[12] Le Fils des Steppes
#1
Le Fils des Steppes

L'auteur de ce LDVELH est Bruno Faidutti, bien plus connu pour les jeux de plateau qu'il a créés que pour ses écrits. A une époque, il s'agissait même du créateur français de jeux le plus émérite avec des succès tels que CITADELLES, MYSTERES A L'ABBAYE, LA VALLEE DES MAMMOUTHS ou encore TEMPETE SUR L'ECHIQUIER. Je m'attendais donc à ce que son livre-jeu présente un côté littéraire moyen pour un bon plaisir ludique. Ce fut finalement le contraire.
A sa décharge, les règles de la collection Histoire à Jouer sont parmi les plus mauvaises de mon point de vue. Elles ont le mérite de la simplicité mais les combats y sont plus aléatoires et moins dynamiques que dans les Défis Fantastiques (quasiment identiques sauf qu'on utilise un dé au lieu d'un). Il n'empêche que ce LDVELH offre trop peu de choix à effectuer, qu'il y a trop de paragraphes qui se suivent avec un rendez-vous unique, que les scènes d'action ne sont pas assez nombreuses (un comble pour un guerrier Hun) et que les combats de masse, s'ils sont légèrement plus intéressants que ceux du Voyage d'Ulysse (règles pour les archers, gestion de l'effectif...), ne sont pas folichons. Ajoutons à ça une assez grande difficulté avec pas mal de PFA et beaucoup de tests très aléatoires ne pardonnant pas l'échec, l'aspect jeu est plutôt frustrant. Un point positif cependant : le choix de départ entre trois personnages pré-tirés (le guerrier, le cavalier, le lettré) aux caractéristiques différentes et qui ont pourtant tous des chances égales de réussir.
Par contre, Bruno Faidutti a soigné le texte et s'est visiblement beaucoup documenté sur le sujet qui nous intéresse : les invasions barbares. Nous jouons en effet l'un des trois fils d'Attila et nous devons emmener une horde de 200 guerriers huns pour faire nos preuves, à savoir récolter le plus grand butin possible en pillant, rançonnant, violant et massacrant tout sur notre passage. Il y a bien une mission diplomatique mais dans l'ensemble, on se fait respecter à coup de yatagan. Le récit fait référence aux autres peuplades de l'Europe à cette époque lointaine de la fin de l'Empire Romain. On y apprend une multitude de faits historiques et c'est l'aspect intéressant de ce livre-jeu. Surtout que l'auteur a un certain humour et nous livre moults détails croustillants sur les Huns : leurs tortures, leur côté sanguinaires, leurs habitudes étranges et dégoûtantes, leur mode de vie anti-civilisé, etc... C'est parfois choquant, sans concession, rien à voir avec le côté archi-édulcoré des Vikings dans la même série. Par exemple, on y tue pour le plaisir les femmes et les enfants, on viole sans se poser la question de savoir si c'est moral ou non. On se retrouve vraiment dans la tête de ces barbares pour qui la vie n'a aucune valeur, qui n'ont ni dieu ni maître, qui ne sont même pas "mauvais" au sens strict du terme mais simplement amoraux, avec une culture et des traditions ancestrales qui ne laissent pas de place à la faiblesse.
C'est vraiment ce côté encyclopédique que je retiendrai de ce LDVELH. Parfois les informations sont livrées de manière un peu lourde avec de longs paragraphes descriptifs dès le départ qui placent le lecteur plus en spectateur qu'en tant qu'acteur. Le rythme est trop lent et ça nuit beaucoup à l'intérêt du bouquin. N'empêche qu'il a le mérite d'aborder un thème méconnu et de nous en apprendre pas mal à ce sujet.


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#2
Par beaucoup d’aspects, ce LDVH apparaît comme un reworking des Drakkars après retour d’expérience.
- Le choix comme pour Drakkars entre 3 persos prétirés selon les 3 capacités: Physique, Manuelle et Communication; et le perso Physique a l’arme la plus puissante.
- les règles de bataille sont celles des Drakkars ( nous y reviendrons )
- De même que dans les Drakkars, enfin, l’intrigue est ( théoriquement… ) une compétition entre les trois persos, et l’idée est de ramener le plus de butin avec le moins de pertes. Là, cependant, il ne s’agit pas de posséder un second drakkar mais d’être chargé d’un corps d’armée, et donc de prendre une option sérieuse sur la succession au titre de Fléau de Dieu, ce qui est quand même plus stimulant. Pas question de se la faire en touriste en laissant le drakkar surnuméraire à un autre et de se dire que la vie de viking continue.


Ce qu’il y a à en dire, c’est que l’ambiance est au rendez-vous; dès le début le Ring ( le Ring hunnique Mrgreen ) où se bousculent tous les peuples et ( ce qui intéresse particulièrement notre héros ) des femmes venues de tous les horizons, et le festin d’Attila sont excellents. Chiens rôtis, pâtés de rats et outres remplies de koumis à volonté !

Les descriptions ensuite des itinéraires que nous prenons sont moins bonnes et sentent trop leur didactisme, un moyen simple de les améliorer serait de mettre “Vous” au lieu de “Les Huns”.

Mais l’ambiance revient au carré avec de bonnes scènes de combat et surtout des pillages et des massacres que je crois on n’a jamais même approchées dans un LDVH ( en tout cas un en français ); on nous plonge dans la mentalité d’un barbare sans complexe qui trouve tout simple de tuer, piller et violer - ce sont des faits de la vie et il n’imaginerait pas de faire autrement. Ces scènes peuvent choquer mais elles atteignent parfaitement leur but et sont très réussies, je les recommande y compris au point de vue littéraire; comparées à tant de LDVH où la violence collective est édulcorée elles sont un salutaire antidote ( et puis elles sont fun Mrgreen heu, pardon )

De même, les choix à faire sont ceux d’un chef hun dans notre situation. On se sent vraiment dans la peau d’un fils d’Attila qui veut prouver sa valeur à son père et à tous.


Ayant souligné tout l’intérêt que présente ce LDVH, reste à signaler ses points faibles.


• déjà, il y a un problème logique: Attila a trois missions à faire remplir à ses trois fils. Mais après le début, nous n’entendons plus parler de nos frères. Il n’y a pourtant que 3 missions à effectuer: on aurait pu croire que chacun effectuerait 1 mission et que chacune était plus appropriée à un des profils… raté. Nous remplissons les trois missions à nous tout seul.
Qu’est-ce qui est arrivé à nos frères ? On ne sait pas. Les conséquences de leurs succès ou de leurs échecs ? On les cherche en vain. Et les tentatives d’assassinat de la part d’un d’entre eux, jaloux de nos succès ? Absentes.
Le modèle des Drakkars a égaré les auteurs: alors qu’il vraisemblable de ne pas entendre parler des deux autres flottilles avant le retour, il est inimaginable que nos frères disparaissent corps et biens. Le début devrait donc être réécrit pour qu’il n’y ait qu’un seul fils dont Attila entend tester la valeur.

• SPOILER DE LA MORT
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• Il y a un ordre optimal dans lequel effectuer les missions; en outre leurs difficultés ne sont pas comparables, une est une balade de santé, une autre a une bataille opposant de minuscules effectifs qui est un pur quitte ou double, la troisième a une bataille qui laminera vos troupes et des choix délicats à faire.

• Il y a beaucoup, beaucoup de lançage de dés.
- Les combats, comme je le disais, se jouent avec le système des Drakkars; soit des pertes moyennes en points de bataille ( 2 points par fantassin, 3 par cavalier ) de
1/1: 8,66 points bataille de chaque côté
2/1: 5 points pour le plus fort - 12,5 pour le plus faible
3/1: 2,5 - 17,5
4/1: 0,83 - 22,5
C’est un système TRÈS meurtrier et TRÈS long quand les adversaires en présence ont plus de 300 points de bataille; ça ne s’accélère que quand on atteint enfin le 2/1 après quoi ça tourne vite au massacre. J’ai pu combattre à ma 2° tentative avec 131 huns à cheval contre 70 ennemis à cheval et autant à pied, quand j’ai fini par vaincre il me restait 28 huns en tout ( j’avais souvent tiré des jets pourris mais quand même )
Si pour vous, comme pour moi, lancer les dés crée le suspense, si vous jurez ou triomphez selon qu’ils donnent 1 ou 6, ça ira. Sinon, vous vous ennuierez baucoup en attendant que ça finisse.
- au §64, on recrute de nouveaux guerriers pour l’expédition suivante. Dans la pratique, on lance 2 dés, on ajoute un modificateur qui va de -4 à +3 selon le butin engrangé et on lance ensuite autant de dés que le résultat obtenu pour savoir combien de vaillants huns rejoignent notre horde. Donc, de 0 à 15 dés pour de 0 à 90 huns.
Disons-le, et le hasard et la quantité de dés à balancer me semblent nettement excessifs

• Enfin, une fois qu’on a réussi l’aventure ( en 3 tentatives pour moi ) et avec, j’insiste, beaucoup de plaisir si on s’intéresse à cette époque, il ne reste plus grand-chose à faire; la valeur de replay est donc quasi nulle. C’est ce qui se passe quand on écrit une aventure de 183 paragraphes…
Certes, on aura du plaisir à relire; mais pas à rejouer.


Néanmoins, le bilan global reste très positif, j'insiste là-dessus.
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
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