Merci beaucoup Akka pour ce retour !
Concernant les mécanismes je me suis plus ou moins directement et consciemment inspiré d'un certain nombre d'oeuvres (essentiellement cinématographiques, une de mes grandes passions) : de "un jour sans fin" à "source code", en passant effectivement par "her tears were my light" que j'avais découverte grâce à Skarn et beaucoup aimée. Il y a aussi
2:22 plus récemment.
Cela me turlupine depuis longtemps de donner du sens à la rejouabilité du livre-jeu, et à partir du thème "vous n'êtes pas seule", et de quelques-unes des interprétations de cette phrase, l'idée de la machine temporelle m'est venue progressivement.
En tous cas, je me doute bien ne pas être le seul à avoir travaillé sur de tels concepts. Malheureusement je n'ai pas encore lu "Paradoxes" : je suis maintenant très curieux de la découvrir !
Concernant le peu de texte et le rôle trop secondaire d'Orphéa et de Graciosa, je suis tout à fait d'accord.
En fait je me suis retrouvé confronté à une équation complexe : développer une histoire vraiment intéressante avec Laurine, intégrer Orphéa et Graciosa, et respecter la limitation des 50 paragraphes (en particulier, je me suis interdis de proposer des choix à Orphéa ou à Graciosa dans un paragraphe qui au départ proposait un choix à Laurine)
Enfin, compte tenu du système de boucles, les réflexions et interventions d'Orphéa et Graciosa devaient être lisibles quel que soit le parcours du joueur (et en particulier que ce soit ou non la première fois qu'il passe par le paragraphe en question). Mais clairement j'aurais voulu leur donner plus de place, oui !
Le concept peut encore être développé et amélioré, c'est sûr (avis aux amateurs !)
Concernant le côté un peu bisounours, hé bien... il me semble que j'ai écrit une sorte de conte en fait. Un conte sombre, avec des éléments adultes (je pense plus aux sentiments et aux émotions qu'aux scènes érotiques) mais d'aspect féérique quand même (d'ailleurs la méchante m'évoque a posteriori un personnage de conte de fées).
Du coup tu as raison, mais je ne me voyais pas développer ici une fin réaliste dans le sens que tu proposes (ce serait plus l'interprétation Marvel du problème des mutants, par exemple).
Enfin, pour les paradoxes temporels, je ne suis pas d'accord ^^... Ou disons que j'ai essayé, comme j'ai pu, de contourner le problème.
En réalité, la machine temporelle de mes rêves n'est pas une machine à voyager dans le temps "classique". C'est une machine à voyager entre les univers parallèles.
La théorie du multivers permet l'existence simultanée de plusieurs réalités.
Ainsi un paricide n'annihile pas l'existence d'un fils, cela crée juste de nouveaux chemins où ce fils n'est jamais né. Autrement dit :
Le père vit -------------> Le fils naît (monde A)
Départ
Le "père" meurt tué par le fils qui voyage dans le temps -------------> Le fils n'existe pas (monde B)
Si le fils du monde A utilise une machine à voyager dans les multivers (donc à la fois entre les mondes et dans le temps), il peut revenir au départ, tuer son père et ensuite aller où il veut, y compris dans le monde B : pas de paradoxe insoluble, juste de nouveaux mondes (le monde B n'existe pas tant que le monde A n'est pas apparu).
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Le plus difficile dans Prisme était de déterminer comment une personne pouvait
sortir de la machine (pour la fin, pour son utilisation par les chrono-investigatrices dans le futur).
Il fallait donc que la machine ne se déplace jamais dans l'espace (même lieu, en gros la chapelle du château de Paul) ni dans le temps : c'est pourquoi ce n'est pas à proprement parler une machine à "voyager dans le temps" mais à "observer et intervenir dans le temps" (et notamment à "observer les Indigos")
Dans la fin où Laurine "modifie" le passé pour que la machine n'existe pas (monde B), j'ai considéré un peu abusivement que la machine l'y déposait quand elle ouvrait la porte (comme si elle était téléportée au milieu de nulle part).
Cela me semble cohérent, mais évidemment c'est un peu tordu ! Moins que les cabines téléphoniques de Mr Who, quand même...
A noter que les héroïnes n'ont pas la même conscience des propriétés exactes de la machine, ni de leurs propres pouvoirs :
- Laurine a pu observer qu'elle pouvait modifier des aspects du passé à travers la machine, puis revenir en arrière (la fameuse "rétroaction") car elle est Indigo.
Paul, lui, influencé par Martha, a basculé dans une sorte de folie, et croît pouvoir modifier le réel de ceux qui l'observent: il se trompe, évidemment, car il n'est pas Indigo et surtout car la machine ne peut pas changer le présent, juste créer de nouveaux chemins (dont les spectateurs ne seraient pas conscients : dans leur réalité, rien ne change). Par ailleurs, lorsqu'il tente d'activer la machine, la bombe placée par les Argentés met fin à ses délires mégalomanes (le but poursuivi par Martha étant de discréditer Paul, qu'elle puisse fabriquer la machine, non pour modifier le passé mais pour débusquer et annihiler tous les indigos)
- Orphéa a certainement étudié les lois du temps avant de se risquer à intervenir, mais elle a quand même des doutes sur ce qui se passerait si elle sortait de la machine dans une réalité où la machine n'existerait pas (en fait elle ne risque rien : voir ce que fait Laurine à la fin)
- Graciosa connaît parfaitement les règles (les chrono-investigatrices punissent les personnes qui sont intervenues pour modifier la réalité... dans un monde alternatif : c'est cela qui est interdit), mais ignore qu'elle est indigo elle-même (et donc qu'elle peut non seulement observer mais même modifier la réalité elle-même... toujours dans un monde alternatif) mais sait aussi qu'il y a des dangers (ce n'est pas non plus un grille-pain, on peut imaginer des perturbations, dangers en tous genres, risques de catastrophes quand on joue avec les lois du temps...)
J'avoue que le raccourci utilisé à la fin lorsque Graciosa influe sur Orphéa et Laurine est un peu trop gonflé : mais je n'ai pas trouvé mieux !
Voilà l'idée. Après je me suis peut-être quand même pris les pieds dans le tapis à un moment ou à un autre ^^
EDIT : et concernant l'existence d'Orphéa. Certes Laurine échoue sans son aide, mais le bébé peut survivre (voir la fin 16), donc il n'y a pas de contradiction ici.
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Merci encore en tous cas !
Car bien que le débat scientifique ou logique soit passionnant, c'est bien ce que tu décris (aspect poétique et émotionnel) qui m'intéresse le plus, et je suis très touché que tu l'aies perçu ainsi.