17/07/2012, 22:21
Cette paire de LDVELH jumeaux m'a bien plus réjoui que la précédente de la série. Si Darian et Issel s'étaient par moments montrés presque ennuyeux à lire, j'ai au contraire décortiqué avec intérêt les pérégrinations urbaines de Bardik et Coréus.
Déjà, le cadre de la cité de Koragon est bien plus original et cohérent que celui de la Forêt Enchantée. L'ambiance est exclusivement citadine ce qui est déjà en soi assez rare. Mais elle n'a rien à voir avec celles très fantasy des célèbres Cité des Pièges ou Cité des Voleurs. C'est ce qui m'a plu et intéressé au prime abord à la relecture des ces livres-jeux, pourtant guère populaires. Le fantastique y est très peu présent.
Bien sûr, les héros interprétés par les joueurs disposent de sortilèges mais ceux ci sont très facultatifs, on peut fort bien gagner sans en lancer un seul. Quelques créatures monstrueuses existent mais elles sont rares et facilement évitables. Là aussi, on peut parvenir à la fin sans en croiser une seule. Hormis ça, toutes les péripéties sont très réalistes, comme dans la première partie des Rôdeurs de la Nuit. Au programme : cambriolages, fuite devant des gardes, discrétion, enquêtes auprès de personnes louches, visites de tavernes, corruption, intimidation et toutes les autres vicissitudes que connaissent dans leur quotidien les voleurs professionnels du Moyen Age. Tout ça manque parfois d'action mais est au final très cohérent, ce qui ajoute à la crédibilité du scénario général.
L'histoire est assez simple : Coréus le Prince est un barbare débarquant en ville pour y retrouver des reliques qui lui ont été volées. Il va devoir enquêter auprès des receleurs, roublards et des collectionneurs pour les retrouver puis procéder à deux dangereux cambriolages pour les reprendre. Bardik le Voleur n'a pas d'objectif hormis se faire le plus d'argent possible. Il va tomber sur des informations concernant de mystérieuses reliques très précieuses et tout faire pour mettre la main dessus... On voit comment les deux histoires se recoupent facilement.
Rien de passionnant dans ce postulat mais les interrogatoires musclés, les rencontres inopportunes face à des malfrats ou les bagarres de taverne sonnent vrai. Quant aux deux cambriolages, ils sont suffisamment détaillés et dangereux pour instaurer un climat de tension, bien que ça aurait pu être encore meilleur de ce côté-là. Surtout, la cité de Koragon est joliment détaillée entre ses différents quartiers, ses monuments remarquables ou ses bouges aux noms évocateurs. Même si le style n'est plus aussi bon que dans certaines passages d'Issel et Darian (l'un des auteurs a-t-il fait défection?), la ville est vivante, plus finalement qu'une certaine Kharé qui brille bien plus par ses personnages hors du commun que par la description du quotidien de ses habitants. Ici, certains détails aident à s'imprégner de cette ambiance urbaine telle que les centaures-taxis.
Enfin, Bardik et Coréus sont des personnages bien plus attachants que Darian et Issel. Leurs états d'âme sont régulièrement mis en avant et leurs psychologies si différentes. On comprend bien les motivations et les réactions de Coréus, guerrier-magicien vivant dans la cambrousse de manière quasi-tribale et débarquant contraint forcé dans la multitude effrénée de Koragon. Le contraste est flagrant et, à la manière d'un Crocodile Dundee, il découvre avec surprise et maladresse les codes qui régissent cette autre civilisation. C'est vraiment le choc des cultures.
Tout à l'inverse, Bardik nage comme un poisson dans les eaux troubles de la cité, habitué aux ruses et astuces qui permettent de survivre dans cette jungle urbaine peuplée de prédateurs aux dents longues (brigands mortifères et autres contrebandiers sans scrupule) et de riches parvenus protégés par leur armada de gardes du corps. Ce contraste est flagrant quand les deux hommes se rencontrent, Coréus a tendance à se la jouer bourrin et donc à causer des ennuis tandis que Bardik brille par ses talents de diplomate, sa langue agile et son esprit aiguisé.
Même dans leur état d'esprit je les ai trouvés très intéressants. Coréus est un barbare certes, mais un barbare noble. Son honneur ne supporte que peu de souillures et gare à celui qui le tournera en dérision. D'autant plus que le gaillard dispose d'une magie puissante et se montre incroyablement doué avec ses haches de jet. Bardik lui n'a aucune famille, aucune attache, aucune passion autre que celle de l'appât du gain. Il est prêt à tout pour s'enrichir même si le défi de réussir à voler une maison inviolable est finalement aussi important que le résultat de ses rapines. Son amour-propre ne repose pas comme Coréus sur son ascendance ou ses traditions séculaires mais sur ses talents de monte-en-l'air. C'est un voleur, mais un voleur fier.
Dommage que le rythme de l'aventure ne soit pas plus intense, le même défaut que pour les tomes 1 et 2 de la série. Certaines rencontres sont vraiment intéressantes, certains monstres vraiment effrayants et certaines scènes de combat vraiment intenses mais malheureusement, il est probable de passer à côté. Ainsi, en faisant les bons choix, on peut réussir l'aventure de Bardik avec un seul test mortel et sans combattre une seule fois. Pour Coréus et l'aventure en duo, ce n'est pas le cas car on est alors confronté à un combat final obligatoire et quasi ingagnable mais par ailleurs, on peut également y réussir l'enquête et les deux cambriolages sans accomplir de prouesse. Dans ce cas, on ressent une grosse déception d'avoir accompli une tâche peu compliquée, assez courte et sans évènement à retenir.
C'est un comble mais ce sont en fait les choix les moins profitables en termes de jeu qui permettent d'obtenir une aventure plus dynamique. A mon avis, il 'agit vraiment du gros écueil de des aventures, ce manque de péripéties si on fait les bons choix (qui sont faciles à deviner, que le lecteur lambda aura tendance à prendre lors de ses premières lectures).
La jouabilité est aussi contestable.
Les combats sont pourtant équilibrés et peuvent être évités. La liberté d'action est grande et il est plaisant de trouver d'autres passages et d'autres rencontres à chaque tentative. Dans leur structure, les aventures sont plutôt réussies avec quelques noeuds : quelques paragraphes convergents au milieu d'une multitude de voies différentes. Quant au challenge, il est appréciable car si le chemin idéal n'est pas trop compliqué à trouver, les occasions de mourir sont nombreuses entre les combats difficiles (surtout ceux où l'on est en infériorité numérique) et les tests de caractéristiques mortels. D'autant plus que les fins d'aventure de Bardik sont différentes.
Malheureusement, certains bugs dans les règles cassent le plaisir. En premier lieu la magie. Les sortilèges sont plus nombreux et plus intéressants que dans les tomes 1 et 2 mais leur utilisation en plein combat n'est pas explicitée, alors que pendant l'aventure on nous propose sans cesse de lancer un sort pendant une bataille. Les coûts en points d'endurance de certains sorts semblent erronés. Quant aux erreurs de renvois de paragraphes, elles sont moins nombreuses que pour Issel-Darian mais existent quand même.
J'ai quand même noté une amélioration dans le jeu à deux. Les possibilités de se croiser sont plus nombreuses et à des moments plus divertissants. Ainsi Coréus peut sauver Bardik alors qu'il est poursuivi par une foule en colère tandis que le voleur peut aider le prince lors de leur première rencontre à se défaire de deux vide-goussets.
En conclusion, ces LDVELH ont une véritable identité grâce à leurs héros charismatiques et leur ambiance urbaine plutôt inédite. Malheureusement ils sont desservis par un manque d'action et de rencontres marquantes, par des approximations très dommageables dans les règles et dans les renvois de paragraphes... et par des illustrations souvent hideuses.
Déjà, le cadre de la cité de Koragon est bien plus original et cohérent que celui de la Forêt Enchantée. L'ambiance est exclusivement citadine ce qui est déjà en soi assez rare. Mais elle n'a rien à voir avec celles très fantasy des célèbres Cité des Pièges ou Cité des Voleurs. C'est ce qui m'a plu et intéressé au prime abord à la relecture des ces livres-jeux, pourtant guère populaires. Le fantastique y est très peu présent.
Bien sûr, les héros interprétés par les joueurs disposent de sortilèges mais ceux ci sont très facultatifs, on peut fort bien gagner sans en lancer un seul. Quelques créatures monstrueuses existent mais elles sont rares et facilement évitables. Là aussi, on peut parvenir à la fin sans en croiser une seule. Hormis ça, toutes les péripéties sont très réalistes, comme dans la première partie des Rôdeurs de la Nuit. Au programme : cambriolages, fuite devant des gardes, discrétion, enquêtes auprès de personnes louches, visites de tavernes, corruption, intimidation et toutes les autres vicissitudes que connaissent dans leur quotidien les voleurs professionnels du Moyen Age. Tout ça manque parfois d'action mais est au final très cohérent, ce qui ajoute à la crédibilité du scénario général.
L'histoire est assez simple : Coréus le Prince est un barbare débarquant en ville pour y retrouver des reliques qui lui ont été volées. Il va devoir enquêter auprès des receleurs, roublards et des collectionneurs pour les retrouver puis procéder à deux dangereux cambriolages pour les reprendre. Bardik le Voleur n'a pas d'objectif hormis se faire le plus d'argent possible. Il va tomber sur des informations concernant de mystérieuses reliques très précieuses et tout faire pour mettre la main dessus... On voit comment les deux histoires se recoupent facilement.
Rien de passionnant dans ce postulat mais les interrogatoires musclés, les rencontres inopportunes face à des malfrats ou les bagarres de taverne sonnent vrai. Quant aux deux cambriolages, ils sont suffisamment détaillés et dangereux pour instaurer un climat de tension, bien que ça aurait pu être encore meilleur de ce côté-là. Surtout, la cité de Koragon est joliment détaillée entre ses différents quartiers, ses monuments remarquables ou ses bouges aux noms évocateurs. Même si le style n'est plus aussi bon que dans certaines passages d'Issel et Darian (l'un des auteurs a-t-il fait défection?), la ville est vivante, plus finalement qu'une certaine Kharé qui brille bien plus par ses personnages hors du commun que par la description du quotidien de ses habitants. Ici, certains détails aident à s'imprégner de cette ambiance urbaine telle que les centaures-taxis.
Enfin, Bardik et Coréus sont des personnages bien plus attachants que Darian et Issel. Leurs états d'âme sont régulièrement mis en avant et leurs psychologies si différentes. On comprend bien les motivations et les réactions de Coréus, guerrier-magicien vivant dans la cambrousse de manière quasi-tribale et débarquant contraint forcé dans la multitude effrénée de Koragon. Le contraste est flagrant et, à la manière d'un Crocodile Dundee, il découvre avec surprise et maladresse les codes qui régissent cette autre civilisation. C'est vraiment le choc des cultures.
Tout à l'inverse, Bardik nage comme un poisson dans les eaux troubles de la cité, habitué aux ruses et astuces qui permettent de survivre dans cette jungle urbaine peuplée de prédateurs aux dents longues (brigands mortifères et autres contrebandiers sans scrupule) et de riches parvenus protégés par leur armada de gardes du corps. Ce contraste est flagrant quand les deux hommes se rencontrent, Coréus a tendance à se la jouer bourrin et donc à causer des ennuis tandis que Bardik brille par ses talents de diplomate, sa langue agile et son esprit aiguisé.
Même dans leur état d'esprit je les ai trouvés très intéressants. Coréus est un barbare certes, mais un barbare noble. Son honneur ne supporte que peu de souillures et gare à celui qui le tournera en dérision. D'autant plus que le gaillard dispose d'une magie puissante et se montre incroyablement doué avec ses haches de jet. Bardik lui n'a aucune famille, aucune attache, aucune passion autre que celle de l'appât du gain. Il est prêt à tout pour s'enrichir même si le défi de réussir à voler une maison inviolable est finalement aussi important que le résultat de ses rapines. Son amour-propre ne repose pas comme Coréus sur son ascendance ou ses traditions séculaires mais sur ses talents de monte-en-l'air. C'est un voleur, mais un voleur fier.
Dommage que le rythme de l'aventure ne soit pas plus intense, le même défaut que pour les tomes 1 et 2 de la série. Certaines rencontres sont vraiment intéressantes, certains monstres vraiment effrayants et certaines scènes de combat vraiment intenses mais malheureusement, il est probable de passer à côté. Ainsi, en faisant les bons choix, on peut réussir l'aventure de Bardik avec un seul test mortel et sans combattre une seule fois. Pour Coréus et l'aventure en duo, ce n'est pas le cas car on est alors confronté à un combat final obligatoire et quasi ingagnable mais par ailleurs, on peut également y réussir l'enquête et les deux cambriolages sans accomplir de prouesse. Dans ce cas, on ressent une grosse déception d'avoir accompli une tâche peu compliquée, assez courte et sans évènement à retenir.
C'est un comble mais ce sont en fait les choix les moins profitables en termes de jeu qui permettent d'obtenir une aventure plus dynamique. A mon avis, il 'agit vraiment du gros écueil de des aventures, ce manque de péripéties si on fait les bons choix (qui sont faciles à deviner, que le lecteur lambda aura tendance à prendre lors de ses premières lectures).
La jouabilité est aussi contestable.
Les combats sont pourtant équilibrés et peuvent être évités. La liberté d'action est grande et il est plaisant de trouver d'autres passages et d'autres rencontres à chaque tentative. Dans leur structure, les aventures sont plutôt réussies avec quelques noeuds : quelques paragraphes convergents au milieu d'une multitude de voies différentes. Quant au challenge, il est appréciable car si le chemin idéal n'est pas trop compliqué à trouver, les occasions de mourir sont nombreuses entre les combats difficiles (surtout ceux où l'on est en infériorité numérique) et les tests de caractéristiques mortels. D'autant plus que les fins d'aventure de Bardik sont différentes.
Malheureusement, certains bugs dans les règles cassent le plaisir. En premier lieu la magie. Les sortilèges sont plus nombreux et plus intéressants que dans les tomes 1 et 2 mais leur utilisation en plein combat n'est pas explicitée, alors que pendant l'aventure on nous propose sans cesse de lancer un sort pendant une bataille. Les coûts en points d'endurance de certains sorts semblent erronés. Quant aux erreurs de renvois de paragraphes, elles sont moins nombreuses que pour Issel-Darian mais existent quand même.
J'ai quand même noté une amélioration dans le jeu à deux. Les possibilités de se croiser sont plus nombreuses et à des moments plus divertissants. Ainsi Coréus peut sauver Bardik alors qu'il est poursuivi par une foule en colère tandis que le voleur peut aider le prince lors de leur première rencontre à se défaire de deux vide-goussets.
En conclusion, ces LDVELH ont une véritable identité grâce à leurs héros charismatiques et leur ambiance urbaine plutôt inédite. Malheureusement ils sont desservis par un manque d'action et de rencontres marquantes, par des approximations très dommageables dans les règles et dans les renvois de paragraphes... et par des illustrations souvent hideuses.