[01] Le carillon de la Mort
#1
Premier tome de la série Les Messagers du temps, le Carillon de la Mort est en résumé un honnête divertissement pour un lecteur assidu de ldvelh.Tout d'abord les règles : assez simples mais efficaces. Le système de combat, inspiré de celui des DF, est cependant plus étoffé que ce dernier tout en n'atteignant pas la complexité ridicule de celui des Loup* Ardent. L'idée du choix de 2 talents est aussi intéressante bien que peu originale.Passons à l'aventure proprement parlée. Elle est divertissante mais n'est pas parvenu à me captiver comme certains grands DF. Pourtant l'histoire est assez bien pensée et originale : sur un fond historique réel au départ (la guerre de 100 ans) elle dévie progressivement vers de l'héroïc-fantasy pure lors du passage final dans le labyrinthe du carillon. Venons-en maintenant à ce dernier qui est nettement le point fort du récit. On est enfermé dans une tour de 4 étages composés de pièces et de couloirs. Une seule échelle permet de passer d'un étage à l'autre et quand on franchit le seuil d'une nouvelle pièce, on vieillit de plusieurs années. Ce qui fait que l'on atteint l'étage final à près de 80 ans, ce qui est quand même assez original.On est a accompagné presque tout au long de l'aventure par Furyos le court, un nain très coléreux, qui rajoute un peu de profondeur au récit. Les autres PNJ rencontrés sont très biens décrits contrairement à d'autres ldvelh. Dans la liste des bonnes idées, rajoutons la recherche des ingrédients de la Juventiane, une potion qui est destinée à ralentir notre vieillissement lors de l'épreuve finale. Bien que facultative, cette mini quête est intéressante  tout comme les rencontres avec les Zeugma, le prophète, Mimmol ou les Mollues.
Mais ce livre a aussi des défauts dont je vais maintenant vous parler : le principal est pour moi la linéarité. J'ai rarement vu un livre aussi dirigiste dans les choix proposés : quoi qu'on fasse, on se retrouve toujours face aux mêmes situations, ce qui est lassant lors des relectures du livre. L'aventure est aussi plutôt courte, et la fin arrive bien vite quelque soit le chemin emprunté.
En conclusion, un bon lire, qui possède une histoire intéressante, de bonnes règles du jeu et beaucoup de texte ; cela se fait ressentir sur la longueur de l'aventure qui est trop courte et la linéarité est très élevée.
Un bon divertissement malgré tout.

Note : 70 %
Difficulté : 61 %
Debout, debout cavaliers de Théoden!
Les lances seront secouées, les boucliers voleront en éclat,
Une journée de l'épée, une journée rouge avant que le soleil ne se lève !
Au galop ! au galop ! courez ! Courez à la ruine et à la fin du monde !
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#2
Hum, le premier messager du temps est agréable à lire, mais j'ai tendance à préférer le suivant. Parce que ce tome abuse de la magie je trouve, avec son sorcier anglophile. De plus, vu que la maîtrise (équivalent de l'habileté) est calculée avec deux dés et que certains ennemis (le "boucher" par exemple) ont de grosses stats, l'aventure est injouable pour les personnages faibles.
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#3
Dans ma liste de ldveh préférés, j'ai clairement mis "Le Carillon de la Mort" à côté des Messagers du Temps, en ajoutant "mythologique!" juste en face !

Et c'est vrai que pour moi, la plupart des situations rencontrées dans ce bouquin me semblent incroyablement marquantes, ses personnages tellement "forts", que l'ensemble est vraiment digne de faire partie d'un mythe, d'une grande légende médiévale...

Plus de dix ans après y avoir joué pour la dernière fois, je n'ai même pas besoin d'ouvrir le livre pour me souvenir du prophète pendu, "le pendu solaire", dont l'ombre vient marquer l'heure ; ou du moine au visage à-demi fondu, et zozotant, qui possède une horrible ménagerie dans sa tour ; sans parler du passages auprès des Mollues, gentilles matrones à la salive liquéfiante ; du "couple" horrible de concierges ; du boucher ; du nain berserk ; de Eudes le Doux, et j'en passe...

L'aventure doit effectivement être assez linéaire ; mais pour moi, il y a une telle charge affective dans ce bouquin, et tellement d'idées impérissables, que je le place au premier rang de ma bibliothèque.

Peut-être les illustrations ont-elles joué un rôle important dans ce sentiment, que ce soit celle de la couverture (très marquante) ou les planches intérieures de Nathaëlle Vogel : toutes très soignées, détaillées et expressives... En tout cas, il me semble que le style est loin d'être mauvais, et que le monde originel du Prince et de la Princesse est assez bien dépeint.

Maintenant, je vais ouvrir le livre... et peut-être écrire un post afin de nuancer celui-là. Mais, honnêtement, je ne crois pas.
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#4
L'une de mes premières séries de LVH, et l'un de mes premiers livres-jeux. J'en garde un bon souvenir, même s'il est effectivement extrêmement linéaire. Mais le gros point fort de ce livre, c'est les PNJ, hauts en couleur, notamment Furyos le Court.

Pour ce qui est des règles, elles sont assez intéressantes, même si les talents sont, je trouve, sous-exploités.

Jehan.
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#5
Cette série ne m'avait pas marqué quand j'avais 12 ans. J'ai récemment espéré que mon regard "neuf" d'adulte m'en dévoile un nouvel angle aussi ai-je dégotté les premiers tomes sur Internet...
Je ne suis pas emballé, mais plutôt satisfait quand même.

L'idée de départ est farfelue : des êtres presque humains vivent au centre de la Terre et maîtrisent le temps à volonté. Deux jumeaux vont devoir subir des épreuves en "montant" à la surface dans le monde des hommes pour savoir lequel deviendra roi du royaume souterrain. Ces épreuves consistent à délivrer des congénères retenus par les humains dans différentes époques historiques.
Dans le Carillon de la Mort, les jumeaux débarquent en France pendant la guerre de cent ans. On interprète l'un des deux mais on découvre le monde des humains et cet aspect est sympathique au début ; un peu comme si on jouait un E-T analysant notre psychologie et nos coutûmes. Les paragraphes sont longs ; le style est bon, supérieur à la majorité des LDVLH. Le récit dépasse l'action et le comportement vis à vis des personnages rencontrés est plus important que la façon dont se déroulent les combats.
On découvre rapidement que, malgré le postulat historique, le fantastique est tout de même présent avec de la magie, des monstres. L'ensemble baigne donc dans une atmosphère de sorcellerie médiévale rappelant les légendes de notre pays (sorcières, ingrédients pour potion, etc...). Sans le dévoiler, j'ai trouvé le scénario excellent. L'ensemble du livre est très linéaire sauf le début qui ressemble à un semblant d'enquête pour retrouver la trace du messager du temps incarcéré. On a l'occasion de rencontrer et de discuter avec une foule de personnages éminemment intéressants et marquants : les mollues, Furyos, Mimol, le cuistot cannibale, le big boss dément... Que ce soit par leur physique particulier ou leur comportement original, toutes ces rencontres frappent l'imaginaire. On sent que l'auteur a bien pensé son histoire et fait preuve d'une grande inventivité.
Un autre point fort est que l'on peut jouer la soeur au lieu du frère et ça a alors une vraie incidence sur le récit. Pas tellement au niveau du déroulement de l'histoire mais plutôt sur les réactions des personnages rencontrés. La fille est confrontée au machisme et à la passion des hommes ce qui la rend bien plus intéressante à jouer.
Les règles ressemblent à celles des DF mais en un peu plus fouillées.
La difficulté est très bien dosée, j'ai réussi à gagner au 8ème essai. Ce livre fait partie d'une catégorie que j'adore et que j'appellerai les "faux one-true-path". Non pas qu'il existe un seul chemin pour gagner tout court mais il existe un seul chemin pour gagner avec les scores minimaux. Certains combats obligatoires sont très difficiles mais, soit un objet permet de les éluder, soit un allié est là pour nous aider à vaincre (avec un peu de chance aux dés quand même).
Donc, une aventure très agréable à lire, à l'ambiance réussie, aux règles efficaces et à la difficulté bien dosée. Pourquoi alors ne pas adorer ce livre? Pas facile à expliquer...
La linéarité est trop grande, ça nuit en effet au plaisir des différentes relectures. Malgré cette linéarité, l'histoire est quand même un peu courte. Cela s'explique par le fait qu'il existe une règle inutile concernant 6 cartes de hasard qui doivent bien faire "gagner" à l'auteur une trentaines de paragraphes (370 en tout). De plus, il y a beaucoup de paragraphes différents pour exprimer les mêmes choses, à causes de la dualité homme/femme selon le sexe que l'on a choisi.
Enfin, cette impression mitigée de ma part s'explique peut-être tout simplement parce que j'accroche plus aux histoires d'héroic-fantasy qu'à celles historiques (même matinées de fantastique) ou de science-fiction...
Cependant, je pense compléter ma collection. Ce 1er tome m'a donné envie de lire la suite de cette série innovante.

A noter que l'auteur ne manque pas d'humour car la scène finale nous fait participer de façon amusante à l'une des plus célèbres anecdotes de l'histoire de France.
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#6
Fitz a écrit :A noter que l'auteur ne manque pas d'humour car la scène finale nous fait participer de façon amusante à l'une des plus célèbres anecdotes de l'histoire de France.

Vraiment ? De quoi s'agit-il ?
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#7
Spoiler : De Jeanne d'Arc qui reçoit le commandement divin d'aller "bouter les anglois hors de France". En fait de Dieu, c'est le joueur qui parle dans un mégaphone, ou un truc du genre. ^^
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#8
Un livre que je viens de refaire 20 ans aprés et je ne suis pas déçu Smile
Bon ok le livre est plutot facile (Hormis le carillon, j'ai galéré avec mes 37 piges) et tres dirigiste mais il reste plaisant d'avoir le choix entre les 2 sexes et l'histoire est plaisante.

Et comme déja dit, a la fin on influence une personne qui deviendra celebre...
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#9
Atterrissage de TARDIS confirmé !
Voici une livranalyse toute fraîche. Bonne lecture à tous.

https://drive.google.com/file/d/19L4o-XvcI1n0GCZ5lanTEGNQWa4EKuwX/view?usp=sharing
What changes the nature of a man ?
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#10
(03/09/2018, 13:26)Aronaar a écrit : Atterrissage de TARDIS confirmé !
Voici une livranalyse toute fraîche. Bonne lecture à tous.

https://drive.google.com/file/d/19L4o-XvcI1n0GCZ5lanTEGNQWa4EKuwX/view?usp=sharing

Critique très sympa ! qui se lit agréablement. Beau boulot.

Deux remarques mineures concernant les compétences (basées sur mes souvenirs, donc à prendre avec des pincettes) :

On peut montrer le dessin qu’on fait de Gayok à Furyos, et lui le reconnaît. Toutefois, je ne suis pas sûr que ça ait une incidence.

Le ver de terre doit être coupé dans le sens de la longueur, ce qui est déjà nettement plus compliqué. : )
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#11
La critiquer aronaarienne me donne envie de lire cette série que je connais mal (je n'ai lu qu'un tome, le 2)...

... ce qui, je suppose, était le but Big Grin
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#12
Ah ah, merci à vos deux ! Hé bien, j'ai dû rater cette autre occurrence du talent de dessinateur, Jehan, mais je crois ne pas trop m'avancer en disant que ça ne change rien : lorsqu'on rencontre Furyos, de toute manière, on est sur les rails pour se rendre vers le geôlier de Gayok.

C'est effectivement un des buts, Dagonides. Le 2, les Masques de Sang, a une bonne ambiance dans le genre "enquête" mais se démarque des autres par un côté un peu plus sérieux, et l'absence d'éléments surnaturel, mis à part les héritiers du Temps évidemment ; alors que le 1 et le 3 en comporte, et que le dernier, lui, se tourne légèrement vers la SF.
What changes the nature of a man ?
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#13
J'ai souvent pris entre les mains les tomes des "Messagers du Temps", mais sans vraiment les jouer. Quand j'étais ado, la série ne me parlait pas beaucoup, et elle était dépareillée à la bibliothèque du coin. Par contre, la couverture du tome 4, Objectif : Apocalypse, aperçue sur un catalogue de livres-jeu Gallimard, me fascinait. Ce pont balayé par la fureur des éléments, ce titre... Mais je n'ai réussi à mettre la main sur ce tome 4 que des années plus tard, à un moment où j'étais plutôt collectionneur que lecteur.
Inaugurons donc avec Le Carillon de la Mort ma découverte tardive de cette série signée James Campbell, pseudonyme du traducteur prolifique Jean-François Ménard (qui signe parfois Camille Fabien).

[Image: 01_car10.jpg]


L'OBJET LIVRE
Une édition Gallimard des années 80, avec son liseré blanc, sa couverture peinte à la main, son intelligent système de logos, fait toujours son effet.

La couverture est de Christian Broutin, qui a illustré d'autres livres-jeu, des recueils de SF, etc. J'adore le style si particulier de ses peintures. Comme souvent avec lui, l'image a un rapport un peu distant avec le livre. En arrière-fond, on reconnait la Tour aux Effraies ou celle du Carillon de la Mort. Le premier plan fait peut-être écho à la scène ou le Prince / la Princesse du Temps rencontre les victimes des Mollues (24) ; toucher ces malheureux suffit pour être contaminé et partager leur sort... Quant au gars Q nu avec un sabre qui tente un saut de carpe, ne me demandez pas.

Les illustrations sont de Nathaële Vogel, très active à l'époque et dont le travail pour les romans de chevalerie de François Johan (série "Epopée" chez Casterman) m'avait marqué à l'adolescence. Son trait est net, documenté, et elle nous offre plusieurs fois le luxe d'images sur double page ! La qualité est élevé, au niveau de Martin McKenna ou John Higgins, voire un cran ou deux au-dessus.

[Image: livres12.jpg]
Plusieurs livres illustrés par Nathaële Vogel.

On lira avec intérêt les interviews de Christian Broutin et Nathaële Vogel dans le fanzine Le Marteau et l'enclume N°1 (printemps-été 2019). Grâce à l'intervieweur Benjamin Berget, on découvre ainsi les conditions d'écriture étonnantes de cette série !


L'INTRO ANNONCE LA SERIE
James Campbell / Jean-François Ménard connaît les livres-jeu dans leur version enfants / ados, il veut nous en livrer un équivalent plus mature. On parlerait aujourd'hui de public young adult.

L'introduction débute pourtant comme un conte de fées, avec soit dit en passant quelques fautes de style curieuses. Un conte de fées croisé avec la série TV Docteur Who, sans doute... A ses débuts, quand il s'agissait surtout d'explorer le temps, pas encore les planètes. Notre héros ou héroïne fait partie du peuple des Pérenniens, qui vivent au centre de la Terre et ne subissent pas le passage du temps...
Flèche « Pérenniens » ? De l'adjectif pérenne, qui dure. L'auteur ne se fiche pas de nous, le voca et la qualité du récit seront au niveau.
Flèche « Héros ou héroïne ? » Oui, on va jouer soit le Prince, soit la Princesse du Temps ! La série "Double Jeu" a peut-être été traduite en même temps que s'écrivaient "Les Messagers du Temps" (1987-1989), l'idée était en tout cas dans l'air. L'auteur est à ma connaissance le premier à avoir eu l'idée de faire jouer des héros selon leur genre ! Ça n'allait pas de soi, les livres-jeu Gallimard se destinant plutôt à un public de garçons, cf. les couvertures.

[Image: bardik10.jpg]
Série "Double Jeu" (1986-87)

Bref, notre maman la Reine Chronalia va renoncer au sceptre du Temps car sa destinée l'appelle vers d'autres dimensions. Où, pourquoi, peu importe, ce n'est qu'un prétexte à deux sous pour amener l'histoire : elle doit choisir qui de ses deux jumeaux régnera ! Ce sera celui / celle qui remplira quatre missions, car Hercule avait déjà mis un © et un TM sur le chiffre 12. Et puis ce ne serait pas raisonnable de planifier une série aussi longue, d'autant que Campbell / Ménard écrivait paraît-il lentement. Ah, et oui, ça veut bien dire qu'il y aura une mission par volume : une par époque. Du Dr Who, on vous dit !

[Image: sphere10.jpg]
Voyage dans le temps ! Rappelle un peu la sphère temporelle de Terminator (1984).

La mission sera à chaque fois de libérer un Messager du Temps, parti aider les humains. Dans la France du XVe puis celle de 1789. Puis aux USA, époque Far West et fin XXe. Jamais en URSS ou chez les aborigènes d'Australie. On va dire que les Pérenniens ont choisi leur camp !


ET PUIS APRES CE QUE ÇA RACONTE
Comme on dit traditionnellement, « je ne veux pas vous spoiler » ! Mais je vais quand même trouver, deux, trois bricoles à dire...
Déjà, le livre est sous le signe du double. Garçon et fille, gaucher et droitier. Mais aussi... être condamné au Charcutier ou au Carillon ? Demander l'aide des Mollues ou de Zeugma ? Les unes sont molles, l'autre est raide (un corps pendu). Le moine Mimol tient le milieu entre les deux... Le nom de Zeugma lui-même est double, il désigne une figure de style consistant à mettre deux choses distinctes sur le même plan... Tiens, comme ces créatures bizarrement assemblées, rat-porc, cerf-paon...

Jouer la Princesse du Temps est plus amusant. Le Prince a un récit assez neutre, dans le droit fil des guerriers condottières de livres-jeu. La Princesse, on la drague, on la jalouse, on la renvoie à son linge à laver (un running gag au fil du jeu)... Elle tombe même amoureuse du forain Tiburce (154), ils s'embrassent avec fougue (19), elle choisit peut-être même de l'entraîner plus loin... « Sinon, vous trouverez bien un autre chevalier servant ! » (370).
Son frère, lui, si j'ose dire, se la met sur l'oreille dans ce tome. Ça aurait été marrant qu'il soit lui aussi attiré par Tiburce ! Mais l'époque (1987) n'était pas encore à la bromance...

Le parcours est relativement court, plutôt simple. Il suffit de jeter un œil à ce plan. L'exception est la tour du carillon de la Mort, un vrai labyrinthe. D'autant qu'il n'est pas question de traîner, car on y vieillit à toute vitesse !
La fin ne consiste pas uniquement à sauver le messager Gayock, il faudra également accomplir sa mission mais... je vous laisse découvrir ce passage.

[Image: giphy.gif]

LES REGLES, LA MECANIQUE
James Campbell / Jean-François Ménard n'est pas pour rien le traducteur (sous pseudo là encore : une manie) du DF1 Le Sorcier de la Montagne de Feu et du LS1 Les Maîtres des Ténèbres : les règles sont clairement un mixe entre celles des "Défis Fantastiques" et de "Loup Solitaire" :
Flèche DF, le système de combat. DF encore les scores : l'HABILETE devient MAÎTRISE, l'ENDURANCE devient FORCE, Tenter sa Chance est remplacé par un intéressant système de Coup d'Audace consistant à tirer une carte (à découper dans le livre) pour laisser faire le hasard.
Flèche LS, la limite d'objets transportés, et le système de compétences, y compris le fait qu'on acquiert un nouveau talent pour chaque mission réussie.
Flèche Alors que l'intro longue où un mentor vous explique les règles au fil du dialogue, évoque pour moi la série "Quête du Graal".

Toutefois l'auteur tient ici à donner un certain réalisme aux règles. Par exemple il ne se contente pas de parler de Repas, mais précise quelle nourriture, et interdit de manger plus de trois fois par jour sous peine d'indigestion. Autre exemple, les dégâts au combat ne sont pas fixes, on perd plus ou moins de FORCE et de MAÎTRISE selon la partie du corps touchée.

[Image: panora10.jpg]
De superbes illustrations sur double page.

QUESTION D'IMPLICATION
James Campbell / Jean-François Ménard semble avoir réfléchi à la question de l'identification du joueur et du héros. Les illustrations du livre montreront donc un personnage épicène, aux longs cheveux clairs, et à l'allure androgyne, dont le visage n'est jamais visible en entier. Mais pour ce qui est du reste, c'est nous, le lecteur !
Citation :Si vous êtes une fille, vous serez la Princesse du Temps, si vous êtes un garçon, vous serez le Prince du temps. (1)
Bah pourquoi ne pas juste choisir...?
Citation :Voici maintenant comment vous devez calculer votre âge : prenez votre âge réel... (317)
Sachant que je lis à 41 ans, c'est flatteur quand les personnages me donnent du « damoiseau » !

[Image: gauche10.jpg]
Ce n'est pas précisé mais a priori le héros / l'héroïne est gaucher si on est gaucher, et inversement.

MON AVIS
J'ai apprécié :

Flèche Le double jeu, le jeu comme héroïne est l'occasion de faire une morale féministe disons standard. Et aussi la fiction du regard étranger, on est mis dans la peau de quelqu'un qui ne connait pas les usages des hommes et découvre le mensonge, la ruse, la violence, l'amour...
Flèche Le contexte historique très connu, très balisé dans chaque tome de la série, ce qui évite de tartiner des paragraphes de cours d'Histoire.
Flèche Les jeux de mots auxquels on reconnaît le traducteur de Harry Potter : rat-port, cerf-paon, le moine à demi-mou (demi-fou)... On peut faire des rapprochements un peu au hasard : Gouttard / Croûtard (le méchant du jeu / le rat de Ron Weasley), Mollue / Moldu...
Flèche Les références à la culture classique, par ex. le nain Furyos le Court / Orlando Furioso de l'Arioste. Et aussi aux livres-jeu : en trouvant le Talisman des Molles, on pense au Talisman de la Mort traduit par... Ménard.

[Image: giphy.gif]

J'ai moins apprécié :

Flèche Le manque de caractérisation du Prince du temps, explorateur-guerrier banal.
Flèche Des différences de rythme très sensibles. Une première partie de l'aventure très maîtrisée puis... on a l'impression que l'auteur devient pressé, qu'il manque de paragraphes. L'exploration du Carillon de la Mort est ennuyeuse avec ses pièces vides et ses comptes tâtillons d'années, alors que cela aurait pu être un lieu haut en couleurs comme la tour d'Orghuz dans Les Gouffres de la Cruauté !
Flèche Le manque d'ampleur. On explore un tout petit coin de Lorraine, il y a peu de chemins différents. Un final historique vite expédié...
Flèche Les règles un peu sous-utilisées, la plupart des compétences ne servent qu'une fois, on peut faire toute l'aventure sans tenter aucun Coup d'Audace...
Flèche Le gaspillage de paragraphes pour faire fouiller le coffre, les tiroirs, la marmite... Puis nous demander ensuite ce qu'on a fouillé, et hop, à nouveau une tripotée de paragraphes pour en parler... On pourrait tout fouiller d'un coup et avoir les infos aussitôt, non ? Pour la règle du Coup d'Audace, il faut 6 paragraphes (un par carte) là où Tenter sa Chance n'en prenait que 2...

POUR FINIR
C'est une très bonne surprise pour tout le début du récit, le style, le double jeu Prince-Princesse, la galerie de personnages, les riches illustrations ! On sent que Ménard jubile. Il connaît très bien le genre du livre-jeu, même s'il est sans doute davantage à l'aise avec le récit linéaire. Il s'en sort pourtant tout à fait honorablement avec un LDVEH qui a un quelque chose de spécial ! C'est pourquoi je lirai avec plaisir la suite de la série Big Grin
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