans un monde aussi glacé. Le bon côté de cette écriture, ce sont ces paragraphes ramassés qui contribuent à donner un rythme rapide, nerveux, voire haletant, à l'AVH. Ce n'est pas ce que je préfère, mais ici, c'est clairement un des aspects positifs du récit.

L'histoire est plutôt bien ficelée alors qu'elle ne s'étale que sur 39 paragraphes. Il y a l'impression que trois chemins sont possibles, mais l'un d'eux conduit nécessairement à l'échec de l'aventure. Les différentes péripéties sont cohérentes, variées et s'insèrent toutes très bien dans la trame narrative. Soulignons tout de même quelques bémols. Il y a un tueur avant de monter dans l'avion et un autre à notre descente ; cela fait un peu redondant. Il aurait été intéressant d'innover dans Londres, surtout qu'il y avait encore 11 paragraphes sous le coude.
Dans le centre d'information, on peut déclencher successivement deux alarmes. Or, avec la seconde, on est automatiquement capturé. Tandis que lorsque la première retentit, puis la seconde, on a une chance de s'échapper. Ce n'est pas très logique et l'inverse m'aurait semblé plus cohérent. De même, si l'on retourne chez soi, on ne peut emporter que deux objets. Pourquoi ? (Oui, pour le jeu, mais je parle ici de la vraisemblance de l'histoire.) Je pourrais tout à fait me saisir de l'automatique et des munitions qui vont avec, d'un gilet pare-balles et d'un couteau, quatre objets, et ce, sans le moindre problème. De manière anecdotique, si lame d'obsidienne fait classe quand on parle de cérémonies impies, il eut mieux valu parler d'un coutelas en acier trempé (façon Crocodile Dundee) vu l'univers moderne dans lequel évolue notre mercenaire. L'obsidienne, même très dure, ne reste que de la pierre.

J'ai personnellement bien apprécié l'effort réalisé dans la volonté de présenter des règles construites et adaptées au mercenariat. Distance, corps-à-corps, feu, protection, munition, tout cela est plus que bienvenu. Il y a peut-être, comme il a déjà été dit, un peu trop de combats, surtout contre les droïdes toujours très nombreux. Néanmoins, avec un de la chance (j'ai fait respectivement 3 et 6 pour mes caractéristiques, ce qui m'a octroyé une Habileté de 9 et une Précision de 12) et l'achat de la mitraillette, les deux derniers combats se font sur du velours. Avec une force d'attaque de 17, je n'ai même pas eu besoin de lancer les dés, et ça, c'est quelque chose que j'ai bien apprécié. Mais je ne pense pas que tous les lecteurs seront de cet avis, puisque les enjeux de l'affrontement disparaissent en raison d'une forte chance lors de la construction du personnage. Je regrette par contre que notre Frappe évolue si peu. La plupart des premiers combats se font au corps-à-corps et seuls deux objets augmentent faiblement cette Frappe.

Reste à parler de l'aspect ludique de l'aventure. On entre dans le gros point fort de l'histoire. Outre une grande diversité de choix pour si peu de paragraphes, on va récupérer des codes, avoir de l'argent et des munitions à gérer, devoir résoudre une énigme (il m'a bien fallu 10 minutes pour la débloquer), faire des choix d'équipement. Il y a même la possibilité de jouer à un jeu d'argent. Bref, c'est varié et l'ensemble fait que l'on s'amuse beaucoup à tenter de parvenir à la conclusion de cette histoire en respectant les règles au sein d'une aventure pas trop directive.

~*~

Conclusion : bien que des efforts évidents aient été faits dans l'écriture du récit, la langue reste encore à travailler. Si l'absence de descriptions empêche une immersion profonde, elle est contrebalancée par le rythme et les péripéties. L'aventure est agréable à jouer, soutenue par des règles cohérentes, bien que parfois trop orientées affrontement. Cette proposition est de bon augure pour des AVH futures.
Goburlicheur de chrastymèles
Répondre


Messages dans ce sujet
Vengeance d'un Mercenaire - par grattepapier - 17/06/2022, 09:12
RE: Vengeance d'un Mercenaire - par steflip - 27/06/2022, 00:27
RE: Vengeance d'un Mercenaire - par gynogege - 28/06/2022, 06:47
RE: Vengeance d'un Mercenaire - par steflip - 28/06/2022, 15:49
RE: Vengeance d'un Mercenaire - par fifre - 30/06/2022, 12:02
RE: Vengeance d'un Mercenaire - par Flam - 02/07/2022, 14:01
RE: Vengeance d'un Mercenaire - par Fitz - 04/07/2022, 14:55
RE: Vengeance d'un Mercenaire - par Loi-Kymar - 04/07/2022, 23:38
RE: Vengeance d'un Mercenaire - par Astre*Solitaire - 09/07/2022, 12:15
RE: Vengeance d'un Mercenaire - par Loi-Kymar - 09/07/2022, 12:48
RE: Vengeance d'un Mercenaire - par gynogege - 09/07/2022, 19:04



Utilisateur(s) parcourant ce sujet : 1 visiteur(s)