Merci à tous pour vos commentaires ! Je ne vais peut-être pas apporter des réponses à tout tout de suite, mais en voici déjà quelques-unes.
Je suis heureux de voir que le style a plutôt été apprécié. C’est quelque chose que j’ai essayé de soigner.
Concernant le thème, j’admets qu’il ne joue pas un rôle éminemment central. Avec quelques modifications, l’histoire aurait pu se dérouler dans un cadre situé bien loin de la mer (même si je pense qu’elle y aurait un peu perdu).
Je n’ai pas encore le recul nécessaire pour apprécier correctement l’AVH. Il est possible que l’exécution du concept et la structure de l’aventure ne soient pas à la hauteur. Je ne me rends pas compte pour l’instant.
[spoiler="Le principe central"]
L’histoire se déroule dans un cadre post-apocalyptique. La vie n’y est pas franchement joyeuse, pour tout un tas de raisons, et notre héros a commencé (au moins plusieurs mois avant le début de l’histoire) à prendre des médicaments psychotropes pour se sentir mieux. Il n’a pas tardé à en consommer trop et cela a eu de sérieuses conséquences sur son esprit.
Au début de l’aventure (et jusqu’à l’avant-dernier paragraphe), le héros ne perçoit plus la réalité qu’à travers des « filtres ».
La plupart du temps, les médicaments ont l’effet désiré et il perçoit une version très embellie de la réalité, où la pollution n’est plus un problème, les choses en général sont beaucoup jolies et plus agréables, et il n’y a pas vraiment de raisons de se faire du souci pour quoi que ce soit. C’est le « filtre clair », qui est symbolisé par un texte couleur bleu roi.
Mais de temps à autre, le héros éprouve un contrecoup psychologique brutal (un peu comme une redescente après avoir pris de la drogue). Son optimisme artificiel s’inverse et il voit les choses bien plus horribles qu’elles ne sont réellement : le monde est foutu, ses deux meilleures amies n’existent pas, et il n’a tellement rien à attendre de l’existence que le suicide est une forte tentation. C’est le « filtre sombre », symbolisé par un texte d’un bleu plus sombre (la police aussi est différente).
Ce n’est que vers la fin que le héros arrive de nouveau à percevoir la réalité telle qu’elle est, symbolisée par un texte noir ordinaire (avec encore une autre police).
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[spoiler="Les souvenirs"]
Merlinpinpin a trouvé la solution de ces deux énigmes. Dans l’introduction, il y a deux paragraphes qui décrivent de façon condensée Safran et Cerise. À chaque fois, il y a un seul élément où Merle est mentionné : les histoires de cœur de Safran, et la tendance de Cerise à s’égarer. On peut en déduire que ce sont des souvenirs qui ont particulièrement marqué Merle, et qui sont de nature à lui permettre de « recréer » ses amies.
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[spoiler=L'échelle]
Lentement ou rapidement détermine seulement si on continue en filtre clair (où le héros est tellement euphorique qu’il risque de faire une chute) ou en filtre sombre (où le héros est tétanisé et dépressif, et risque également de faire une chute).
Filtre clair : on nous donne le choix entre attraper le barreau ou saisir la main de Cerise. Logiquement, le barreau est plus proche (il est dit qu’on tend déjà la main dans sa direction, alors que Cerise ne se penche pour nous rattraper que lorsqu’on commence à basculer). Et, de façon plus subjective, le joueur ne devrait pas être tout à fait certain à ce stade que Cerise existe ailleurs que dans l’imagination de Merle, et ne devrait donc pas se fier à cette main peut-être illusoire. (Vous me ferez observer qu’on découvre plus tard que Cerise existe bel et bien ; je répondrai par cette question d’une profonde sagesse : « Si un auteur reçoit un arbre sur sa tête creuse et qu’il n’y a personne pour l’entendre, est-ce qu’il fait un bruit ? »)
Filtre sombre : le héros est si désespéré qu’il est tout proche du suicide. Cela se voit lorsqu’il se demande si ce serait vraiment un mal de lâcher prise. Lorsqu’il recommence à monter, il y a des renvois vers le 36 qui ne font que le renvoyer en haut du paragraphe. Dans son état, le héros ne parvient pas à atteindre le sommet de l’échelle (auquel le 36 est associé). Vers la fin du paragraphe, il est réellement tout proche de lâcher prise, mais un ultime sursaut (symbolisé par la triple répétition « RDV au 36 ») essaie de le faire résister à cette tentation. Ensuite, soit il atteint vraiment le 36 et le sommet de l’échelle (« maintenant »), soit il tombe (« jamais »).
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tholdur a écrit :
Mais franchement quel intérêt, ce choix "droite gauche" qui tombe comme un cheveu sur la soupe? Je veux juste continuer de me laisser porter par le récit et échafauder des hypothèses, mais pas avoir à décider s'il faut aborder par la crique ou le port, ou si un robot doit être mis hors d'état de nuire en lui tirant dans la tête ou dans le torse... ça me parait tellement trivial.
Skarn me disait également que les gauche/droite n'avaient aucun intérêt.
Pour ce qui est des scènes d'action du début, j'avais envie d'inclure assez tôt des énigmes à résoudre et des possibilités de perdre. Mais peut-être que les scènes ne collent en effet pas avec le reste.
Est-ce que tu connais Empire Galactique - Frontières de l'Empire, de François Nedelec? J'ai trouvé quelques ressemblances avec le scénario "Marine" de Pierre Zaplotny, au niveau du personnage de Safran/Sable Chaud.
Je ne connais pas ce jeu de rôle, non.
gynogege a écrit :La mention de "mon couple de lesbiennes préféré" m'a paru un peu décalée, dans un contexte où on a l'impression depuis le début que l'homosexualité n'est plus un sujet. Cette petite phrase du narrateur réintroduit de la distanciation (et un peu de condescendance) et je me suis demandé si c'était volontaire.
J'ai quelque peu hésité à utiliser cette expression, et je ne l'aurais sans doute pas fait dans une narration plus classique.
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Lorsqu'il voit la réalité à travers le "filtre clair", Merle a tendance à manquer de retenue dans ses actes et dans ses pensées. De plus, même s'il est toujours extrêmement attaché à ses amies, il ne les voit plus vraiment telles qu'elles sont, et il a peut-être un peu tendance à les objectifier (dans la conclusion, il réalise qu'il en était venu à leur superposer une image idéalisée d'elles-mêmes). C'est un peu ce que je voulais suggérer avec cette expression.
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